CHAPITRE 7
MICHNA Voici les
textes rituels et les déclarations qui peuvent être prononcés en toute langue : les imprécations adressées par le Cohen à la femme soupçonnée d’adultère (voir en 17a) ; la confession sur la dîme, récitée après la troisième et la sixième année du cycle sabbatique, certifiant que les obligations en matière de terouma et de dîmes ont été correctement remplies (voir Deut. 26, 12–15) ; les trois paragraphes de la lecture du Chema effectuée matin et soir (ibid. 6, 4–9 et 11, 13–21 ; Nbres 15, 37–41) ; la prière (plus précisément, la ‘Amida des trois offices quotidiens) ; les bénédictions après le repas. Il en va de même pour la déclaration sous serment de ne pouvoir rendre témoignage en faveur d’un demandeur – condamnant à apporter une offrande en cas de parjure (Lév. 5, 1), et pour le serment prêté par un gardien accusé de s’être approprié ce qui lui avait été remis en dépôt (ibid. 5, 21–25).
אֵלּוּ נֶאֱמָרִין בְּכׇל לָשׁוֹן פָּרָשַׁת סוֹטָה וּוִידּוּי מַעֲשֵׂר קְרִיַּת שְׁמַע וּתְפִלָּה וּבִרְכַּת הַמָּזוֹן וּשְׁבוּעַת הָעֵדוּת וּשְׁבוּעַת הַפִּיקָּדוֹן
En revanche, ces autres textes doivent être dits en hébreu, dans les termes de la Tora : les versets (Deut. 26, 5–11) récités lors de l’offrande des prémices, les déclarations des intéressés (ibid. 25, 7–9) lors de la cérémonie du déchaussement libérant la veuve d’un homme décédé sans enfant en lieu et place du lévirat ; les bénédictions et les malédictions adressées par les Lévites à l’époque de Josué au peuple hébreu, au mont Guerizim et au mont ‘Eyval (voir plus loin dans la michna) ; la bénédiction (Nbres 6, 24–26) que les Cohanim récitent les bras tendus (voir michna en 37b) ; les huit bénédictions prononcées au Temple par le Cohen Gadol à la fin du Service de Kipour (voir michna en 40b) ; le passage de la Tora lu au Temple par le roi (Deut. 31, 10–13) lors du rassemblement du peuple, durant la fête de Soucot de l’année sabbatique (voir michna en 41a) ; les paroles prononcées au moment où l’on brise la nuque d’une génisse (ibid. 21, 1–9), suivant le rituel d’expiation prescrit pour un crime dont l’auteur n’a pas été identifié (voir chap. 9 de notre traité) ; la harangue du Cohen oint pour la guerre (Deut. 20, 2–4), chargé d’adresser au peuple des paroles d’encouragement avant le combat (voir chap. 8 de notre traité). וְאֵלּוּ נֶאֱמָרִין בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ מִקְרָא בִּיכּוּרִים וַחֲלִיצָה בְּרָכוֹת וּקְלָלוֹת בִּרְכַּת כֹּהֲנִים וּבִרְכַּת כֹּהֵן גָּדוֹל וּפָרָשַׁת הַמֶּלֶךְ וּפָרָשַׁת עֶגְלָה עֲרוּפָה וּמְשׁוּחַ מִלְחָמָה בְּשָׁעָה שֶׁמְּדַבֵּר אֶל הָעָם
