Dans les Hilkhot Beth HaBe’hira, le Rambam écrit1 :

Le [Beth Ha]Mikdache n’était pas construit sur un terrain plat, mais par degrés successifs à flanc de montagne. Une personne qui entrait par la porte est du Mont du Beth [HaMikdache], traversait à plat jusqu’à l’extrémité du muret d’enceinte. Puis elle montait du muret d’enceinte jusqu’à la Cour des Femmes par douze marches, dont la hauteur pour chacune était d’une demi-coudée, et sa profondeur d’une demi-coudée...

Elle montait [de la Cour des Femmes] vers la Cour des Israélites... par quinze marches... Elle montait vers la Cour des Cohanim par une marche d’une coudée de hauteur. Au-dessus [de cette marche] se trouvait une plate-forme haute de trois marches, chacune d’une demi-coudée de hauteur...

De [la cour des Cohanim], elle montait vers le Hall d’Entrée [du Sanctuaire] par douze marches... Le Hall d’Entrée et le Sanctuaire étaient sur le même plan.

Les commentaires2 notent que ces ascensions correspondent à différents niveaux de sainteté dans le Beth Hamikdache. Comme l’écrit le Rambam dans le chapitre suivant3 :

La Cour des Femmes est plus sainte que le muret d’enceinte... La Cour des Israélites est plus sainte que la Cour des Femmes... La Cour des Cohanim est encore plus sainte [que la Cour des Israélites]... Le Sanctuaire est plus saint que [la partie de la Cour] entre l’autel et le Hall d’Entrée.

À mesure que l’on accédait à des niveaux plus élevés de sainteté dans le Beth Hamikdache, on faisait également une ascension physique. Les quatre points où l’on devait monter des marches représentaient quatre différents plans de sainteté.4

Un reflet du spirituel dans le contexte matériel de notre existence

La terminologie du Rambam – « n’était pas..., mais... » – indique que la construction du Beth Hamikdache de cette manière ne fut pas seulement une nécessité structurale due à la situation de l’édifice sur le Mont Moriah, mais relevait d’une exigence halakhique. La construction du Beth Hamikdache sur différents niveaux reflétant les différents degrés de la sainteté faisait partie de la vision divine accordée au roi David qui servit de source pour les plans de la structure du complexe.

Quelle est la raison d’un tel concept ? Le choix du mont Moriah comme « le lieu que l’Éternel votre D.ieu choisira »5 transforma à tout jamais la nature de ce site. Le lieu physique lui-même devint saint. Ainsi, les différents niveaux de hauteur dans cet endroit reflétaient les différents niveaux spirituels qui lui étaient associés.6

La distinction entre ces différents niveaux de sainteté et leur connexion à leur site physique se traduit par le fait que ces distinctions demeurent pour tous les temps, même après que le Beth Hamikdache fur détruit. Ainsi, le Rambam statue7 qu’il est permis de consommer des sacrifices de la catégorie la plus sainte (kodchei kodachim) sur le site de la Cour du Beth HaMikdache, bien que la structure soit détruite et que la cour ne soit pas délimitée par une enceinte. Cela indique que, non seulement la sainteté du Beth Hamikdache dans son ensemble demeure à l’époque actuelle, mais que toutes les distinctions particulières liées aux différents niveaux de sainteté se perpétuent également.

Un plan de sainteté tout à fait unique

Ce concept, cependant, suscite une question : pourquoi le Saint des Saints n’était-il pas plus élevé que le Sanctuaire ? Le Saint des Saints représentait le summum de la sainteté dans le monde, le lieu où la présence de D.ieu se manifestait d’une manière révélée. Pourquoi cette dimension n’était-elle pas également reflétée dans la structure physique du Beth Hamikdache ?

La réponse à cela, cependant, est contenue au sein de la question elle-même. La sainteté du Saint des Saints était sur un plan totalement différent des autres parties du Beth Hamikdache. Les différences entre les autres niveaux de sainteté étaient relatives, de sorte qu’il était possible d’établir une comparaison entre un niveau et un autre. C’est pourquoi ces différences pouvaient être exprimées par une différence de hauteur. Le Saint des Saints, en revanche, ne pouvait être comparé à aucune des autres parties du Beth Hamikdache. La manifestation de la Présence Divine la plaçait dans une catégorie à part. Cette distinction était tellement unique qu’elle ne pouvait être exprimée en termes physiques.8

Ces concepts ont des parallèles dans notre service divin. Une personne doit prendre conscience que son développement spirituel exige un progrès continuel. Lorsqu’elle monte à un niveau plus élevé de sainteté, elle doit aussi s’élever elle-même en tant que personne.9

Cependant, une personne doit finalement réaliser que les plus hauts niveaux de l’épanouissement spirituel ne peuvent pas être atteints par le biais de ses propres réalisations. C’est seulement à travers une totale abnégation que l’on devient un lieu de résidence de la Présence Divine et un vecteur de l’expression de Sa volonté.

Puissent ces concepts être bientôt exprimés en termes physiques et concrets, avec la venue de la Rédemption et la reconstruction du Beth Hamikdache. Et alors, « nous monterons, nous apparaîtrons et nous nous prosternerons devant Toi ».10 Puisse ceci avoir lieu dans l’avenir immédiat.

Adapté de Likoutei Si’hot vol. 29, Parachat Reeh