D’un pain de blé, lisse, ou d’un pain d’orge ? D’un pain fait de pâte bien pétrie, lui donnant une texture molle et lisse, ou à consistance dure ? Teikou, ces questions restent sans réponse. בִּדְחִטֵּי אוֹ בְּדִשְׂעָרֵי בְּרַכִּיכָא אוֹ בַּאֲקוֹשָׁא תֵּיקוּ
Rav Yits‘hak bar Rav Yossef a déclaré au nom de Rabbi Yo‘hanan : chacun des Sages cités ci-dessus a évalué la durée d’un début de relation sexuelle d’après sa propre expérience. Pourtant, objecte la guemara, parmi ces Sages se trouve Ben ‘Azaï qui, de son propre aveu (voir Yebamot 63b), était trop passionné par l’étude de la Tora pour se marier ! אָמַר רַב יִצְחָק בַּר רַב יוֹסֵף אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן כׇּל אֶחָד וְאֶחָד בְּעַצְמוֹ שִׁיעֵר וְהָאִיכָּא בֶּן עַזַּאי דְּלָא נְסֵיב
On peut répondre qu’en réalité il s’est marié et s’est séparé de sa femme. Ou bien qu’il a indiqué la durée de la relation enseignée par son maître. Ou encore qu’il a pu avoir une révélation céleste à ce sujet, suivant le verset (Ps. 25, 14), « Le secret de l’Éternel – à ceux qui Le craignent» אִיבָּעֵית אֵימָא נְסֵיב וּפֵירַשׁ הֲוָה וְאִיבָּעֵית אֵימָא מֵרַבֵּיהּ שְׁמִיעַ לֵיהּ וְאִיבָּעֵית אֵימָא סוֹד ה׳ לִירֵאָיו
§ A propos du verset des Proverbes cité (en 4a) à l’appui de l’avis de Peleimou, la guemara rapporte que Rav ‘Avira a exposé en public cet enseignement – parfois au nom de Rabbi Ami et parfois au nom de Rabbi Assi – consommer du pain sans ablution des mains est aussi grave qu’une relation avec une prostituée, puisqu’il est dit : « Car pour une prostituée on peut être réduit à une miche de pain. » Lu à rebours, ce verset se comprend ainsi : pour une miche de pain (consommée sans ablutions des mains), on mérite une sanction aussi sévère que pour la fréquentation d’une prostituée. דָּרֵשׁ רַב עַוִּירָא זִמְנִין אָמַר לַהּ מִשְּׁמֵיהּ דְּרַבִּי אַמֵּי וְזִמְנִין אָמַר לַהּ מִשְּׁמֵיהּ דְּרַבִּי אַסִּי כׇּל הָאוֹכֵל לֶחֶם בְּלֹא נְטִילַת יָדַיִם כְּאִילּוּ בָּא עַל אִשָּׁה זוֹנָה שֶׁנֶּאֱמַר כִּי בְעַד אִשָּׁה זוֹנָה עַד כִּכַּר לָחֶם
Rava objecta : si tel était le sens du verset, au lieu de dire « Car pour une prostituée, on peut être réduit à une miche de pain », il aurait fallu employer la formule « pour une miche de pain – Jusqu’à une prostituée » ! Mais, affirme Rava, le verset veut dire qu’en fréquentant une prostituée, on finit par être réduit à la misère au point d’être obligé de partir à la recherche d’une miche de pain pour sa subsistance. אָמַר רָבָא הַאי בְּעַד אִשָּׁה זוֹנָה עַד כִּכַּר לָחֶם בְּעַד כִּכַּר לֶחֶם עַד אִשָּׁה זוֹנָה מִיבְּעֵי לֵיהּ אֶלָּא אָמַר רָבָא כׇּל הַבָּא עַל אִשָּׁה זוֹנָה לְסוֹף מְבַקֵּשׁ כִּכַּר לֶחֶם

Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)

Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.

