Le Mikvé est pour l’individu juif, la communauté et le peuple d’Israël dans son ensemble, la source de la pureté et de la sainteté. Aucune autre institution religieuse, aucune structure, aucun rite ne peut avoir un tel effet sur le Juif, ni agir sur lui à un niveau aussi essentiel.

Qu’est-ce qu’un Mikvé?

Pour les non initiés, un Mikvé (מִקְוֶה) moderne ressemble tout simplement à une piscine miniature. Dans le cadre d’une religion dans laquelle le détail, la beauté et la décoration ont une place importante – en ayant à l’esprit l’antique Temple de Jérusalem ou même les synagogues actuelles –, le Mikvé peut nous sembler bien peu de choses.

Son apparence ordinaire, cependant, est sans commune mesure avec la place fondamentale qu’il occupe dans la vie juive et dans ses lois. Le Mikvé est pour l’individu juif, la communauté et le peuple d’Israël dans son ensemble, la source de la pureté et de la sainteté. Aucune autre institution religieuse, aucune structure, aucun rite ne peut avoir un tel effet sur le Juif, ni agir sur lui à un niveau aussi essentiel. Les réserves d’eau naturelles de la planète – ses océans, ses rivières, ses sources et ses lacs approvisionnés par des eaux vives, sont des Mikvés dans leur forme la plus primaireToutefois, son pouvoir extraordinaire, dépend de ses modalités de construction et de spécifications nombreuses et complexes précisées dans la Halakha, la Loi Juive.

Les réserves d’eau naturelles de la planète – ses océans, ses rivières, ses sources et ses lacs approvisionnés par des eaux vives, sont des Mikvés dans leur forme la plus primaire. Elles contiennent des eaux d’origine divine et, d’après ce que nous enseigne la tradition, elles ont un pouvoir purificateur. Créées avant même que la terre ne prenne forme, ces étendues d’eau constituent la voie royale pour parvenir à la sainteté. Toutefois, elles peuvent aussi poser problème. Ces eaux peuvent être inaccessibles ou dangereuses, sans parler des problèmes de température et du manque d’intimité. Pour vivre pleinement leur Judaïsme, les Juifs ont dû construire des Mikvés (« bassins ») et ils l’ont toujours fait, en tout temps, en tous lieux et en toutes circonstances.

En bref : un Mikvé doit être construit à même le sol ou être intégré dans les fondations d’un bâtiment. Des réceptacles amovibles, tels des baignoires, des bassins à remous ou des jacuzzis, ne peuvent en aucun cas servir de Mikvé. Le Mikvé doit contenir au minimum 760 litres d’eau de pluie, recueillis et introduits dans le bassin du Mikvé selon des règles très précises. Dans les cas extrêmes, lorsqu’il est impossible d’obtenir de l’eau de pluie, on pourra utiliser de la glace ou de la neige provenant d’une source naturelle pour remplir le Mikvé. Tout comme pour l’eau de pluie, des règles spécifiques régissent leur transport et leur manipulation.

Un observateur non initié ne verra qu’un simple bassin, celui qui est utilisé pour l’immersion. Mais en fait la plupart des Mikvé ont deux, voire trois bassins attenants. Les eaux de pluie sont recueillies dans un bassin, tandis que le bassin d’immersion adjacent est régulièrement vidé puis rempli d’eau de robinet. Les deux bassins ont un mur commun qui comporte un trou d’au moins 5 cm de diamètre ; le libre contact entre les eaux des deux bassins, appelé « le baiser des eaux », fait de l’eau du bassin d’immersion une extension de celui contenant les eaux de pluie, lui conférant ainsi le statut de Mikvé. La Halakha impose d’être parfaitement propre avant de s’immerger(La description ci-dessus correspond à l’une des deux méthodes approuvées par la Halakha pour que le bassin soit considéré comme un Mikvé.) Les Mikvés modernes sont équipés de filtres et de systèmes de purification des eaux. En général, l’eau du Mikvé arrive à hauteur de poitrine de la personne qui se trempe et elle est maintenue à une température agréable. L’accès au bassin se fait par des marches (il existe des Mikvés équipés d’élévateurs à l’usage des personnes handicapées.)

Le Mikvé "Mei Menachem" de Larnaca, à Chypre
Le Mikvé "Mei Menachem" de Larnaca, à Chypre

Le Mikvé en tant qu’institution est victime d’une conception erronée. L’immersion dans l’eau est naturellement associée à la toilette. Pour compliquer encore les choses, dans le passé, les autorités interdisaient généralement aux Juifs de se laver dans les rivières des villes où ils habitaient. Pour contourner ces interdits, ceux-ci construisirent des bains publics dont beaucoup comportaient des Mikvés, soit à l’intérieur soit à proximité. Tous ces facteurs ont favorisé un malentendu entre la notion d’hygiène et l’idée fondamentale de Mikvé. Mais le Mikvé ne correspond nullement à un substitut mensuel du bain ou de la douche. Par contre, la Halakha impose d’être parfaitement propre avant de s’immerger. Pour faciliter l’application de cette prescription, les Mikvés modernes possèdent un espace de préparation, avec des baignoires et des douches, du shampooing, du savon, et tout le nécessaire de toilette et de beauté.

