Je parlais à une amie dont l’enfant avait été gravement malade. Je l’ai interrogée sur sa foi. Était-elle en colère contre D.ieu ?

Elle m’a dit que pendant son épreuve, elle n’avait pas eu le temps de réfléchir. Elle était occupée à se battre pour la vie de son enfant, à obtenir des traitements, à consulter des médecins et à prendre des dispositions médicales. Mais elle se souvient distinctement s’être sentie submergée par l’émotion. Sa souffrance était si intense qu’elle se sentait comme frappée au ventre, se courbant de douleur. Dans ces moments – et il y en a eu beaucoup – il lui était presque humainement impossible de continuer. « Mais ce n’était pas moi, a-t-elle dit. Je n’ai pu fonctionner que parce que D.ieu me maintenait debout, déplaçant un pied devant l’autre pour faire tout ce qui était nécessaire. »

Nous sommes tous en exil. Nous vivons un exil cosmique, dans un monde de fragmentation et de désordre, nous éloignant de notre but, de nos valeurs et de notre Créateur. Nous sommes dans un exil collectif et national, privés de notre Temple à Jérusalem, lieu où la présence de D.ieu était manifeste. Nous vivons aussi un exil personnel, chacun portant un fardeau d’épreuves et d’adversité propres à notre monde imparfait.

Dans la lecture de la Torah de cette semaine, Jacob et sa famille descendent en Égypte, conduisant finalement à notre premier exil national.

La lecture débute avec Yehouda qui s’approche de Joseph, alors dirigeant égyptien, pour plaider en faveur de la libération de Benjamin. Quelques passages plus tard, après avoir été témoin de la loyauté de ses frères les uns envers les autres, Joseph, submergé par l’émotion, révèle sa véritable identité. Dans ce moment décisif, il déclare : « Je suis Joseph. Mon père est-il toujours en vie ? »

Tout au long de l’agitation de notre propre exil, combien de fois demandons-nous : Père, où es-Tu ? D.ieu, m’entends-Tu ? Vois-Tu mes peines ? Entends-Tu mes pleurs ? Pourquoi ne me réponds-Tu pas ? Mon Père est-il toujours en vie ?

Peu après, Jacob descend en Égypte, « soixante-dix âmes » au total. Cependant, seuls soixante-neuf membres de la famille de Jacob sont énumérés. Le Midrash donne une explication à cette différence :

Le Saint, béni soit-Il, est Lui-même entré dans le compte et ainsi le total a atteint soixante-dix, pour accomplir sa promesse faite plus tôt à Jacob : « ... Je descendrai avec toi en Égypte... »

D.ieu était apparu à Jacob et avait promis : « Je suis D.ieu, le D.ieu de ton père. Ne crains pas de descendre en Égypte, car là, Je ferai de toi une grande nation. Je descendrai avec toi en Égypte, et Je te ferai aussi remonter... » (Genèse 46,3-4)

Le Talmud (Méguila 29a) ajoute : « Voyez combien Israël est chéri de D.ieu ! Dans chaque lieu de leur exil, la Présence Divine les a accompagnés. Ils ont été exilés en Égypte, et la Présence Divine était avec eux ; ils ont été exilés à Babylone, et la Présence Divine était avec eux ; et lorsqu’ils seront rédimés à l’avenir, la Présence Divine sera avec eux. »

Nous ne comprenons pas le but de toutes nos difficiles pérégrinations ou des persécutions que nous avons subies. Mais tout au long de ces épreuves, D.ieu nous assure qu’Il est avec nous. Nous ne sommes pas seuls ; D.ieu nous entend et se soucie de nous. Cela ne soulage pas notre douleur ou notre souffrance, mais il est réconfortant de se savoir accompagné par D.ieu.

Dans les moments les plus durs, lorsqu’il nous semble que nous ne pouvons plus continuer, D.ieu nous prend par la main, nous soutient et nous guide pas à pas.