Au sujet des ablutions des mains, Rabbi Zerika a rapporté cet enseignement de Rabbi El‘azar : qui fait fi de l’ablution des mains risque d’être déraciné du monde. Rav ‘Hiya bar Achi a rapporté cette règle énoncée par Rav : après les premières ablutions (avant le repas), il faut tendre les mains vers le haut afin d’éviter que l’eau retombe sur les mains ; tandis qu’au moment des dernières ablutions (après le repas ; voir ‘Houlin 105a), il faut tendre les mains vers le bas, pour éliminer les restes d’aliments qui y seraient collés. On en trouve une confirmation dans cette baraïta : « Qui se lave les mains doit tendre les mains vers le haut. En effet, une michna (Yadayim 2, 3) précise que, suivant une décision rabbinique, les mains ne peuvent rendre impur un aliment ou être purifiées par les ablutions seulement jusqu’au poignet. En d’autres termes, les Sages n’ont pas institué d’ablutions au-delà des poignets. En outre, il apparaît de cette même michna, que pour les premières ablutions, il est recommandé de verser de l’eau sur les mains à deux reprises : la première fois pour les purifier, et la seconde, pour purifier l’eau rendue impure à leur contact. Par conséquent, les mains doivent être tendues vers le haut, de peur que l’eau versée au début, ayant coulé au-delà du poignet après être rendue impure, retombe sur celles versées en second, si bien que les mains redeviendront impures. » אָמַר רַבִּי זְרִיקָא אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר כׇּל הַמְּזַלְזֵל בִּנְטִילַת יָדַיִם נֶעֱקָר מִן הָעוֹלָם אָמַר רַב חִיָּיא בַּר אָשֵׁי אָמַר רַב מַיִם רִאשׁוֹנִים צָרִיךְ שֶׁיַּגְבִּיהַּ יָדָיו לְמַעְלָה מַיִם אַחֲרוֹנִים צָרִיךְ שֶׁיַּשְׁפִּיל יָדָיו לְמַטָּה תַּנְיָא נָמֵי הָכִי הַנּוֹטֵל יָדָיו צָרִיךְ שֶׁיַּגְבִּיהַּ יָדָיו לְמַעְלָה שֶׁמָּא יֵצְאוּ הַמַּיִם חוּץ לַפֶּרֶק וְיַחְזְרוּ וִיטַמְּאוּ אֶת הַיָּדַיִם
Rabbi Abahou a déclaré : consommer du pain sans se sécher les mains après les premières ablutions revient à consommer du pain répugnant, appelé impur, comme dans le verset (Ez. 4, 13) – « L’Éternel dit : “Ainsi les Enfants d’Israël mangeront leur pain impur chez les peuples où Je les disperserai.” » אָמַר רַבִּי אֲבָהוּ כׇּל הָאוֹכֵל פַּת בְּלֹא נִיגּוּב יָדַיִם כְּאִילּוּ אוֹכֵל לֶחֶם טָמֵא שֶׁנֶּאֱמַר וַיֹּאמֶר ה׳ כָּכָה יֹאכְלוּ בְנֵי יִשְׂרָאֵל אֶת לַחְמָם טָמֵא וְגוֹ׳
§ Et quel est le sens de la fin du verset des Proverbes cité plus haut : « Car pour une prostituée on peut être réduit à une miche de pain ; et une femme mariée prendra en chasse une personne de grande valeur » ? Rabbi ‘Hiya bar Aba a rapporté cette explication de Rabbi Yo‘hanan – L’arrogant en vient à séduire une femme mariée et à commettre un adultère. En effet, il est dit : « Une femme mariée prendra en chasse une personne de grande valeur. » Autrement dit, une personne (l’arrogant) qui se croit de grande valeur prend en chasse une femme mariée et l’amène à commettre un adultère. וּמַאי וְאֵשֶׁת אִישׁ נֶפֶשׁ יְקָרָה תָצוּד אָמַר רַבִּי חִיָּיא בַּר אַבָּא אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן כׇּל אָדָם שֶׁיֵּשׁ בּוֹ גַּסּוּת הָרוּחַ לְבַסּוֹף נִכְשָׁל בְּאֵשֶׁת אִישׁ שֶׁנֶּאֱמַר וְאֵשֶׁת אִישׁ נֶפֶשׁ יְקָרָה תָצוּד
