Lois du repentir : Chapitre Huit
1. Le bien dissimulé pour les justes est la vie du monde futur. C’est la vie qui n’est pas accompagnée de la mort, le bien qui n’est pas assorti de mal. C’est ce qui est écrit dans la Torah : « de la sorte, tu seras heureux et tu verras se prolonger tes jours » ; par tradition orale, ils [les sages] ont appris : « de la sorte, tu seras heureux » dans le monde qui est entièrement bienheureux, « et tu verras se prolonger tes jours » dans le monde [où l’existence] est éternelle, il s’agit du monde futur. La récompense des justes est de mériter ce délice, et prendre part à ce bien. Le châtiment des méchants est de ne pas mériter cette vie, et d’être retranché et mourir. Qui ne mérite pas cette vie est le [véritable] mort qui ne vivra pas éternellement, mais sera retranché du fait de sa perversité et périra comme un animal. C’est là le retranchement mentionné dans la Torah, comme il est dit : « cette âme sera certainement retranchée » ; par tradition orale, ils [les sages] ont appris [l’interprétation suivante :] « elle sera retranchée » dans ce monde, « certainement » dans le monde futur, c'est-à-dire que cette âme qui s’est séparée du corps en ce monde ne méritera pas la vie du monde futur, mais sera même retranchée du monde futur.
2. Dans le monde futur, il n’y a ni corps, ni matière, mais uniquement les âmes des justes, sans corps, comme les anges de service. Étant donné qu’il n’y a point de matière, manger, boire, et toutes les choses dont les corps ont besoin en ce monde n’existeront plus. Aucun des phénomènes corporels qui existent en ce monde, comme la position assise, la position debout, le sommeil, la mort, la mélancolie, la plaisanterie, et ce qui est semblable, n’existera. Voici ce que les sages ont dit : « Dans le monde futur, il n’y aura ni manger, ni boire, ni rapports sexuels ; plutôt, les justes seront assis avec leurs couronnes sur la tête, et profiteront du rayonnement de la Présence Divine ; tu apprends donc qu’il n’y aura pas de corps, puisqu’il n’y aura ni manger, ni boire. Ce qu’ils [les sages] ont dit : « [les justes] seront assis » [ce qui est un phénomène corporel] est [en fait] une allégorie, qui signifie que les justes s’y trouveront sans peine et sans effort. De même, ce qu’ils ont dit : « leurs couronnes sur la tête » [est une allégorie] qui signifie que la connaissance qu’ils ont acquise – par laquelle ils auront mérité le monde futur – les accompagnera. Elle sera leur couronne, dans le même esprit que ce que dit [le roi] Salomon : « orné de la couronne dont le ceignit sa mère ». [Preuve en est du verset :] « une joie perpétuelle couronnant leur tête » ; or, la joie n’est pas un corps pour couronner la tête, de même, la « couronne » à laquelle les sages ont fait référence est la connaissance. Quel est le sens de ce qu’ils ont dit : « et profitent du rayonnement de la Présence Divine » ? Cela veut dire qu’ils connaîtront et percevront de la réalité [de l’existence] du Saint Béni soit-Il, ce qu’ils ne peuvent saisir investis d’un corps obscur et bas.
3. L’âme dont il est question dans ce contexte n’est pas l’âme qui a besoin du corps ; c’est la « forme de l’âme », c'est-à-dire la connaissance, qui comprend le Créateur selon son aptitude, et saisit les esprits séparés et autres concepts. C’est la « forme » que nous avons définie au chapitre quatre des lois sur les fondements de la Torah, qui est appelée néfesh dans ce contexte. Cette vie, étant donné qu’elle n’est pas accompagnée de la mort – car la mort n’est qu’un phénomène corporel, et il n’y aura point de corps – est appelée : « lien de la vie », comme il est dit : « l’âme de mon maître restera liée au lien de la vie ». C’est la récompense, au-dessus de laquelle il n’est pas de plus haute récompense, le bien qui n’est pas suivi d’un autre bien, auquel ont aspiré tous les prophètes.
