À la fin de la lecture de Bechala’h,1 la Torah fait la description de la manne, le pain céleste qui fut la nourriture des Juifs durant les quarante années qu’ils passèrent dans le désert. Le récit précise que la manne ne descendait pas le Chabbat, et qu’une portion fut préservée comme souvenir éternel.
Le Zohar2 commente que bien que la manne ne descendît pas le Chabbat, c’est en ce jour qu’elle était bénie d’en haut, afin qu’elle puisse descendre durant les six jours suivants de la semaine. Pourquoi cette bénédiction était-elle donc accordée un jour où la manne ne tombait pas ? Il existe manifestement un lien intrinsèque entre le Chabbat et la manne.
Auparavant, Rachi commente le verset3 « Au matin, vous contemplerez la gloire de D.ieu » de la manière suivante : « Lorsqu’elle [la manne] descendra le matin, vous contemplerez la gloire de Sa face rayonnante. Car Il la fera descendre pour vous avec amour : le matin, quand le temps est propice à sa préparation, et lorsqu’elle repose dans son écrin de rosée. »
Nous constatons ainsi que non seulement le peuple juif recevait le « pain céleste » en déployant un minimum d’effort, mais qu’il était aussi fourni par D.ieu « avec amour », afin de réduire davantage encore le labeur nécessaire pour l’obtenir.
La manne est donc entièrement similaire au Chabbat, le jour octroyé par D.ieu voué au repos, à la tranquillité et au délice.4
Bien que la manne ne descendît pas le Chabbat afin que ce jour fût de repos complet (et qu’une double portion descendît donc le vendredi5 ), le thème du Chabbat était si intimement lié à la manne que la bénédiction d’en haut pour qu’elle descende durant les six jours de la semaine advenait le jour du repos.
À la lumière de ce qui précède, nous pouvons mieux comprendre pourquoi la manne fut conservée auprès de l’arche6 comme souvenir éternel. Ce faisant, la Torah délivre une leçon éternelle à tous les Juifs quant à l’obtention de leur subsistance : même lorsqu’un Juif doit peiner pour son pain quotidien, sa subsistance contient toujours quelque chose de la manne.7
La subsistance d’un Juif8 est en corrélation directe avec son degré de service spirituel : « Si vous suivez Mes commandements, Je vous donnerai la pluie en son temps opportun ».9 On comprend que puisque le service d’un être humain est limité, sa subsistance se doit d’être pareillement limitée.
Les autres nations du monde, en revanche, reçoivent leur subsistance sans égard à leur service spirituel. Il en découle que leur subsistance n’est pas soumise aux limitations imposées au Juif.
Mais cette limitation ne concerne que la quantité de la subsistance. S’agissant de la qualité de la bienfaisance divine, le peuple juif a l’avantage, puisque D.ieu pourvoit à notre subsistance « avec amour » et avec « la gloire de Sa face rayonnante ».
D.ieu agit ainsi parce que le peuple juif est prêt à renoncer à l’abondance de subsistance que nous aurions pu obtenir à l’instar des autres nations, et choisit de puiser sa nourriture directement de D.ieu en accord avec notre activité spirituelle.10
Cette qualité se manifestait clairement dans la manne. D’un côté, la manne était strictement limitée en quantité : un omer par personne.11 Pourtant, cette quantité limitée était fournie par D.ieu « avec amour », avec délectation et avec « la gloire de Sa face rayonnante ».
Et tout comme D.ieu conféra à la manne l’expression de Son délice, il en fut de même pour le peuple juif, qui reçut les bienfaits divins avec délectation.
Ainsi, non seulement la manne était-elle reçue sans labeur, mais les Juifs pouvaient en outre y goûter toute saveur désirée.12 De plus, avec la manne descendaient aussi de multiples sortes de pierres précieuses,13 dont le but principal était de susciter la joie et le délice.
D’après Likoutei Si’hot, vol. 31, p. 85-91.
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