Rava lui objecta : dans ce cas, au lieu de l’expression « une personne de grande valeur », le verset aurait dû se référer à « une personne hautaine » ! Et il aurait fallu dire : « Une personne (l’arrogant) qui se croit de grande valeur prendra en chasse une femme mariée. » Mais, affirme Rava, le sens du verset est le suivant : la transgression de celui qui commet un adultère, le prendra en chasse et le poursuivra pour le soumettre au châtiment de la géhenne, même s’il a étudié la Tora, à propos de laquelle il est écrit : « Elle a une plus grande valeur que des perles [peninim] » (Prov. 3, 15) Verset interprété par les Sages de la manière suivante : celui qui l’étudie a la préséance sur le Cohen Gadol, autorisé le jour de Kipour à entrer dans le Saint des Saints, la partie interne du Temple (lifnaï velifnim – ressemblant au terme peninim). אָמַר רָבָא הַאי נֶפֶשׁ יְקָרָה נֶפֶשׁ גְּבוֹהָה מִיבְּעֵי לֵיהּ וְעוֹד הִיא תָּצוּד מִיבְּעֵי לֵיהּ אֶלָּא אָמַר רָבָא כׇּל הַבָּא עַל אֵשֶׁת אִישׁ אֲפִילּוּ לָמַד תּוֹרָה דִּכְתִיב בַּהּ יְקָרָה הִיא מִפְּנִינִים מִכֹּהֵן גָּדוֹל שֶׁנִּכְנָס לִפְנַי וְלִפְנִים הִיא תְּצוּדֶנּוּ לְדִינָהּ שֶׁל גֵּיהִנָּם
Rabbi Yo‘hanan a déclaré au nom de Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï : on peut déduire d’une analogie sémantique que l’arrogant est comparable à un idolâtre. En effet, il est écrit ici (ibid. 16, 5) – « Tout cœur hautain est une abomination pour l’Éternel », et il est écrit dans le Deutéronome (7, 26) : « Et tu n’amèneras pas d’abomination (une idole) dans ta maison. » אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשּׁוּם רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי כׇּל אָדָם שֶׁיֵּשׁ בּוֹ גַּסּוּת הָרוּחַ כְּאִילּוּ עוֹבֵד עֲבוֹדָה זָרָה כְּתִיב הָכָא תּוֹעֲבַת ה׳ כׇּל גְּבַהּ לֵב וּכְתִיב הָתָם וְלָא תָבִיא תוֹעֵבָה אֶל בֵּיתֶךָ
Rabbi Yo‘hanan lui-même compare l’arrogant à celui qui renie Dieu, car il est dit (ibid. 8, 14) : « Ton cœur s’élèvera et tu oublieras l’Éternel ton Dieu… » ; « élever son cœur » par orgueil revient à « oublier » et à renier le Saint béni soit-Il. וְרַבִּי יוֹחָנָן דִּידֵיהּ אָמַר כְּאִילּוּ כָּפַר בָּעִיקָּר שֶׁנֶּאֱמַר וְרָם לְבָבֶךָ וְשָׁכַחְתָּ אֶת ה׳ אֱלֹהֶיךָ וְגוֹ׳
Selon Rabbi ‘Hama bar ‘Hanina, l’arrogant est comparable à celui qui s’unit à toutes les femmes interdites. Il est écrit ici – « Tout cœur hautain est une abomination pour l’Éternel » et il est écrit à propos des prohibitions sexuelles (Lév. 18, 27) : « Car toutes ces abominations, ils les ont commises. » רַבִּי חָמָא בַּר חֲנִינָא אָמַר כְּאִילּוּ בָּא עַל כׇּל הָעֲרָיוֹת כְּתִיב הָכָא תּוֹעֲבַת ה׳ כׇּל גְּבַהּ לֵב וּכְתִיב הָתָם כִּי אֶת כׇּל הַתּוֹעֵבוֹת הָאֵל וְגוֹ׳