Des lieux raffinés et même somptueux, agrémentés d’entrées et de salles d’attente élégantes, de salles de bain pourvues de tout le nécessaire pour la préparation et des bassins de toute beauté ont été construits partout dans le mondeIl y a peu de temps encore, la plupart des Mikvés avaient seulement un caractère utilitaire : c’était leur fonction, non le confort, qui déterminait leur style. Les femmes juives modernes, les rabbins et les dirigeants communautaires ont pris peu à peu conscience de l’importance de l’environnement et depuis quelques décennies sont apparues de nouvelles tendances en matière de construction de Mikvé. Des lieux raffinés et même somptueux, agrémentés d’entrées et de salles d’attente élégantes, de salles de bain entièrement équipées de tout le nécessaire pour la préparation et des bassins de toute beauté ont été construits partout dans le monde. Certains Mikvés rivalisent avec les plus luxueux spas européens et offrent à leurs clientes bien plus de commodités qu’elles n’en ont chez elles.

Dans les communautés dont la population fréquente assidument le Mikvé, le bâtiment peut contenir vingt ou trente pièces de préparation et entre deux et quatre bassins d’immersion. Dans ces installations, toutes les salles de bain sont reliées par interphone à un bureau central et une hôtesse veille à ce que l’intimité des nombreuses utilisatrices du Mikvé soit préservée. Certains des plus grands Mikvés disposent de salles de conférence pour des visites et autres programmes éducatifs.

De nos jours, les grandes communautés juives ne sont plus les seules à pouvoir se vanter de posséder un Mikvé : on en trouve dans les endroits les plus reculés, voire même exotiques : à Anchorage en Alaska, à Bogota en Colombie, à Yerres en France, à Ladispoli en Italie, à Agadir au Maroc, à Asunción au Paraguay, à Lima au Pérou, au Cap en Afrique du Sud, à Bangkok en Thaïlande, à Zarzis en Tunisie et dans presque chaque ville de Russie, il y a des Mikvé cachères et confortables, ainsi que des rabbins et des rabbanites prêts à assister toute femme désireuse d’en faire usage. Dans la plupart des communautés, on peut organiser des visites du Mikvé à la demande. En arrivant dans une nouvelle ville ou au cours d’un voyage, on peut trouver toutes les informations sur les Mikvé de la région en appelant le bureau du Mikvé local, la synagogue orthodoxe ou le Beth ‘Habad.

Les usages du Mikvé

L’immersion dans un Mikvé a constitué la voie royale pour accéder à la pureté depuis la création de l’homme. Le Midrache raconte qu’après avoir été chassé du jardin d’Éden, Adam s’est assis dans une rivière qui provenait du jardin d’Éden. Cela faisait partie intégrante du processus de téchouva (repentance), dans sa tentative de retrouver sa perfection originelle.

Avant la révélation du Sinaï, tous les Juifs avaient reçu l’ordre de s’immerger afin de se préparer à la future rencontre avec D.ieu.

L’immersion dans un Mikvé a constitué la voie royale pour accéder à la pureté depuis la création de l’hommeDans le désert, le fameux « puits de Myriam » servait de Mikvé. Et l’intronisation d’Aaron et de ses fils dans leur fonction de prêtres fut marquée par leur immersion dans le Mikvé.

À l’époque du Temple, les prêtres – tout comme chaque Juif souhaitant entrer dans la Maison de D.ieu – devaient, avant toute chose, se tremper dans le Mikvé.

À Yom Kipour, le jour le plus saint de l’année, le grand-prêtre était autorisé à pénétrer dans le Saint des Saints, l’endroit le plus intime du Temple, où nul autre mortel ne pouvait entrer. C’était le moment le plus important de ce jour au cours duquel le service divin était marqué par une succession d’étapes dont la sainteté allait en augmentant et chacune d’entre elles était précédée d’une immersion dans le Mikvé.

Aujourd’hui, les utilisations essentielles du Mikvé sont déterminées par la loi juive et datent des origines du Judaïsme. Elles concernent plusieurs domaines de la vie juive. Le Mikvé fait notamment partie intégrante du processus de conversion au Judaïsme. Le Mikvé est également utilisé, bien que cela soit moins connu, pour l’immersion de la vaisselle et des récipients neufs, avant qu’ils ne soient utilisés par un Juif. Le concept du Mikvé est aussi l’élément principal du processus de la tahara, le rite de purification des personnes décédées, avant qu’elles ne soient mises en terre et que l’âme ne s’élève dans les mondes supérieurs. C’est dans ce but que l’on verse une certaine quantité d’eau d’une façon très particulière sur tout le corps du défunt.

Beaucoup d’hommes vont au Mikvé la veille de Yom KippourOutre le rite de conversion, certains hommes ont la coutume d’aller au Mikvé. Les futurs mariés ont l’habitude de se tremper le jour de leur mariage et beaucoup d’hommes le font également la veille de Yom Kippour. Beaucoup de ‘hassidim vont au Mikvé la veille du Chabbat et des fêtes, certains se trempent même chaque jour avant la prière du matin (dans les villes qui ont une importante communauté orthodoxe, des Mikvés sont réservés aux hommes afin de faciliter ces pratiques). Mais l’usage le plus important et le plus commun, c’est l’utilisation qu’en font les femmes après leur période de menstruation.

