Les autres Sages interdisent de procéder de la sorte (la raison en sera donnée par la suite). »
וַחֲכָמִים אוֹסְרִין
L’auteur anonyme d’une baraïta affirme que Rabbi Eli‘ézer permet de mettre entre les deux pâtes même un morceau d’un volume équivalent à celui d’un œuf.
וְתַנְיָא כְּבֵיצָה
Les élèves qui voulaient prouver que, d’après Rabbi Eli‘ézer, l’impureté au deuxième degré ne se transmet pas au troisième degré, ont avancé ces deux présupposés : la michna du traité ‘Hala et la baraïta se rapportent l’une et l’autre à une pâte impure au premier degré, et un aliment profane ayant le statut de tével avant le prélèvement de la ‘hala n’est pas comparable à la ‘hala qui, elle, peut devenir impure au troisième degré, à l’instar de la terouma.
סַבְרוּהָ אִידֵּי וְאִידֵּי בְּעִיסָּה רִאשׁוֹנָה וְחוּלִּין הַטְּבוּלִין לְחַלָּה לָא כְּחַלָּה דָּמוּ
Dans ces conditions, on peut expliquer ainsi le débat entre Rabbi Eli‘ézer et les autres Sages. Rabbi Eli‘ézer permet, selon la baraïta, de prendre une pâte intermédiaire du volume d’un œuf, car elle devient impure au deuxième degré mais ne transmet pas l’impureté au troisième degré à la pâte qui est encore profane avant le prélèvement de la ‘hala.
מַאי לָאו בְּהָא קָמִיפַּלְגִי דְּמָר סָבַר אֵין שֵׁנִי עוֹשֶׂה שְׁלִישִׁי בְּחוּלִּין
En revanche, les autres Sages interdisent le procédé décrit par Rabbi Eli‘ézer car, selon eux, un aliment impur au deuxième degré – en l’occurrence, la pâte intermédiaire – rend impurs au troisième degré des aliments profanes (ici, la pâte pure avant le prélèvement de la ‘hala). D’après la michna du traité ‘Hala, Rabbi Eli‘ézer demande que le volume de la pâte intermédiaire soit inférieur à celui d’un œuf pour limiter autant que possible la quantité de nourriture recevant l’impureté ou de peur que le morceau de pâte intermédiaire touche la ‘hala après son prélèvement ; les autres Sages interdisent le procédé de Rabbi Eli‘ézer de crainte qu’on ne prenne par erreur une pâte intermédiaire du volume d’un œuf et qu’elle rende impure la ‘hala.
וּמָר סָבַר שֵׁנִי עוֹשֶׂה שְׁלִישִׁי בְּחוּלִּין
Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)
Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.
Rav Mari fils de Rav Cahana réfute : les autres Sages conviennent avec Rabbi Eli‘ézer qu’un aliment impur au deuxième degré ne transmet pas l’impureté au troisième degré à un aliment profane. Ici, ils discutent pour savoir si une pâte profane avant le prélèvement de la ‘hala a le même statut que la ‘hala elle-même. Les autres Sages interdisent le procédé de Rabbi Eli‘ézer, car, d’après eux, la pâte profane avant le prélèvement de la ‘hala deviendrait impure au troisième degré, comme la ‘hala – alors que Rabbi Eli‘ézer rejette cette analogie.
אָמַר רַב מָרִי בְּרֵיהּ דְּרַב כָּהֲנָא דְּכוּלֵּי עָלְמָא אֵין שֵׁנִי עוֹשֶׂה שְׁלִישִׁי בְּחוּלִּין וְהָכָא בְּחוּלִּין הַטְּבוּלִין לְחַלָּה קָמִיפַּלְגִי מָר סָבַר כְּחַלָּה דָּמוּ וּמָר סָבַר לָא כְּחַלָּה דָּמוּ
On peut aussi prétendre que de l’avis unanime, une pâte profane avant le prélèvement de la ‘hala n’est pas comparable à la ‘hala elle-même et un aliment profane, impur au deuxième degré, ne transmet pas l’impureté au-delà. Ici, ils discutent s’il est permis de provoquer l’impureté d’aliments profanes en Erets-Israël.
וְאִיבָּעֵית אֵימָא דְּכוּלֵּי עָלְמָא חוּלִּין הַטְּבוּלִין לְחַלָּה לָא כְּחַלָּה דָּמוּ וְאֵין שֵׁנִי עוֹשֶׂה שְׁלִישִׁי בְּחוּלִּין וְהָכָא בְּמוּתָּר לִגְרוֹם טוּמְאָה לְחוּלִּין שֶׁבְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל קָמִיפַּלְגִי
Pour l’auteur de la baraïta, Rabbi Eli‘ézer autorise sans restriction à rendre impur le morceau de pâte intermédiaire pour prélever la ‘hala sur celle qui est pure. Selon l’auteur de la michna, Rabbi Eli‘ézer admet qu’il faut limiter autant que possible l’impureté des aliments profanes en Erets-Israël. Les autres Sages, eux, interdisent tout procédé entraînant cette impureté.
