passer la nuit dans leur campement, à Guilgal, où ils érigèrent les pierres. וְלָנוּ בִּמְקוֹמָן
GUEMARA De quel texte biblique déduisons-nous que les imprécations du Cohen à l’encontre d’une femme soupçonnée d’adultère peuvent être prononcées en toute langue qu’elle comprend ? Du verset contenant les imprécations (Nbres 5, 21) – « Le Cohen dira à la femme » – en n’importe quelle langue, pourvu qu’elle saisisse ses explications. גְּמָ׳ פָּרָשַׁת סוֹטָה מְנָלַן דִּכְתִיב וְאָמַר הַכֹּהֵן לָאִשָּׁה בְּכׇל לָשׁוֹן שֶׁהוּא אוֹמֵר
À ce sujet, nos maîtres ont enseigné dans une baraïta : « Il faut lui expliquer, en toute langue qu’elle comprend, pourquoi elle doit boire les eaux amères, dans quel récipient elle va les boire, pourquoi elle en est venue à commettre un adultère et dans quelles conditions son adultère sera confirmé par cette épreuve. תָּנוּ רַבָּנַן מַשְׁמִיעִין אוֹתָהּ בְּכׇל לָשׁוֹן שֶׁהִיא שׁוֹמַעַת עַל מָה הִיא שׁוֹתָה וּבַמָּה הִיא שׁוֹתָה עַל מָה נִטְמֵאת וּבַמָּה הִיא נִטְמֵאת
Pourquoi boit-elle les eaux amères ? Parce qu’elle s’est isolée avec son amant présumé en dépit de la mise en garde de son mari. Dans quel récipient les boira-t-elle ? Dans un vase en argile. עַל מָה הִיא שׁוֹתָה עַל עִסְקֵי קִינּוּי וּסְתִירָה וּבַמָּה הִיא שׁוֹתָה בִּמְקִידָּה שֶׁל חֶרֶשׂ
Pourquoi en est-elle venue à commettre un adultère ? Par le rire et l’enfantillage. Ces premières précisions sont là pour dissuader d’autres femmes de suivre son exemple. Ensuite, le Cohen lui explique dans quelles conditions son adultère sera confirmé par l’épreuve des eaux amères : non pas si elle a trompé son mari par mégarde – le croyant mort – ou sous la contrainte, mais uniquement si elle l’a fait délibérément, sachant bien qu’il était vivant. Et pourquoi faut-il lui donner ces derniers éclaircissements ? Pour ne pas jeter le discrédit sur les eaux amères quand elles n’ont eu aucun effet sur une femme adultère ayant fauté par mégarde ou sous la contrainte. » עַל מָה נִטְמֵאת עַל עִסְקֵי שְׂחוֹק וְיַלְדוּת וּבַמָּה הִיא נִטְמֵאת בְּשׁוֹגֵג אוֹ בְּמֵזִיד בְּאוֹנֶס [אוֹ] בְּרָצוֹן וְכׇל כָּךְ לָמָּה שֶׁלֹּא לְהוֹצִיא לַעַז עַל מַיִם הַמָּרִים

Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)

Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.

