Et jusqu’à quel âge doit-il avoir étudié avant de devenir un bon enseignant ? Jusqu’à l’âge de quarante ans. Est-ce vrai, interroge la guemara ? Pourtant Raba, mort à cet âge, a enseigné bien avant (Roch Hachana 18a) ! Réponse : quand un sage a atteint le même niveau d’érudition que le rabbin de la ville, il a le droit d’enseigner même s’il n’a pas encore l’âge requis.
וְעַד כַּמָּה עַד אַרְבְּעִין שְׁנִין אִינִי וְהָא רַבָּה אוֹרִי בְּשָׁוִין
§ Dans notre michna, Rabbi Yehochoua mentionne également parmi ceux qui entraînent la ruine du monde « les dévots pharisiens qui se donnent des airs contrits ». À ce propos, une baraïta énumère sept catégories de Pharisiens entraînant la ruine du monde : le Pharisien chekhémite, le Pharisien qui se blesse, le Pharisien sanguinolent, le Pharisien-pilon, le Pharisien qui dit : « Quel est mon devoir et je l’accomplirai », le Pharisien par amour et le Pharisien par crainte.
וּמַכּוֹת פְּרוּשִׁין וְכוּ׳ תָּנוּ רַבָּנַן שִׁבְעָה פְּרוּשִׁין הֵן פָּרוּשׁ שִׁיכְמִי פָּרוּשׁ נִקְפִּי פָּרוּשׁ קִיזַּאי פָּרוּשׁ מְדוּכְיָא פָּרוּשׁ מָה חוֹבָתִי וְאֶעֱשֶׂנָּה פָּרוּשׁ מֵאַהֲבָה פָּרוּשׁ מִיִּרְאָה
Et la guemara d’expliquer : le « Pharisien chekhémite », c’est celui qui accomplit un acte religieux à des fins personnelles, comme les habitants de Chekhem (Sichem) qui se circoncirent dans l’unique but de se marier avec les filles de Jacob (Gen. chap. 34). Le « Pharisien qui se blesse », c’est celui qui se blesse les pieds à force de les traîner en marchant à petits pas pour montrer à tous son humilité.
Le « Pharisien sanguinolent », selon Rav Na‘hman bar Yits‘hak c’est celui qui se fait saigner à force de se cogner contre les murs parce qu’il marche les yeux fermés pour ne pas regarder les femmes. Le « Pharisien-pilon », explique Raba bar Cheila, c’est celui qui marche courbé, si bien que sa silhouette est comme l’extrémité supérieure d’un piston de mortier.
פָּרוּשׁ שִׁיכְמִי זֶה הָעוֹשֶׂה מַעֲשֵׂה שְׁכֶם פָּרוּשׁ נִקְפִּי זֶה הַמְנַקֵּיף אֶת רַגְלָיו פָּרוּשׁ קִיזַּאי אָמַר רַב נַחְמָן בַּר יִצְחָק זֶה הַמַּקִּיז דָּם לַכְּתָלִים פָּרוּשׁ מְדוּכְיָא אָמַר רַבָּה בַּר שֵׁילָא דִּמְשַׁפַּע כִּי מְדוּכְיָא
Le Pharisien qui déclare sans cesse « Quel est mon devoir et je l’accomplirai » est-il réellement un faux dévot, interroge la guemara ? N’est-ce pas une qualité de s’enquérir de ses obligations afin de les respecter ?
Mais en réalité, l’auteur de la baraïta se réfère à celui qui demande : « Quel devoir me reste-t-il à accomplir ? », laissant entendre qu’il a déjà accompli tous ses devoirs et qu’il est un homme parfait.
פָּרוּשׁ מָה חוֹבָתִי וְאֶעֱשֶׂנָּה הָא מְעַלְּיוּתָא הִיא אֶלָּא דְּאָמַר מָה חוֹבָתִי תּוּ וְאֶעֱשֶׂנָּה
Quand Abayè et Rava entendirent le récitant de la baraïta ajouter « le Pharisien par amour de la récompense et le pharisien par crainte du châtiment », ils lui dirent : n’enseigne pas le Pharisien par amour et le pharisien par crainte parmi ceux qui ruinent le monde. En effet, Rav Yehouda a déclaré au nom de Rav : il vaut mieux étudier et pratiquer la Tora de manière non désintéressée plutôt que de s’en abstenir, car on en viendra finalement à étudier et pratiquer de manière désintéressée.
פָּרוּשׁ מֵאַהֲבָה פָּרוּשׁ מִיִּרְאָה אֲמַרוּ לֵיהּ אַבָּיֵי וְרָבָא לְתַנָּא לָא תִּיתְּנֵי פָּרוּשׁ מֵאַהֲבָה פָּרוּשׁ מִיִּרְאָה דְּאָמַר רַב יְהוּדָה אָמַר רַב לְעוֹלָם יַעֲסוֹק אָדָם בַּתּוֹרָה וּבְמִצְוֹת אֲפִילּוּ שֶׁלֹּא לִשְׁמָהּ שֶׁמִּתּוֹךְ שֶׁלֹּא לִשְׁמָהּ בָּא לִשְׁמָהּ
Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)
Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.
