Cuire, le av melakha de bichoul,1 est interdit le Chabbat. Bien que le mot bichoul signifie cuire, une définition de cette melakha plus adéquate serait : améliorer une substance – alimentaire ou non -– par une chaleur produite par le feu. Consommer des plats chauds le jour du Chabbat est une mitsva, de sorte qu’il est important de comprendre les complexités des lois de bichoul pour s’assurer que le Chabbat est célébré correctement.

On transgresse la melakha de bichoul en chauffant des liquides ou des solides au point de les améliorer de manière substantielle de manière qu’ils soient aptes à être consommés. Pour la nourriture, cela signifie la cuire au moins à un niveau appelé « maakhal ben Drossaï »,2 que certaines autorités définissent comme étant à moitié cuit,3 et d’autres comme ayant atteint un tiers de la cuisson.4 Les liquides sont considérés comme étant « cuits » lorsqu’ils ont atteint la température définie comme yad solédeth bo : le point auquel la main se retire à cause de la chaleur. La température exacte de yad solédeth bo fait l’objet d’un débat parmi les autorités, certaines la plaçant aussi bas que 43 degrés Celsius.5 Accélérer le processus de cuisson en remuant des aliments chauds mais pas encore cuits relève également de l’interdiction de bichoul, tout comme couvrir une casserole bouillante dont le contenu n’est pas encore complètement cuit.

Réchauffer des liquides qui ont déjà cuit et ont complètement refroidi relève de l’interdiction biblique.6 Cependant, réchauffer des aliments solides (secs) déjà cuits est autorisé et n’est pas considéré comme bichoul (voir toutefois les mises en garde importantes ci-dessous). La raison de cette distinction est qu’une fois qu’un aliment est cuit, il a déjà subi un changement significatif et le chauffer à nouveau n’ajoute rien à son état. Les liquides cuits, en revanche, sont rarement consommés à l’état froid et doivent être chauffés pour être consommés. Par conséquent, le simple fait de les réchauffer les améliore considérablement, ce qui constitue une transgression de l’interdiction de bichoul. La notion d’aliments solides, à cet égard, fait référence aux aliments qui ne présentent pas d’humidité, comme le pain. Si la nourriture est même légèrement humide en surface, comme la sauce sur le poulet, il est interdit de la réchauffer le Chabbat.7

Réchauffer des aliments en utilisant un milieu chauffé par le feu, toladot èch, est également interdit bibliquement le Chabbat. Par exemple, ajouter des aliments solides ou liquides froids à des aliments solides ou liquides chauds, comme ajouter de l’eau froide pour diluer une soupe épaisse qui vient d’être retirée du feu. Dans ce scénario, nous ne regardons pas à quel point la nourriture est chaude, mais si elle est toujours dans la même casserole ou marmite dans laquelle elle a été cuite. La Halakha considère que le récipient d’origine est le plus problématique, car il a été sur le feu et est plus susceptible de retenir la chaleur et de provoquer un bichoul. Mettre des aliments susceptibles de subir un bichoul dans une casserole qui était auparavant sur le feu et dont le contenu est à une température de yad solédeth bo constitue une transgression biblique. Si le contenu de la casserole a été transféré dans un autre récipient, appelé keli chéni (deuxième récipient), l’ajout d’aliments susceptibles de bichoul constitue certainement une interdiction d’ordre rabbinique, et peut dans certains cas être d’ordre biblique.8

Certaines autorités soutiennent que l’interdiction de bichoul peut également être transgressée en faisant cuire à l’eau quelque chose après qu’il ait déjà été cuit au four ou rôti au feu, ou en cuisant au four ou en rôtissant quelque chose qui a cuit à l’eau. Par exemple, ajouter de la viande rôtie dans une marmite bouillante de cholent.9

Interdictions rabbiniques

Il existe de nombreuses interdictions rabbiniques liées au bichoul. Ici, nous nous concentrerons sur un sujet assez courant, qui restreint la chéihya, c’est-à-dire le fait de laisser la nourriture sur la cuisinière avant le début du Chabbat pour qu’elle achève sa cuisson d’elle-même pendant le Chabbat.

Bibliquement, il n’y a aucun problème à mettre de la nourriture sur une cuisinière avant Chabbat et à lui permettre de continuer à cuire pendant Chabbat.10 Cependant les sages ont craint qu’autoriser une personne à le faire puisse amener celle-ci à augmenter la chaleur pendant Chabbat pour s’assurer que la nourriture soit cuite à temps, ce qui constitue la melakha du mav’ir – brûler, et peut également impliquer bichoul. Du fait que la tentation d’accélérer le processus de cuisson n’existe que dans le cas où le plat nécessite encore une bonne quantité de cuisson, les Sages ont établi un point auquel un plat est considéré comme suffisamment cuit pour qu’il n’y ait pas lieu de craindre que l’on veuille ajuster la chaleur.11 Ils ont statué que celui qui souhaite mettre un plat sur le réchaud qui n’est pas, au minimum, maakhal ben Drossaï est tenu d’éteindre le feu12 ou de le couvrir. Ce faisant, il démontre qu’il n’est pas vraiment intéressé à modifier le processus de cuisson, et nous ne craignons donc pas qu’il ajuste la chaleur du feu. La façon dont cela est couramment fait est de mettre une fine plaque de métal appelée blekh sur le feu, et la nourriture est placée dessus. Certaines autorités exigent également que l’on recouvre les boutons de la cuisinière. Bien que cette méthode soit entièrement autorisée halakhiquement, pour éviter tout problème qui pourrait survenir, les autorités conseillent instamment de faire cuire complètement tous les aliments avant Chabbat et qu’on les mette sur un blekh uniquement pour les garder chauds.13 Une autre méthode est d’utiliser une plaque électrique – communément appelée « plata de Chabbat », qui comporte les même caractéristiques qu’une cuisinière recouverte d’un blekh : une source de chaleur constante, dont il est impossible de modifier le niveau de chaleur.

Bichoul dans le Mishkane

Certaines herbes et plantes étaient cuites pour produire des colorants pour le Mishkane.14 De plus, le le’hem hapanim (le Pain de Proposition) était cuit chaque vendredi pour être disposé dans le Mishkane le Chabbat.15

Activités courantes à éviter

  • Verser de l’eau chaude directement d’une bouilloire sur des granulés de café ou sur un sachet de thé
  • Assaisonner le cholent encore chaud dans la casserole dans laquelle il a été cuit
  • Retirer le couvercle d’un pot de cholent s’il n’est pas encore complètement cuit