Lois du repentir : Chapitre Trois
1. Chaque homme a des mérites et des fautes ; celui dont les mérites surpassent les fautes est un juste. Celui dont les fautes surpassent les mérites est un méchant. [Celui dont les fautes et les mérites sont] équivalents est un homme moyen. De même, dans une ville, si les mérites [des habitants] surpassent leurs fautes, c’est [une ville] juste. Si leurs fautes surpassent [leurs mérites], c’est une [ville] mauvaise. Et de même pour le monde entier.
2. Un homme dont les fautes surpassent les mérites meurt immédiatement de son mal, comme il est dit : « à cause de la grandeur de tes méfaits ». De même, une ville dont les fautes [des habitants] sont plus nombreuses [que les mérites] périt immédiatement, comme il est dit : « Comme le décri de Sodome et Gomorrhe est grand ». Il en est de même pour le monde entier : si les fautes sont plus nombreuses que les mérites, ils sont immédiatement détruits, comme il est dit : « l’Eternel vit que grands étaient les méfaits de l’homme ». Le compte n’est pas basé sur le nombre de mérites et de fautes, mais sur leur importance : certains mérites équivalent à plusieurs fautes, comme il est dit : « car en lui, se trouvait quelque chose de bien », et certaines fautes équivalent à plusieurs mérites, comme il est dit : « Mais un seul pécheur gâte beaucoup de bien ». Le compte n’est effectué que selon la sagesse du D.ieu Qui connaît. Lui sait comment mesurer les mérites aux fautes.
3. Qui regrette les mitsvot qu’il a faites et déplore ses mérites, se disant en son cœur : « Qu’ai-je gagné en faisant ceci ? J’aurais mieux fait de ne rien faire » perd tous ceux-ci, et aucun mérite ne lui sera rappelé, ainsi qu’il est dit : « La vertu du juste ne la préservera pas au jour de son péché », cela ne concerne que celui qui déplore ses [bonnes actions] passées. De même que les mérites et les fautes d’un homme sont balancées à l’heure de la mort, ainsi chaque année, les fautes et les mérites de tout un chacun sont balancés le jour de fête de Roch Hachana : [le verdict de] celui qui est un juste est scellé pour la vie. [Le verdict de] celui qui est un méchant est scellé pour la mort. Et [le verdict de l’homme] moyen est mis en suspend jusqu’au jour de Kippour : s’il se repent, il est scellé pour la vie. Sinon, il est scellé pour la mort.
4. Bien que la sonnerie du choffar le jour de Roch Hachana soit un décret de l’Écriture, elle a un sens profond, comme si elle disait : « Réveillez-vous, dormeurs, de votre sommeil, et vous qui somnolez [profondément] levez-vous, de votre léthargie ! Méditez vos actions, repentez-vous, et souvenez-vous de votre Créateur ! Ceux qui oublient la vérité dans les vanités du temps et s’égarent toute l’année dans les futilités et le vide qui ne sont d’aucun intérêt et d’aucun salut, observez votre âme ; amendez vos voies et vos actions. Que chacun de vous abandonne ses mauvais chemins et mauvaises pensées. » C’est pourquoi, chaque homme doit considérer toute l’année comme s’il était moitié innocent, moitié coupable, et que le monde entier était moitié innocent, moitié coupable : s’il commet une faute, il fait pencher le plateau de la culpabilité contre lui-même ainsi que le monde entier, et cause sa destruction. S’il accomplit un commandement, il fait balancer le plateau du mérite en sa faveur et en faveur du monde, et apporte pour lui-même et pour les autres le salut et la délivrance, comme il est dit : « Le juste est le fondement du monde », [c'est-à-dire] Celui qui agit avec justice fait pencher le plateau du mérite en faveur du monde entier et le sauve. C’est la raison pour laquelle tous les juifs ont pris l’habitude de multiplier la charité, les bonnes actions, et de s’investir dans les mitsvot depuis Roch Hachana jusqu’au jour de Kippour plus que tout le restant de l’année. Tous ont l’habitude de se lever [quand il fait encore] nuit durant ces dix jours, de prier à la synagogue [en adressant] de ferventes supplications jusqu’à l’aube.
