Ils allèrent et vinrent auprès de Moïse, d’Aaron et de toute la communauté des Enfants d’Israël, au désert de Paran, à Kadech » (Nbres 13, 25–26). Rabbi Yo‘hanan a déclaré au nom de Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï : en ajoutant l’expression « ils allèrent », apparemment superflue, l’Écriture met en regard l’aller et le retour pour laisser entendre que les explorateurs avaient prévu dès le départ de médire d’Erets-Israël à leur retour.
וַיֵּלְכוּ וַיָּבֹאוּ אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשּׁוּם רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי מַקֵּישׁ הֲלִיכָה לְבִיאָה מָה בִּיאָה בְּעֵצָה רָעָה אַף הֲלִיכָה בְּעֵצָה רָעָה
« Ils lui racontèrent et dirent : nous sommes venus au pays où tu nous avais envoyés. C’est vraiment un pays ruisselant de lait et de miel et en voici les fruits » (ibid. 13, 27). Puis, au verset suivant, on note un changement de ton – « Mais le peuple qui habite dans le pays est puissant. » Rabbi Yo‘hanan a déclaré au nom de Rabbi Mèir : sachant qu’une médisance n’est crédible que si elle débute par un brin de vérité, les explorateurs commencèrent par faire l’éloge de la Terre avant de la dénigrer. Incidemment, la guemara emploie des termes mnémotechniques, rappelant trois enseignements rapportés dans notre traité par Rabbi Yo‘hanan au nom de Rabbi Mèir : Vérité – ici ; l’a Piégé, en 42b ; Accompagnement, en 46b.
וַיְסַפְּרוּ לוֹ וַיֹּאמְרוּ בָּאנוּ וְגוֹ׳ וּכְתִיב אֶפֶס כִּי עַז הָעָם אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן (סִימָן אֱמֶת לְבַדּוֹ לְוִיָּה) מִשּׁוּם רַבִּי מֵאִיר כָּל לָשׁוֹן הָרַע שֶׁאֵין בּוֹ דְּבַר אֱמֶת בִּתְחִילָּתוֹ אֵין מִתְקַיֵּים בְּסוֹפוֹ
« Caleb fit taire [va-yahass] le peuple [en parlant] contre Moïse et dit : nous devons monter et le conquérir, car nous triompherons de lui » (ibid. 13, 30). Raba a expliqué : pour capter l’attention des Hébreux, il tint des propos apparemment séditieux [hèssitan] contre Moïse.
וַיַּהַס כָּלֵב אֶת הָעָם אֶל מֹשֶׁה אָמַר רַבָּה שֶׁהִסִּיתָן בִּדְבָרִים
En effet, Josué avait commencé à leur parler, mais ils l’avaient réduit immédiatement au silence en disant : celui-ci n’a pas droit à la parole, car il est comme décapité, n’ayant pas de fils appelés à recevoir un lot en Erets-Israël.
פָּתַח יְהוֹשֻׁעַ דְּקָא מִשְׁתַּעֵי אָמְרִי לֵיהּ דֵּין רֵאשׁ קְטִיעָה יְמַלֵּל
Caleb se dit : si je parle en faveur de Moïse, ils vont me couper la parole sous un prétexte quelconque. Aussi, déclara-t-il : est-ce tout ce que le fils de ‘Amram nous a fait ? Pensant que Caleb allait énoncer d’autres griefs contre Moïse, les Hébreux se turent.
אָמַר אִי מִשְׁתַּעֵינָא אָמְרִי בִּי מִילְּתָא וְחָסְמִין לִי אָמַר לָהֶן וְכִי זוֹ בִּלְבַד עָשָׂה לָנוּ בֶּן עַמְרָם סָבְרִי בִּגְנוּתֵיהּ קָא מִשְׁתַּעֵי אִישְׁתִּיקוּ
Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)
Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.