מָר סָבַר מוּתָּר לִגְרוֹם טוּמְאָה לְחוּלִּין שֶׁבְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל וּמָר סָבַר אָסוּר לִגְרוֹם טוּמְאָה לְחוּלִּין שֶׁבְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל
§ Retour à notre michna : en ce même jour, Rabbi ‘Akiba expliqua les versets – du chapitre 35 des Nombres – se rapportant aux territoires attribués aux Lévites. D’après lui, les deux mille coudées mentionnées au verset 5 indiquent la distance maximale qu’il est permis de parcourir le Chabat à partir de la ville. Selon Rabbi Eli‘ézer fils de Rabbi Yossè le Galiléen, la mention de deux mille coudées vient octroyer aux Lévites une étendue de champs et de vignes.
בּוֹ בַּיּוֹם דָּרַשׁ רַבִּי עֲקִיבָא וְכוּ׳
Sur quoi porte leur débat ? Rabbi ‘Akiba pense que la loi biblique a limité la distance permise le Chabat alors que Rabbi Eli‘ézer, fils de Rabbi Yossè le Galiléen, affirme que cette restriction est d’origine rabbinique.
בְּמַאי קָא מִיפַּלְגִי מָר סָבַר תְּחוּמִין דְּאוֹרָיְיתָא וּמָר סָבַר דְּרַבָּנַן
§ Suite de notre michna : « En ce même jour, Rabbi ‘Akiba affirma qu’après chaque phrase chantée par Moïse, les Enfants d’Israël répétaient le refrain (“Je chanterai pour l’Éternel, car Il est souverainement puissant”), comme lors de la lecture publique du Hallel où l’assemblée répond à l’officiant. Selon Rabbi Ne‘hémya, le Cantique de la mer a été chanté par Moïse et le peuple d’Israël, comme le Chema est lu en public. » Cette controverse est clarifiée dans la baraïta suivante (qui rapporte aussi un troisième avis) – « En ce même jour, Rabbi ‘Akiba déclara : lorsque les Enfants d’Israël sortirent sains et saufs de la mer, ils décidèrent de dire un cantique. Et comment ont-ils procédé ? Sur le modèle de la lecture publique du Hallel par un officiant adulte, où les fidèles répondent après lui par les débuts de chapitres (c’est-à-dire le mot Halelouya). Ici aussi, pour le Cantique de la mer, Moïse dit – “Je chanterai pour l’Éternel” (Ex. 15, 1), et eux répondirent : “Je chanterai pour l’Éternel.” Moïse dit – “Car Il est souverainement puissant”, et eux dirent : “Je chanterai pour l’Éternel” et ainsi de suite.
תָּנוּ רַבָּנַן בּוֹ בַּיּוֹם דָּרַשׁ רַבִּי עֲקִיבָא בְּשָׁעָה שֶׁעָלוּ יִשְׂרָאֵל מִן הַיָּם נָתְנוּ עֵינֵיהֶם לוֹמַר שִׁירָה וְכֵיצַד אָמְרוּ שִׁירָה כְּגָדוֹל הַמַּקְרֶא אֶת הַלֵּל וְהֵן עוֹנִין אַחֲרָיו רָאשֵׁי פְרָקִים מֹשֶׁה אָמַר אָשִׁירָה לַה׳ וְהֵן אוֹמְרִים אָשִׁירָה לַה׳ מֹשֶׁה אָמַר כִּי גָאֹה גָּאָה וְהֵן אוֹמְרִים אָשִׁירָה לַה׳
Selon Rabbi Eli‘ézer, fils de Rabbi Yossè le Galiléen, ils ont dit le cantique sur le modèle de la lecture publique du Hallel par un mineur, où les fidèles doivent répéter après lui chaque verset pour s’acquitter de leur obligation (voir Souca 38a). D’après lui, Moïse dit – “Je chanterai pour l’Éternel”, et eux répétèrent : “Je chanterai pour l’Éternel.” Moïse dit – “Car Il est souverainement puissant”, et eux dirent : “Car Il est souverainement puissant.”
