Démolir une structure pour la reconstruire est interdit le Chabbat et constitue le av melakha de sotèr.1 Les autorités halakhiques2 débattent pour savoir si cette melakha est transgressée uniquement lorsque la structure reconstruite est supérieure à celle qui a été détruite. Selon le Choul’hane Aroukh Harav,3 sotèr inclut la destruction de toute structure, même si la nouvelle structure n’est pas supérieure en taille ou en qualité. Bien que cette distinction soit principalement de nature théorique (car détruire toute structure, même sans l’intention de la reconstruire, est interdit par la loi rabbinique), l’opinion permissive peut être suivie en cas de grande nécessité.4

Sotèr dans le Michkane

Le peuple juif a fait de nombreuses haltes tout au long de son séjour dans le désert. Chaque fois qu’ils campaient, le Michkane (Tabernacle) était installé, et lorsqu’il était temps de repartir, il était démonté. Ce démontage du Michkane est à l’origine de la melakha de sotèr.

Sotèr est essentiellement l’inverse de boné – construire. Toute structure qui ne peut pas être construite le jour du Chabbat ne peut pas non plus être détruite ou démontée le jour du Chabbat.

Cependant, lorsqu’il s’agit de kélim (ustensiles mobiles), les choses ne sont pas aussi claires. Le Talmud5 affirme clairement qu’il n’y a aucune interdiction de construire (boné) ou de détruire (sotèr) des ustensiles mobiles. Néanmoins, tout au long du Talmud, nous trouvons des interdictions de les assembler ou de les réparer.6 Diverses explications sont proposées pour résoudre cette apparente contradiction. Certaines autorités7 affirment que le démontage ou la destruction des ustensiles n’est pas inclus dans l’interdiction biblique, et que toutes les questions qui s’y rapportent ne sont que des garde-fous rabbiniques. La halakha acceptée ne suit pas cette opinion et, dans de nombreux cas, le fait de démonter un ustensile ou d’enlever une pièce détachée pour la rattacher correctement constitue une transgression à part entière de sotèr.8

Les gros appareils ménagers

Pour les besoins de notre discussion, une structure qui occupe environ 736 l (26 pieds cubes) – par exemple un gros appareil électroménager tel qu’un réfrigérateur – est considérée comme une structure à part entière,9 et tout ce qui est interdit de faire avec une structure s’applique alors.

Déconstruction partielle

Il n’est pas nécessaire de démolir l’ensemble de la structure ou de l’ustensile pour enfreindre l’interdiction de sotèr ; il suffit de retirer une porte de ses charnières ou d’enlever les pieds d’une table pour la faire passer par une porte étroite.10

Les abris temporaires

Les Sages ont étendu la melakha de sotèr à la destruction ou au démantèlement de structures temporaires, par crainte que cela n’entraîne la destruction d’une structure permanente. En pratique, cela signifie que même un abri fragile et temporaire, surtout s’il est conçu pour abriter quelque chose en dessous, ne peut être démonté le jour du Chabbat.11

Les Lego et jouets similaires

Lorsqu’un objet est assemblé pour être utilisé pendant une période si courte que l’on a l’intention de le démonter avant la fin du Chabbat, il est possible de dire que son démontage n’est pas du tout un problème.12 C’est un argument utile pour permettre aux enfants de jouer avec des Lego et des jeux de construction qui sont généralement démontés peu de temps après leur construction.13

Une autre raison de les autoriser est le fait que leur mode d’utilisation habituel est d’être construit et ensuite défait. Chaque fois qu’un objet fonctionne comme tel, il n’est pas considéré comme relevant de boné/sotèr. Par exemple, fermer ou ouvrir une porte le jour du Chabbat n’est pas considéré comme une transgression, même si la fermeture de la porte ferme effectivement une ouverture (ce qui serait généralement une activité de type boné). Il en va de même pour les jouets des enfants.14

Les chaises pliantes

L’utilisation de chaises pliantes et autres est autorisée le jour du Chabbat, à condition qu’aucune pièce ne soit démontée et que la chaise soit entièrement construite et qu’il suffise de la replier.15

Couvertures temporaires et partielles

Ajouter à une couverture (qui abrite la largeur d’un tefa’h carré [largeur de main]) déjà en place avant Chabbat n’est pas considéré comme boné, et l’enlever ne constitue pas sotèr.16 Par conséquent, une bâche qui a été étendue le Chabbat pour fournir de l’ombre ou pour s’abriter de la pluie, peut être enroulée à sa taille initiale lorsqu’elle n’est plus nécessaire.17

Repousser l’auvent d’une poussette pour bébé est également permis le Chabbat,18 même si un abri temporaire est formé, parce que l’extension et la rétraction de l’auvent d’une poussette constituent son mode d’utilisation habituel et peuvent être comparé à l’ouverture et à la fermeture d’une porte, comme nous l’avons vu précédemment.

On peut soutenir que la même logique devrait s’appliquer à un parapluie, mais de nombreuses grandes autorités halakhiques19 déconseillent fortement l’utilisation d’un parapluie le jour de Chabbat, et c’est devenu la pratique acceptée.20 Certains disent qu’un parapluie de jardin est différent et peut être ouvert et fermé le jour de Chabbat.21

Activités courantes à éviter

  • Retirer une moustiquaire de fenêtre
  • Dévisser un miroir fixé au mur.
  • Démonter une tente.