Il y a quelque temps, j’ai été invitée à intervenir devant un groupe d’étudiants universitaires. L’organisatrice m’a dit qu’il fallait que ma conférence soit « très sophistiquée ».
« Impressionnez-les avec des idées philosophiques et une présentation intellectuelle forte sur le judaïsme », avait-elle dit.
En suivant son conseil, je me suis préparée pour cet événement. La conférence s’est déroulée à merveille ; les étudiants étaient impliqués et réceptifs, et une séance de questions-réponses captivante s’ensuivit. Mais l’une des questions en particulier m’a intriguée et m’a enseigné une leçon pour la vie.
Un étudiant a demandé : « J’ai remarqué qu’au milieu de votre discours, avant de prendre une gorgée d’eau de votre verre, vous avez récité une bénédiction à haute voix. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? »
J’ai alors expliqué la signification et l’objectif des berakhot, les bénédictions prononcées avant de manger pour remercier D.ieu de nous avoir fourni notre nourriture. À ce moment-là, tous les étudiants m’ont demandé avec enthousiasme si je pouvais leur apprendre à dire une bénédiction ! Et donc, pendant les quelques instants suivants, je me suis exercée avec eux, mot par mot, comme je le fais avec mes plus jeunes enfants, à remercier D.ieu pour la boisson et la nourriture qu’Il nous fournit.
Cette anecdote me fait sourire, car nous pensons souvent devoir impressionner avec des théories intellectuelles et philosophiques. Bien sûr, le judaïsme en regorge. Nous pourrions passer une vie, voire plus, à explorer ses profondeurs sans jamais en effleurer la surface. Nous pourrions investir des décennies à étudier comment il aborde notre but existentiel et comment trouver toujours plus de sens. Et nos vies en seraient enrichies.
Ou bien, nous pouvons simplement le mettre en pratique.
Lors d’un repas de Chabbat, je me souviens d’une discussion longue et détaillée entre mon mari et mon fils sur les nuances humanistes de la bonté et son application juridique dans le judaïsme. Le dialogue était stimulant mais à un moment donné, je me suis finalement lassée de la discussion et j’ai dit : « OK, assez de philosophie. Cette mère juive très fatiguée veut que vous pratiquiez la gentillesse dont vous traitez avec tant d’éloquence en vous levant maintenant et en débarrassant ces assiettes de la table ! »
Comme le disait souvent le Rabbi, citant nos sages : « Hamaassé hou ha’ikar » – l’acte est primordial.
Ne vous méprenez pas. Les réflexions théoriques visant à enrichir notre intellect et à approfondir notre compréhension du monde sont non seulement formidables mais aussi essentielles. Mais ne nous laissons pas distraire par l’intellect au point de perdre la pratique de vue.
La lecture de la Torah de la semaine dernière, Yitro, détaille la majesté du don de la Torah, une expérience bouleversante et transformatrice. Quelles idées sublimes vont suivre ?
Michpatim commence par la discussion sur la manière de traiter les esclaves. Elle inclut des lois civiles pratiques sur les dommages causés par négligence.
En fin de compte, comme ces étudiants universitaires l’ont réalisé, même si nous parlons, étudions, disséquons et discutons de grandes idées, l’acte – même le plus simple – demeure l’essentiel.
Et peut-être est-ce là l’un des enseignements les plus profonds du judaïsme.
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