4. Plusieurs noms lui ont été donnés métaphoriquement : « la montagne de D.ieu », « Son Saint lieu », « la route sacrée », « les parvis de D.ieu », « l’agrément de D.ieu », « la tente de D.ieu », « le palais de D.ieu », « la maison de D.ieu », « la porte de l’Eternel ». Les sages ont fait référence à ce bien apprêté pour les justes avec la métaphore du « repas », et il est appelé généralement le monde futur.
5. La plus grande punition possible est que l’âme soit retranchée, et ne mérite pas cette vie, comme il est dit : « cette âme sera certainement retranchée ; elle portera sa faute ». C’est la perdition, appelée métaphoriquement par les prophètes : « le puits de la destruction », « la perdition », « Tofet » (Feu), « la sangsue ». Toutes les expressions d’anéantissement et de destruction lui sont appliquées, car c’est l’anéantissement qui n’a pas de renaissance, la perte qui est irrécupérable.
6. Peut-être ce bien te paraîtra-t-il léger, et tu penseras que la récompense pour les commandements, et pour l’homme qui est entier dans les voies de la vérité ne peut être que de manger et boire de délicieux aliments, d’avoir des rapports avec de belles femmes, de porter des vêtements de lin et de broderie, d’habiter dans des tentes d’ivoire, et de faire usage d’ustensiles en argent et en or, et ce qui est semblable, comme l’imaginent les arabes stupides et avilis, plongés dans la luxure. Mais les sages et les gens avisés savent que toutes ces choses ne sont que vanité, et n’ont d’intérêt et de bien pour nous en ce monde que parce que nous sommes faits d’un corps et de matière. Toutes ces choses-là sont des besoins du corps, et l’âme ne les désire que du fait du besoin du corps, afin que son désir soit accompli et qu’il reste en bonne santé. Quand il n’y aura plus de corps, toutes ces choses disparaîtront. Cet immense bien de l’âme dans le monde futur, il n’est aucun moyen de le saisir et de le connaître, car nous ne connaissons en ce monde que le bien corporel, lequel nous désirons. Mais ce bien est immensément plus grand, et ne peut être comparé aux biens de ce monde que par métaphore. Mais comparer réellement ce bien de l’âme dans le monde futur aux biens corporels en ce monde dans la nourriture et le festin est impossible ; cet immense bien est insondable et sans aucune commune mesure [avec un bien corporel]. C’est ce que dit [le roi] David : « Ah ! Quelle est grande, Ta bonté que Tu tiens en réserve pour ceux qui Te craignent… »
7. Oh combien David désira-t-il le monde futur, comme il est dit : « Ah, si je n’avais la certitude de voir la bonté de D.ieu sur la terre des vivants ! ». Les sages nous ont déjà avisés qu’il n’est pas en le pouvoir de l’homme de saisir pleinement le bien du monde futur ; personne, excepté le Saint Béni soit-Il ne connaît sa grandeur, sa beauté, et son essence. Tous les bienfaits que les prophètes ont annoncés au peuple juif ne sont que des biens corporels dont les juifs jouiront à l’époque du Messie, lorsque la souveraineté sera restaurée au peuple juif. Mais le bien du monde futur est sans aucune commune mesure, et les prophètes ne l’ont pas décrit, pour ne pas diminuer pas [sa valeur] par une telle description. C’est ce que dit [le prophète] Isaïe : « Aucun œil n’a vu, ô D.ieu, excepté Toi, ce que Tu feras pour ceux qui T’attendent », c'est-à-dire que le bien qu’aucun prophète n’a vu, mais que seul D.ieu a vu, a été créé par D.ieu pour l’homme qui L’attend [et observe la Torah et les commandements]. Les sages ont dit : « tous les prophètes n’ont prophétisé que concernant l’époque messianique, mais le monde futur : « Aucun œil n’a vu, ô D.ieu, excepté Toi ».
8. La raison pour laquelle les sages ont appelé [ce bien] « le monde futur » n’est pas qu’il n’existe pas encore, et qu’il fera suite à ce monde après la destruction de ce dernier. Au contraire, il [le monde futur] existe, et est présent, comme il est dit : « que Tu as dissimulé pour ceux qui Te craignent, que Tu témoignes… ». Ils [les sages] ne l’ont appelé « monde futur » que parce que l’homme connaîtra cette vie après la vie en ce monde, où nous existons avec un corps et une âme. [Cette vie est celle que] tout homme connaît en premier.
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