Alors, il leur rappela les bienfaits de Moïse en disant : il nous a fait sortir d’Égypte, il a divisé pour nous la mer Rouge et il nous a donné la manne à manger. Dans ces conditions, s’il nous demandait même de fabriquer des échelles et de monter au ciel, ne devrions-nous pas l’écouter ? Assurément, « nous devons monter et le conquérir car nous triompherons de lui. »
אֲמַר לְהוּ הוֹצִיאָנוּ מִמִּצְרַיִם וְקָרַע לָנוּ אֶת הַיָּם וְהֶאֱכִילָנוּ אֶת הַמָּן אִם יֹאמַר עֲשׂוּ סוּלָּמוֹת וַעֲלוּ לָרָקִיעַ לֹא נִשְׁמַע לוֹ עָלֹה נַעֲלֶה וְיָרַשְׁנוּ אֹתָהּ וְגוֹ׳
« Et les hommes qui étaient montés avec lui, dirent : nous ne pourrons monter contre le peuple car il est plus fort mimènou » (ibid. 13, 31). Rabbi ‘Hanina bar Papa a déclaré – Les explorateurs ont prononcé là un blasphème : « car il est plus fort miménou. » Ils n’ont pas voulu dire : le peuple cananéen « est plus fort que nous », mais « que Lui », le Saint béni soit-Il. Ils ont insinué que même le Maître du monde ne pouvait sortir ses sujets – les habitants cananéens – d’Erets-Israël.
וְהָאֲנָשִׁים אֲשֶׁר עָלוּ עִמּוֹ אָמְרוּ לֹא נוּכַל וְגוֹ׳ אָמַר רַבִּי חֲנִינָא בַּר פָּפָּא דָּבָר גָּדוֹל דִּבְּרוּ מְרַגְּלִים בְּאוֹתָהּ שָׁעָה כִּי חָזָק הוּא מִמֶּנּוּ אַל תִּקְרֵי מִמֶּנּוּ אֶלָּא מִמֶּנּוּ כִּבְיָכוֹל אֲפִילּוּ בַּעַל הַבַּיִת אֵינוֹ יָכוֹל לְהוֹצִיא כֵּלָיו מִשָּׁם
À propos du verset 32 – « c’est un pays qui dévore ses habitants », Rava a expliqué – Le Saint béni soit-Il constate : J’avais pensé agir dans l’intérêt des explorateurs, mais eux, ont interprété les faits dans un mauvais sens. J’avais pensé agir dans leur intérêt en faisant mourir un haut dignitaire cananéen dans chaque lieu visité par les explorateurs, afin que grâce à cette diversion ils ne soient pas inquiétés. Selon une autre explication, Job, qui protégeait les Cananéens par son mérite, mourut et eut droit à des funérailles nationales, de sorte que personne ne se préoccupa des explorateurs. Mais ces derniers l’ont mal interprété ; ils en conclurent – « C’est un pays qui dévore ses habitants. »
אֶרֶץ אֹכֶלֶת יוֹשְׁבֶיהָ הִיא דָּרֵשׁ רָבָא אָמַר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא אֲנִי חֲשַׁבְתִּיהָ לְטוֹבָה וְהֵם חָשְׁבוּ לְרָעָה אֲנִי חֲשַׁבְתִּיהָ לְטוֹבָה דְּכׇל הֵיכָא דִּמְטוֹ מִת חֲשִׁיבָא דִּידְהוּ כִּי הֵיכִי דְּנִיטַּרְדוּ וְלָא לְשַׁאֲלוּ אַבָּתְרַיְיהוּ וְאִיכָּא דְּאָמְרִי אִיּוֹב נָח נַפְשֵׁיהּ וְאִטְּרִידוּ כּוּלֵּי עָלְמָא בְּהֶסְפֵּידָא הֵם חָשְׁבוּ לְרָעָה אֶרֶץ אֹכֶלֶת יוֹשְׁבֶיהָ הִיא
« Nous étions à nos yeux comme des sauterelles et tels nous étions à leurs yeux » (ibid. 13, 33). Rav Mecharchiya en déduit que les explorateurs étaient des menteurs. Certes, ils avaient raison de dire – « Nous étions à nos yeux comme des sauterelles », puisqu’ils se sentaient réellement inférieurs aux Cananéens. Mais d’où savaient-ils que « tels nous étions à leurs yeux » ?