Parmi les textes pouvant être dits en n’importe quelle langue, notre michna a mentionné – « La confession récitée sur la dîme. » De quel indice scripturaire déduisons-nous que l’hébreu n’est pas requis dans ce cas ? Du verset (Deut. 26, 13) – « Tu diras devant l’Éternel ton Dieu : j’ai éliminé ce qui était sacré de la maison. » Comme expliqué précédemment, le verbe dire employé à propos de la femme soupçonnée d’adultère inclut toute langue comprise par l’intéressée. On en déduit qu’il en sera ainsi pour la confession récitée sur la dîme, puisque l’Écriture utilise la même expression. וִידּוּי מַעֲשֵׂר מְנָלַן דִּכְתִיב וְאָמַרְתָּ לִפְנֵי ה׳ אֱלֹהֶיךָ בִּעַרְתִּי הַקֹּדֶשׁ מִן הַבַּיִת וְיָלֵיף אֲמִירָה מִסּוֹטָה בְּכׇל לָשׁוֹן שֶׁהוּא אוֹמֵר
Rav Zevid objecta à Abayè : apparemment, on pourrait établir une analogie avec le verbe dire, mentionné à propos des bénédictions et des malédictions des Lévites au mont Guerizim et au mont ‘Eyval – « Les Lévites proclameront et diront » (Deut. 27, 14) – et en conclure que la langue de sainteté est requise ici, pour la confession sur la dîme, comme là-bas. אֲמַר לֵיהּ רַב זְבִיד לְאַבָּיֵי וְלֵילַף אֲמִירָה מִלְּוִיִּם מָה לְהַלָּן בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ אַף כָּאן בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ
Abayè répondit : on déduit le sens du verbe dire, employé seul à propos de la confession sur la dîme, de l’expression identique utilisée au sujet de la femme soupçonnée d’adultère, et non des bénédictions et des malédictions des Lévites où le verbe dire figure avec le verbe proclamer. דָּנִין אֲמִירָה גְּרֵידְתָּא מַאֲמִירָה גְּרֵידְתָּא וְאֵין דָּנִין אֲמִירָה גְּרֵידְתָּא מֵעֲנִיָּיה וַאֲמִירָה
On a enseigné dans une baraïta« Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï a déclaré : chacun doit faire mention de ses mérites à voix basse et des fautes qu’il a commises à haute voix. תַּנְיָא רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי אוֹמֵר אָדָם אוֹמֵר שִׁבְחוֹ בְּקוֹל נָמוּךְ וּגְנוּתוֹ בְּקוֹל רָם
La mention de ses mérites à voix basse, se déduit de la confession sur la dîme : “Je n’ai transgressé ni oublié aucun de Tes préceptes” (ibid. 26, 13) puisque l’Écriture évite dans ce cas le verbe “proclamer”. Qu’il faille énumérer, à haute voix, les fautes commises, est mis en évidence lors de l’offrande des prémices par le rappel, haut et fort, que Laban, le père de Rébecca, était un idolâtre et que nos ancêtres furent esclaves en Égypte (ibid. 26, 5–6). » שִׁבְחוֹ בְּקוֹל נָמוּךְ מִן וִידּוּי הַמַּעֲשֵׂר גְּנוּתוֹ בְּקוֹל רָם מִמִּקְרָא בִּיכּוּרִים
Les fautes doivent-elles réellement être mentionnées à haute voix ? Pourtant Rabbi Yo‘hanan a déclaré au nom de Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï : pourquoi la prière a-t-elle été instituée à voix basse dès l’époque biblique (voir I Sam. 1, 13 et Berakhot 31a) ? Pour ne pas humilier ceux qui, dans la prière, confessent une transgression. En effet, cette idée est confirmée par la Tora qui n’a pas assigné une place différente aux rites de l’offrande expiatoire et à ceux de l’holocauste, afin de ne pas faire honte au pécheur repenti ! וּגְנוּתוֹ בְּקוֹל רָם וְהָאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשּׁוּם רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי מִפְּנֵי מָה תִּקְּנוּ תְּפִלָּה בְּלַחַשׁ כְּדֵי שֶׁלֹּא לְבַיֵּישׁ אֶת עוֹבְרֵי עֲבֵירָה שֶׁהֲרֵי לֹא חָלַק הַכָּתוּב מָקוֹם בֵּין חַטָּאת לְעוֹלָה
