Il est interdit d’allumer n’importe quel feu le Chabbat, et cela constitue le av melakha de mavir.1 Faire durer un feu plus longtemps en l’attisant ou en ajoutant du combustible relève également de cette melakha.2 Conduire une voiture, piloter un avion ou allumer un four, qui fonctionnent par combustion de carburant, constituent autant d’exemples évidents de mavir.

À la différence de la règle générale selon laquelle on n’encourt la responsabilité d’un acte interdit le Chabbat que s’il est accompli en quantité significative, on transgresse la melakha de mavir en créant n’importe quel feu, aussi petit soit-il.

Quelle est la définition exacte de mavir ? S’agit-il de produire de la chaleur et de la lumière avec une flamme, ou de consumer quelque chose par le feu afin de produire chaleur et lumière ? En quoi cela est-il important ? Une différence pratique réside dans la manière de catégoriser l’interdiction d’utiliser des ampoules à incandescence. Une ampoule à incandescence se compose essentiellement d’un filament qui rougeoie en raison de la résistance au courant électrique qui la traverse. Si l’on considère que mavir constitue spécifiquement la production de chaleur par combustion, alors les ampoules à incandescence ne relèveraient pas de cette melakha (bien qu’elles restent interdites à d’autres titres3 ). Si, cependant, l’on interprète mavir comme la production de chaleur et de lumière par le feu, alors une ampoule à incandescence, qui produit le même effet, relèverait de cette melakha.

Voyons comment certaines grandes autorités halakhiques ont traité cette question.

Au début de son exposé sur mavir, Maïmonide4 écrit qu’on n’encourt la responsabilité d’allumer un feu que si la cendre qui en résulte est utile. Sinon, soutient-il, cela serait considéré comme un acte purement destructeur qui ne constitue pas une transgression du Chabbat. Cette décision suggère que Maïmonide considère mavir comme consistant à créer un feu par combustion, et dès lors, le résultat de la combustion doit lui-même être utile, et non pas seulement la lumière et la chaleur qu’elle émet.

Plus loin, cependant, Maïmonide suggère le contraire. Il écrit que celui qui chauffe du fer afin de le renforcer en le plongeant ensuite dans l’eau accomplit un dérivé de mavir. Lorsque le métal est chauffé, rien n’est consumé, et pourtant Maïmonide considère néanmoins cela comme relevant de mavir.5

Dans son Choul’hane Aroukh,6 l’Admour Hazakène écrit que mavir a trait non pas à ce qui est consumé, mais à la lumière et la chaleur que cela produit. Il comprend que Maïmonide partage également cette conception.7  8

La plupart des autorités rabbiniques considèrent que faire rougeoyer un filament en mettant en marche un appareil électrique est un acte de mavir (allumage), et éteindre l’appareil est un acte de mekhabé.9 Les ampoules à incandescence et les grille-pains en sont des exemples classiques. Allumer ou éteindre les autres appareils électriques, notamment les lumières fluorescentes ou les LED, est également interdit le Chabbat, mais mavir ne s’applique pas car aucune forme de feu n’est créée.

L’usage de la lumière des bougies le Chabbat

Avant l’avènement de l’électricité, les lampes à huile étaient d’usage courant. De crainte qu’on n’incline une lampe le Chabbat pour la faire briller davantage, ce qui constitue une transgression de mavir, les Sages ont interdit d’accomplir des tâches minutieuses à une telle lumière.10 Cette interdiction demeure en vigueur aujourd’hui, et lors d’une panne d’électricité, il est interdit de lire à la lumière des lampes de Chabbat alimentées à l’huile. On peut être plus permissif avec les bougies de cire, car leur lumière est plus régulière, et les incliner n’augmentera pas l’éclat de la bougie.11

Mavir dans le Michkane

On brûlait du bois pour chauffer les cuves servant à fabriquer les teintures destinées à colorer les tentures du Michkane.12

Activités courantes à éviter

• Allumer ou intensifier la flamme d’une cuisinière à gaz.

• Faire couler l’eau chaude.

• Rehausser le thermostat d’un système de chauffage.