וַנְּהִי בְעֵינֵינוּ כַּחֲגָבִים וְכֵן הָיִינוּ וְגוֹ׳ אָמַר רַב מְשַׁרְשְׁיָא מְרַגְּלִים שַׁקָּרֵי הֲווֹ בִּשְׁלָמָא וַנְּהִי בְּעֵינֵינוּ כַּחֲגָבִים לְחַיֵּי אֶלָּא וְכֵן הָיִינוּ בְּעֵינֵיהֶם מְנָא הֲווֹ יָדְעִי
Mais en vérité, réfute la guemara, cela ne prouve pas qu’ils étaient des menteurs, car ils ont eu l’occasion de connaître le jugement porté sur eux par les Cananéens. En effet, après les obsèques de leurs hauts dignitaires, les Cananéens prenaient leur repas sous des cèdres. Les explorateurs qui, en les voyant de loin, étaient montés dans les arbres et s’étaient assis pour se cacher, entendirent qu’ils disaient : nous voyons dans le feuillage des arbres, des hommes qui ressemblent à des sauterelles.
וְלָא הִיא כִּי הֲווֹ מַבְרִי אֲבֵילֵי תּוּתֵי אַרְזֵי הֲווֹ מַבְרִי וְכִי חֲזִינְהוּ סְלִקוּ יָתְבִי בְּאִילָנֵי שָׁמְעִי דְּקָאָמְרִי קָחָזֵינַן אִינָשֵׁי דְּדָמוּ לְקַמְצֵי בְּאִילָנֵי
La guemara explique à présent le chapitre 14 des Nombres. « Toute la communauté vociféra, le peuple éleva la voix et pleura cette nuit-là » (ibid. 14, 1). Raba a déclaré au nom de Rabbi Yo‘hanan : les explorateurs revinrent la veille du 9 Av. Le Saint béni soit-Il dit : puisqu’ils ont versé à présent de vaines larmes, J’en ferai un jour de lamentations pour les générations à venir.
וַתִּשָּׂא כׇּל הָעֵדָה וַיִּתְּנוּ אֶת קוֹלָם וַיִּבְכּוּ אָמַר רַבָּה אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן אוֹתוֹ הַיּוֹם עֶרֶב תִּשְׁעָה בְּאָב הָיָה אָמַר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא הֵן בָּכוּ בְּכִיָּה שֶׁל חִנָּם וַאֲנִי אֶקְבַּע לָהֶם בְּכִיָּה לְדוֹרוֹת
Il est écrit (ibid. 14, 10) : « Toute la communauté dit de les tuer à coup de pierres », puis – « la gloire de l’Éternel apparut dans la tente du rendez-vous. » Rabbi ‘Hiya bar Aba en déduit que les Hébreux prirent des pierres et les jetèrent de manière outrageuse vers le haut.
וַיֹּאמְרוּ כׇּל הָעֵדָה לִרְגּוֹם אֹתָם בָּאֲבָנִים וּכְתִיב וְכָבוֹד ה׳ נִרְאָה בְּאֹהֶל מוֹעֵד אָמַר רַבִּי חִיָּיא בַּר אַבָּא מְלַמֵּד שֶׁנָּטְלוּ אֲבָנִים וּזְרָקוּם כְּלַפֵּי מַעְלָה
« Ces hommes qui avaient décrié le pays moururent du fléau » (ibid. 14, 37). En disant « du fléau » et non « d’un fléau », l’Écriture laisse entendre qu’ils reçurent le châtiment qu’ils méritaient pour leur médisance. Rabbi Chim‘on ben Lakich en déduit que leur mort fut inhabituelle – sans autre précision. D’après une explication rapportée par Rabbi ‘Hanina bar Papa au nom de Rav Cheila, un homme du village de Temarta, leur langue s’allongea jusqu’au nombril. Des vers sortirent de leur langue et s’introduisirent dans leur nombril, puis en ressortirent et revinrent sur leur langue. Selon Rav Na‘hman bar Yits‘hak, ils moururent de la diphtérie – que le Ciel envoie notamment aux médisants (voir Chabat 33b).
