CHAPITRE 8
MICHNA Comme évoqué dans le chapitre précédent, lorsque le Cohen oint pour la guerre s’adresse au peuple, il s’adresse à eux en hébreu (biblique). En effet, il est dit (Deut. 20, 2–4) : « Et quand vous approcherez du combat, le Cohen s’avancera et parlera au peuple. Il leur dira : “Écoute Israël ! Vous approchez aujourd’hui du combat contre vos ennemis. Que votre cœur ne faiblisse pas, n’ayez pas peur, ne soyez pas troublés, ne tremblez pas devant eux, car c’est l’Éternel votre Dieu qui marche avec vous afin de combattre pour vous contre vos ennemis en vue de vous sauver.” » « Le Cohen » dont il est question, c’est un Cohen oint avec l’huile sacrée, et dont le rôle est directement lié à la guerre. « Et (il) parlera au peuple » – dans la langue de sainteté, comme expliqué dans la guemara. מְשׁוּחַ מִלְחָמָה בְּשָׁעָה שֶׁמְּדַבֵּר אֶל הָעָם בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ הָיָה מְדַבֵּר שֶׁנֶּאֱמַר וְהָיָה כְּקָרׇבְכֶם אֶל הַמִּלְחָמָה וְנִגַּשׁ הַכֹּהֵן זֶה כֹּהֵן מְשׁוּחַ מִלְחָמָה וְדִבֶּר אֶל הָעָם בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ
MICHNA Comme évoqué dans le chapitre précédent, lorsque le Cohen oint pour la guerre s’adresse au peuple, il s’adresse à eux en hébreu (biblique). En effet, il est dit (Deut. 20, 2–4) : « Et quand vous approcherez du combat, le Cohen s’avancera et parlera au peuple. Il leur dira : “Écoute Israël ! Vous approchez aujourd’hui du combat contre vos ennemis. Que votre cœur ne faiblisse pas, n’ayez pas peur, ne soyez pas troublés, ne tremblez pas devant eux, car c’est l’Éternel votre Dieu qui marche avec vous afin de combattre pour vous contre vos ennemis en vue de vous sauver.” » « Le Cohen » dont il est question, c’est un Cohen oint avec l’huile sacrée, et dont le rôle est directement lié à la guerre. « Et (il) parlera au peuple » – dans la langue de sainteté, comme expliqué dans la guemara. מְשׁוּחַ מִלְחָמָה בְּשָׁעָה שֶׁמְּדַבֵּר אֶל הָעָם בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ הָיָה מְדַבֵּר שֶׁנֶּאֱמַר וְהָיָה כְּקָרׇבְכֶם אֶל הַמִּלְחָמָה וְנִגַּשׁ הַכֹּהֵן זֶה כֹּהֵן מְשׁוּחַ מִלְחָמָה וְדִבֶּר אֶל הָעָם בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ
« Il leur dira – Écoute Israël ! Vous approchez aujourd’hui du combat contre vos ennemis », et non contre vos frères : ce n’est ni Juda contre Chim‘on, ni Chim‘on contre Benjamin vous prenant en pitié si vous tombez entre leurs mains. En effet, à propos de la guerre entre les royaumes d’Israël et de Juda, l’Écriture rapporte que Péka‘h ben Remalyahou, roi d’Israël, fit des milliers de prisonniers, et le prophète Oded adressa cette réprimande aux soldats du royaume d’Israël (II Chron. 28, 9–13 et 15) : « Voici que dans Sa fureur contre Juda, l’Éternel, Dieu de vos pères, les a livrés à votre main et vous avez fait un carnage féroce qui s’est amoncelé jusqu’au ciel. Et maintenant ces fils de Juda et de Jérusalem, vous parlez de les réduire à la condition d’esclaves et de servantes. N’est-ce pas vous rendre coupables, vous-mêmes, à l’égard de l’Éternel votre Dieu ? Écoutez-moi et restituez ces captifs que vous avez faits d’entre vos frères... Alors quelques hommes d’entre les chefs d’Ephraïm : [...] Ye‘hizkiyahou, fils de Chaloum, et Amassa, fils de ‘Hadlaï, s’élevèrent contre ceux qui revenaient de l’expédition. Ils leur dirent : n’amenez pas ces captifs ici, ce serait vous charger d’un crime envers l’Éternel... Alors les hommes qui avaient été désignés par leurs noms se levèrent ; ils soutinrent leurs prisonniers et revêtirent, grâce au butin, tous ceux d’entre eux qui étaient nus. Ils les vêtirent et les chaussèrent, ils leur donnèrent à manger et à boire, les frottèrent avec de l’huile, emmenèrent à dos d’âne tous ceux qui étaient chancelants et les ramenèrent à Jéricho, la ville des palmiers, auprès de leurs frères, puis ils s’en retournèrent à Samarie. » Vous – poursuivait le Cohen oint pour la guerre – vous marchez contre vos ennemis qui n’auront pas pitié de vous si vous tombez entre leurs mains.
