La melakha de me’hatekh est l’acte de couper ou de déchirer quelque chose de manière précise, afin de rendre l’objet utilisable.1

Me’hatekh dans le Michkane

Les peaux utilisées pour couvrir le Michkane furent d’abord soigneusement nettoyées et tannées afin de les rendre propres à l’usage. Elles furent ensuite mesurées, découpées à la bonne taille et liées les unes aux autres pour couvrir la totalité de la structure. Pour s’assurer que la découpe était effectuée avec précision, des lignes étaient tracées sur le cuir pour indiquer exactement où elles devaient être coupées. Le tracé de ces lignes est la source de la melakha de messartet,2 et la coupe le long de ces lignes est la source de me’hatekh.3

Qu’est-ce qui est inclus dans cette melakha ?

Cette melakha comprend des actions telles que découper une image, déchirer un papier le long de son pli et couper un matériau en ligne droite et régulière avec des ciseaux. La nourriture n’est pas incluse,4 et l’on peut découper de la nourriture à une taille et une forme spécifiques sans s’inquiéter.

Étant donné que me’hatekh implique spécifiquement de couper d’une manière précise, l’intention d’une personne de le faire est nécessaire pour classer une action comme étant une violation de la melakha. Pour cette raison, le Rav Shlomo Zalman Auerbach5 soutient qu’il est permis de déchirer un sachet de sucre le long de la ligne pointillée le jour de Chabbat. En effet, on le déchire le long de cette ligne afin que le sachet ne se déchire pas entièrement et que tout le sucre ne se répande pas, et non parce qu’on a besoin que le sachet soit déchiré uniformément. Bien qu’il n’y ait pas de problème de me’hatekh, certaines autorités interdisent toutefois d’ouvrir un sachet sur la ligne pointillée pour d’autres raisons.

De cette façon, me’hatekh est différent de nombreuses autres melakhot. Il est généralement interdit de provoquer l’accomplissement d’une même si l’on n’a pas l’intention qu’elle se produise. Par exemple, il est interdit de se laver les mains sur de l’herbe le Chabbat, car arroser de l’herbe est une violation de zoréa (planter). Même si la personne n’a pas l’intention d’arroser l’herbe, cela reste interdit car l’herbe est, de fait, arrosée. Me’hatekh, en revanche, désigne le fait de couper quelque chose de manière précise afin de le rendre utilisable. Si l’on ne se soucie pas de savoir si l’objet est coupé avec précision ou non, cela n’entre pas du tout dans la catégorie des me’hatekh.6

Me’hatekh et Koréa

Nombreux sont ceux qui confondent la melakha de me’hatekh avec celle de koréa (déchirer) et supposent qu’entre les deux, toute déchirure est interdite. Bien que leurs noms – découper et déchirer – semblent l’indiquer, ces deux melakhot diffèrent l’une de l’autre à bien des égards et ont chacune des paramètres très spécifiques.

Selon l’Admour Hazakène,7 koréa se limite à déchirer deux choses attachées l’une à l’autre, tandis que me’hatekh ne concerne que l’acte de couper d’une manière précise. Déchirer un papier en deux, ou arracher le sceau d’une bouteille de vin, ne relève d’aucune de ces deux melakhot. Cela ne signifie pas que ces actions, ou d’autres, sont permises, mais que chaque situation doit être analysée individuellement car il y a d’autres questions halakhiques à prendre en considération.

Peut-on déchirer le papier hygiénique le Chabbat ?

Déchirer du papier toilette ou des serviettes en papier sur la ligne perforée semble être un exemple classique de me’hatekh. Cependant, Rav Shlomo Zalman Auerbach8 note que déchirer le papier toilette n’est pas me’hatekh pour la même raison que celle expliquée plus haut à propos des sachets de sucre.9 En réalité, déchirer le papier toilette, que ce soit sur ou en dehors de la ligne perforée, est interdit le Chabbat,10 car en arrachant un morceau du rouleau, on façonne quelque chose et on le rend utilisable ; auparavant, le morceau faisait partie du rouleau et ne pouvait pas être utilisé correctement et maintenant qu’il est détaché du rouleau, il peut remplir la fonction pour laquelle il a été conçu.

Lorsqu’il n’y a pas d’autre option, on peut déchirer le papier toilette en dehors de la ligne perforée, et on doit le faire d’une manière différente de celle par laquelle on le déchire habituellement. Cette dérogation existe pour préserver la dignité humaine et ne doit pas être généralisée à d’autres scénarios.11

Activités courantes à éviter :

  • Utiliser des ciseaux pour découper un article dans un journal.
  • Plier un grand papier en deux et le déchirer le long du pli pour le rendre plus petit.
  • Déchirer des billets de tombola individuels d’un rouleau.
  • Déchirer des feuilles de papier d’aluminium, d’essuie-tout ou de papier sulfurisé d’un rouleau.