וַיָּמֻתוּ הָאֲנָשִׁים מוֹצִאֵי דִבַּת הָאָרֶץ רָעָה בַּמַּגֵּפָה אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקִישׁ שֶׁמֵּתוּ מִיתָה מְשׁוּנָּה אָמַר רַבִּי חֲנִינָא בַּר פָּפָּא דָּרֵשׁ רַבִּי שֵׁילָא אִישׁ כְּפַר תְּמַרְתָּא מְלַמֵּד שֶׁנִּשְׁתַּרְבֵּב לְשׁוֹנָם וְנָפַל עַל טִיבּוּרָם וְהָיוּ תּוֹלָעִים יוֹצְאוֹת מִלְּשׁוֹנָם וְנִכְנָסוֹת בְּטִיבּוּרָם וּמִטִּיבּוּרָם וְנִכְנָסוֹת בִּלְשׁוֹנָם וְרַב נַחְמָן בַּר יִצְחָק אָמַר בְּאַסְכָּרָה מֵתוּ
§ On revient à présent à la citation de la Tossefta (interrompue en 34b) – « Quand les Cohanim firent un pas dans le fleuve, les eaux du Jourdain s’écartèrent pour laisser passer le peuple. Ensuite, le dernier des Enfants d’Israël fut remonté du Jourdain, les Cohanim firent un pas en arrière et les eaux revinrent à leur place, car il est dit (Jos. 4, 18) – “Or, quand les Cohanim qui portaient l’Arche de l’Alliance de l’Éternel remontèrent du milieu du Jourdain, quand les plantes des pieds des Cohanim se furent détachées vers la terre ferme, les eaux du Jourdain revinrent à leur place et coulèrent, comme hier et avant-hier, par-dessus toutes ses rives.”
וְכֵיוָן שֶׁעָלָה הָאַחֲרוֹן שֶׁבְּיִשְׂרָאֵל מִן הַיַּרְדֵּן חָזְרוּ מַיִם לִמְקוֹמָן שֶׁנֶּאֱמַר וַיְהִי בַּעֲלוֹת הַכֹּהֲנִים נֹשְׂאֵי אֲרוֹן בְּרִית ה׳ מִתּוֹךְ הַיַּרְדֵּן נִתְּקוּ כַּפּוֹת רַגְלֵי הַכֹּהֲנִים אֶל הֶחָרָבָה וַיָּשֻׁבוּ מֵי הַיַּרְדֵּן לִמְקוֹמָם וַיֵּלְכוּ כִתְמוֹל שִׁלְשׁוֹם עַל כׇּל גְּדוֹתָיו
À ce stade, l’Arche, ses porteurs et les autres Cohanim se trouvaient du côté oriental du Jourdain, et le reste du peuple hébreu, du côté occidental. À ce moment, l’Arche transporta ses porteurs et traversa le fleuve avec eux, car il est dit (ibid. 4, 11) – “Quand tout le peuple eut fini de traverser – les eaux étant revenues immédiatement à leur place, comme indiqué au verset 18 – l’Arche de l’Éternel traversa et les Cohanim [se remirent] à la tête du peuple.”