Comment déduisons-nous du texte de la Tora que les versets se rapportant à l’offrande des prémices doivent être récités en hébreu ? Il est écrit à son sujet (ibid. 26, 5) – « Tu proclameras et tu diras devant l’Éternel ton Dieu ». Plus loin, à propos des bénédictions et des malédictions prononcées par les Lévites postés entre le mont Guerizim et le mont ‘Eyval (ibid. 27, 14), il est dit – « Les Lévites proclameront et diront ». On apprend de cette analogie que l’emploi de l’hébreu, obligatoire dans ce dernier cas (comme prouvé par la suite), l’est aussi ici, lors de l’offrande des prémices. מִקְרָא בִּיכּוּרִים כֵּיצַד וְעָנִיתָ וְאָמַרְתָּ לִפְנֵי ה׳ אֱלֹהֶיךָ וּלְהַלָּן הוּא אוֹמֵר וְעָנוּ הַלְוִיִּם וְאָמְרוּ מָה לְהַלָּן בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ אַף כָּאן בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ
Comment sait-on qu’il en va de même pour la cérémonie du déchaussement [‘halitsa] ? Le premier Tana, anonyme, le déduit par une analogie semblable à la précédente. Il est écrit au sujet de la femme qui accomplit la ‘halitsa (Deut. 25, 9) – « Elle proclamera et dira : comme ceci il sera fait à l’homme qui ne rebâtit pas la maison de son frère ». Et il est dit plus loin, dans le verset déjà cité – « Les Lévites proclameront et diront ». On en conclut que l’emploi de l’hébreu, obligatoire dans ce dernier cas, l’est ici aussi. חֲלִיצָה כֵּיצַד וְעָנְתָה וְאָמְרָה וּלְהַלָּן הוּא אוֹמֵר וְעָנוּ הַלְוִיִּם וְאָמְרוּ מָה לְהַלָּן בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ אַף כָּאן בִּלְשׁוֹן הַקּוֹדֶשׁ
Rabbi Yehouda, lui, lit le verset ainsi : « Elle proclamera et dira comme ceci ». Il en déduit – sans recourir à une analogie – que la veuve accomplissant la ‘halitsa doit s’exprimer en hébreu, dans les termes mêmes de la Tora. רַבִּי יְהוּדָה אוֹמֵר וְעָנְתָה וְאָמְרָה כָּכָה עַד שֶׁתֹּאמַר בַּלָּשׁוֹן הַזֶּה

Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)

Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.

Dans quelles circonstances les Lévites ont-ils prononcé les bénédictions et les malédictions à l’époque de Josué ? Après la traversée du Jourdain, les Hébreux arrivèrent au mont Guerizim et au mont ‘Eyval en Samarie, du côté de Sichem, près des chênes de Moré. En effet, il est écrit (ibid. 11, 30) : « Voici ils (le mont Guerizim et le mont ‘Eyval) sont de l’autre côté du Jourdain… près des chênes de Moré », et il est indiqué par ailleurs (Gen. 12, 6) – « Avram traversa le pays jusqu’à la localité de Sichem, jusqu’au chêne de Moré ». Là, le chêne de Moré est localisé à Sichem et il en va de même pour ceux mentionnés dans le Deutéronome. בְּרָכוֹת וּקְלָלוֹת כֵּיצַד כֵּיוָן שֶׁעָבְרוּ יִשְׂרָאֵל אֶת הַיַּרְדֵּן וּבָאוּ אֶל הַר גְּרִיזִים וְאֶל הַר עֵיבָל שֶׁבְּשׁוֹמְרוֹן שֶׁבְּצַד שְׁכֶם שֶׁבְּאֵצֶל אֵלוֹנֵי מוֹרֶה שֶׁנֶּאֱמַר הֲלֹא הֵמָּה בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן וְגוֹ׳ וּלְהַלָּן הוּא אוֹמֵר וַיַּעֲבֹר אַבְרָם בָּאָרֶץ עַד מְקוֹם שְׁכֶם עַד אֵלוֹן מוֹרֶה מָה אֵלוֹן מוֹרֶה הָאָמוּר לְהַלָּן שְׁכֶם אַף אֵלוֹן מוֹרֶה הָאָמוּר כָּאן שְׁכֶם