D’après ‘Oula, l’arrogant est comparable à celui qui édifie un autel [bama] de l’idolâtrie, car il est dit (Is. 2, 22) : « Tenez-vous à l’écart de l’homme dans la narine duquel est un souffle de vie (et qui en tire vanité), car par quoi [bamé] a-t-il une importance ? ». Dans un sens allégorique, le texte de l’Ecriture n’étant pas vocalisé, à la place de bamé, « par quoi », on peut lire bama, « un autel » Et comprendre ainsi le verset : tenez-vous à l’écart de l’homme dans la narine duquel est un souffle de vie (et qui en tire vanité), car il est considéré comme édifiant un haut-lieu de l’idolâtrie. עוּלָּא אָמַר כְּאִילּוּ בָּנָה בָּמָה שֶׁנֶּאֱמַר חִדְלוּ לָכֶם מִן הָאָדָם אֲשֶׁר נְשָׁמָה בְּאַפּוֹ כִּי בַּמֶּה נֶחְשָׁב הוּא אַל תִּיקְרֵי בַּמֶּה אֶלָּא בָּמָה
Quel est le sens de la fin du verset des Proverbes (16, 5), cité supra : « Tout cœur hautain est une abomination pour l’Éternel ; de la main à la main – Il ne sera pas quitte » ? Rav explique – Celui qui commet un adultère ne sera pas quitte du châtiment de la géhenne, même s’il avait antérieurement loué le Saint béni soit-Il en lui attribuant la réalisation des cieux et de la terre, comme Avraham notre père, qui a déclaré (Gen. 14, 22) : « Je lève la main devant l’Éternel, le Dieu suprême, auteur des cieux et de la terre. » Selon cette interprétation, l’expression « de la main à la main » évoque « la main », c’est-à-dire les actions méritoires d’Avraham. מַאי יָד לְיָד לֹא יִנָּקֶה אָמַר רַב כׇּל הַבָּא עַל אֵשֶׁת אִישׁ אֲפִילּוּ הִקְנָהוּ לְהַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא שָׁמַיִם וָאָרֶץ כְּאַבְרָהָם אָבִינוּ דִּכְתִיב בֵּיהּ הֲרִימֹתִי יָדִי אֶל ה׳ אֵל עֶלְיוֹן קֹנֵה שָׁמַיִם וָאָרֶץ לֹא יִנָּקֶה מִדִּינָהּ שֶׁל גֵּיהִנָּם
Les Sages de l’École de Rabbi Cheila ont objecté – Si l’auteur des Proverbes voulait réellement faire allusion à Avraham, au lieu de la formule « de la main à la main – Il ne sera pas quitte », il aurait dû employer les mêmes termes que le Patriarche et écrire : « de ma main, il ne sera pas quitte » ! קַשְׁיָא לְהוּ לִדְבֵי רַבִּי שֵׁילָא הַאי יָד לְיָד לֹא יִנָּקֶה יָדִי מִיבְּעֵי לֵיהּ
Mais, affirment les Sages de l’École de Rabbi Cheila, le verset se comprend ainsi – Celui qui a commis un adultère ne sera pas quitte du châtiment de la géhenne même s’il avait reçu la Tora, comme Moïse notre maître, à propos duquel il est écrit (Deut. 33, 2) : « Dans Sa droite, une loi de feu pour eux. » D’après cette explication, l’expression « de la main à la main » évoque la Tora, donnée de la main (de Dieu) à la main de Moïse. אֶלָּא אָמְרִי דְּבֵי רַבִּי שֵׁילָא אֲפִילּוּ קִיבֵּל תּוֹרָה כְּמֹשֶׁה רַבֵּינוּ דִּכְתִיב בֵּיהּ מִימִינוֹ אֵשׁ דָּת לָמוֹ לֹא יִנָּקֶה מִדִּינָהּ שֶׁל גֵּיהִנָּם
Rabbi Yo‘hanan objecte – Si le verset des Proverbes se référait à celui qui reçoit la Tora, plutôt que d’employer l’expression « de la main à la main », il aurait dû dire : « la main (de celui qui a reçu la Tora) de la main (de Dieu) ne sera pas quitte (du châtiment de la géhenne) » ! קַשְׁיָא לֵיהּ לְרַבִּי יוֹחָנָן הַאי יָד לְיָד יָד מִיָּד מִיבַּעְיָא לֵיהּ
Mais, déclare Rabbi Yo‘hanan, voici le sens véritable du verset : אֶלָּא אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן