Je connais une femme riche qui ne jette rien, même les objets inutiles. Ayant grandi pendant la Grande Dépression, elle a connu une pauvreté extrême. Les effets de son enfance ne l’ont jamais quittée.

Dans la lecture de la Torah de la semaine dernière, nous avons quitté l’Égypte. Cette semaine, Pharaon nous a poursuivis. Ce n’est qu’après l’ouverture de la mer – lorsque les Juifs l’ont traversée et les Égyptiens s’y sont noyés – que nous avons enfin connu la libération.

Être esclave comporte deux aspects. Il y a la circonstance physique de l’esclavage : l’existence torturée consistant à être soumis, jour après jour, au fouet impitoyable du contremaître. Mais il y a aussi l’esclavage psychologique : l’état d’esprit et la conviction de l’esclave.

Mitsrayim symbolise les limitations que chacun de nous possède à différents degrés. Pour certains d’entre nous, cela peut signifier de graves problèmes financiers ; pour d’autres, cela pourrait être de sérieux problèmes de santé. Et pour d’autres encore, cela peut être le poids d’un environnement difficile sur le plan psychologique. Ce sont des circonstances qui nous restreignent.

Cependant, il y a aussi nos propres chaînes internes. Même une fois libérés de la souffrance de notre passé, nous pouvons encore vivre une vie inhibée par notre propre peur, douleur ou traumatisme.

Nous pouvons nous libérer de notre Égypte externe, mais si Pharaon en est sorti avec nous et nous accompagne, il garde en réalité un contrôle total sur notre psyché. Notre situation s’est peut-être améliorée sur le plan extérieur, mais le terrain intérieur de notre vie reste tout aussi tumultueux.

Le septième jour de Pessa’h, nous célébrons l’ouverture de la mer Rouge. Même après avoir été délivrés d’Égypte, les Juifs continuaient de craindre la grande puissance des Égyptiens. Ce n’est qu’après l’ouverture de la mer – et après avoir vu les Égyptiens morts sur le rivage – qu’ils purent enfin connaître une libération complète.

Il est aisé de se percevoir comme libre après avoir surmonté une contrainte imposée de l’extérieur. Nous pouvons cependant être choqués de découvrir que Pharaon nous poursuit encore après que nous ayons échappé à son Égypte. Mais l’agresseur qui se rapproche de nous est le Pharaon que nous avons laissé nous accompagner.

Alors, comment éradiquons-nous ces démons de notre monde intérieur ? Comment transcendons-nous notre Égypte personnelle ?

En ouvrant notre mer intérieure.

Pour ouvrir la mer, D.ieu « transforma la mer en terre sèche ». Les fonds marins recèlent d’une vie foisonnante et magnifique. La mer est une métaphore de l’existence matérielle, qui occulte la force de vie divine qui maintient notre existence. « Ouvrir la mer pour la transformer en terre sèche » représente le fait de révéler que ni nous, ni notre monde, ne sommes dissociés de D.ieu ; que seul D.ieu exerce un contrôle absolu sur nos vies et sait ce qui est le mieux pour nous.

Ce n’est qu’en révélant notre vérité intérieure profonde – notre puissance infinie qui découle de notre connexion infinie à la force divine qui nous habite – que nous pouvons espérer atteindre notre libération complète. Ce n’est qu’alors que nous pourrons vraiment laisser derrière nous les démons de notre passé.

Devenir libre est un long et difficile voyage. Mais la première étape est « d’ouvrir notre mer », en réalisant que seul D.ieu exerce un pouvoir sur nous. Pas Pharaon. Pas l’Égypte.

Et pas nos traumatismes passés.