Rav Na‘hman bar Yits‘hak a déclaré : ce qui est caché est caché, et ce qui est dévoilé est dévoilé, mais la Haute Cour céleste châtiera ceux qui se couvrent du manteau de la fausse dévotion. Le terme « Pharisien » [parouch] n’a pas toujours été péjoratif. À l’origine, il désignait les Sages, respectueux de la Tora écrite et orale et « séparés » [perouchim] de la secte dissidente des Saducéens, qui rejetaient la Tora orale. Avant sa mort, le roi Jannée, haï par les Pharisiens parce qu’il avait massacré un grand nombre des leurs et s’était rallié aux Saducéens (voir Kidouchin 66a), dit à sa femme, pour la tranquilliser – elle craignait que la transmission du pouvoir à ses fils ne suscite une vive opposition : « N’aie crainte ni des vrais Pharisiens, qui ne feront pas de mal à tes fils innocents, ni de ceux qui ne sont pas Pharisiens, à savoir les Saducéens qui sont mes sympathisants. Crains seulement les hypocrites se faisant passer pour des Pharisiens, car leur conduite est aussi honteuse que celle de Zimri – qui se livra à la débauche avec une princesse midianite (voir Nbres 25, 6) – et ils veulent pourtant être récompensés comme Pin‘has – promis à la prêtrise pour avoir tué Zimri (ibid. 25, 8–13) et avoir ainsi arrêté l’épidémie qui sévissait contre le peuple. »
אָמַר רַב נַחְמָן בַּר יִצְחָק דְּמִטַּמְּרָא מִטַּמְּרָא וּדְמִגַּלְּיָא מִגַּלְּיָא בֵּי דִינָא רַבָּה לִיתְפְּרַע מֵהָנֵי דְּחָפוּ גּוּנְדֵי אֲמַר לַהּ יַנַּאי מַלְכָּא לִדְבֵיתֵיהּ אַל תִּתְיָרְאִי מִן הַפְּרוּשִׁין וְלֹא מִמִּי שֶׁאֵינָן פְּרוּשִׁין אֶלָּא מִן הַצְּבוּעִין שֶׁדּוֹמִין לִפְרוּשִׁין שֶׁמַּעֲשֵׂיהֶן כְּמַעֲשֵׂה זִמְרִי וּמְבַקְּשִׁין שָׂכָר כְּפִנְחָס
MICHNA Dans la michna précédente, un Tana anonyme affirme qu’un mérite de l’accusée est capable de suspendre les effets des eaux amères pendant une, deux ou trois années. Rabbi Chim‘on exclut cette éventualité, enseignant pour sa part qu’un mérite ne suspend pas les effets des eaux amères. Car si tu disais qu’un mérite suspend les effets des eaux amères, la force de dissuasion de ces eaux en serait atténuée auprès des femmes amenées à les boire : elles penseront que leur mérite les préservera du châtiment, si bien qu’elles n’hésiteront pas à se soumettre à l’épreuve plutôt que d’avouer leur faute. En outre, cela reviendrait à diffamer les femmes pures, c’est-à-dire innocentes, qui auront bu les eaux amères sans avoir à en souffrir. Les gens diront en effet qu’en réalité elles étaient bel et bien coupables, mais que leur mérite a suspendu l’effet des eaux amères.
Rabbi Yehouda ha-Nassi enseigne : le mérite suspend les effets des eaux amères, si bien que la femme effectivement coupable n’en meurt pas aussitôt, néanmoins elle n’enfante plus et ne jouit plus d’une santé florissante ; au contraire elle dépérit et connaît finalement la mort décrite par la Tora (Nbres 5, 27) : « son ventre gonflera et son flanc s’affaissera. »
מַתְנִי׳ רַבִּי שִׁמְעוֹן אוֹמֵר אֵין זְכוּת תּוֹלָה בְּמַיִם הַמָּרִים וְאִם אַתָּה אוֹמֵר הַזְּכוּת תּוֹלָה בַּמַּיִם הַמְאָרְרִין מַדְהֶה אַתָּה אֶת הַמַּיִם בִּפְנֵי כׇּל הַנָּשִׁים הַשּׁוֹתוֹת וּמוֹצִיא אַתָּה שֵׁם רַע עַל הַטְּהוֹרוֹת שֶׁשָּׁתוּ שֶׁאוֹמְרִים טְמֵאוֹת הֵן אֶלָּא שֶׁתָּלְתָה לָהֶן זְכוּת רַבִּי אוֹמֵר הַזְּכוּת תּוֹלָה בְּמַיִם הַמְאָרְרִים וְאֵינָהּ יוֹלֶדֶת וְאֵינָהּ מַשְׁבַּחַת אֶלָּא מִתְנַוְּונָה וְהוֹלֶכֶת לְסוֹף הִיא מֵתָה בְּאוֹתָהּ מִיתָה
Si l’offrande d’une femme soupçonnée d’adultère a été rendue impure avant d’avoir été consacrée dans un ustensile du Service, elle sera rachetée comme toutes les autres offrandes dans les mêmes circonstances. Mais si elle est devenue impure après avoir été consacrée dans un ustensile du Service, elle sera brûlée comme toutes les autres offrandes. Et voici celles dont les offrandes seront brûlées une fois consacrées dans un ustensile du Service, car elles ne peuvent plus passer l’épreuve des eaux amères :
נִטְמֵאת מִנְחָתָהּ עַד שֶׁלֹּא קָדְשָׁה בִּכְלִי הֲרֵי הִיא כְּכׇל הַמְּנָחוֹת וְתִפָּדֶה וְאִם מִשֶּׁקָּדְשָׁה בִּכְלִי הֲרֵי הִיא כְּכׇל הַמְּנָחוֹת וְתִשָּׂרֵף וְאֵלּוּ שֶׁמִּנְחוֹתֵיהֶן נִשְׂרָפוֹת
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