Six tribus montèrent au sommet du mont Guerizim et les six autres, au sommet du mont ‘Eyval (Deut. 27, 12–13), alors que des Cohanim et des Lévites restèrent en bas avec l’Arche sainte, au milieu des deux collines. Les Cohanim, postés autour de l’Arche, étaient entourés par les Lévites, tout le reste du peuple d’Israël se trouvant dispersé de part et d’autre, sur les deux collines, car il est dit (Jos. 8, 33) – « Tout Israël, ses Anciens, ses chefs et ses juges se tenaient de part et d’autre de l’Arche… une moitié vers le mont Guerizim et une moitié vers le mont ‘Eyval. » שִׁשָּׁה שְׁבָטִים עָלוּ לְרֹאשׁ הַר גְּרִיזִים וְשִׁשָּׁה שְׁבָטִים עָלוּ לְרֹאשׁ הַר עֵיבָל וְהַכֹּהֲנִים וְהַלְוִיִּם וְהָאָרוֹן עוֹמְדִים לְמַטָּה בָּאֶמְצַע הַכֹּהֲנִים מַקִּיפִין אֶת הָאָרוֹן וְהַלְוִיִּם אֶת הַכֹּהֲנִים וְכׇל יִשְׂרָאֵל מִכָּאן וּמִכָּאן שֶׁנֶּאֱמַר וְכׇל יִשְׂרָאֵל וּזְקֵנָיו וְשֹׁטְרִים וְשֹׁפְטָיו עוֹמְדִים מִזֶּה וּמִזֶּה לָאָרוֹן וְגוֹ׳
Les Lévites se tournèrent vers le mont Guerizim et commencèrent par réciter cette bénédiction : « Béni soit l’homme qui ne fabriquera pas de statue ni d’idole en métal » (déduite implicitement de la malédiction en Deut. 27, 15) ; toutes les tribus postées sur les deux collines répondirent Amen. Puis les Lévites se tournèrent vers le mont ‘Eyval et commencèrent par proférer cette malédiction : « Maudit soit l’homme qui fabriquera une statue ou une idole en métal » (ibid.) et toutes les tribus postées sur les deux collines répondirent Amen. Et ainsi de suite jusqu’à la fin des bénédictions et des malédictions (ibid. 27, 16–26). הָפְכוּ פְּנֵיהֶם כְּלַפֵּי הַר גְּרִיזִים וּפָתְחוּ בִּבְרָכָה בָּרוּךְ הָאִישׁ אֲשֶׁר לֹא יַעֲשֶׂה פֶסֶל וּמַסֵּכָה וְאֵלּוּ וָאֵלּוּ עוֹנִין אָמֵן הָפְכוּ פְּנֵיהֶם כְּלַפֵּי הַר עֵיבָל וּפָתְחוּ בִּקְלָלָה אָרוּר הָאִישׁ אֲשֶׁר יַעֲשֶׂה פֶסֶל וּמַסֵּכָה וְאֵלּוּ וָאֵלּוּ עוֹנִין אָמֵן עַד שֶׁגּוֹמְרִין בְּרָכוֹת וּקְלָלוֹת
Puis, ils apportèrent des pierres, bâtirent l’autel, l’enduisirent de chaux et y gravèrent toutes les paroles de la Tora en soixante-dix langues, car il est dit (ibid. 25, 5 et 8) – « Tu bâtiras un autel à l’Éternel ton Dieu, un autel de pierres… et tu écriras sur les pierres toutes les paroles de cette Tora en [les] expliquant bien » – pour tous, y compris l’ensemble des nations. Après avoir apporté les offrandes sur l’autel, ils le détruisirent. Puis ils prirent les pierres et vinrent וְאַחַר כָּךְ הֵבִיאוּ אֶת הָאֲבָנִים וּבָנוּ אֶת הַמִּזְבֵּחַ וְסָדוּהוּ בְּסִיד וְכָתְבוּ עָלָיו אֶת כׇּל דִּבְרֵי הַתּוֹרָה בְּשִׁבְעִים לָשׁוֹן שֶׁנֶּאֱמַר בַּאֵר הֵיטֵב וְנָטְלוּ אֶת הָאֲבָנִים וּבָאוּ