Pour les femmes qui ont leurs règles, l’immersion dans le Mikvé fait partie d’un cadre plus vaste, connu sous le nom de Taharat HaMichpaha (la Pureté Familiale). Comme dans tous les domaines de la pratique juive, la Pureté Familiale comprend un ensemble de lois détaillées relatives au « quand », au « quoi » et au « comment » de cette pratique. Pour acquérir familiarité et confort vis-à-vis de cette mitsva, rien ne vaut une étude avec une femme compétente et expérimentée dans ce domaine. Dans les villes ou les quartiers qui ont une importante population juive, il peut y avoir des cours collectifs sur le sujet. La plupart des femmes, cependant, accèdent à cette connaissance dans le cadre plus personnel de cours particuliers. Bien que les livres ne puissent guère se substituer à une enseignante experte en la matière, certains ouvrages peuvent être utilisés comme guides ou comme référence (voir la bibliographie proposée en annexe). Ce qui suit est un bref aperçu de ces lois. Cela ne constitue pas – et n’a pas la prétention d’être – un substitut à l’étude de ce sujet si particulier.

Bassin du Mikvé-Spa de Seine et Marne à Pontault-Combault
Bassin du Mikvé-Spa de Seine et Marne à Pontault-Combault

La Pureté Familiale est une procédure basée sur le cycle périodique féminin. Dès le début de la période de menstruation et pendant les sept jours qui suivent la fin des règles, jusqu’à ce que la femme s’immerge dans le Mikvé, mari et femme ne peuvent avoir de relations conjugales. Pour éviter de transgresser cet interdit, les époux doivent éviter les contacts physiques, se garder de toute expression physique de leur affection mutuelle et s’abstenir d’actions de nature à susciter l’intimité conjugale. Le terme employé pour décrire une femme qui se trouve dans cette situation est Niddah (dont le sens littéral est « être séparée »).

Exactement une semaine après avoir constaté la fin de ses règles, la femme se rend au Mikvé. L’immersion a lieu à la tombée de la nuit du septième jour et nécessite une toilette préalable. L’immersion est valide seulement si l’eau du Mikvé recouvre chaque partie du corps, y compris toute pilosité. À cet effet, la femme se lave, fait un shampoing, peigne ses cheveux et retire de son corps tout ce qui pourrait faire obstacle à son immersion totale dans les eaux du Mikvé.

L’immersion dans le Mikvé est le moment le plus important du processus de Taharat HaMichpa’ha. C’est un moment très particulier pour la femme qui a suivi tout le processus requis par cette mitsva et qui s’est préparée pour ce moment important. Cependant, la femme peut parfois se sentir sous pression ou angoissée par rapport à ce rite ou pour toute autre raison. Il faut donc qu’elle se détende et qu’elle réfléchisse pendant quelques instants à l’importance de l’immersion ; elle doit se plonger sans précipitation dans les eaux du Mikvé. Après s’être trempée une fois, la femme se tient debout dans le Mikvé et récite la bénédiction requise pour le rituel de purification, puis selon la coutume la plus répandue, elle se plonge encore deux fois dans l’eau. De nombreuses femmes profitent de ce moment favorable pour faire des prières personnelles et pour s’adresser à D.ieu. Après l’immersion, mari et femme peuvent de nouveau avoir des relations conjugales.

La réelle importance du Mikvé

Avant de nous attarder sur les dimensions profondes de ce rituel, revenons rapidement sur la centralité du Mikvé dans la vie juive.

La plupart des Juifs, y compris ceux qui se définissent comme laïcs, connaissent, au moins au plan théorique, les pratiques religieuses relatives au Chabbat, aux lois alimentaires, à Yom Kippour et un certain nombre d’autres lois de la Torah. Le Mikvé et la Pureté Familiale, en revanche, sont nimbées de mystère, comme si on avait fait l’impasse sur ce chapitre.

Pourtant la Pureté Familiale est une injonction biblique de la plus haute importance. Le non-respect de ce commandement équivaut aux transgressions majeures, comme manger du ‘hamets (aliment contenant du levain) à Pessah, ou violer volontairement le jeûne prescrit le saint jour de Yom Kippour, ou encore le refus d’entrer dans l’alliance d’Abraham en pratiquant la circoncision, la brith mila.

La qualité essentielle du Mikvé réside dans son pouvoir de transformation, dans sa capacité à effectuer une métamorphoseLa plupart des Juifs considèrent la synagogue comme l’institution centrale de la vie juive. Mais la loi juive déclare que la construction d’un Mikvé prend le pas sur toute autre construction, y compris celle d’une synagogue. La synagogue et le Séfer Torah, qui sont tous deux les biens les plus précieux de la religion juive, peuvent même être vendus pour permettre la construction d’un Mikvé. En fait, aux yeux de la loi juive, lorsque des familles juives vivent à proximité les unes des autres, elles ne peuvent pas être considérées comme une communauté à part entière si elles ne possèdent pas de Mikvé.

La raison est simple : la prière personnelle ou même commune peut se faire pratiquement dans n’importe quel lieu, et les réunions pour assurer les fonctions sociales de la communauté peuvent également se tenir partout. Mais la vie d’un couple juif marié et donc la naissance des générations futures, en accord avec la Halakha, n’est possible que si l’on peut accéder à un Mikvé. Il n’est pas exagéré de dire que le Mikvé est la pierre angulaire de la vie juive et que l’avenir du peuple juif en dépend.

