Par la Grâce de D.ieu

Veille du Chabbat Roch ‘Hodech Nissan1 2
Parachat Vayikra el Moché, parachat Ha’hodech
L’an 5748 [1988], Année du Hakhel
Brooklyn, New York

Aux fils et aux filles d’Israël
où qu’ils se trouvent

puisse D.ieu leur accorder la vie

Salutations et bénédictions !

Roch ‘Hodech Nissan, qui est le premier jour du mois de la Délivrance,3 et qui tombe le même jour de la semaine que le premier jour de la fête de Pessa’h, le Temps de notre Liberté,4 est le jour où il fut annoncé5 aux Enfants d’Israël qu’ils s’apprêtaient à sortir d’Égypte et qu’une date pour leur exode et leur délivrance avait été fixée (le 15 du mois6 ). En préparation de cela,7 ils reçurent les commandements du Sacrifice de Pessa’h, de la Matsa, du Maror et toutes les instructions et les explications nécessaires à leur libération d’Égypte.

La Torah a également établi le premier jour de Nissan comme « le Nouvel An pour les Rois et les Fêtes »,8 ce qui peut être lié au fait que les enfants d’Israël9 sont nés en tant que peuple au cours de ce mois. Et le premier jour de Nissan, le Tout-Puissant leur a fait savoir et leur a promis d’être un peuple qui sera « un royaume de prêtres et une nation sainte »,10 ils étaient destinés à la royauté et à la prêtrise, qui sont des choses qui vont ensemble : être prêtres et serviteurs du Roi, le Saint béni soit-Il,11 à travers l’accomplissement de Ses commandements – or, « le serviteur du Roi est un roi »,12 et apporter la sainteté dans la dimension profane du monde, ce qui est l’idée des fêtes qui sont appelées13 à la fois mikra kodech,14 « des convocations saintes » et regalim, c’est-à-dire littéralement des « pieds ».15

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Le prophète Ézéchiel compare16 la sortie d’Égypte du peuple d’Israël (la Fête de Pessa’h – le Temps de notre Liberté) à la naissance d’un enfant :

Avant sa naissance, le fœtus dans le ventre de sa mère est complet, vivant et se développant, avec un corps parfait, avec une tête et tous les membres et tous les vaisseaux. Cependant, en réalité, il n’a pas d’existence en tant qu’entité distincte17  : il se nourrit de ce que sa mère mange18 et « va » automatiquement là où sa mère va, etc.

Mais dès l’instant de la naissance de l’enfant, il commence à bouger, à faire entendre sa voix,19 etc, et de façon générale son développement complet démarre à lors, une nouvelle sorte d’évolution, tant physique que spirituelle.

Il en fut également ainsi avec les Enfants d’Israël en Égypte avant la délivrance :

Ils constituaient un « peuple » à de très nombreux égards, au point même20 d’être « distingués »,21 différents des Égyptiens dans leur langage, leur habillement, etc, et ils habitaient même un territoire différent, la terre de Goshen, mais en même temps ils étaient asservis et « avalés » parmi les Égyptiens tant et si bien qu’il semblait que s’agissant de choses essentielles, ils étaient bekerev goy, « au sein d’un peuple », semblables aux Égyptiens.

Et au moment de la délivrance, D.ieu accomplit laka’hat lo goy mikerev goy, Il « prit pour Lui un peuple du sein d’un peuple ».22 Les Enfants d’Israël furent pris lo, « pour Lui », pour D.ieu et par D.ieu, pour être pour Lui goy, « un peuple », du sein d’une profonde servitude vers une grande liberté,23 24 jusqu’à être le peuple de D.ieu, prêts à être « un royaume de prêtres et une nation sainte » dans la vie de tous les jours.

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Comme dans tous les aspects de la Torah et des Mitsvot, il y a ici, en plus de la leçon générale, une leçon et une instruction pour chaque individu,25 chaque famille et l’ensemble du peuple juif.

L’une des principales instructions pour chacun et chacune est la suivante :

La fête de Pessa’h nous rappelle et nous enseigne de nous libérer de l’asservissement à la avoda zara, au « culte étranger », c’est-à-dire au culte de l’environnement étranger, et d’être libre, d’une liberté authentique, en menant une vie conforme aux instructions de notre Torah, la Torah de Vie, la Torah de Vérité :

« Retirez »26 – se retirer, se séparer et se détourner de toute chose qui relève de la avoda zara, un « culte étranger », étranger à la Torah et au judaïsme.

« et prenez » – et prendre, beaucoup plus et plus profondément, la Torah et les Mitsvot, et de telle manière que tout notre comportement, même dans les moindres détails, sera dans une soumission totale au Saint Béni Soit-Il : « sa tête sur ses genoux et sur ses entrailles »,27 tout, depuis la plus haute faculté (la tête, l’intelligence) jusqu’aux facultés les plus basses (l’action), devient « un sacrifice de Pessa’h à D.ieu », pénétré de la même flamme (le feu de la sainteté), qui brûle partout en lui.28

Et cela se reflète également dans la vie de l’homme lorsque, depuis « sa tête » – les questions les plus importantes pour lui – jusqu’à « ses genoux » – les questions qu’il considère comme mineures, tout est « grillé au feu »,29 dans le feu de « Tu aimeras l’Éternel ton D.ieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force ».30

Et comme cela a été précisé plus haut, tout cela concerne la vie du Juif en tant qu’individu, en tant que famille, et également et ce qui est fondamental, en tant que membre de l’ensemble du peuple d’Israël.

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Comme mentionné précédemment, c’est dès Roch ‘Hodech Nissan que les Enfants d’Israël ont reçu l’ordre concernant le sacrifice de Pessa’h et la sortie d’Égypte. « Et ces jours sont évoqués et réitérés chaque année »,31 mais avec des forces rafraîchies et renouvelées, et avec des possibilités encore plus grandes.

Puisse D.ieu vouloir que chacun et chacune (les hommes, les femmes et les enfants – et en particulier cette année, qui est « Chnat Hakhell’Année du Rassemblement »,32 l’année de « Rassemble le peuple, les hommes, les femmes et les enfants »33 ) au sein de l’ensemble d’Israël accomplisse tout ce qui précède, « avec la main haute ».34

Tout cela accélère également la réalisation de la demande de David,35 le roi oint, le doux chantre d’Israël36  :

« Sauve Ton serviteur » – jusqu’à « réjouis l’âme de Ton serviteur », et immédiatement – « Tourne-Toi vers moi et prends-moi en grâce », donne-moi toute Ta grâce, un don qui amène à « et sauve-nous ». Sauve tous les Juifs, les hommes, les femmes et les enfants, dans tous les domaines, aussi bien dans le matériel que dans le spirituel,

jusqu’à – et très rapidement – le salut général, la véritable et complète Délivrance, « comme aux jours de ta sortie d’Égypte, Je lui montrerai des merveilles ».37

Avec respect et bénédiction pour le succès dans tout ce qui a été mentionné et pour une fête de Pessa’h casher et joyeuse.38


Mena’hem Schneerson