וְאָמַר אֲלֵיהֶם שְׁמַע יִשְׂרָאֵל וְגוֹ׳ עַל אוֹיְבֵיכֶם וְלֹא עַל אֲחֵיכֶם לֹא יְהוּדָה עַל שִׁמְעוֹן וְלָא שִׁמְעוֹן עַל בִּנְיָמִין שֶׁאִם תִּפְּלוּ בְּיָדָם יְרַחֲמוּ עֲלֵיכֶם כְּמָה שֶׁנֶּאֱמַר וַיָּקֻמוּ הָאֲנָשִׁים אֲשֶׁר נִקְּבוּ בְשֵׁמוֹת וַיַּחֲזִיקוּ בַשִּׁבְיָה וְכׇל מַעֲרֻמֵּיהֶם הִלְבִּישׁוּ מִן הַשָּׁלָל וַיַּלְבִּשׁוּם וַיַּנְעִלוּם וַיַּאֲכִלוּם וַיַּשְׁקוּם וַיְסֻכוּם וַיְנַהֲלוּם בַּחֲמֹרִים לְכׇל כּוֹשֵׁל וַיְבִיאוּם יְרֵחוֹ עִיר הַתְּמָרִים אֵצֶל אֲחֵיהֶם וַיָּשׁוּבוּ שֹׁמְרוֹן וְגוֹ׳ עַל אוֹיְבֵיכֶם אַתֶּם הוֹלְכִים שֶׁאִם תִּפְּלוּ בְּיָדָם אֵין מְרַחֲמִין עֲלֵיכֶם
La guemara reprend son analyse : « Que votre cœur ne faiblisse pas, n’ayez pas peur, ne soyez pas troublés, ne tremblez pas devant eux, car c’est l’Éternel qui marche avec vous afin de combattre pour vous... » « Que votre cœur ne faiblisse pas » – En entendant le hennissement des chevaux et le cliquetis des épées. « N’ayez pas peur » – Du heurt des boucliers et du tumulte des armées. « Ne soyez pas troublés » – Par le son des cors. « Ne tremblez pas » – À cause des vociférations.
