Et quelle est la durée minimale de l’isolement interdisant la femme à son mari ? Le temps de commettre un adultère, c’est-à-dire le temps d’une relation charnelle, et plus exactement, d’un début de relation,
וְכַמָּה שִׁיעוּר סְתִירָה כְּדֵי טוּמְאָה כְּדֵי בִיאָה כְּדֵי הַעֲרָאָה
ce qui correspond au temps de faire le tour d’un palmier-dattier, selon Rabbi Yichma‘el. Pour Rabbi Eli‘ézer, c’est le temps de couper un verre de vin d’un revi‘it (un quart de log) en y ajoutant trois quarts d’eau (voir ‘Erouvin 29b). D’après Rabbi Yehochoua, le temps de le boire.
כְּדֵי הַקָּפַת דֶּקֶל דִּבְרֵי רַבִּי יִשְׁמָעֵאל רַבִּי אֱלִיעֶזֶר אוֹמֵר כְּדֵי מְזִיגַת הַכּוֹס רַבִּי יְהוֹשֻׁעַ אוֹמֵר כְּדֵי לִשְׁתּוֹתוֹ
Pour Ben ‘Azaï, cela correspond au temps de griller un œuf . Selon Rabbi ‘Akiba, le temps de le gober. Pour Rabbi Yehouda ben Beteira, le temps de gober trois œufs l’un après l’autre. D’après Rabbi El‘azar ben Yirmiya, le temps mis par un tisserand pour attacher les deux bouts d’un fil qui s’est rompu.
בֶּן עַזַּאי אוֹמֵר כְּדֵי לִצְלוֹת בֵּיצָה רַבִּי עֲקִיבָא אוֹמֵר כְּדֵי לְגוֹמְעָהּ רַבִּי יְהוּדָה בֶּן בְּתֵירָא אוֹמֵר כְּדֵי לִגְמוֹעַ שָׁלֹשׁ בֵּיצִים זוֹ אַחַר זוֹ רַבִּי אֶלְעָזָר בֶּן יִרְמְיָה אוֹמֵר כְּדֵי לִקְשׁוֹר גַּרְדִּי נִימָא
Suivant ‘Hanin ben Pin‘has, le temps qu’elle mette la main en bouche pour y retirer une brindille qui se trouve entre ses dents.
Enfin, selon Peleimou, le temps qu’elle tende la main jusqu’à un panier pour y prendre une miche de pain. Bien qu’aucune preuve formelle ne puisse être apportée du texte biblique à l’appui de cette dernière opinion, le pain est néanmoins évoqué à propos de l’inconduite d’une femme de mauvaise vie dans ce verset (Prov. 6, 26) : “Car pour une prostituée on peut être réduit à une miche de pain.” Ce verset peut aussi signifier : la femme infidèle se dépêche de consommer sa faute le temps de prendre une miche de pain. »
חָנִין בֶּן פִּנְחָס אוֹמֵר כְּדֵי שֶׁתּוֹשִׁיט יָדָהּ לְתוֹךְ פִּיהָ לִיטּוֹל קֵיסָם פְּלֵימוֹ אוֹמֵר כְּדֵי שֶׁתּוֹשִׁיט יָדָהּ לַסַּל לִיטּוֹל כִּכָּר אַף עַל פִּי שֶׁאֵין רְאָיָה לַדָּבָר זֵכֶר לַדָּבָר כִּי בְעַד אִשָּׁה זוֹנָה עַד כִּכַּר לָחֶם
Pour répondre à la question – Combien de temps la femme doit-elle s’isoler avec son amant présumé pour être interdite à son mari ? – Rabbi Yichma‘el aurait pu dire simplement : [C’est] le temps de commettre un adultère, correspondant au temps de faire le tour d’un palmier-dattier. Pourquoi a-t-il donné toutes ces indications supplémentaires – « Le temps d’une relation charnelle, et plus exactement d’un début de relation » ?
וְכׇל הָנֵי לְמָה לִי
Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)
Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.
Elles étaient nécessaires. Si le Tana s’était référé uniquement au temps de commettre un adultère, on aurait pensé qu’il s’agit du temps d’une relation adultère avec les manœuvres de séduction nécessaires à l’amant pour obtenir le consentement de la femme. Aussi a-t-il précisé que l’on prend en compte le temps du rapport lui-même, car on suppose que la femme est déjà consentante au moment où elle s’isole avec son amant.
