En définitive, la tribu de Benjamin sauta et descendit dans la mer en premier, comme il est dit (Ps. 68, 28) – “Là Benjamin, le jeune, qui dirige [la procession] [rodem], les chefs de Juda les lapidèrent...” Au lieu de rodem, il faut lire : rad yam, “qui est descendu dans la mer”. Et les chefs de Juda jetaient des pierres sur les membres de la tribu de Benjamin qui ne s’étaient pas effacés devant leurs aînés, comme il est dit – “Les chefs de Juda les lapidèrent.”
שִׁבְטוֹ שֶׁל בִּנְיָמִין וְיָרַד לַיָּם תְּחִילָּה שֶׁנֶּאֱמַר שָׁם בִּנְיָמִין צָעִיר רֹדֵם אַל תִּקְרֵי רֹדֵם אֶלָּא רָד יָם וְהָיוּ שָׂרֵי יְהוּדָה רוֹגְמִים אוֹתָם שֶׁנֶּאֱמַר שָׂרֵי יְהוּדָה רִגְמָתָם
C’est pourquoi la tribu de Benjamin, le Juste, eut le mérite d’accueillir la Présence divine – le Temple étant bâti dans le territoire de Juda, à la limite de celui de Benjamin, qui abritait le Saint des Saints – comme il est dit (Deut. 33, 12) – “Chéri de l’Éternel, il repose avec confiance auprès de Lui... qui réside entre ses épaules” (voir Yoma 12a).
לְפִיכָךְ זָכָה בִּנְיָמִין הַצַּדִּיק וְנַעֲשָׂה אוּשְׁפִּיזְכָן לַגְּבוּרָה שֶׁנֶּאֱמַר וּבֵין כְּתֵפָיו שָׁכֵן
Rabbi Yehouda déclara à Rabbi Mèir : les choses ne se sont pas passées ainsi. Au contraire, chaque tribu refusait de descendre en premier dans la mer. Na‘hchon ben ‘Aminadav, le chef de la tribu de Juda, sauta dans la mer en premier, comme il est dit (Osée 12, 1) – “Ils m’ont entouré de mensonge, ceux d’Éphraïm, et de tromperie, ceux de la maison d’Israël, mais Juda est encore descendu (dans la mer) avec l’Éternel (en témoignant sa confiance en Dieu).”
אָמַר לוֹ רַבִּי יְהוּדָה לֹא כָּךְ הָיָה מַעֲשֶׂה אֶלָּא זֶה אוֹמֵר אֵין אֲנִי יוֹרֵד תְּחִילָּה לַיָּם וְזֶה אוֹמֵר אֵין אֲנִי יוֹרֵד תְּחִילָּה לַיָּם קָפַץ נַחְשׁוֹן בֶּן עַמִּינָדָב וְיָרַד לַיָּם תְּחִילָּה שֶׁנֶּאֱמַר סְבָבֻנִי בְכַחַשׁ אֶפְרַיִם וּבְמִרְמָה בֵּית יִשְׂרָאֵל וִיהוּדָה עֹד רָד עִם אֵל
Et l’appel désespéré qu’il lança à ce moment-là est rapporté dans un passage des Hagiographes (Ps. 69, 2–3) : “Sauve-moi, Dieu, car l’eau est arrivée jusqu’à la gorge. Je suis plongé dans la vase d’un gouffre sans rien à [me] raccrocher...”, puis au verset 16 – “Que le flot des eaux ne me submerge pas, que ne m’engloutisse pas le gouffre...”
וְעָלָיו מְפֹרָשׁ בַּקַּבָּלָה הוֹשִׁיעֵנִי אֱלֹהִים כִּי בָאוּ מַיִם עַד נָפֶשׁ טָבַעְתִּי בִּיוֵן מְצוּלָה וְאֵין מׇעֳמָד וְגוֹ׳ אַל תִּשְׁטְפֵנִי שִׁבֹּלֶת מַיִם וְאַל תִּבְלָעֵנִי מְצוּלָה וְגוֹ׳
Pendant ce temps-là, Moïse se répandait en prières. Le Saint béni soit-Il lui dit : mes chers enfants sont en train de se noyer dans la mer, et toi tu te répands en prières devant Moi ! Moïse Lui déclara : Maître du monde ! Et que puis-je faire d’autre ? Il lui répondit (Ex. 14, 15–16) – “Parle aux Enfants d’Israël et qu’ils partent. Et toi, lève ton bâton et étends ta main vers la mer, et divise-la.”