אַל יֵרַךְ לְבַבְכֶם אַל תִּירְאוּ וְאַל תַּחְפְּזוּ וְגוֹ׳ אַל יֵרַךְ לְבַבְכֶם מִפְּנֵי צׇהֳלַת סוּסִים וְצִחְצוּחַ חֲרָבוֹת אַל תִּירְאוּ מִפְּנֵי הַגָּפַת תְּרִיסִין וְשִׁפְעַת הַקַּלְגַּסִּין אַל תַּחְפְּזוּ מִקּוֹל קְרָנוֹת אַל תַּעַרְצוּ מִפְּנֵי קוֹל צְווֹחוֹת
« Car c’est l’Éternel votre Dieu qui marche avec vous. » Eux, vos ennemis, viennent en comptant sur la victoire d’un être de chair et de sang, et vous venez en comptant sur la victoire de l’Omniprésent. Les Philistins vinrent combattre Israël en comptant sur la puissance de Goliath (voir I Sam. chap. 17). Qu’advint-il ? En définitive, il tomba sous le glaive de David et les siens périrent avec lui (ibid.). Les fils d’Ammon vinrent combattre le roi David (II Sam. 10, 18), en comptant sur la puissance de Chovakh, leur chef d’armée. Qu’advint-il ? En définitive, il tomba sous le glaive et les siens périrent avec lui (ibid.). Mais quant à vous, il en va différemment, « car c’est l’Éternel votre Dieu qui marche avec vous afin de combattre pour vous... » – le verset fait allusion à l’Arche sainte qu’ils emportaient à la guerre.
כִּי ה׳ אֱלֹהֵיכֶם הַהֹלֵךְ עִמָּכֶם הֵם בָּאִין בְּנִצְחוֹנוֹ שֶׁל בָּשָׂר וָדָם וְאַתֶּם בָּאִים בְּנִצְחוֹנוֹ שֶׁל מָקוֹם פְּלִשְׁתִּים בָּאוּ בְּנִצְחוֹנוֹ שֶׁל גׇּלְיָת מָה הָיָה סוֹפוֹ לְסוֹף נָפַל בַּחֶרֶב וְנָפְלוּ עִמּוֹ בְּנֵי עַמּוֹן בָּאוּ בְּנִצְחוֹנוֹ שֶׁל שׁוֹבַךְ מָה הָיָה סוֹפוֹ לְסוֹף נָפַל בַּחֶרֶב וְנָפְלוּ עִמּוֹ וְאַתֶּם אִי אַתֶּם כֵּן כִּי ה׳ אֱלֹהֵיכֶם הַהֹלֵךְ עִמָּכֶם לְהִלָּחֵם לָכֶם וְגוֹ׳ זֶה מַחֲנֵה הָאָרוֹן
GUEMARA L’auteur de notre michna a cité l’expression « il parlera au peuple » pour démontrer que le Cohen oint pour la guerre devait s’exprimer en hébreu. En quoi ce verset est-il probant ? En réalité, répond la guemara, voici ce que le Tana a voulu dire – Il est dit ici : « il parlera » et ailleurs, au moment de la Révélation de Dieu à Moïse il est dit (Ex. 19, 19) « Moïse parlait et Dieu lui répondait par une voix. » De même que là-bas Moïse s’est exprimé en hébreu (biblique), il en va ainsi pour la harangue du Cohen.
גְּמָ׳ מַאי קָאָמַר הָכִי קָאָמַר שֶׁנֶּאֱמַר וְדִבֶּר וּלְהַלָּן אוֹמֵר מֹשֶׁה יְדַבֵּר וְהָאֱלֹהִים יַעֲנֶנּוּ בְקוֹל מָה לְהַלָּן בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ אַף כָּאן בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ
Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)
Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.
Nos maîtres ont enseigné dans une baraïta : s’il était écrit seulement « le Cohen s’avancera et parlera au peuple » (v. 2), on aurait pensé que la harangue peut être prononcée par tout Cohen désireux d’assurer cette fonction. Aussi la Tora a-t-elle précisé (v. 5) : « Les officiers parleront. » De même que les officiers sont nommés, le Cohen qui s’adresse au peuple doit l’être aussi. Peut-être, suggère la guemara, cette fonction est-elle assignée au Cohen Gadol, qui a également été nommé à cette fonction ! Non, réfute la guemara, car le Cohen oint doit être comme un officier, de la même manière que l’officier a un supérieur hiérarchique, le Cohen a également un supérieur hiérarchique.