En réalité, répond la guemara, ne dis pas que ce sont les aspects peu glorieux du passé que Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï a demandé de proclamer, mais les malheurs – comme ceux infligés par Laban à Jacob et la servitude d’Égypte évoqués dans la déclaration faite au moment d’apporter les prémices. En effet, on a enseigné dans une baraïta : « À propos de celui qui est atteint d’une affection lépreuse, le verset “Et il criera : impur, impur” (Lév. 13, 45) nous apprend qu’un particulier doit faire connaître ses malheurs ou même un ennui quelconque, pour que ses amis implorent la miséricorde en sa faveur. » לָא תֵּימָא גְּנוּתוֹ אֶלָּא אֵימָא צַעֲרוֹ כִּדְתַנְיָא וְטָמֵא טָמֵא יִקְרָא צָרִיךְ לְהוֹדִיעַ צַעֲרוֹ לָרַבִּים וְרַבִּים מְבַקְּשִׁים עָלָיו רַחֲמִים וְכׇל מִי שֶׁאֵירַע בּוֹ דָּבָר צָרִיךְ לְהוֹדִיעַ לָרַבִּים וְרַבִּים מְבַקְּשִׁים עָלָיו רַחֲמִים
On revient à présent à l’enseignement rapporté par Rabbi Yo‘hanan au nom de Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï : pourquoi a-t-on institué la prière à voix basse ? Pour ne pas humilier ceux qui, dans la prière, confessent une transgression. En effet, la Tora n’a pas assigné une place différente aux rites de l’offrande expiatoire et à ceux de l’holocauste, afin de ne pas faire honte au pécheur repenti. גּוּפָא אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשּׁוּם רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי מִפְּנֵי מָה תִּיקְּנוּ תְּפִלָּה בְּלַחַשׁ שֶׁלֹּא לְבַיֵּישׁ אֶת עוֹבְרֵי עֲבֵירָה שֶׁהֲרֵי לֹא חָלַק הַכָּתוּב מָקוֹם בֵּין חַטָּאת לְעוֹלָה
Est-ce vrai, interroge la guemara ? Pourtant, une différence apparaît dans l’aspersion de leurs sangs. L’autel est traversé en son milieu par une ligne peinte en rouge et le sang d’une offrande expiatoire est aspergé sur la moitié supérieure, et celui de l’holocauste l’est sur la partie inférieure (voir Kinim chap. 1) ! Cette différence n’entraîne pas une grande humiliation pour le pécheur apportant son offrande expiatoire, parce que le Cohen chargé du Service est le seul à connaître la nature du sacrifice ! וְלָא וְהָא אִיכָּא דָּמִים דַּם חַטָּאת לְמַעְלָה וְדַם עוֹלָה לְמַטָּה הָתָם כֹּהֵן הוּא דְּיָדַע
Pourtant, il y a une autre différence, bien visible, puisqu’il faut apporter un animal femelle pour une offrande expiatoire, et un mâle, pour un holocauste ! Cette différence passe inaperçue, car l’appareil génital de la femelle apportée en offrande expiatoire est masqué par l’appendice caudal. וְהָאִיכָּא חַטָּאת נְקֵבָה עוֹלָה זָכָר הָתָם מִיכַּסְּיָא בְּאַלְיָה
C’est vrai pour une brebis, mais pas pour une chèvre (qui n’a pas de queue) ? Réponse : si le pécheur a apporté une chèvre, ne pouvant servir qu’à une offrande expiatoire, il est responsable de sa propre humiliation, puisqu’il aurait dû se montrer plus discret en choisissant une brebis. תִּינַח כִּבְשָׂה שְׂעִירָה מַאי אִיכָּא לְמֵימַר הָתָם אִיהוּ דְּקָא מַיכְסֵיף נַפְשֵׁיהּ דְּאִיבְּעִי לֵיהּ לְאֵיתוֹיֵי כִּבְשָׂה וְקָא מַיְיתֵי שְׂעִירָה
Cependant, objecte encore la guemara, que dire pour celui qui a commis le péché d’idolâtrie ? Étant tenu d’apporter en offrande expiatoire une chèvre (Nbres 15, 22) il subit une humiliation publique ! Ici, la Tora veut qu’il soit humilié afin d’expier son grave péché. חַטָּאת דַּעֲבוֹדָה זָרָה דְּלָא סַגִּי דְּלָאו שְׂעִירָה מַאי אִיכָּא לְמֵימַר הָתָם נִיכְּסִיף וְנֵיזִיל כִּי הֵיכִי דְּנִכַּפַּר לֵיהּ
