Par la Grâce de D.ieu,
11 Nissan 5733 [13 avril 1973]
Brooklyn, N.Y.
Aux fils et filles de
notre peuple Israël, partout dans le monde,
D.ieu vous bénisse tous !
Salutations et bénédictions,
Faisant suite à ma lettre précédente, je souhaite approfondir le sujet qui y a été développé :
Que la Providence Divine, comme le terme le suggère explicitement, opère de façon continue, chaque jour et dans chaque détail, et que la Providence Divine surnaturelle (miraculeuse) ne se limite pas aux miracles apparents, mais que même au sein de notre quotidien ordinaire se déroulent des interventions miraculeuses, bien que souvent, « celui qui bénéficie d’un miracle ne perçoit pas le miracle qui lui arrive ».
Permettez-moi d’ajouter quelques points importants et de souligner l’aspect pratique de cette réflexion, par-delà l’explication de ce principe fondamental juif, concernant notre conduite quotidienne, car l’essentiel réside dans l’action.
La Providence Divine (miraculeuse) se manifeste sous deux formes : (a) Des miracles révélés, tels que ceux qui ont marqué la Libération d’Égypte, événements qui dépassent et transcendent entièrement l’ordre naturel et qui sont en opposition flagrante avec celui-ci ; (b) Des miracles à l’instar de celui de Pourim, qui fut « revêtu » de « vêtements » naturels.
Les miracles de la Sortie d’Égypte, depuis les prodiges en Égypte jusqu’à la libération d’un peuple entier, « jeunes et vieux, fils et filles », après des siècles d’esclavage dans un pays d’où même un seul esclave ne pouvait s’échapper ; une libération, qui plus est, effectuée « avec un bras levé » (au grand jour et avec dignité) et « avec de grandes richesses », tous ces événements furent perçus sans équivoque par tous comme des miracles manifestes.
Le miracle de Pourim fut différent, car, bien qu’ayant également conduit à un « renversement » total des circonstances vers un triomphe extraordinaire, exprimé par les mots du verset « Pour les Juifs, il y eut lumière, joie, allégresse et honneur », il fut « revêtu » dans une série de développements naturels : Esther devenant reine ; Mordekhaï s’établissant à la porte du roi et déjouant un complot visant à l'assassiner celui-ciN ; Esther plaidant auprès du roi pour annuler le décret, etc., tels que relatés dans la Méguila. Bien que chaque événement pris individuellement, et surtout leur concordance dans un schéma prédéterminé « en ces jours à cette période », fût manifestement miraculeux, comme nous le rappelons maintes fois dans la prière de Pourim, faisant référence aux « miracles, délivrances, actes puissants, salvations, merveilles ».
La direction divine dans l’ordre naturel se manifeste également de deux manières : (a) Une direction qui, « extérieurement », paraît entièrement naturelle ; (b) une direction où la Providence Divine est clairement évidente.
Un exemple du premier cas est le cycle de semis et de récolte : planter pour récolter plus tard est quelque chose de totalement naturel, au point où pour discerner la Providence Divine dans cet ordre naturel, il est nécessaire de réfléchir profondément sur la manière dont cette Providence, s’étendant à chaque détail, orchestre la concordance d’une variété de phénomènes naturels – tels que le vent, la pluie, et le soleil, chacun survenant au bon moment et dans la mesure adéquate – pour produire le résultat désiré.
Le second cas, une forme de Providence Divine facilement reconnaissable, est ce que les gens désignent habituellement par « succès », « bonne fortune » (Mazel), « coup de chance », et autres termes similaires. Ces expressions ne définissent pas la nature du phénomène, mais plutôt ce qu’il n’est pas, à savoir, non pas un accomplissement personnel, c’est-à-dire pas le fruit d’une intelligence particulière ou d’un effort soutenu. La Torah, appelée Torat Émeth, nous révèle cependant la vérité qui est que ce Mazel est un don de la Providence Divine, une bénédiction divine dans les trois domaines fondamentaux des besoins humains : « enfants, santé et subsistance », un véritable et extraordinaire na’hat (satisfaction) des enfants, une bonne santé exceptionnelle, et une hatsla’ha (un succès) extraordinaire dans la parnassa – en matière de subsistance.
Ceci est le point qui a été souligné dans la lettre précédente et qu’il convient d’étudier à travers la distinction du mois de Nissan comme étant « pour vous le premier des mois ». En commandant au peuple juif de compter tous les mois de l’année à partir de Nissan, le mois symbolisé par la Sortie d’Égypte grâce à des interventions divines manifestes, la Torah nous enseigne que telle est l’essence de la direction divine de l’univers au cours de tous les mois de l’année. Que cela s’exprime à travers des miracles manifestes ou des miracles habillés de vêtements « naturels » ; ou lorsque la Providence Divine est clairement visible ou bien est totalement masquée par l’ordre naturel – dans toutes ces formes, il incombe au Juif de savoir et de se souvenir que D.ieu est le Créateur du monde et le maître unique et exclusif du monde, et qu’Il dirige le monde entier dans tous ses détails, et certainement le « petit monde » (le microcosme), à savoir l’homme, chacun d’entre nous, dans tous les aspects de sa vie quotidienne.
À la lumière de ce qui précède, il est évident que chaque détail de la vie d’une personne, aussi « mineur » soit-il, est soumis à une directive divine et doit être exécuté conformément à cette directive, c’est-à-dire la volonté de Celui dont la Providence s’étend également à ce détail particulier. Rien ne peut la remplacer ou la modifier, car le « comptage » trouve ses racines dans le mois de Nissan, dont l’essence est les miracles manifestes de la Sortie d’Égypte.
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