תָּנוּ רַבָּנַן וְנִגַּשׁ הַכֹּהֵן וְדִבֶּר אֶל הָעָם יָכוֹל כׇּל כֹּהֵן שֶׁיִּרְצֶה תַּלְמוּד לוֹמַר וְדִבְּרוּ הַשֹּׁטְרִים מָה שׁוֹטְרִים בִּמְמוּנֶּה אַף כֹּהֵן בִּמְמוּנֶּה וְאֵימָא כֹּהֵן גָּדוֹל דֻּומְיָא דְּשׁוֹטֵר מָה שׁוֹטֵר שֶׁיֵּשׁ מְמוּנֶּה עַל גַּבָּיו אַף כֹּהֵן שֶׁיֵּשׁ מְמוּנֶּה עַל גַּבָּיו
Le Cohen Gadol, objecte la guemara, est subordonné, lui aussi, au roi ! Dans son Service, répond la guemara, le Cohen Gadol est à l’échelon le plus élevé. Peut-être, suggère encore la guemara, appartient-il au Vice Cohen Gadol de parler au peuple, car il a été nommé à son poste et a un supérieur ! Tant que le Cohen Gadol en titre peut exercer, son adjoint ne joue aucun rôle après sa nomination, car on a enseigné dans une baraïta – « Rabbi ‘Hanina, le Vice Cohen Gadol, explique : pourquoi nomme-t-on un adjoint ? Uniquement pour remplacer le Cohen Gadol si celui-ci est frappé d’incapacité. »
כֹּהֵן גָּדוֹל נָמֵי הָאִיכָּא מֶלֶךְ עַל גַּבָּיו בַּעֲבוֹדָתוֹ קָאָמַר וְאֵימָא סְגָן סְגָן לָאו מְמוּנֶּה הוּא דְּתַנְיָא אָמַר רַבִּי חֲנִינָא סְגַן הַכֹּהֲנִים לָמָּה סְגָן מְמוּנֶּה שֶׁאִם אֵירַע בּוֹ פְּסוּל בְּכֹהֵן גָּדוֹל נִכְנָס וּמְשַׁמֵּשׁ תַּחְתָּיו
§ La guemara reprend le verset cité dans la michna : « Il leur dira – Écoute (Chema) Israël ! » (v. 3). Pourquoi la phrase « Écoute Israël » est-elle différente des autres, en d’autres termes pourquoi le Cohen emploie-t-il cette expression très spécifique ? Rabbi Yo‘hanan explique au nom de Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï – Le Cohen transmet ce message du Saint béni soit-Il aux Enfants d’Israël : même si vous vous êtes contentés de lire le Chema matin et soir, vous ne serez pas livrés en leurs mains.
וְאָמַר אֲלֵיהֶם שְׁמַע יִשְׂרָאֵל מַאי שְׁנָא שְׁמַע יִשְׂרָאֵל אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשּׁוּם רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי אָמַר לָהֶן הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְיִשְׂרָאֵל אֲפִילּוּ לֹא קִיַּימְתֶּם אֶלָּא קְרִיאַת שְׁמַע שַׁחֲרִית וְעַרְבִית אִי אַתֶּם נִמְסָרִין בְּיָדָם
La michna cite le verset énonçant la harangue du Cohen : « Que votre cœur ne faiblisse pas, n’ayez pas peur, ne soyez pas troublés, ne tremblez pas devant eux... » À ce propos, nos maîtres ont enseigné dans une baraïta – « Lors d’une expédition, le Cohen oint pour la guerre s’adresse aux soldats à deux reprises : une [fois] à la frontière et une autre fois, avant la bataille. À la frontière, que dit-il ?
אַל יֵרַךְ לְבַבְכֶם אַל תִּירְאוּ כּוּ׳ תָּנוּ רַבָּנַן פַּעֲמַיִים מְדַבֵּר עִמָּם אַחַת בַּסְּפָר וְאַחַת בַּמִּלְחָמָה בַּסְּפָר מַה הוּא אוֹמֵר
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