Blanchir, le av melakha de melabèn, est interdit le Chabbat.1 Certaines autorités soutiennent que le av melakha est constitué par le « blanchissage » (le lessivage), et non le « blanchiment »,2 mais la discussion est purement théorique, car tous s’accorde sur le fait que toute activité dont l’objet et de nettoyer ou d’améliorer le tissu est englobée dans l’interdiction de melabèn. La question est simplement de savoir quelle activité constitue le av melakha et laquelle est la tolada.
Selon le Talmud, « s’agissant des vêtements (ou de tout textile absorbant), les tremper est considéré comme les blanchir ».3 Cela indique que a) l’interdiction de melabèn est transgressée par le simple fait de tremper un chiffon sale dans l’eau, même sans le frotter ou sans enlever une tache, et b) le trempage n’est problématique qu’avec des textiles absorbants comme les vêtements, mais ne s’applique pas aux matières non absorbantes comme le caoutchouc ou le cuir.
En pratique, cela signifie que si un vêtement est souillé par de la saleté ou présente une tache, il est interdit de mettre du liquide4 sur la tache pour la traiter.5 Si un matériau non absorbant se salit, comme des chaussures boueuses, on peut seulement verser de l’eau sur la saleté, mais on ne peut pas la gratter ou la frotter.6
Selon certaines autorités, même mouiller un vêtement propre avec de l’eau constitue une transgression de melabèn,7 parce que le vêtement a un aspect plus frais après avoir été trempé, ce qui constitue l’action de melabèn. Le consensus halakhique est qu’il faut être rigoureux et suivre cette interprétation.8 Cela soulève alors une question : comment se fait-il que le Chabbat nous nous séchons les mains avec des serviettes propres et que nous nettoyons des liquides renversés avec des serviettes de table ? S’il n’est pas même permis de mouiller un vêtement propre, comment ces actions sont-elles autorisées ?
La réponse réside dans le fait que l’intention de melabèn est d’améliorer l’état d’un textile. Dans ces derniers cas, cependant, l’intention est tout à fait opposée : la serviette est utilisée pour absorber le liquide sale.9 Cette dispense est appelée derekh likhloukh : mouiller quelque chose en le salissant. De plus, les serviettes jetables ne posent jamais vraiment de problème de melabèn, car elles ne sont pas utilisées plus d’une fois et l’on n’a aucun intérêt à les nettoyer.
L’élimination de la saleté ou des taches d’un vêtement peut constituer un problème de melabèn même sans utiliser d’eau, dans la mesure où le vêtement est plus présentable lorsque la saleté est retirée. Par exemple, il faut s’abstenir de dépoussiérer un chapeau de feutre avec une brosse à chapeau le Chabbat.10 Si l’on trouve une tache sèche sur ses vêtements, il ne faut pas la frotter contre une autre partie du vêtement ou avec une brosse, etc. On peut cependant la gratter avec son ongle.11
Dans le cadre de melabèn, il est également interdit d’essorer un tissu humide, car cela fait partie du processus de blanchissage.12 Dès lors, quand on utilise une serviette pour essuyer un liquide renversé, il faut veiller à ne pas appuyer sur la serviette, et à ne pas la mouiller au point où le liquide en sortira de lui-même lorsqu’on la soulèvera. Sécher la vaisselle est autorisé car le torchon ne s’imbibe pas d’eau, mais il ne faut pas sécher des verres ou des contenants étroits, car il est probable que l’on devra presser le torchon pour l’introduire et, ce faisant, un peu de liquide en sortira.13
Melabèn dans le Mishkane
Le blanchiment de la laine faisait partie du processus de fabrication des tapisseries pour le Mishkane.
Activités courantes à éviter
- Mouiller avec de l’eau une tache présente sur son vêtement
- Utiliser une éponge pour laver la vaisselle14
- Prétraiter des vêtements avec un détachant
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