J’ai entendu une discussion entre deux femmes.

L’une d’entre elles se plaignait du comportement exaspérant de son fils adolescent. « Parfois, j’ai vraiment envie de le tuer ! », disait-elle.

Elle ne le savait pas, mais la femme à qui elle s’adressait avait un fils qui était en plein traitement de chimiothérapie pour lutter contre une maladie mortelle. J’ai vue celle-ci se crisper devant le choix de ces mots.

Elle a calmement répondu : « Les enfants se comportent comme des enfants. Mais au fond, nous les aimons tellement que nous ferions n’importe quoi pour qu’ils restent en bonne santé, même s’ils sont irritants. »

Bien que nous puissions parfois exprimer notre frustration face au comportement de nos enfants, il est évident que l’amour que nous leur portons est sincère. Mais les circonstances difficiles peuvent révéler la véritable profondeur de cet amour.


Lorsque le frère de Moïse, Aaron, mourut : « Tout Israël pleura Aaron pendant trente jours » (Nombres 20,29).

La nation entière pleura la mort d’Aaron parce qu’il leur était si cher. Le Midrash (Avot deRabbi Nathan 12:3) explique qu’il s’efforçait de rétablir la paix entre les amis ou les époux qui se querellaient.

Aaron s’adressait à chacun séparément et les adoucissait en disant : « Ton ami/ton conjoint est tout à fait désolé de ce qu’il t’a fait ! Il souhaite que vous vous réconciliiez. » Lorsque les deux personnes se rencontraient plus tard, elles étaient prêtes à oublier leurs différends et à rétablir leur relation.

S’il nous est permis de modifier la vérité au nom de la paix, il semble toutefois qu’Aaron disait un véritable mensonge, ce qui n’est pas permis. Comment Aaron pouvait-il faire cela ?

En vérité, les paroles d’Aaron n’étaient pas fausses en soi.1 Aimer son prochain est une mitsva essentielle de la Torah, que nous voulons tous accomplir. Alors qu’en apparence, ces amis ou ces conjoints étaient en colère l’un contre l’autre, Aaron savait les aider à creuser un peu plus profondément en eux-mêmes pour révéler ce qui étaient leurs sentiments et leurs souhaits véritables.

Il arrive que les circonstances créent des barrières entre nous. Les nombreuses pressions qui s’exercent sur nous nous conduisent parfois à agir de manière égoïste ou insensible, ou à réagir avec colère ou méchanceté. Mais au fond de nous, ce n’est pas vraiment ce que nous sommes ou ce que nous souhaitons être. À l’instar de l’amour que nous portons à nos enfants qui est immuable, quoi qu’il arrive, l’amour que nous portons à nos semblables a parfois seulement besoin d’être révélé.

Aimer son prochain, c’est faire tomber les barrières extérieures qui nous divisent pour trouver les liens si profonds qui nous unissent. Car, en dépit de comportements ou d’agissements irritants, cet amour est vraiment réel.