צְרִיכִי דְּאִי תְּנָא כְּדֵי טוּמְאָה הֲוָה אָמֵינָא כְּדֵי טוּמְאָתָהּ וְאַרְצוּתָהּ קָא מַשְׁמַע לַן כְּדֵי בִיאָה
Et si Rabbi Yichma‘el avait parlé seulement du temps d’une relation, on aurait imaginé que c’est le temps d’une relation complète.
וְאִי תְּנָא כְּדֵי בִיאָה הֲוָה אָמֵינָא כְּדֵי גְּמַר בִּיאָה קָא מַשְׁמַע לַן כְּדֵי הַעֲרָאָה
Aussi a-t-il indiqué : le temps d’un début de relation. Et s’il avait dit : « le temps d’un début de relation », même en précision de la phrase « le temps d’une relation », on aurait pu comprendre le temps d’un début de relation avec les manœuvres de séduction préalables. Aussi s’est-il référé d’abord au temps de commettre un adultère. Puis il a ajouté : « le temps d’une relation » pour exclure la durée des manœuvres de séduction, en précisant ensuite qu’il s’agit du début de la relation. Et il a expliqué à la fin que cela correspondait au temps de faire le tour d’un palmier-dattier.
וְאִי אַשְׁמְעִינַן כְּדֵי הַעֲרָאָה הֲוָה אָמֵינָא כְּדֵי הַעֲרָאָה וְאַרְצוּתָהּ קָא מַשְׁמַע לַן כְּדֵי טוּמְאָה וְכַמָּה כְּדֵי [הַעֲרָאָה] כְּדֵי הַקָּפַת דֶּקֶל
On relève plusieurs contradictions entre cette baraïta et la suivante, pourtant assez semblable – Il est écrit (Nbres 5, 13) : « s’étant isolée » et nous ne savons pas quelle est la durée minimale de cet isolement interdisant la femme à son mari. Quand la Tora ajoute « Et elle s’est souillée », on en déduit que c’est le temps de commettre un adultère, c’est-à-dire, le temps d’une relation, et plus exactement d’un début de relation, correspondant, d’après Rabbi Eli‘ézer, au temps du tour d’un palmier-dattier.
וּרְמִינְהִי וְנִסְתְּרָה וְכַמָּה שִׁיעוּר סְתִירָה לֹא שָׁמַעְנוּ כְּשֶׁהוּא אוֹמֵר וְהִיא נִטְמָאָה הֱוֵי אוֹמֵר כְּדֵי טוּמְאָה כְּדֵי בִיאָה כְּדֵי הַעֲרָאָה כְּדֵי חֲזָרַת דֶּקֶל דִּבְרֵי רַבִּי אֱלִיעֶזֶר
Pour Rabbi Yehochoua, c’est le temps de couper un verre de vin. Selon Ben ‘Azaï, le temps de le boire. Suivant Rabbi ‘Akiba, le temps de griller un œuf. D’après Rabbi Yehouda ben Beteira, le temps de le gober.
רַבִּי יְהוֹשֻׁעַ אוֹמֵר כְּדֵי מְזִיגַת הַכּוֹס בֶּן עַזַּאי אוֹמֵר כְּדֵי לִשְׁתּוֹתוֹ רַבִּי עֲקִיבָא אוֹמֵר כְּדֵי לִצְלוֹת בֵּיצָה רַבִּי יְהוּדָה בֶּן בְּתֵירָא אוֹמֵר כְּדֵי לְגוֹמְעָהּ
La guemara passe en revue les différentes contradictions en les élucidant l’une après l’autre. D’abord, l’expression « faire le tour [hakafa] d’un palmier », mentionnée dans la première baraïta, semble synonyme du « tour [‘hazara] d’un palmier-dattier », employée par la seconde. Or, dans la première, Rabbi Eli‘ézer s’oppose à Rabbi Yichma‘el qui se réfère au temps de faire le tour d’un palmier-dattier, et ici, dans la seconde, Rabbi Eli‘ézer déclare que la durée de l’adultère correspond au temps du tour [‘hazara] d’un palmier-dattier ! dans la seconde baraïta, Rabbi Eli‘ézer évoque le temps du mouvement d’aller et retour des branches d’un palmier-dattier ballottées par le vent.