Métamorphose et renaissance

Nous avons déjà précisé que la fonction du Mikvé n’est pas de développer l’hygiène corporelle. Le concept du Mikvé est essentiellement spirituel.

La vie juive est marquée par la notion de havdalah, qui signifie « séparation », « distinction ». Le samedi soir, à l’issue du Chabbat lorsque commence une nouvelle semaine, on rappelle aux Juifs les frontières qui délimitent chaque aspect de la vie juive. Sur un verre de vin sanctifié, les Juifs bénissent D.ieu qui « établit une séparation entre le saint et le profane, entre la lumière et l’obscurité, entre Israël et les nations, entre le septième jour et les six jours de travail... »

De fait, la traduction littérale du mot hébreu kodech – la plupart du temps traduit par « saint » – est « ce qui est séparé », mis à l’écart dans un but unique : la consécration.

Bassin du Mikvé d'Antibes-Juan les Pins
Bassin du Mikvé d'Antibes-Juan les Pins

À maints égards, le Mikvé est la limite qui sépare ce qui n’est pas saint de ce qui est saint, mais il est encore bien plus. En termes simples, l’immersion dans un Mikvé entraîne un changement de statut, ou plus exactement, une élévation dans le statut de la personne. Sa qualité essentielle réside dans son pouvoir de transformation, dans sa capacité à effectuer une métamorphose.

Au commencement, il y avait seulement l’eau. Liquide miraculeux, source première et base vivifiante de toute nourriture et, par extension, de toute vieDes ustensiles qui jusqu’à présent ne pouvaient pas être utilisés pourront, après immersion, être utilisés pour l’acte saint qui consiste à se nourrir comme un Juif. Une femme qui depuis le début de sa période de menstruation possédait le statut de niddout, séparée de son mari, peut de nouveau être réunie avec lui dans la sainteté fondamentale des relations maritales. À l’époque du Temple, les hommes et les femmes qui ne pouvaient pas participer aux services à cause d’une impureté rituelle, pouvaient après immersion, gravir le mont du Temple, entrer dans la demeure de D.ieu et participer aux cérémonies sacrificielles et aux autres rituels. Le cas du converti est encore plus édifiant : la personne qui entre dans les eaux du Mikvé comme non-Juif, en sort comme un Juif à part entière.

Les commandements divins, les 613 injonctions connues sous le nom de mitsvot, sont divisés en trois catégories :

Les Michpatim sont les lois qui régissent le domaine civil et moral de la vie quotidienne. Elles sont logiques, faciles à comprendre et considérées par tous comme les règles indispensables à la fondation et au maintien d’une société saine. Ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d’adultère en sont quelques exemples.

Les Edouyot, ce sont les rites et les coutumes qui correspondent aux témoignages. Cette catégorie inclut les nombreux actes religieux qui rappellent aux Juifs les moments importants de leur histoire et servent de témoignage aux fondements de la foi juive, comme l’observance du Chabbat, la célébration de Pessah, et la pose de la Mezouza sur les montants des portes.

La troisième catégorie, les ‘Houkim, sont des lois suprarationnelles. Ce sont des décrets divins sur lesquels l’esprit humain ne peut pas avoir de prise. Les ‘Houkim défient totalement l’esprit humain et ses capacités de compréhension. Depuis la nuit des temps, ils ont été source de moquerie, objets de mépris, et leur existence fut considérée comme gênante et honteuse par les détracteurs du Judaïsme. Mais aux yeux des Juifs pratiquants, ces lois incarnent la mitsva par excellence ; une voie pure, non corrompue, pour s’attacher à D.ieu. Ces mitsvot sont reconnues comme les plus grandes, celles qui ont la capacité de toucher l’âme à son niveau le plus profond. Libérées des limites de l’esprit humain, ces lois sons respectées pour une seule et unique raison : accomplir la parole divine. Les lois de la cacherout, l’interdiction de porter du chaatnez (un vêtement fait d’un mélange de lin et de laine) et les lois de la Pureté Rituelle et du Mikvé en font partie.

Le Mikvé représente en même temps le ventre maternel et la tombe ; la porte d’entrée dans la vie et vers ce qui vient après la vieMalgré tout ce que l’on peut dire, nous voyons bien qu’il est impossible de comprendre la raison profonde du processus de Pureté Familiale et de son aboutissement, l’immersion dans le Mikvé. Nous l’observons simplement parce que D.ieu nous l’a ordonné. Bien entendu, certaines réflexions peuvent nous aider et donner de la profondeur et du sens à notre expérience personnelle du Mikvé.

Au commencement, il y avait seulement l’eau. Liquide miraculeux, source première et base vivifiante de toute nourriture et, par extension, de toute vie, comme nous le savons. Mais le Judaïsme nous enseigne que c’est bien plus encore. Car ces qualités de l’eau en tant que base de la vie et source d’énergie ont leur équivalent dans le domaine spirituel. L’eau a le pouvoir de purifier : de nous revivifier et de nous ramener à notre être spirituel fondamental.