5. Lorsque les fautes d’un homme sont balancées avec ses mérites, [une faute commise] une ou deux fois n’est pas prise en compte. C’est à partir de la troisième fois que commence [le compte]. Si ses fautes [commises] au moins trois fois surpassent ses mérites, ces [les fautes commises] deux fois [ou moins] sont associées et il est jugé sur tout. Et si ses mérites contrebalancent ses fautes [commises] à partir de la troisième fois, toutes ses fautes sont supprimées une à une. En effet, la troisième [faute] est considérée comme première, puisque les deux premières ont été pardonnées. De même, la quatrième est considérée comme première, puisque la troisième a été pardonnée, et ainsi de suite jusqu’à la fin. Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Pour un particulier, comme il est dit : « Voyez, tout cela, D.ieu le fait deux ou trois fois en faveur de l’homme ». En revanche, pour la communauté, [une faute commise] une première, une seconde, et une troisième fois est mise en suspend, comme il est dit : « À cause des trois [fautes Je révoquerai Mon arrêt, mais à cause] des quatre fautes d’Israël, Je ne révoquerai pas ». Le décompte [de leurs fautes] de cette manière commence à partir de la quatrième. [Toutefois,] si un [homme] moyen compte parmi sa moitié de fautes [la faute] de ne jamais avoir mis les téfiline, il est jugé selon sa faute [et condamné à la Géhenne], et a part au monde futur [après avoir expié sa faute]. De même, tous les méchants, dont les fautes sont plus nombreuses [que les mérites], sont jugés selon leurs fautes, et ont [ensuite] part au monde futur, car tous les juifs ont part au monde futur, même s’ils ont fauté, comme il est dit : « Et ton peuple n’est composé que de justes, qui hériteront le pays à jamais ». La « terre » est ici une allégorie, qui représente « la terre de la vie », c'est-à-dire le monde futur. De même, les pieux des nations du monde ont part au monde futur.
6. Tels sont ceux qui n’ont pas part au monde futur, mais sont retranchés, périssent, et sont jugés selon leur grande perversité et leurs méfaits éternellement : les minim, les apikorsim, ceux qui nient la Torah, ceux qui nient la résurrection des morts et la venue du libérateur, ceux qui se rebellent [autre version : les apostats], ceux qui font fauter la collectivité, ceux qui s’écartent de la communauté, celui qui commet des fautes avec dédain publiquement, comme Jeoyakim, les dénonciateurs, ceux qui jettent la crainte sur la communauté pour des motifs personnels, les meurtriers, les médisants, et celui qui étend son excroissance [pour paraître incirconcis].
7. Cinq [types d’]individus sont appelés minim : [a)] celui qui dit qu’il n’y a pas de D.ieu et que le monde n’a pas de dirigeant, [b)] celui qui dit qu’il y a un dirigeant, mais qu’ils sont deux ou plus, [c)] celui qui dit qu’il y a un seul Maître, mais qu’il a un corps et une image, [d)] celui qui qu’Il n’est pas Lui seul le premier et Créateur de tout, [e)] celui qui adore une étoile ou une constellation, pour faire office d’intermédiaire entre lui et le Maître des mondes. Chacun de ces cinq [individus] est un min.
8. Trois [types d’]individus sont appelés épikorsim : [a)] celui qui dit qu’il n’y a pas de prophétie, et qu’aucune connaissance n’est communiquée du Créateur à l’esprit des hommes, [b)] celui qui conteste la prophétie de Moïse notre maître, [c)] celui qui dit que le Créateur ne connaît pas les agissements des hommes. Chacun de ces trois individus est appelé épikoros. Trois [types d’]individus nient la Torah : [a)] celui qui dit que la Torah n’est pas d’origine divine, même un seul verset, voire un seul mot, s’il affirme que Moïse notre maître l’a dit de sa propre initiative, il est un épikoros [b)] celui qui nie son interprétation, c'est-à-dire la Loi Orale, ou nie ceux qui l’enseignent [les sages], comme Tsadok et Baitos, [c)] celui qui dit que D.ieu a remplacé un commandement en un autre, et que cette Torah a été abrogée, bien qu’elle fut d’origine divine, comme les chrétiens et les Arabes, chacun de ces trois « nie la Torah ».
