Avez-vous déjà remarqué à quel point une pièce bruyante devient silencieuse lorsque quelqu’un chuchote un secret ? D’un autre côté, essayez de faire la leçon à quelqu’un d’une voix forte, et il vous ignorera immédiatement. Vous pouvez lui transmettre la plus grande sagesse, il ne l’entendra même pas.

Cette semaine, Rébecca nous donne une leçon incroyablement puissante sur la façon de communiquer avec votre conjoint en cas de divergence d’opinions.

L’épisode est en fait très déroutant. Grâce à ses propres expériences de vie, Rébecca comprend parfaitement les différentes caractéristiques de ses deux fils, Jacob et Ésaü. Isaac, en revanche, qui a grandi dans le foyer pieux de Sarah et d’Abraham, ne partage pas sa perception.

Jacob est décrit comme un homme intègre et sincère, « un homme dans la tente », qui s’asseyait et étudiait ses livres. Ésaü, en revanche, était son opposé : « un homme des champs », qui savait comment manœuvrer pour se frayer un chemin grâce à sa corruption rusée.

Isaac était sur le point de bénir Ésaü. Rébecca intervint et demanda à Jacob de se déguiser en Ésaü et de tromper son père aveugle pour qu’il le bénisse à sa place.

Les commentaires expliquent qu’Ésaü avait une âme très élevée et un grand potentiel. Isaac espérait qu’il utiliserait la sagacité qu’il mettait en œuvre dans sa roublardise et sa personnalité « colorée » pour rendre les valeurs de la Torah accessibles au monde. Jacob, en revanche, était selon lui plus simple, plus droit ; il n’était pas « malin » et ne maîtriserait pas les compétences ou les techniques nécessaires en matière de relations publiques.

Mais tandis qu’Isaac envisageait le potentiel d’Ésaü, Rébecca saisissait la réalité pratique. Le charisme suave d’Ésaü n’allait pas servir à quoi que ce soit d’altruiste, et les bénédictions ne feraient que l’aider à atteindre ses objectifs immoraux.

C’est là qu’intervient cette question délicate : pourquoi Rébecca ne s’est-elle pas simplement assise avec son mari autour d’une tasse de café pour lui expliquer ce qu’elle avait compris intuitivement ? Qu’y avait-il à gagner dans le fait que Jacob commette une tromperie ?

Lorsque Jacob « s’est habillé avec les vêtements d’Ésaü », il a permis à Isaac d’entrevoir une dimension de sa personnalité qu’il n’avait jamais perçue. Grâce au plan de Rébecca, Isaac allait enfin comprendre que Jacob n’était pas unidimensionnel ; il n’était pas si pieusement éloigné de ce monde au point de ne pas en comprendre les mécanismes. Dans les moments difficiles, Jacob était tout à fait capable d’utiliser les « vêtements » du monde – et il serait capable de le faire à l’avenir pour des résultats positifs.

Alors pourquoi Rébecca n’a-t-elle pas simplement communiqué cette perception profonde à Isaac pour le persuader de voir les choses à sa façon ?

Peut-être Rébecca a-t-elle réalisé que même si elle convainquait Isaac, celui-ci ne se rangerait pas de tout cœur à son côté. Isaac pourrait adhérer à son point de vue, mais il ne se l’approprierait pas.

Car les leçons que nous intégrons vraiment sont celles que nous découvrons par nous-mêmes. Si vous voulez vraiment enseigner quelque chose de précieux à quelqu’un, il ne suffit pas de lui en parler. Vous devez lui permettre de le découvrir par soi-même.