Le Mikvé représente en même temps le ventre maternel et la tombe ; la porte d’entrée dans la vie et vers ce qui vient après la vie. Dans les deux cas, l’homme est dépourvu de tout pouvoir et de tout moyen. Dans les deux cas il se trouve dans une dépendance totale, dans l’absence totale de contrôle. L’immersion dans le Mikvé peut être considérée comme un acte symbolique d’annulation de soi, la suspension consciente de son moi, en tant que force autonome. Le Juif qui s’immerge dans le Mikvé exprime son désir de s’unir avec la Source de toute vie, de revenir à l’unité originelle avec D.ieu. L’immersion traduit l’abandon d’une forme d’existence pour atteindre une autre forme d’existence, infiniment supérieure. En relation avec cette idée, l’immersion dans un Mikvé est décrite non seulement comme une purification, une revitalisation et un rajeunissement, mais aussi – et peut-être en premier lieu – comme une renaissance.

La pureté et l’impureté

Dans le passé, pendant leur période de menstruations les femmes étaient considérées comme une source de consternation et d’angoisse. Au mieux on les évitait, au pire elles étaient mises à l’écart et rejetées. Les femmes étaient souvent accusées, pendant cette période, de provoquer des catastrophes et des malheurs, comme si leur souffle ou leur regard avait le pouvoir de contaminer l’atmosphère. C’était une réaction simpliste, pour ne pas dire primaire, à un phénomène complexe dont le sens et les raisons échappaient aux esprits primitifs. Dans ces sociétés, on ne pouvait intégrer l’existence des menstruations qu’en les attribuant au diable et aux esprits démoniaques et en mettant en place une structure sociale qui imposait la mise à l’écart des femmes ayant leurs règles.

La source de toute pureté est la vie elle-mêmeDans cette perspective, le rythme de la vie maritale juive est considéré par certains comme un retour à des tabous archaïques, un système lié à des attitudes dépassées, s’appuyant sur une certaine forme de misogynie. En réalité, la Pureté Familiale est la célébration de la vie et constitue notre plus précieux atout en matière de relations humaines. On ne pourra le comprendre pleinement qu’en développant de manière plus approfondie la notion de pur et d’impur.

Le Judaïsme enseigne que la source de toute tahara, « pureté », est la vie elle-même. À l’opposé, la mort est considérée comme l’origine de la touma, « l’impureté ». Tous les cas d’impureté rituelle, et la Torah en décrit beaucoup, sont liés à l’absence de vie ou à une certaine mesure – parfois même infime – de mort.

Ramenées à leur essence, les menstrues féminines traduisent l’échec d’une vie potentielle. Chaque mois, le corps de la femme se prépare pour une éventuelle conception. La muqueuse utérine construit un cocon douillet, prêt à accueillir la vie, dans l’attente d’un ovule fertilisé. Les menstruations sont la destruction de ce cocon, la fin de cet espoir.

Le concept de pureté et d’impureté tel que prescrit par la Torah et mis en pratique dans la vie juive est unique ; il n’a pas d’équivalent ou de parallèle à notre époque moderneLa présence d’un potentiel de vie remplit le corps de la femme de sainteté et de pureté. Lorsque ce potentiel disparaît, l’impureté surgit, conférant à la femme un statut d’impureté, ou de façon plus spécifique de niddout. L’impureté n’est pas en elle-même mauvaise, ni dangereuse, ce n’est pas quelque chose de tangible. L’impureté est un état spirituel – l’absence de pureté –, tout comme l’obscurité est l’absence de lumière. Seule l’immersion dans un Mikvé, suivant les prescriptions requises, a le pouvoir de changer le statut de la femme.

Le concept de pureté et d’impureté tel que prescrit par la Torah et mis en pratique dans la vie juive est unique. Il n’a pas d’équivalent ou de parallèle à notre époque moderne. C’est peut-être pourquoi il est si difficile pour l’esprit contemporain d’appréhender cette notion et d’en percevoir la pertinence.

Dans les temps anciens cependant, l’impureté et la pureté (touma et tahara) étaient des facteurs essentiels et déterminants de la vie quotidienne. Le statut d’un Juif – à savoir s’il (ou elle) était rituellement pur ou impur – était au cœur de la vie juive. Il dictait et régulait la participation du Juif à tous les domaines de la vie religieuse. L’impureté, notamment, empêchait l’entrée dans le Saint Temple de Jérusalem, de même qu’il était impossible d’offrir des sacrifices en état d’impureté.

Autrefois, de nombreux types d’impureté pouvaient affecter les Juifs, soit dans leur vie personnelle, soit dans le service du Temple, et il y avait également de très nombreux processus de purification selon les situations. Mais, dans tous les cas, l’immersion dans le Mikvé était l’aboutissement du rite de purification. Celui qui était rituellement pur devait également se tremper dans un Mikvé pour se hisser à un niveau de spiritualité ou de sainteté supérieur. Pour toutes ces raisons, l’institution du Mikvé a pris une place prépondérante dans la vie juive.

À notre époque, alors que le Temple est en ruines, le pouvoir et l’importance du statut rituel ont quasiment disparu, reléguant cette dynamique dans l’ombre. Il y a, cependant, un domaine dans lequel la pureté et l’impureté jouent encore un rôle majeur. De nos jours, la seule prescription biblique d’immersion dans le Mikvé concerne la sexualité humaine. Pour en comprendre les raisons, nous devons tout d’abord connaître le point de vue de la Torah sur la sexualité.

L’intimité conjugale dans le Judaïsme

La prétendue incompatibilité entre sexualité et spiritualité – plus précisément, leur nature antithétique – est une notion qui, bien qu’extérieure à la pensée juive, est cependant attribuée par beaucoup à la philosophie juive, dans le cadre d’une plus vaste prétendue « morale judéo-chrétienne », en réalité totalement mythique. Peu de sujets ont causé autant de tort que cette méprise largement répandue.