9. Il y a deux sortes d’apostats : l’apostat par rapport à une faute, et l’apostat par rapport à la Torah entière. L’apostat par rapport à une faute est celui qui a pris l’habitude de commettre une faute délibérément, et cela est devenu fait notoire, même si c’est une [faute] légère, comme porter [des vêtements constitués d’]une étoffe mixte de lin et de laine ou se raser les coins [de la chevelure], comme si ce commandement avait été complètement abrogé pour lui. [Une telle personne] est un apostat par rapport à cette [faute], à condition qu’elle agisse par rébellion . Un apostat par rapport à la Torah entière est par exemple celui qui [abandonne sa foi] pour les religions des gentils lorsqu’un décret [contre les juifs] est promulgué, et s’attache à eux, disant : « Quel intérêt ai-je à m’attacher aux juifs qui sont bas et poursuivis, il est préférable pour moi de m’attacher à ceux qui ont la main forte », celui-ci est un apostat par rapport à la Torah entière.
10. [Nous avons précédemment évoqué] ceux qui font fauter la collectivité. Quel est le cas ? [Cela concerne aussi bien] celui qui fait trébucher [la collectivité] dans une [faute] grave, comme Jéroboam, Tsadok, et Baïtos, que celui qui fait trébucher [la collectivité] dans une [faute] légère, même négliger un commandement positif, qu’il force les autres à commettre une faute, comme Ménaché qui tuait les juifs pour qu’ils adorent des idoles, ou qu’il trompe les autres et les dévoie.
11. Celui qui se met à l’écart de la communauté, même s’il ne commet aucune faute, mais se sépare de la communauté d’Israël, ne pratique pas les commandements au sein d’eux, ne prend pas part à leurs épreuves, et aux jeûnes [communautaires], mais [au contraire,] suit sa propre voie comme s’il appartenait à une autre nation et non [au peuple juif], n’a pas part au monde futur. Celui qui commet des fautes avec dédain, comme Jéoyakim, qu’il ait commis des [fautes] légères ou des [fautes] graves, n’a pas part au monde futur. Il est appelé : « celui qui fait front effrontément à la Torah », car il agit impudemment, ouvertement, sans avoir honte des paroles de la Torah.
12. Il y a deux [types de] dénonciateurs : celui qui dénonce un autre aux gentils pour le faire tuer ou le faire battre, et celui qui remet de l’argent appartenant à autrui en la possession de gentils ou d’un oppresseur, considéré comme un gentil. Tous deux n’ont pas part au monde futur.
13. Ceux qui inspirent la crainte à la communauté pour des motifs personnels ; il s’agit de celui qui gouverne la communauté avec la force, si bien qu’ils [les membres de la communauté] le craignent et ont peur de lui. Son [unique] intention est son propre honneur, et aucun de ses désirs n’est pour l’honneur du Ciel, par exemple les rois gentils.
14. Aucune de ces vingt-quatre personnes énumérées, bien qu’elle soit juive, n’a pas part au monde futur. Certaines fautes sont plus légères que celles-ci ; néanmoins, les sages ont dit que celui qui en prend l’habitude n’a pas part au monde futur. Il convient de s’en écarter et d’y prendre garde. Ce sont : donner un surnom à quelqu’un, appeler quelqu’un par son surnom, faire rougir autrui publiquement, se faire honorer par du déshonneur d’autrui, mépriser les érudits, mépriser ses maîtres, mépriser les fêtes, profaner les offrandes. Dans quel cas disons-nous que chacun [de ceux qui commettent une des fautes précédemment énumérées] n’a pas part au monde futur ? S’il meurt sans s’être repenti. Mais s’il se repentit, et meurt en s’étant repenti, il a part au monde futur, car rien ne résiste au repentir. Même s’il nie l’essentiel toute sa vie durant, et se repentit à la fin, il a part au monde futur, comme il est dit : « “Paix, paix, pour qui s’est éloigné comme pour le plus proche”, dit l’Eternel. Je le guérirai ». Tous les méchants, apostats, et semblables, qui se sont repentis publiquement ou en secret sont acceptés, comme il est dit : « Revenez, ô enfants rebelles » [ce qui signifie que] même s’il est encore rebelle, car il s’est repenti en secret et non publiquement, il est accepté par son repentir.
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