נִמְצָא אָרוֹן וְנוֹשְׂאָיו וְכֹהֲנִים מִצַּד אֶחָד וְיִשְׂרָאֵל מִצַּד אֶחָד נָשָׂא אָרוֹן אֶת נוֹשְׂאָיו וְעָבַר שֶׁנֶּאֱמַר וַיְהִי כַּאֲשֶׁר תַּם כׇּל הָעָם לַעֲבֹר וַיַּעֲבֹר אֲרוֹן ה׳ וְהַכֹּהֲנִים לִפְנֵי הָעָם
Et, conclut la Tossefta, à une époque ultérieure, ‘Ouza fut puni pour avoir porté atteinte à l’Arche, en oubliant cette traversée miraculeuse. En effet, il est dit (I Chron. 13, 9) – “Comme on arrivait à la grange de Kidon, ‘Ouza étendit sa main pour retenir l’Arche, parce que les bœufs avaient glissé.” Le Saint béni soit-Il lui dit : ‘Ouza ! Si elle a pu transporter ses porteurs au moment de la traversée du Jourdain, elle peut certainement se retenir toute seule ! »
וְעַל דָּבָר זֶה נֶעֱנַשׁ עוּזָּא שֶׁנֶּאֱמַר וַיָּבֹאוּ עַד גֹּרֶן כִּידֹן וַיִּשְׁלַח עֻזָּא אֶת יָדוֹ לֶאֱחֹז אֶת הָאָרוֹן אָמַר לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא עוּזָּא נוֹשְׂאָיו נָשָׂא עַצְמוֹ לֹא כׇּל שֶׁכֵּן
La guemara interrompt une nouvelle fois la citation de la Tossefta pour expliquer le passage se rapportant à la mort de ‘Ouza. « La colère de l’Éternel s’enflamma contre ‘Ouza et Il le frappa sur place pour cette faute [chal] ; il mourut là à côté de l’Arche de Dieu » (II Sam. 6, 7). Rabbi Yo‘hanan et Rabbi El‘azar sont divisés sur le sens du mot chal – L’un de ces Amoraïm comprend que ‘Ouza fut puni à cause de sa faute involontaire [chalo] : il a saisi l’Arche en oubliant qu’elle pouvait se retenir toute seule. D’après l’autre Sage, il fut frappé parce qu’il a fait ses besoins en présence (ou en direction) de l’Arche – les déjections étant appelées chilchoul, de la même racine que chal.
וַיִּחַר אַף ה׳ בְּעֻזָּה וַיַּכֵּהוּ שָׁם עַל הַשַּׁל וְגוֹ׳ רַבִּי יוֹחָנָן וְרַבִּי אֶלְעָזָר חַד אָמַר עַל עִסְקֵי שָׁלוּ וְחַד אָמַר שֶׁעָשָׂה צְרָכָיו בְּפָנָיו
« Il mourut là, auprès de l’Arche de Dieu » – Selon Rabbi Yo‘hanan, ‘Ouza a part au monde à venir, car la formule « auprès de l’Arche de Dieu » établit cette analogie : ‘Ouza a droit à la vie éternelle dans le monde à venir, de même que l’Arche, enfouie plus tard par le roi Josias (voir Yoma 52b), reste éternellement.
וַיָּמׇת שָׁם עִם אֲרוֹן הָאֱלֹהִים אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן עוּזָּא בָּא לָעוֹלָם הַבָּא שֶׁנֶּאֱמַר עִם אֲרוֹן הָאֱלֹהִים מָה אָרוֹן לְעוֹלָם קַיָּים אַף עוּזָּא בָּא לָעוֹלָם הַבָּא
« David se rembrunit [va-yi‘har] à la suite du coup porté par l’Éternel à ‘Ouza » (II Sam. 6, 8) — Rabbi El‘azar explique : son visage se décomposa et ressembla à un pain noir cuit à la braise [‘harara].
וַיִּחַר לְדָוִד עַל אֲשֶׁר פָּרַץ ה׳ פֶּרֶץ בְּעֻזָּה אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר שֶׁנִּשְׁתַּנּוּ פָּנָיו כַּחֲרָרָה
Mais dès lors, interroge la guemara, le verbe va-yi‘har aurait-il toujours ce sens dans l’Écriture ? Au verset 7, on l’a traduit par « s’enflammer » parce qu’il est employé avec le mot af (colère) – ce qui n’est pas le cas ici.