קָא סָלְקָא דַּעְתִּין הַיְינוּ הַקָּפַת דֶּקֶל הַיְינוּ חֲזָרַת דֶּקֶל הָתָם אָמַר רַבִּי יִשְׁמָעֵאל כְּדֵי הַקָּפַת דֶּקֶל וּפְלִיג רַבִּי אֱלִיעֶזֶר עֲלֵיהּ הָכָא אָמַר רַבִּי אֱלִיעֶזֶר כְּדֵי חֲזָרַת דֶּקֶל
Abayè explique : dans la première baraïta, Rabbi Yichma‘el parle du temps nécessaire pour faire le tour d’un palmier-dattier à pieds ;
אָמַר אַבָּיֵי הַקָּפָה בָּרֶגֶל חֲזָרָה בָּרוּחַ
dans la seconde baraïta, Rabbi Eli‘ézer évoque le temps du mouvement d’aller et retour des branches d’un palmier-dattier ballottées par le vent. Rav Achi a demandé : s’agit-il uniquement de la durée de cet aller et retour, ou faut-il compter en plus le temps mis par les branches pour revenir à une immobilité complète ? Teikou, cette question reste sans réponse.
בָּעֵי רַב אָשֵׁי חֲזָרָה בָּרוּחַ כִּי הֵיכִי דְּאָזֵיל וַהֲדַר אָתֵי אוֹ דִילְמָא כִּי הֵיכִי דְּאָזֵיל וְאָתֵי וַהֲדַר קָאֵי בְּדוּכְתֵּיהּ תֵּיקוּ
Deuxième contradiction entre les baraïtot : là-bas, dans la première baraïta, Rabbi Eli‘ézer se réfère au temps de couper un verre de vin, et ici, à la durée du tour d’un palmier-dattier ! Les deux prennent autant de temps, répond la guemara.
הָתָם אָמַר רַבִּי אֱלִיעֶזֶר כְּדֵי מְזִיגַת הַכּוֹס הָכָא כְּדֵי חֲזָרַת דֶּקֶל אִידֵּי וְאִידֵּי חַד שִׁיעוּרָא הוּא
Troisième contradiction : là-bas, Rabbi Yehochoua mentionne le temps de boire un verre de vin coupé, et ici, celui de le couper ! Réponse – Dans la première baraïta, s’inscrivant en faux contre Rabbi Eli‘ézer qui avait indiqué le temps de couper un verre, Rabbi Yehochoua a affirmé qu’il fallait compter aussi le temps de le boire. Dans cette optique, il faut comprendre la seconde baraïta ainsi : d’après Rabbi Yehochoua, c’est le temps de couper un verre de vin et de le boire. Pourquoi ne pas répondre comme auparavant : couper un verre prend autant de temps que de le boire ? C’est inconcevable, réfute la guemara, car dans ce cas, Rabbi Yehochoua exprimerait le même avis que Rabbi Eli‘ézer, cité précédemment.
הָתָם אָמַר רַבִּי יְהוֹשֻׁעַ כְּדֵי לִשְׁתּוֹתוֹ הָכָא אָמַר כְּדֵי מְזִיגַת הַכּוֹס אֵימָא כְּדֵי לִמְזוֹג וְלִשְׁתּוֹת וְלֵימָא אִידֵּי וְאִידֵּי חַד שִׁיעוּרָא הוּא אִם כֵּן הַיְינוּ רַבִּי אֱלִיעֶזֶר
Quatrième contradiction : là-bas, Ben ‘Azaï se réfère au temps de griller un œuf, et ici, à celui de boire un verre de vin ! Les deux actions prennent autant de temps.
הָתָם אָמַר בֶּן עַזַּאי כְּדֵי לִצְלוֹת בֵּיצָה הָכָא אָמַר כְּדֵי לִשְׁתּוֹתוֹ אִידֵּי וְאִידֵּי חַד שִׁיעוּרָא הוּא
Cinquième contradiction : là-bas, Rabbi ‘Akiba mentionne le temps de gober un œuf, et ici, celui de le griller ! Il faut comprendre que pour Rabbi ‘Akiba, c’est le temps de griller un œuf et de le gober. On aurait dû répondre comme auparavant : les deux actions prennent autant de temps ! C’est impensable, réfute de nouveau la guemara, car dans ce cas, Rabbi ‘Akiba exprimerait le même avis que Ben ‘Azaï. Sixième contradiction : là-bas, Rabbi Yehouda ben Beteira affirme que la durée de l’adultère correspond au temps de gober trois œufs l’un après l’autre, et ici, il la réduit au temps d’en gober un seul !