Les rapports conjugaux sont le Saint Temple des relations humainesÀ l’opposé des dogmes chrétiens, dans lesquels le mariage est vu comme une concession à la faiblesse de la chair et où le célibat est élevé au rang de vertu, la Torah accorde au lien conjugal une place particulièrement élevée et sainte.

Dans le cadre de cette union consacrée, l’expression de la sexualité humaine est une injonction, une mitsva. C’est même la toute première mitsva dans la Torah et est considéré comme l’un des comportements humains les plus saints.

Mikvé "Mei Mena'hem" de Colorado Springs
Mikvé "Mei Mena'hem" de Colorado Springs

En effet, la sexualité humaine offre l’opportunité de créer une nouvelle vie, de concevoir un nouveau corps et de faire descendre du ciel une nouvelle âme. Par leur union, l’homme et la femme participent à un projet qui les dépasse ; en transcendant leur ego, ils s’élèvent jusqu’à toucher au divin. Ils s’inscrivent dans un partenariat avec D.ieu ; ils s’approprient pour ainsi dire l’attribut divin du Créateur. De plus, la sainteté de l’union reste entière même lorsque l’aptitude à concevoir n’est pas présente : au plan métaphysique, l’acte et son potentiel restent liés.

La sexualité humaine est un élément essentiel dans la vie d’un couple marié, c’est le langage et l’expression de l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autreLa sexualité humaine est un élément essentiel dans la vie d’un couple marié, c’est le langage et l’expression de l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. Une relation forte entre un mari et son épouse constitue non seulement la charpente de leur famille, mais elle est également un élément intrinsèque à la civilisation du monde entier. Car les bénédictions de confiance, de stabilité, de continuité, et, au bout du compte, de communauté, dépendent de l’engagement de l’un envers l’autre et envers un avenir commun.

En réaffirmant leur engagement, dans leur intimité, les époux contribuent au dynamisme et à la santé de leur société, de l’humanité tout entière et finalement à la réalisation du projet divin : un monde rendu parfait par l’homme. À travers l’unité de leur couple, ils deviennent créateurs de paix, d’harmonie et de salut – à une échelle microcosmique certes, mais avec des répercussions macrocosmiques – et, en tant que tels, ils sont engagés dans la plus sacrée des missions.

À la lueur de ce qui précède, on comprend pourquoi les relations maritales sont souvent comparées au Saint Temple des relations humaines. Et l’entrée dans le Saint Temple est – et reste toujours – liée à la pureté rituelle.

Bien qu’actuellement nous ne puissions plus servir D.ieu concrètement dans le Temple de Jérusalem, nous pouvons cependant ériger un espace sacré à l’intérieur de nos vies. L’immersion dans le Mikvé est la passerelle qui conduit à une vie conjugale épanouie.

Le secret d’un amour impérissable

Les lois de la Pureté Familiale sont une injonction divine. Il n’y a pas de meilleure raison, plus légitime, plus logique, plus essentielle pour les observer. C’est un commandement difficile, une discipline qui nécessite du temps, un investissement psychique et émotionnel. C’est une force qui s’oppose à l’appel de la chair, un mode de vie que la plupart des gens ne choisiraient pas ou ne concevraient pas. Il implique une suspension volontaire du libre arbitre, l’assujettissement de nos désirs les plus intimes à une volonté supérieure.

Et c’est là que réside la force de cette mitsva. La conscience qu’elle trouve sa source à un niveau plus élevé que l’ego – qu’elle n’est pas basée sur les émotions ou sur une décision subjective de l’un ou l’autre des époux – permet à la Pureté Familiale de contribuer au bien commun de la femme et du mari. Ironiquement, cette mitsva « insaisissable », bien plus que la plupart des autres mitsvot, nous révèle au quotidien sa bénédiction d’une façon tout à fait concrète. Sa récompense est à la hauteur du challenge que constitue son respect.

La relation homme-femme s’épanouit sur un mode de séparation et de retrouvaillesDe prime abord, le processus du Mikvé implique des limitations, des contraintes – une perte de liberté. En réalité, la liberté vient justement des restrictions. Des enfants (et des adultes) qui se sentent en sécurité, en confiance, à l’aise, sont disciplinés ; ils comprennent les contraintes et apprennent à se contrôler. Les pays stables où l’on se sent en sécurité, sont les territoires qui sont entourés de frontières bien définies, bien surveillées. En posant des limites, on crée la stabilité au milieu du chaos et de la confusion et cela nous permet de traverser ce long fleuve appelé « la vie » d’une façon progressive et productive. Et il n’est pas de domaine de la vie où cette chose est plus nécessaire que dans nos relations les plus intimes.

« De tous les arbres du Jardin tu peux manger, mais de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, tu ne peux pas manger... » C’est ce que D.ieu ordonna à Adam et Ève le jour de leur création. Mais ils succombèrent à la tentation ce fatal vendredi après-midi, et aussitôt l’histoire de l’humanité suivit un autre cours.