רַבִּי אֱלִיעֶזֶר בְּנוֹ שֶׁל רַבִּי יוֹסֵי הַגְּלִילִי אוֹמֵר כְּקָטָן הַמַּקְרֶא אֶת הַלֵּל וְהֵן עוֹנִין אַחֲרָיו כׇּל מָה שֶׁהוּא אוֹמֵר מֹשֶׁה אָמַר אָשִׁירָה לַה׳ וְהֵן אוֹמְרִים אָשִׁירָה לַה׳ מֹשֶׁה אָמַר כִּי גָאֹה גָּאָה וְהֵן אוֹמְרִים כִּי גָאֹה גָּאָה
Pour Rabbi Ne‘hémya, le rôle de Moïse lors du Cantique de la mer fut comparable à celui d’un précepteur. Se trouvant en permanence à la synagogue, il commence à lire les bénédictions avant le Chema en présence de dix assistants qui le rejoignent aussitôt pour les réciter en chœur avec lui. » En l’occurrence, les Hébreux reçurent l’inspiration prophétique et chantèrent avec Moïse tout le cantique rapporté dans l’Écriture.
רַבִּי נְחֶמְיָה אוֹמֵר כְּסוֹפֵר הַפּוֹרֵס עַל שְׁמַע בְּבֵית הַכְּנֶסֶת שֶׁהוּא פּוֹתֵחַ תְּחִילָּה וְהֵן עוֹנִין אַחֲרָיו
Sur quoi porte leur débat ? Sur l’interprétation de la redondance du verset (Ex. 15, 1) – « Alors Moïse chanta avec les Enfants d’Israël ce cantique pour l’Éternel et ils parlèrent [va-yomrou] pour dire [lèmor] [ceci] », Rabbi ‘Akiba pense : l’expression « pour dire » signifie que les Enfants d’Israël répétaient toujours les premiers mots (« Je chanterai pour l’Éternel, car Il est souverainement puissant ») après chaque phrase chantée par Moïse.
בְּמַאי קָמִיפַּלְגִי רַבִּי עֲקִיבָא סָבַר לֵאמֹר אַמִּילְּתָא קַמַּיְיתָא
En revanche, selon Rabbi Eli‘ézer fils de Rabbi Yossè le Galiléen, l’expression « pour dire » signifie que les Enfants d’Israël répétaient chaque phrase chantée par Moïse. Enfin, Rabbi Ne‘hémya déduit de l’expression « ils parlèrent » qu’ils ont tous chanté en chœur avec Moïse, la formule « pour dire » indiquant toutefois que ce dernier a entonné le cantique en premier.
וְרַבִּי אֱלִיעֶזֶר בְּנוֹ שֶׁל רַבִּי יוֹסֵי הַגְּלִילִי סָבַר לֵאמֹר אַכֹּל מִילְּתָא וּמִילְּתָא וְרַבִּי נְחֶמְיָה סָבַר וַיֹּאמְרוּ דַּאֲמוּר כּוּלְּהוּ בַּהֲדֵי הֲדָדֵי לֵאמֹר דִּפְתַח מֹשֶׁה בְּרֵישָׁא
§ Nos maîtres ont enseigné dans une autre baraïta – « Rabbi Yossè le Galiléen déclara : lorsque les Enfants d’Israël sortirent de la mer, ils décidèrent tous . . . y compris les bébés, de chanter un cantique. Comment cela s’est-il passé ? Les petits enfants étaient sur les genoux de leur mère, et les nourrissons tétaient le sein maternel. Lorsqu’ils virent la Présence divine, les petits enfants levèrent le cou, les nourrissons lâchèrent le mamelon de la bouche et chantèrent : “C’est mon Dieu et je Le glorifierai.” En effet, il est dit (Ps. 8, 3) : “De la bouche des petits enfants et des nourrissons, Tu as affirmé la puissance.”
תָּנוּ רַבָּנַן דָּרַשׁ רַבִּי יוֹסֵי הַגְּלִילִי בְּשָׁעָה שֶׁעָלוּ יִשְׂרָאֵל מִן הַיָּם נָתְנוּ עֵינֵיהֶם לוֹמַר שִׁירָה וְכֵיצַד אָמְרוּ שִׁירָה עוֹלָל מוּטָּל עַל בִּרְכֵּי אִמּוֹ וְתִינוֹק יוֹנֵק מִשְּׁדֵי אִמּוֹ כֵּיוָן שֶׁרָאוּ אֶת הַשְּׁכִינָה עוֹלָל הִגְבִּיהַּ צַוָּארוֹ וְתִינוֹק שָׁמַט דַּד מִפִּיו וְאָמְרוּ זֶה אֵלִי וְאַנְוֵהוּ שֶׁנֶּאֱמַר מִפִּי עוֹלְלִים וְיֹנְקִים יִסַּדְתָּ עֹז
Rabbi Mèir disait : de quel verset déduisons-nous que même les embryons dans les entrailles de leurs mères chantèrent le cantique ? Du verset (Ps. 68, 27) :
הָיָה רַבִּי מֵאִיר אוֹמֵר מִנַּיִן שֶׁאֲפִילּוּ עוּבָּרִים שֶׁבִּמְעֵי אִמָּן אָמְרוּ שִׁירָה שֶׁנֶּאֱמַר
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