La Loge du Bois
En décrivant les différentes loges qui existaient dans la cour du Beth HaMikdache, nos Sages1 mentionnent « la Loge du Bois ». Cela fait référence à loge du Grand Prêtre où il résidait pendant la semaine durant laquelle il se préparait au service de Yom Kippour chaque année.
Ce nom est problématique, car il implique que la pièce était construite à partir de bois,2 alors que le Rambam statue3 : « On ne construit pas à l’intérieur [du Sanctuaire ou de la cour] avec du bois en saillie,4 mais seulement des pierres ou des briques et de la chaux. »
Il est cependant possible d’expliquer que la construction de la loge du Grand Prêtre ne violait pas cette interdiction. Car, d’après l’énoncé du Rambam, il semble que l’interdiction ne visait que le bois « en saillie ».5 Il n’y a pas d’interdiction à construire une structure de bois si elle n’est pas en saillie. On peut donc supposer que c’est ainsi que fut construite la loge du Grand Prêtre : bien que son infrastructure fut en bois, le bois n’était pas saillant.6
Une source de la conception du Rambam de cette interdiction peut être trouvée dans la description7 de la construction du Premier Beth HaMikdache par le roi Salomon : « Et il construisit la cour intérieure avec trois rangées de pierres de taille et une rangée de poutres de cèdre. » Sur ce passage, nos Sages8 expliquent que Salomon a plongé le bois dans le bâtiment et l’a recouvert de plâtre.9
Dans ce contexte, il convient de noter que d’autres autorités [Maassé Rokea’h, Har HaMoriah et Radbaz (loc.cit.)] soutiennent que bien que le bois ne doive pas saillir du bâtiment du Beth HaMikdache, il n’y a pas de problème à ce qu’il soit ouvertement visible.
Le changement du nom de la Loge
Dans de nombreuses sources,10 la loge du Grand Prêtre est appelée « Loge des Parhédrine ». Parhédrine est un terme grec qui signifie « officiers du roi ». Ce nom fut donné à cette loge dans la dernière partie de l’époque du Second Beth HaMikdache, lorsque la haute prêtrise était vendue par les puissances dominantes et achetée par des hommes indignes. Après être entrés dans le Saint des Saints à Yom Kippour, ils mourraient dans l’année. Ainsi la position changeait fréquemment de mains, à l’instar des « officiers du roi » qui étaient remplacés tous les douze mois.11.
Mon père et maître11 explique que le nom « Loge du Bois » était utilisé pour désigner la loge à l’époque des Grands Prêtres vertueux, parce que le mot hébreu pour désigner le bois, « èts » signifie également « arbre ». Les arbres sont un symbole de longue vie, comme il ressort du verset12 : « Tels les jours des arbres seront les jours de Mon peuple. » Le nom « loge du bois » reflète la vertu des Grands Prêtres qui firent usage de la loge et vécurent de longues années.13 Le nom de « Loge des Parhédrine », en revanche, reflète la nature indigne des Grands Prêtres qui mouraient en l’espace d’un an.
L’expérience ultime
Le nom « Loge des Parhédrine » soulève une question : les Grands Prêtres qui achetaient cette position à l’ère du Second Beth HaMikdache étaient conscients de leur propre niveau spirituel et ils savaient – du sort qui avait frappé leurs prédécesseurs – qu’un Grand Prêtre indigne ne vivait pas plus d’un an. Pourquoi, alors, convoitaient-ils cette fonction et pourquoi sacrifiaient-ils de grosses sommes d’argent pour l’obtenir ?
La réponse est que même ces individus, aussi peu vertueux qu’ils fussent, appréciaient le lien unique établi avec D.ieu lorsque le Grand Prêtre pénétrait dans le Saint des Saints à Yom Kippour. Et pour faire l’expérience de cette connexion, ils étaient prêts à tout sacrifier – leurs fortunes et même leurs vies.
Il y a une autre dimension positive au nom « Loge des Parhédrine ». Cette référence aux fonctionnaires changeants est une allusion au service divin de Techouva que le Grand Prêtre devait effectuer personnellement et auquel il devait inspirer le peuple. Grâce à la Techouvah, le repentir et le retour à D.ieu sincères, une personne peut transformer sa nature et devenir quelqu’un de nouveau, en changeant son identité précédente. Ceci est au cœur du service du Grand Prêtre à Yom Kippour.
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Puissions-nous mériter un renouvellement du service du Grand Prêtre dans le Beth HaMikdache, et puisse cela avoir lieu dans un avenir immédiat.
Adapté de Likoutei Sichos, vol. 28, Parachat Massei
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