אֶלָּא מֵעַתָּה כׇּל הֵיכָא דִּכְתִיב וַיִּחַר הָכִי נָמֵי הָתָם כְּתִיב אַף הָכָא לָא כְּתִיב אַף
Rava a expliqué : pourquoi David a-t-il été puni par la mort de ‘Ouza ? Parce qu’il a appelé les paroles de la Tora « des chansons » dans ce verset (Ps. 119, 54) – « Tes préceptes étaient pour moi des chansons dans la maison où je m’étais réfugié par crainte de mes ennemis. »
דָּרֵשׁ רָבָא מִפְּנֵי מָה נֶעֱנַשׁ דָּוִד מִפְּנֵי שֶׁקָּרָא לְדִבְרֵי תוֹרָה זְמִירוֹת שֶׁנֶּאֱמַר זְמִרוֹת הָיוּ לִי חֻקֶּיךָ בְּבֵית מְגוּרָי
Le Saint béni soit-Il lui dit : tu appelles les paroles de la Tora « des chansons », alors qu’un instant d’inattention suffit à les oublier puisqu’il est écrit (Prov. 23, 5) – « Tes yeux clignent-ils en sa direction et elle n’est plus. » Voici Je vais te faire trébucher par une loi, connue même des jeunes écoliers. En effet, il est écrit (Nbres 7, 9) – « Et aux fils de Kehat, il n’en donna point (de voitures de transport), car ils sont chargés du service des objets sacrés ; ils les porteront sur l’épaule. » David, lui, ayant oublié ce commandement, transporta l’Arche sur une voiture (voir II Sam. 6, 3).
אָמַר לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא דִּבְרֵי תוֹרָה שֶׁכָּתוּב בָּהֶן הֲתָעִיף עֵינֶיךָ בּוֹ וְאֵינֶנּוּ אַתָּה קוֹרֵא אוֹתָן זְמִירוֹת הֲרֵינִי מַכְשִׁילְךָ בְּדָבָר שֶׁאֲפִילּוּ תִּינוֹקוֹת שֶׁל בֵּית רַבָּן יוֹדְעִין אוֹתוֹ דִּכְתִיב וְלִבְנֵי קְהָת לֹא נָתָן כִּי עֲבֹדַת הַקֹּדֶשׁ וְגוֹ׳ וְאִיהוּ אַתְיֵיהּ בַּעֲגַלְתָּא
Des années auparavant, les Philistins avaient été lourdement punis pour s’être emparés de l’Arche sainte (voir I Sam. chap. 5). Finalement, ils la renvoyèrent à Beit Chémech sur deux vaches, et l’Éternel « frappa les habitants de Beit Chémech parce qu’ils avaient regardé l’Arche. Il frappa dans le peuple soixante-dix hommes, cinquante mille hommes » (ibid. 6, 19). Méritaient-ils d’être punis pour avoir regardé l’Arche ? Rabbi Abahou et Rabbi El‘azar sont divisés sur la cause du châtiment des habitants de Beit Chémech. Pour l’un, ils furent punis parce qu’ils « regardèrent » l’Arche avec mépris : ils se prosternaient mais continuaient à moissonner à son passage (ibid. 6, 13). Pour l’autre, ils tinrent aussi ces propos irrespectueux :
וַיַּךְ בְּאַנְשֵׁי בֵית שֶׁמֶשׁ כִּי רָאוּ בַּאֲרוֹן מִשּׁוּם דְּרָאוּ וַיַּךְ אֱלֹהִים רַבִּי אֲבָהוּ וְרַבִּי אֶלְעָזָר חַד אָמַר קוֹצְרִין וּמִשְׁתַּחֲוִים הָיוּ וְחַד אָמַר מִילֵּי נָמֵי אֲמוּר
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