Lois du repentir : Chapitre Cinq

1. Le libre arbitre est laissé à tout un chacun : s’il désire s’orienter vers le chemin du bien et être un juste, il en a la possibilité. Et s’il désire emprunter le mauvais chemin et être un méchant, il en a la possibilité. C’est ce qui est écrit dans la Torah : « Voici l’homme devenu comme l’un de nous, en ce qu’il connaît le bien et le mal ». Cela signifie que la gent humaine est unique dans l’univers, et aucune autre espèce ne lui ressemble en ce qu’il connaît de lui-même, dans son esprit et sa pensée, le bien et le mal, et fait ce qu’il désire, et personne ne l’empêche de faire le bien ou le mal. Puisqu’il en est ainsi, [l’Écriture continue] : « peut-être pourrait-il étendre sa main, etc. »

2. Ne laisse cette idée soutenue par les sots des nations du monde, et la majorité des immaturés parmi les juifs te monter à l’esprit, [cette idée] selon laquelle le Saint Béni soit-Il décrète depuis la création de l’homme s’il sera juste ou méchant. Il n’en est pas ainsi : tout un chacun peut être juste, comme Moïse notre maître, ou méchant comme Jéroboam, sage ou sot, compatissant ou cruel, avare ou généreux, et ainsi de suite pour les autres traits de caractère. Personne ne le force, n’émet de décret, ni ne le tire dans un des deux chemins. C’est [l’homme qui,] de sa propre initiative, emprunte le chemin qu’il désire. C’est ce que dit [le prophète] Jérémie : « De la bouche du Seigneur n’émane ni le mal, ni le bien », c'est-à-dire que le Créateur ne décrète pas si un homme sera bon ou mauvais. Ceci étant, le pécheur cause donc sa propre perte. Il lui sied donc de pleurer et de se lamenter sur ses fautes, et le mal qu’il a causé à son âme. C’est le sens du verset suivant : « Pourquoi donc se plaindrait l’homme sa vie durant, l’homme chargé de péché ». Il [le prophète] dit ensuite que puisque nous avons le libre arbitre, et que nous avons fait de nous-mêmes tout ce mal, il nous convient de nous repentir et d’abandonner ce mal, car nous en avons la possibilité. C’est le [sens du] verset suivant : « Examinons nos voies, scrutons-les, et retournons à l’Eternel ».

3. Ceci est un principe fondamental, le pilier de la Torah et des commandements, comme il est dit : « Vois, J’ai placé devant toi en ce jour la vie et le bien, la mort et le mal », et il est dit : « Voyez, Je place devant vous en ce jour la bénédiction et la malédiction », cela veut dire que vous avez le libre choix. L’homme peut faire tout ce qu’il désire, bien ou mal. C’est pour cette raison qu’il est dit : « Ah ! s’ils pouvaient conserver en tout temps cette disposition [à Me craindre…] ». En d’autres termes, le Créateur ne force pas l’homme et ne décrète pas qu’il fasse du bien ou du mal ; tout lui est confié.

4. Si D.ieu décrétait qu’un homme soit juste ou méchant, ou s’il y avait un facteur inné en lui qui l’attirait vers l’un des deux chemins, vers une certaine conception, un certain trait de caractère, ou certains agissements, comme ces stupides astrologues l’imaginent, comment [D.ieu] aurait-Il pu nous ordonner au moyen des prophètes : « Faites ceci » « Ne faites pas cela », « Corrigez vos voies », « Ne suivez pas votre perversité », alors qu’il a déjà été décrété [ce que nous serions] depuis notre naissance ou alors que notre instinct nous attire vers certaines choses et il est impossible de s’en dégager ? Quelle place occuperait alors la Torah entière ? Et par quel jugement le méchant serait-il puni et le juste récompensé ? Le juge du monde entier ne ferait-Il pas justice ? Ne t’étonne pas que l’homme puisse faire tout ce qu’il désire et que ses actes dépendent uniquement de lui, [en te posant la question :] pourrait-il y avoir dans le monde [un évènement] sans l’accord du Créateur ou contraire à son désir ? Il est pourtant dit : « Tout ce qu’Il désire, D.ieu fit dans les cieux et la terre » ? Sache que tout se passe conformément à Son désir, bien que nous soyons libres de nos actes. Comment cela ? De même que le Créateur désire que le feu et le vent s’élèvent vers le haut, que l’eau et la terre descendent vers le bas, que la sphère [céleste] tourne en rond, et que les autres créatures du monde suivent la nature qu’Il désire, ainsi, Il désire que l’homme ait le libre arbitre et soit libre de ses actes, et n’ait rien qui ne le force, ni l’attire. [L’homme,] de sa propre initiative et avec la connaissance qu’il a reçue de D.ieu, peut faire tout ce qui est en la main d’un homme. Aussi est-il jugé selon ses actes : s’il fait le bien, il est [traité avec] bienveillance. S’il fait le mal, il est [traité] avec rigueur. C’est ce que dit le prophète : « C’est votre main qui a agi de la sorte », « c’est qu’ils ont choisi leur propre chemin ». À ce sujet, [le roi] Salomon dit : « Réjouis-toi, jeune homme, dans ton jeune âge… sache seulement que D.ieu t’appellera en jugement pour tout cela », ce qui signifie : « Sache que tu as la possibilité de faire [ce que tu désires], mais que tu devras en rendre compte ».

5. Peut-être diras-tu : « D.ieu connaît l’avenir avant qu’il soit écrit ; sait-Il ou non si celui-ci sera un juste ou un méchant ? S’il sait qu’il sera un juste, il est impossible qu’il ne soit pas un juste ! Et si tu dis que [D.ieu] sait qu’il sera un juste, mais qu’il est possible qu’il soit un méchant, Il n’a pas une connaissance parfaite de la chose ? Sache que la réponse à cette question est « plus étendue en longueur que la mer, plus vaste que l’Océan ». Plusieurs principes fondamentaux et de hauts sommets en dépendent, mais tu dois savoir et comprendre ce que je dis là : nous avons déjà expliqué dans le second chapitre des lois sur les fondements de la Torah que le Saint Béni soit-Il ne connaît pas par une connaissance qui est extérieure à lui-même, contrairement à l’homme, dont [l’essence] et la connaissance sont deux [éléments distincts]. Mais Lui, que Son nom soit glorifié, et Sa connaissance, font Un. Il n’est pas en le pouvoir de l’homme de saisir pleinement ce concept. De même que l’homme n’a pas le pouvoir de saisir et de concevoir la réalité du Créateur, comme il est dit : « car nul homme ne peut Me voir, et vivre », ainsi, il n’est pas en le pouvoir de l’homme de saisir et de concevoir la connaissance du Créateur. C’est ce que dit le prophète : « Car Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas Mes voies ». Ceci étant, il n’est pas en notre pouvoir de savoir comment le Saint Béni soit-Il connaît toutes les créatures et toutes les actions. Nous devons toutefois savoir sans aucun doute que les actions de l’homme appartiennent à l’homme, [c'est-à-dire] que le Saint Béni soit-Il ne le tire pas [dans une voie particulière], et ne décrète pas qu’il fasse une certaine chose. Ce n’est pas uniquement par tradition de foi que nous connaissons ce concept, mais [également] par des preuves logiques. C’est la raison pour laquelle il est dit dans la prophétie que l’homme est jugé sur ses actes, selon ses actes, bons ou mauvais. Ceci est le fondement dont dépendent toutes les paroles prophétiques.