הָתָם אָמַר רַבִּי עֲקִיבָא כְּדֵי לְגוֹמְעָהּ הָכָא אָמַר כְּדֵי לִצְלוֹת בֵּיצָה אֵימָא כְּדֵי לִצְלוֹת בֵּיצָה וּלְגוֹמְעָהּ וְלֵימָא אִידֵּי וְאִידֵּי חַד שִׁיעוּרָא הוּא אִם כֵּן הַיְינוּ בֶּן עַזַּאי
Sixième contradiction : là-bas, Rabbi Yehouda ben Beteira affirme que la durée de l’adultère correspond au temps de gober trois œufs l’un après l’autre, et ici, il la réduit au temps d’en gober un seul !
Dans la première baraïta, il se place du point de vue de Rabbi ‘Akiba qui évalue la durée de l’isolement en prenant pour référence celle de deux actions différentes : griller et gober un œuf. Il invite son collègue à prendre un seul paramètre – le temps de gober – et à définir la durée minimale d’un isolement comme le temps de gober trois œufs l’un après l’autre, car cela correspond exactement au temps nécessaire pour en griller et gober un seul. Mais pour sa part, Rabbi Yehouda ben Beteira pense que la durée de l’isolement correspond au temps de gober un seul œuf, comme indiqué dans la seconde baraïta.
הָתָם אָמַר רַבִּי יְהוּדָה בֶּן בְּתֵירָא כְּדֵי לִגְמוֹעַ שָׁלֹשׁ בֵּיצִים זוֹ אַחַר זוֹ הָכָא אָמַר כְּדֵי לְגוֹמְעָהּ לִדְבָרָיו דְּרַבִּי עֲקִיבָא קָאָמַר דְּקָאָמַר מְשַׁעֲרִין בִּצְלִיאָה וּבִגְמִיעָה אֵימָא שִׁיעוּר גְּמִיעָה לְחוֹדַהּ כְּדֵי לִגְמֹעַ שָׁלֹשׁ בֵּיצִים זוֹ אַחַר זוֹ דְּהַיְינוּ צְלִיאָה וּגְמִיעָה
La guemara en vient aux dernières opinions rapportées dans la première baraïta. « D’après Rabbi El‘azar ben Yirmiya, la durée minimale de l’isolement est le temps mis par un tisserand pour attacher les deux bouts d’un fil qui s’est rompu. » Rav Achi a demandé : Rabbi El‘azar ben Yirmiya parle-t-il d’un fil dont les deux bouts sont éloignés ou proches l’un de l’autre ? L’opération demande quelques secondes de plus dans le premier cas. Teikou, cette question reste sans réponse.
רַבִּי אֶלְעָזָר בֶּן יִרְמְיָה אוֹמֵר כְּדֵי שֶׁיִּקְשׁוֹר גַּרְדִּי נִימָא בָּעֵי רַב אָשֵׁי דִּמְרַחַק אוֹ דִּמְקָרַב תֵּיקוּ
« ‘Hanin ben Pin‘has définit la durée d’un adultère comme le temps de mettre la main en bouche pour y retirer une brindille se trouvant entre les dents. » Rav Achi a demandé : cette brindille est-elle coincée entre les dents, auquel cas l’opération nécessiterait quelques instants de plus que lorsqu’elle n’est pas coincée ? Teikou, cette question reste sans réponse.
חָנִין בֶּן פִּנְחָס אוֹמֵר כְּדֵי שֶׁתּוֹשִׁיט יָדָהּ לְתוֹךְ פִּיהָ לִיטּוֹל קֵיסָם בָּעֵי רַב אָשֵׁי דִּמְהַדַּק אוֹ דְּלָא מְהַדַּק תֵּיקוּ
« Peleimou, lui, se réfère au temps de tendre la main jusqu’à un panier pour y prendre une miche de pain. » Rav Achi a demandé là encore : le pain en question est-il coincé ou non dans le panier ? Celui-ci est-il neuf, avec des bouts d’osier retenant le pain, ou vieux et lisse ? S’agit-il d’un pain chaud qui s’écrase et glisse des mains, ou d’un pain froid que l’on peut saisir plus rapidement ?
פְּלֵימוֹ אוֹמֵר כְּדֵי שֶׁתּוֹשִׁיט יָדָהּ לַסַּל לִיטּוֹל כִּכָּר בָּעֵי רַב אָשֵׁי דִּמְהַדַּק אוֹ דְּלָא מְהַדַּק בְּחַדְתָּא אוֹ בְּעַתִּיקָא בְּחַמִּימָא אוֹ בְּקָרִירָא
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