Une amie m’a confié son dilemme : « Ma fille se plaint que “d’autres mères” font les devoirs scolaires à la place de leurs enfants. Moi je l’aide avec la recherche, je lui explique ce qu’elle ne comprend pas, je partage des idées et je la guide, mais je préfère que le travail final soit le sien. Sinon, comment apprendra-t-elle à exprimer sa créativité ?

« Elle se plaint, cependant, que ses projets ne sont pas aussi glamour, ses dissertations manquent des mots “sophistiqués”, et ses devoirs n’ont pas l’air aussi soignés que ceux de ses amies.

« Est-ce moi qui échoue dans mon rôle de parent, ou est-ce que ces autres parents ne voient pas l’essentiel ? »


La lecture de la Torah de cette semaine, Terouma, ainsi qu’une large section du livre de l’Exode, est consacrée à la construction du Sanctuaire (le Michkane).

Habituellement concise, la Torah adopte ici une approche exceptionnellement détaillée, allouant treize chapitres à la description du Sanctuaire. Tous les matériaux, composants et mobiliers sont énumérés et décrits, parfois à plusieurs reprises. Par contraste, la Torah ne consacre qu’un seul chapitre à la création de l’univers ! En seulement trois chapitres décrivent la révélation divine lors du don de la Torah au mont Sinaï.

Le Sanctuaire était une demeure temporaire servant de point focal religieux dans le désert. Une fois le peuple juif entré en Terre d’Israël, il fut remplacé par le Saint Temple de Jérusalem. Pourquoi la Torah décrit-elle le Sanctuaire de manière si détaillée, tout en ne faisant qu’effleurer ces autres événements fondamentaux ?

Parce que D.ieu nous enseigne la valeur de notre contribution personnelle.

Au Sinaï (et certainement, lors de la création du monde), nous avions un rôle passif. D.ieu est descendu dans Sa gloire et Sa majesté, accompagné de tonnerre et d’éclairs, tandis que le peuple juif observait. Comme elle n’impliqua pas de participation active, cette impression ne fut pas pérenne. Lorsque la Présence Divine se fut retirée de la montagne, celle-ci revint à son statut antérieur, dénué de sainteté. De même, malgré l’inspiration spirituelle qui s’empara d’elle, la nation s’abaissa à servir un veau d’or peu après avoir été témoin de tels miracles.

Le Sanctuaire, cependant, fut construit avec les propres matériaux, avec le propre travail et la propre transpiration du peuple. Tous ont participé, hommes et femmes, riches et pauvres, chacun contribuant avec ses talents, ses ressources et son expertise. En conséquence de cette participation humaine, les objets matériels eux-mêmes furent imprégnés d’une sainteté durable.

En consacrant tant de chapitres à cela, la Torah nous enseigne que lorsqu’une personne contribue avec ses propres ressources et sa propre créativité, le résultat est réel et durable. Bien que le produit final puisse ne pas être aussi splendide ou aussi « soigné » que la révélation de D.ieu, à bien des égards, il est plus précieux, précisément parce qu’il est le nôtre. Nous en sortons également grandis car cela affine nos compétences et développe nos talents, ce que le fait d’être un simple receveur ne permettrait pas.

Le message pour les parents est également clair. Aidez, guidez, instruisez et réfléchissez avec vos enfants. Mais c’est quand vous aidez vos enfants à mettre en œuvre leurs propres capacités pour créer leurs propres édifices que l’éducation est la plus bénéfique.