L’âge de deux ans est souvent qualifié d’« âge terrible », marquant l’époque où les tout-petits commencent à affirmer leur autonomie. Conformément à cette prédiction, ma charmante petite-fille est devenue bien décidée à accomplir ses tâches « toute seule ».

Sa phrase favorite est devenue : « C’est moi qui fais ! » Face aux tâches qu’elle préférerait remettre à plus tard, comme l’heure du coucher, sa réponse est tout simplement : « Maman, va-t’en ! »

Pourtant, bien qu’à certains moments elle revendique son indépendance avec véhémence, l’instant d’après elle se blottira joyeusement dans les bras de sa mère pour qu’elle lui lise un livre. Elle exprimera un « merci » sincère lorsque j’habillerai sa poupée après qu’elle n’y soit pas parvenue, mais refusera catégoriquement ma main lors de la montée des escaliers. La fierté dans son regard après avoir atteint le sommet est indescriptible.

Depuis environ l’âge de six mois, la graine de l’indépendance est semée et continue de croître, pour certains, avec acharnement. L’indépendance ne signifie pas que nous n’avons pas besoin des autres, mais que nous apportons notre propre contribution, nos propres efforts, dans nos relations et face aux défis de la vie.

Dans la lecture de la Torah de cette semaine, nous lisons le second paragraphe de la prière du Chéma, alors que la lecture de la semaine dernière contenait le premier paragraphe.

La prière du Chéma, que nous sommes tenus de réciter chaque matin et chaque soir, renferme des croyances fondamentales sur l’amour et le service de D.ieu, sur l’étude et l’enseignement de la Torah, et sur la pratique des mitsvot. Cependant, une grande partie du second paragraphe semble redondante par rapport au premier, avec quelques variations notables.

Le second paragraphe traite des récompenses et des sanctions que nous recevrons en suivant les commandements, alors que le premier ne mentionne pas cet aspect. D’autre part, le premier paragraphe s’adresse aux Juifs en tant qu’individus (« tu »), tandis que le second s’adresse à nous au pluriel (« vous »).

Deux aspects façonnent notre relation avec D.ieu, chacun se reflétant dans un paragraphe respectif du Chéma. Le premier est le lien que D.ieu établit avec nous, sans lequel une relation avec Lui serait impossible. Le second réside dans nos efforts pour nous élever et nous rapprocher de D.ieu en utilisant nos capacités finies que sont notre intellect et nos émotions.

La récompense est uniquement mentionnée dans le second paragraphe parce que, par définition, une récompense est quelque chose que l’on doit mériter et non recevoir en cadeau. C’est après s’être dépensé pour quelque chose que l’on peut véritablement ressentir la joie de son accomplissement.

De plus, en déployant des efforts pour améliorer notre caractère moral, nous progressons en tant qu’individus. Chaque nouveau projet sur lequel nous travaillons contribue à développer d’autres facettes de notre personnalité : notre résilience, détermination, empathie, générosité. Nous ne sommes pas des êtres singuliers dotés d’un talent unique, mais des êtres pluriels et multidimensionnels.

Le deuxième chapitre du Chéma nous enseigne que bien que les fruits de nos propres efforts puissent sembler moins glorieux et éclatants que ce qui est reçu d’autrui, ils sont plus authentiques.

Du haut de ses deux ans, ma petite-fille en est la preuve vivante.