Je me promenais avec une amie. En approchant d’une grande maison, elle dit soudainement : « Traversons la rue ! »

Il s’avère que mon amie et son mari avaient autrefois un partenariat commercial avec le propriétaire de la maison. Le partenariat avait mal tourné. Il avait lésé et trompé mon amie. La simple mention de son nom ou le fait de passer devant sa maison déclenchait une réaction négative chez elle. Malgré son succès professionnel actuel, elle ne pouvait pas surmonter sa colère envers cet homme.

Je la comprends parce que je réagis de la même manière. N’avons-nous pas tous en nous des souvenirs qui suscitent nos émotions les plus fortes contre des personnes qui nous ont trompés ou induits en erreur ?

Dans Vaye’hi, Joseph et ses frères reviennent de l’enterrement de leur père, Jacob. Joseph s’arrête au puits dans lequel ses frères l’avaient jeté. Ses frères prennent peur, disant : « Que se passera-t-il si Joseph nous déteste, et nous rend le mal que nous lui avons fait ? »1

Les frères font appel à Joseph, le mettant en garde que son père lui avait recommandé de ne pas se venger.

En réalité, Jacob ne l’avait jamais fait ; il ne soupçonnait pas Joseph de vouloir se venger. Et Joseph n’avait jamais eu l’intention de se venger. Il avait fait un détour au puits non pas pour raviver des souvenirs négatifs, mais pour pouvoir réciter la bénédiction que nous devons dire à un endroit où un miracle s’est produit pour nous.2

Joseph pleura que ses frères le soupçonnent d’un tel comportement. Il les rassura : « Ne craignez pas. Suis-je à la place de D.ieu ? Vous aviez l’intention de faire le mal, mais D.ieu en a fait du bien... »3

Comment Joseph réussit-il à dépasser sa souffrance sans nourrir de rancune contre ses frères ?

Le jour où ses frères l’ont vendu comme esclave, Joseph était un adolescent vulnérable. Sa vie confortable en tant que fils bien-aimé de son père fut changée à jamais. Ses frères avaient agi avec insensibilité et cruauté. Mais pour Joseph, cette affaire était une affaire entre ses frères et D.ieu. Ce qui lui était arrivé – être vendu comme esclave, descendre en Égypte, devenir vice-roi de Pharaon et, finalement, sauver sa famille de la famine – faisait partie du plan de D.ieu.

Joseph avait atteint une conscience que D.ieu contrôle tout ; par conséquent, ses frères ne lui avaient rien fait qui soit en dehors du dessein de D.ieu.

Beaucoup d’entre nous s’accrochent à ce qui semble être un ressentiment justifiable. En réalité, ce ressentiment ne fait que perpétuer et prolonger notre propre douleur.

Joseph nous enseigne la manière de surmonter cela : accepter l’idée que tout ce qui vous arrive fait partie du plan bienveillant de D.ieu. La personne qui vous a blessé a peut-être eu de mauvaises intentions, mais cela est entre cette personne et D.ieu. En ce qui vous concerne, votre vie suit exactement le scénario que D.ieu veut pour vous.

Cette prise de conscience nous aide à entamer le processus de libération du lourd fardeau de la colère, du ressentiment et de la haine. Cela nous permet également de nous ouvrir à recevoir le bien que D.ieu a en réserve pour nous.