בְּאוֹתָהּ שָׁעָה הָיָה מֹשֶׁה מַאֲרִיךְ בִּתְפִלָּה אָמַר לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא יְדִידַיי טוֹבְעִים בַּיָּם וְאַתָּה מַאֲרִיךְ בִּתְפִלָּה לְפָנַי אָמַר לְפָנָיו רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם וּמָה בְּיָדִי לַעֲשׂוֹת אָמַר לוֹ דַּבֵּר אֶל בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וְיִסָּעוּ וְאַתָּה הָרֵם אֶת מַטְּךָ וּנְטֵה אֶת יָדְךָ וְגוֹ׳
Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)
Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.
C’est pourquoi Juda eut le mérite de régner sur Israël, comme il est dit (Ps. 114, 2) – “Juda fut [là] pour Le sanctifier, Israël, [sous] son gouvernement, la mer le vit et s’enfuit.” Pourquoi “Juda fut-il [là] pour Le sanctifier”, et “Israël, [sous] son gouvernement” ? Autrement dit, pour quelle raison Juda fut-il choisi pour régner sur Israël ? Parce que “la mer vit (son courage et son abnégation) et s’enfuit” miraculeusement. »
לְפִיכָךְ זָכָה יְהוּדָה לַעֲשׂוֹת מֶמְשָׁלָה בְּיִשְׂרָאֵל שֶׁנֶּאֱמַר הָיְתָה יְהוּדָה לְקׇדְשׁוֹ יִשְׂרָאֵל מַמְשְׁלוֹתָיו מָה טַעַם הָיְתָה יְהוּדָה לְקׇדְשׁוֹ וְיִשְׂרָאֵל מַמְשְׁלוֹתָיו מִשּׁוּם דְּהַיָּם רָאָה וַיָּנֹס
On a enseigné dans une baraïta à propos du cérémonial des bénédictions et des malédictions – « Rabbi Eli‘ézer ben Ya‘acov relève une contradiction dans l’Ecriture concernant la place que la tribu de Lévi devait occuper sur le mont Guerizim. Au premier abord, il est impossible de dire que la tribu de Lévi se trouvait au pied de la montagne, parce que le verset (Deut. 27, 12) – “Et voici ceux qui se tiendront pour bénir le peuple sur [‘al] le mont Guerizim : Chim‘on, Lévi, Juda...” laisse entendre qu’elle devait se poster en haut. Il n’est pas non plus possible de dire qu’elle se trouvait en haut, à cause du verset (Jos. 8, 33) – “Des deux côtés de l’Arche d’alliance de l’Éternel, en face des Cohanim, des Lévites qui la portaient, tout Israël avec ses Anciens, ses préposés et ses juges, tous... se rangèrent, une moitié vers le mont Guerizim et la moitié vers le mont ‘Eyval.” Il apparaît que les Lévites restèrent en bas, en face du peuple. Comment concilier ces deux versets ?
תַּנְיָא רַבִּי אֱלִיעֶזֶר בֶּן יַעֲקֹב אוֹמֵר אִי אֶפְשָׁר לוֹמַר לֵוִי לְמַטָּה שֶׁכְּבָר נֶאֱמַר לְמַעְלָה וְאִי אֶפְשָׁר לוֹמַר לְמַעְלָה שֶׁכְּבָר נֶאֱמַר לְמַטָּה
Les Anciens parmi les Cohanim et les Lévites étaient stationnés en bas, et le reste, en haut. D’après Rabbi Yochiya, tout membre de la famille de Kehat transportant l’Arche sainte, apte à ce Service – de trente à cinquante ans – se tenait en bas, et le reste des Lévites, en haut.