D’après notre michna, « le Chema peut être lu en toute langue. » De quel indice scripturaire le déduisons-nous ? De l’expression – « Écoute [Chema] Israël » qui contient ce message implicite : récite le Chema en toute langue que tu entends, dont tu comprends les mots. קְרִיַּת שְׁמַע מְנָלַן דִּכְתִיב שְׁמַע יִשְׂרָאֵל בְּכׇל לָשׁוֹן שֶׁאַתָּה שׁוֹמֵעַ
Une baraïta rapporte à ce sujet la controverse suivante : « Selon Rabbi Yehouda ha-Nassi, il faut réciter le Chema en hébreu, comme il est écrit dans la Tora. Les autres Sages, eux, permettent de le dire en n’importe quelle langue. » תָּנוּ רַבָּנַן קְרִיַּת שְׁמַע כִּכְתָבָהּ דִּבְרֵי רַבִּי וַחֲכָמִים אוֹמְרִים בְּכׇל לָשׁוֹן
Quelle est la raison de Rabbi ? Dans la formule biblique (Deut. 6, 6–7) : « Ces propos… seront sur ton cœur… et tu en parleras », il perçoit l’exigence de les prononcer tels quels, dans leur version originale. מַאי טַעְמָא דְּרַבִּי אָמַר קְרָא וְהָיוּ בַּהֲווֹיָיתָן יְהוּ
Et pourquoi les autres Sages permettent-ils de dire ce texte dans une langue étrangère ? Parce que, d’après eux, le mot « Chema, écoute » inclut toute langue que tu entends. וְרַבָּנַן אָמַר קְרָא שְׁמַע בְּכׇל לָשׁוֹן שֶׁאַתָּה שׁוֹמֵעַ
Mais pour ces Sages aussi, continue la guemara, il est écrit : « Ces propos... seront », suggérant que le Chema doit être prononcé tel quel, en hébreu ! Comment peuvent-ils en faire abstraction et permettre l’usage d’une autre langue ? Réponse : pour ces Sages, le terme « seront » interdit de réciter à rebours les versets de chaque paragraphe et demande de suivre l’enchaînement du texte biblique. וְרַבָּנַן נָמֵי הָא כְּתִיב וְהָיוּ הַהוּא שֶׁלֹּא יִקְרָאֶנָּה לְמַפְרֵעַ
Et Rabbi, qui déduit du mot « seront » l’obligation de lire le Chema en hébreu, d’où apprend-il que la récitation du Chema à rebours est nulle et non avenue ? Il le déduit de l’article défini ha : la Tora aurait pu écrire devarim, « propos », au lieu de ha-devarim, « les propos », formule qui précise le caractère intangible du texte à réciter. Et les autres Sages ? Ils refusent de faire la différence entre « propos » et « les propos », car l’hébreu accole l’article défini aux substantifs suivis d’un démonstratif (ici ha-èlé). וְרַבִּי שֶׁלֹּא יִקְרָאֶנָּה לְמַפְרֵעַ מְנָלֵיהּ נָפְקָא לַהּ מִדְּבָרִים הַדְּבָרִים וְרַבָּנַן דְּבָרִים הַדְּבָרִים לָא מַשְׁמַע לְהוּ
Et pourquoi Rabbi ne déduit-il pas de l’expression « écoute » le droit de dire le Chema dans une autre langue ? Rabbi y voit l’exigence de prononcer les paroles du Chema de manière à les rendre audibles à sa propre oreille – si bien qu’il n’a plus aucun support biblique pour autoriser la récitation du Chema dans une langue étrangère. Et les autres Sages n’interprètent pas le mot « écoute » comme Rabbi, parce qu’à l’instar de l’auteur anonyme d’une michna (Berakhot 15a), ils pensent que ce mot valide une lecture inaudible du texte. De ce fait, ils expliquent le mot « écoute » comme une autorisation à réciter le Chema en toute langue dont on comprend les mots. וְרַבִּי נָמֵי הָכְתִיב שְׁמַע הַהוּא מִיבְּעֵי לֵיהּ לְהַשְׁמִיעַ לְאָזְנֶיךָ מָה שֶׁאַתָּה מוֹצִיא מִפִּיךָ וְרַבָּנַן סָבְרִי לַהּ כְּמַאן דְּאָמַר הַקּוֹרֵא אֶת שְׁמַע וְלֹא הִשְׁמִיעַ לְאׇזְנוֹ יָצָא
Est-ce à dire, s’interroge la guemara, que d’après Rabbi, לֵימָא קָסָבַר רַבִּי