Il y a des années, pour la toute première fois, j’ai accompagné ma fille à son groupe de jeu. Une boule d’anxiété grandissait dans mon estomac ; elle était palpable. Et pourtant, pour son bien, je savais que je devais afficher un masque de confiance et de joie, même en ce moment de séparation déchirant. J’ai retenu mes larmes pour afficher une force que je ne possédais pas, afin qu’elle puisse trouver la sienne.

Une autre fois, ma fille s’est jetée dans mes bras, versant des torrents de larmes parce qu’une amie l’avait embêtée. Mon instinct maternel me poussait à voler à sa défense, à confronter cette autre enfant et à conseiller à ma fille de s’en éloigner. Au lieu de cela, il fallut un effort considérable pour retenir mes sentiments et aider calmement ma fille à trouver des solutions. Le lendemain, quand je les ai vues jouer ensemble gaiement, j’ai eu un nouveau frisson d’inquiétude, mais je me suis retenue. J’allais écouter et guider, mais je devais rester en retrait pour lui permettre de mûrir et de faire face à ces situations par elle-même.

Il est des moments où notre retenue en dit plus sur nous que nos actions. Nous exprimons notre plus grand amour non pas en paroles, mais en silence ; non pas en agissant, mais en n’agissant pas ; non pas en nous effondrant, mais en étant stoïquement forts ; non pas en fournissant des solutions, mais en permettant à nos enfants de découvrir les leurs.

La présence la plus significative d’un enseignant ne se fait pas sentir dans la salle de classe, de même que celle d’un parent ne se limite pas aux murs de sa maison, mais réside dans les messages et les leçons de vie qu’ils ont transmis.

Dans la lecture de Torah de cette semaine, Tetsavé, le nom de Moïse – pour la première fois depuis sa naissance – est absent.

Quand son peuple pécha avec le veau d’or, Moïse dit à D.ieu : « Si Tu ne leur pardonnes pas, efface-moi du livre que Tu as écrit » (Exode 32,31). Cela s’est réalisé dans cette section, où son nom est « effacé ».

Et pourtant, bien que son nom soit absent, la présence de Moïse et son amour pour son peuple et D.ieu sont des plus manifestes. Le mot tetsavé signifie également « connexion », et à travers Moïse, le peuple juif trouve sa connexion et son lien les plus profonds avec D.ieu.

Quand Moïse demanda à D.ieu de l’effacer de la Torah si D.ieu ne pardonnait pas aux Enfants d’Israël, il démontrait son amour et son lien essentiels et indissolubles avec eux, et donc leur lien essentiel et indissoluble avec D.ieu. Il démontrait ainsi que ce lien transcende tout – y compris la Torah elle-même – et il obtint ainsi le pardon pour son peuple.

Il y a des moments où notre amour est si grand, qu’il nécessite des mots et des actions. Et il y a des moments où notre amour est si grand qu’il est manifeste dans notre retenue – et dans l’absence de nos noms.

Avez-vous déjà exprimé votre amour à travers une retenue silencieuse ?