La nature complexe de la sexualité humaine trouve ses origines dans cette histoire. Car l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal contenait un mélange de bien et de mal et le comportement du premier homme vis-à-vis de cette « connaissance » a établi un nouvel ordre mondial : un monde où le bien et le mal sont entremêlés, un monde de confusion et de challenge, de choix multiples et de potentiels infinis.

Les relations intimes – l’une des multiples fonctions biologiques de l’être humain – n’étaient plus considérées comme aussi naturelles, aussi simples que les autres. Le renvoi du Jardin d’Éden signifiait une nouvelle approche de la sexualité : plus riche de sens, mais présentant aussi de nombreux risques de tensions. Elle portait la promesse de la plus grande satisfaction comme de terribles souffrances, de l’accomplissement le plus prometteur comme du sentiment dévastateur du vide absolu. Une union porteuse de sens nécessiterait désormais un engagement clair et constant, entretenu constamment par l’homme et par la femme. Mais même les plus grands efforts de la part de l’homme devraient être complétés par une aide d’En-Haut. Cette bénédiction proviendrait d’un réservoir appelé Mikvé, et l’Éden tel qu’il était avant la faute serait désormais inaccessible.

Même si cela peut sembler banal, le Mikvé offre aux couples la possibilité de revivre des « lunes de miel » régulières pendant toute la durée du mariage. En effet, une certaine monotonie, bien qu’apparemment inoffensive, peut infiltrer toute relation et saper ses fondations. L’injonction de la séparation mensuelle régulière entretient un sentiment de nostalgie et de désir – ou au moins un sentiment d’appréciation – qui précède l’émotion des retrouvailles.

Au cours de la vie, une sexualité continue peut conduire au déclin du désir et même de l’intérêt. La coupure mensuelle apprend au couple à apprécier le temps qu’il passe ensemble et lui donne matière à languir lorsqu’il est séparé. Chaque mois, le couple se sépare. Certes ce n’est pas toujours à sa convenance, ni facile à gérer, mais les époux ressentent un manque l’un pour l’autre. Ils comptent les jours jusqu’au moment où ils se retrouvent et, à chaque fois, ils perçoivent cette rencontre sous un jour nouveau. À ce propos, le Talmud déclare : « Afin qu’il la chérisse autant que le jour de son mariage. »

Le Mikvé 'Haya Mouchka de la Nouvelle Orléans
Le Mikvé 'Haya Mouchka de la Nouvelle Orléans

La relation homme-femme s’épanouit sur un mode de séparation et de retrouvailles. La Torah enseigne qu’à l’origine Adam et Ève furent créés comme un être unique, androgyne. Par la suite, D.ieu les sépara, leur garantissant ainsi d’une part l’indépendance et d’autre part la possibilité de choisir leur union. Depuis lors, les hommes et les femmes se séparent et se retrouvent. Le processus du Mikvé permet au couple marié de maintenir cette nécessaire dynamique. Au sein de leur engagement de vie commune et de fidélité, au sein de leur monogamie et de leur sécurité, ce mécanisme de vie est toujours en marche.

D.ieu a voulu que l’homme et la femme se trouvent par leurs propres efforts et qu’ils participent activement à cette recherche – pas seulement une fois, mais sans cesse – dans un processus continu afin de devenir « une seule chair ».

L’être humain a un penchant presque universel pour l’interdit. Le roi Salomon, le plus sage de tous les hommes, évoque « les eaux volées qui sont plus douces ». Combien d’hommes intelligents, de personnes sensées ont compromis leur vie de couple et leur famille en poursuivant des interdits à cause d’une promesse imaginaire de romantisme et de nouveauté. Le Mikvé introduit une nouvelle donne : l’épouse – la partenaire pour la vie, pour le meilleur et pour le pire – devient temporairement inaccessible, interdite, hors de portée. Cela donne souvent au couple l’opportunité, l’occasion de se considérer sous un angle nouveau. Durant ce moment de « retrait », de ce nouveau point de vue, les époux s’apprécieront avec un intérêt renouvelé.

La discipline imposée par la Taharat HaMichpa’ha est d’une aide précieuse dans d’autres domaines également : les fluctuations et la disparité dans le domaine du désir sexuel ne peuvent pas être complètement écartées. Mais la régularité du système du Mikvé permet d’apaiser les tensions qui naissent de ces problèmes. En effet, lorsqu’un couple est obligé de s’abstenir pendant au moins douze jours par mois, le temps de réunion dont il dispose est un temps privilégié, dont il va apprécier et savourer chaque moment.

Accueil du Mikvé-Spa de Seine et Marne à Pontault-Combault
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Leur période de Niddah est, pour de nombreuses femmes, l’occasion de se retrouver, de réfléchir. De plus, elles ont pendant cette période un sentiment d’autonomie et de maîtrise de leur corps, y compris sur les relations qu’elles entretiennent avec leur époux. En effet, tout être humain se sent réconforté et rassuré à l’idée que nul ne peut agir à sa guise et selon ses fantaisies avec autrui.

Le bénéfice que la pratique de la Pureté Familiale apporte à la famille a été reconnu par de nombreux experts, Juifs comme non-juifs. Bien entendu ce type d’analyse, comme tout autre, peut être sujet à critique. Cependant, l’effet du Mikvé sur le peuple juif – la promesse d’espoir et de rédemption qu’il renferme – est enraciné dans la Torah et découle de la foi en D.ieu et en sa sagesse parfaite.