הָא כֵּיצַד זִקְנֵי כְּהוּנָּה וּלְוִיָּה לְמַטָּה וְהַשְּׁאָר לְמַעְלָה רַבִּי יֹאשִׁיָּה אוֹמֵר כׇּל הָרָאוּי לְשָׁרֵת לְמַטָּה וְהַשְּׁאָר לְמַעְלָה
Selon Rabbi Yehouda ha-Nassi, “les Lévites et tout Israël” mentionnés dans le verset de Josué restèrent en bas avec l’Arche ; personne ne grimpa sur les montagnes. Ils se tournèrent d’abord vers le mont Guerizim et commencèrent à réciter les bénédictions ; puis vers le mont ‘Eyval et commencèrent à réciter les malédictions. Suivant cette explication, quel est le sens du mot ‘al dans le verset du Deutéronome ? Il veut dire près »,
רַבִּי אוֹמֵר אֵלּוּ וְאֵלּוּ לְמַטָּה הֵן עוֹמְדִים הָפְכוּ פְּנֵיהֶם כְּלַפֵּי הַר גְּרִיזִים וּפָתְחוּ בִּבְרָכָה כְּלַפֵּי הַר עֵיבָל וּפָתְחוּ בִּקְלָלָה מַאי עַל עַל בְּסָמוּךְ
comme il ressort de cette autre baraïta : « Il est écrit à propos des pains de proposition (Lév. 24, 5–7) – “Tu prendras de la fleur de farine et tu la cuiras en douze gâteaux ; chaque gâteau sera de deux dixièmes. Tu les placeras en deux rangées, six par rangée, sur la table pure devant l’Éternel. Puis tu mettras contre [‘al] chaque rangée de l’encens pur.” D’après Rabbi Yehouda ha-Nassi, ‘al veut dire près. On l’a traduit ainsi mais il pourrait signifier sur. Cette incertitude est levée par le verset (Ex. 40, 3) : “Tu feras une protection contre l’Arche avec le rideau” prouvant que ‘al signifie “près”– et non “sur”, car le rideau, servant de séparation, ne reposait pas sur l’Arche, mais était tendu à côté. »
כִּדְתַנְיָא וְנָתַתָּ עַל הַמַּעֲרֶכֶת לְבוֹנָה זַכָּה רַבִּי אוֹמֵר עַל בְּסָמוּךְ אַתָּה אוֹמֵר עַל בְּסָמוּךְ אוֹ אֵינוֹ אֶלָּא עַל מַמָּשׁ כְּשֶׁהוּא אוֹמֵר וְסַכֹּתָ עַל הָאָרֹן הֱוֵי אוֹמֵר עַל בְּסָמוּךְ
Revenons à notre michna : « Ils se tournèrent vers le mont Guerizim et commencèrent à réciter les bénédictions... » Au chapitre 27 du Deutéronome (versets 12 et 13), Moïse ordonne au peuple d’Israël de prononcer les bénédictions sur le mont Guerizim et les malédictions sur le mont ‘Eyval après la traversée du Jourdain. Suit une liste de onze malédictions pour de graves transgressions et une douzième, d’ordre général, à l’encontre de « celui qui n’accomplira pas cette Tora » (versets 15–26). Notre michna ajoute que chaque malédiction était précédée d’une bénédiction adressée à celui qui ne commettait pas ladite transgression. Des précisions sont apportées dans la baraïta suivante. D’après un premier Tana anonyme, il fallait d’abord « prononcer la formule générale de bénédiction et de malédiction : “Béni soit celui qui accomplira les paroles de cette Tora”, “maudit soit celui qui n’accomplira pas les paroles de cette Tora”, puis toute la liste – “Béni soit celui qui ne fabriquera pas d’idole”, “maudit soit celui qui fabriquera une idole” (Deut. 27, 15) et ainsi de suite. En outre, il est écrit (ibid. 5, 1) – “Écoute Israël les lois et les préceptes que je dis à vos oreilles aujourd’hui. Vous les apprendrez, les garderez et les accomplirez”, puis “vous les enseignerez à vos enfants” (ibid. 11, 19). Conformément à ces exigences, les Hébreux furent sommés d’apprendre, d’enseigner, de garder et d’accomplir chaque commandement sous forme de bénédictions et de malédictions : “Béni soit celui qui apprendra”, “maudit celui qui n’apprendra pas”, “béni soit celui qui enseignera”, “maudit soit celui qui n’enseignera pas” et ainsi de suite. Autrement dit, l’obligation d’étudier a été formulée de
הָפְכוּ פְּנֵיהֶם כְּלַפֵּי הַר גְּרִיזִים וּפָתְחוּ בִּבְרָכָה כּוּ׳ תָּנוּ רַבָּנַן בָּרוּךְ בִּכְלָל בָּרוּךְ בִּפְרָט אָרוּר בִּכְלָל אָרוּר בִּפְרָט לִלְמוֹד וּלְלַמֵּד לִשְׁמוֹר וְלַעֲשׂוֹת הֲרֵי
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