Il y a l’eau que je bois dans mon café chaud et corsé du matin. Il y a l’eau de ma nourrissante et fortifiante soupe de poulet. Il y a l’eau contenue dans le rafraîchissant sorbet dans mon congélateur. Et il y a l’eau de ma machine à laver qui nettoie mon linge sale.

Autant de formes, de saveurs et d’usages différents d’une seule et même chose : de l’eau. Des gouttes d’eau.

Les gens, eux aussi, peuvent sembler radicalement différents dans diverses situations. Mais parfois, si vous les examinez en profondeur, vous pouvez découvrir la « goutte d’eau », le trait essentiel ou la qualité fondamentale qui les unifie. Par exemple, la façon dont une personne réagit sous la contrainte ou la pression, tout comme la façon dont elle choisit de réagir dans un mode détendu, peut révéler quelque chose de profond sur son approche de la vie.


Kora’h fomenta une mutinerie contre Moïse, à laquelle se joignirent 250 membres éminents de la communauté qui offrirent la très-sainte kétoret (l’encens) pour prouver leur aptitude à la prêtrise, affirmant que « la nation tout entière (et pas seulement Aaron ou les prêtres) est sainte ».

La terre engloutit les mutins et un feu consuma ceux qui offraient la kétoret. À la suite de cette catastrophe, D.ieu ordonna que les encensoirs soient « martelés en plaques pour en couvrir l’autel, car ils ont été offerts à D.ieu et ont été sanctifiés ». (Nombres 17,2-3)

Le Rabbi de Loubavitch tire une leçon incroyable de la transformation de ces encensoirs de cuivre en autel sur lequel les sacrifices étaient offerts dans le Tabernacle, la maison de D.ieu.

Le métal même de ces ustensiles avaient été sanctifié par un acte motivé par un désir sacré. Bien que ces mutins aient commis un péché et qu’ils furent sévèrement punis en conséquence, leur plainte était sous-tendue par le désir, aussi malavisé qu’il fut, de s’approcher de D.ieu.

Le Rabbi extrapole à partir de là : « Si telle est l’estime de D.ieu pour un morceau de métal inanimé, aucun être humain n’est irrécupérable. Car, aussi délétères que soient ses actes, ceux-ci cachent un désir et une aspiration, intrinsèques à toute créature de D.ieu, pour la bonté et la perfection du divin. » (Likoutei Si’hot)

Un court enseignement, sur un verset, dans un épisode de la Torah. Une gouttelette de sagesse, d’une portée époustouflante.

Plutôt que de vouer un groupe d’individus pécheurs, rebelles et jaloux à la réprimande éternelle, le Rabbi se concentre sur leur motivation positive sous-jacente. Plus encore, à travers cet épisode malheureux, il enseigne l’amour infini de D.ieu pour chacun d’entre nous, même lorsque nous péchons ou que nous nous fourvoyons.

Et cette approche consistant à creuser et à extraire la valeur positive fondamentale, parce que notre monde a été créé par D.ieu pour Le servir et que toute chose doit donc posséder quelque valeur rédemptrice – en particulier le peuple choisi par D.ieu –, est constitutive de la façon dont le Rabbi nous enseigne à considérer notre monde.

Une petite goutte.

Et une gestalt profonde et révolutionnaire, qui modifie radicalement la façon dont nous nous considérons nous-mêmes, et dont nous considérons les autres et notre monde.