Sanctifier sa vie

Le Judaïsme plaide pour la sacralisation de la sexualité humaine. Il ne suffit pas que l’intimité naisse de l’engagement et d’une promesse d’exclusivité, elle doit être sacrée. Et, pour accomplir cela, le premier moment requis pour l’immersion dans le Mikvé est au seuil du mariage.

Le Mikvé qui précède le mariage, n’est pas, à strictement parler, lié à l’application des lois de Pureté Familiale. Malgré tout, il ne faut pas penser qu’il n’a rien à voir avec ce processus. C’est simplement la première fois que la femme juive reçoit l’ordre de se purifier de cette façon. Et c’est une bonne façon de commencer une nouvelle vie ensemble avec l’être aimé.

L’immersion dans le Mikvé est une façon essentielle d’attirer D.ieu et Ses bénédictions à l’intérieur du mariageAprès en avoir étudié les détails de cette mitsva et leur avoir accordé l’importance nécessaire, le Mikvé est un rituel qui peut être facilement intégré aux préparatifs du mariage, par tous les futurs mariés juifs. La date du mariage devrait être choisie en fonction du cycle menstruel de la fiancée, afin de permettre son immersion avant le mariage.

On dépense d’énormes quantités de temps et d’énergie dans les préparatifs d’un mariage. Au fond de nous, nous espérons tous qu’une cérémonie parfaite sera le signe d’un bon départ dans la vie. Cependant, toutes les personnes sensées reconnaissent les limites de l’esprit humain. Ce que nous voulons et ce dont nous avons le plus besoin – à savoir : la santé, la bonne fortune, les enfants – n’est pas de notre ressort. Le fameux « Mazal Tov », que nous proclamons lors des mariages, est l’expression de notre prière envers le Créateur, dans laquelle nous Lui demandons de bénir le nouveau couple en le comblant de tous les bienfaits. Dans ce contexte, l’immersion dans le Mikvé est une façon essentielle d’attirer D.ieu et Ses bénédictions à l’intérieur du mariage.

Aussi longtemps que la femme a un cycle menstruel, c’est lui qui va dicter le rythme des relations conjugales du couple, et chaque mois c’est une mitsva pour le mari et sa femme de renouveler leur couple grâce aux eaux du Mikvé. Pour ceux qui n’ont pas accompli cette prescription dans leur vie de couple à partir de leur mariage, il n’est jamais trop tard pour commencer à suivre les lois de la Pureté Familiale. De même, dans l’idéal, cette mitsva doit être respectée de façon régulière – on ne devrait pas permettre à un quelconque retard dans cette mitsva de porter atteinte à la santé du couple. Le Mikvé est indépendant du respect des autres mitsvot de la Torah. Le Mikvé n’est pas non plus, comme certains le pensent, le domaine réservé aux Juifs de stricte observance.

Même lorsqu’un couple ne se sent pas encore prêt à accomplir ces lois de façon régulière, il est important qu’il accorde une attention particulière à cette mitsva avant de concevoir un enfant. Il est en effet enseigné que le Mikvé est le canal qui nous permet d’attirer une âme élevée revêtue dans un corps réceptif et en bonne santé.

Pour une femme ménopausée, une dernière immersion dans le Mikvé lui apporte la pureté pour le restant de sa viePour une femme ménopausée, une dernière immersion dans le Mikvé lui apporte la pureté pour le restant de sa vie. Même une femme ménopausée qui n’a jamais été au Mikvé de sa vie devrait se tremper une fois (et il n’est jamais trop tard pour accomplir cette mitsva, même plusieurs années après la ménopause), afin que toutes les unions futures soient bénies par D.ieu.

Le plus beau cadeau que D.ieu ait offert à l’humanité est la Téchouva, la possibilité de revenir vers D.ieu et de commencer une nouvelle vie, purifié de son passé. La Téchouva permet à l’homme de s’élever au-dessus des limites imposées par le temps et d’influer sur nos vies rétroactivement. Pour certains, une seule immersion dans le Mikvé, tard dans la vie, cela peut sembler ridicule, un acte rapide et insignifiant. Mais s’il est accompli avec conviction et en conscience, c’est un immense accomplissement. Cet acte apporte la pureté et son pouvoir régénérant, non seulement au présent et au futur de celui qui s’y soumet, mais également à son passé.

Ainsi, chaque femme peut s’inscrire dans cette tradition continue qui a traversé les générations. Grâce au Mikvé, elle entre en contact direct avec la source de la vie, de la pureté et de la sainteté, avec le D.ieu qui toujours l’enveloppe et se trouve en elle.

Voir également : Le sens profond de l'impureté rituelle

Extrait de l’introduction de Rivka Slonim à Total Immersion : Anthology of the Mikvah (Jason Aronson, 1996)


Appendice : Suggestions de lectures sur le Mikvé et le mariage

Tehilla Abramov, Le Secret de La Féminité Juive, Éditions Marome

Abrégé des Lois de Pureté, Éditions Kéhot

Aryeh Kaplan, Guide du Mariage Juif, Édition l’Arche du Livre

Nahoum Lamm, Une Haie de Roses, Editions Collel Tel Ganim

Nahoum Lamm, Yossef Brook et Zeev Grunewald, Une Clé pour la Vie, Editions Collel Tel Ganim

Moshé David Sendler, Le Judaïsme et la Vie Conjugale, Fondation Sefer