Défaire un nœud, le av melakha de matir, est interdit le Chabbat. Matir est essentiellement l’exact opposé de kochèr, nouer. Comme le dit Maimonide : « Tout nœud dont la réalisation constitue une transgression du Chabbat d’ordre biblique, c’est une transgression biblique du Chabbat que de le défaire. Tout nœud dont la réalisation constitue une transgression du Chabbat d’ordre rabbinique, les Sages ont également interdit de le défaire le Chabbat. Tout nœud qu’il est permis de faire le Chabbat peut également être défait le Chabbat. »1 Néanmoins, comme cela sera expliqué ci-dessous, les lois de matir sont parfois plus permissives que celles de kochèr.

Matir dans le Mishkane

Un colorant bleu spécifique était utilisé pour les tentures (yerioth) du Mishkane. Ce colorant était fabriqué à partir d’une créature marine appelée le ‘hilazone. Pour piéger le ‘hilazone, les pêcheurs fabriquaient des filets à partir de cordes qui étaient nouées ensemble.2 Il arrivait qu’une corde doive être remplacée ou réparée, ce qui impliquait de défaire les nœuds. La melakha de matir fait référence à cette action.

Dans le cas de la réparation du filet, l’acte de matir signifiait défaire un nœud pour en faire un plus fort à sa place. Les Tossafot expliquent que l’interdiction ne s’applique donc qu’à l’acte de défaire un nœud pour en faire un plus fort par la suite.3 Il n’est pas interdit de simplement défaire un nœud et de le laisser défait. Maïmonide, cependant, n’inclut pas une telle condition, ce qui implique qu’à son avis, tout acte consistant à défaire un nœud est interdit, même si rien ne remplacera le nœud défait. La Halakha suit le point de vue de Maïmonide.4

Les lois concernant les nœuds qui peuvent et ne peuvent pas être faits le Chabbat sont discutées dans l’article sur kochèr. Nous allons en revoir les points essentiels pour déterminer comment ils se rapportent à la melakha de matir.

Faire un nœud que l’on n’a pas l’intention de défaire à un moment précis est une interdiction biblique.5 Défaire un tel nœud est également considéré comme une interdiction biblique. Par exemple, on ne peut pas défaire les nœuds des tsitsith, qui ne sont pas censés être défaits.

Faire un nœud très serré, même s’il n’est prévu que pour une courte durée (moins de 24 heures), est interdit par les Sages. De même, faire un nœud qui n’est pas aussi serré, avec l’intention de ne pas le défaire pendant au moins 24 heures, est également interdit par les Sages.6 De la même manière, défaire de tels nœuds est également considéré comme une interdiction rabbinique. Cependant, Rabbi Moshé Isserlès statue que ces interdictions sont levées dans un cas où le nœud cause un problème.7 Par exemple, si l’on ne peut pas mettre ses chaussures le Chabbat parce que les lacets sont noués avec un double nœud, ce nœud peut être défait, car il n’était pas destiné à demeurer pendant longtemps.

Un nœud qui n’est pas très serré et qui n’est pas censé durer plus de 24 heures peut être fait. Le défaire est donc également autorisé. Par exemple, les lacets peuvent être noués avec une boucle, puis défaits le Chabbat.8

Dans une situation où un sac est fermé par un nœud qui peut être défait, mais où il serait plus facile de simplement le déchirer ou le couper, on peut le faire.