Il avait entendu Rabbi Mèir affirmer (à l’instar de Rabbi Yehouda ha-Nassi, dans une baraïta rapportée en 8b) : la femme adultère a fait goûter à son amant toutes sortes de mets délicieux, c’est pourquoi elle doit apporterune offrande d’orge, céréale utiliséepour nourrir les animaux. Il lui objecta : certes, cette explication vaut pour une femmeriche, mais que dira-t-on pour une femme pauvre ? En vérité, conclut Rabban Gamliel, la sota doit apporter une offrande d’orge, car de la même façon qu’elle a adopté un comportement bestial en s’isolant avec un étranger, son offrande sera de céréales, utilisées pour nourrir les animaux.
דְּשַׁמְעֵיהּ לְרַבִּי מֵאִיר דְּקָאָמַר הִיא הֶאֱכִילַתּוּ מַעֲדַנֵּי עוֹלָם לְפִיכָךְ קׇרְבָּנָהּ מַאֲכַל בְּהֵמָה אָמַר לוֹ הָתִינַח עֲשִׁירָה עֲנִיָּה מַאי אִיכָּא לְמֵימַר אֶלָּא כְּשֵׁם שֶׁמַּעֲשֶׂיהָ מַעֲשֵׂה בְהֵמָה כָּךְ קׇרְבָּנָהּ מַאֲכַל בְּהֵמָה
MICHNA La michna poursuit la description du rituel de l’épreuve des eaux amères – D’après un premier Tana, anonyme, un Cohen apportait une phiale (un vase) en argile et y versait un demi-log (environ, un quart de litre) d’eau puisée dans le bassin du Temple, car il est écrit (Nbres 5, 17) : « Le Cohen prendra de l’eau consacrée dans un ustensile en argile » ; l’eau était consacrée parce qu’elle provenait du Bassin. Selon Rabbi Yehouda, il versait seulement un quart de log d’eau dans la phiale.
De même que selon ce Tana (voir michna suivante en 17a), le passage biblique transcrit sur le parchemin est moindre (comparé à celui prescrit par le premier Tana), de même il exige moins d’eau.
מַתְנִי׳ הָיָה מֵבִיא פְּיָלִי שֶׁל חֶרֶס וְנוֹתֵן לְתוֹכָהּ חֲצִי לוֹג מַיִם מִן הַכִּיּוֹר רַבִּי יְהוּדָה אוֹמֵר רְבִיעִית כְּשֵׁם שֶׁמְּמַעֵט בַּכְּתָב כָּךְ מְמַעֵט בַּמַּיִם
Le Cohen entrait dans le Heikhal et se dirigeait vers la droite. Il y avait là un endroit d’une coudée carrée, comprenant une dalle en marbre avec un anneau fixe pour la soulever. Il prenait de la terre en dessous et l’ajoutait dans la phiale en quantité suffisante pour qu’elle soit visible dans l’eau,
car il est dit (Nbres 5, 17) : « Et de la poussière qui sera sur le sol du Tabernacle, le Cohen prendra et mettra sur l’eau. »
נִכְנַס לַהֵיכָל וּפָנָה לִימִינוֹ וּמָקוֹם הָיָה שָׁם אַמָּה עַל אַמָּה וְטַבְלָא שֶׁל שַׁיִשׁ וְטַבַּעַת הָיְתָה קְבוּעָה בָּהּ כְּשֶׁהוּא מַגְבִּיהַּ וְנוֹטֵל עָפָר מִתַּחְתֶּיהָ וְנוֹתֵן כְּדֵי שֶׁיֵּרָאֶה עַל הַמַּיִם שֶׁנֶּאֱמַר וּמִן הֶעָפָר אֲשֶׁר יִהְיֶה בְּקַרְקַע הַמִּשְׁכָּן יִקַּח הַכֹּהֵן וְנָתַן אֶל הַמָּיִם
GUEMARA On a enseigné dans une baraïta : « Rabbi Yichma‘el affirme – contrairement aux autres Sages, représentés par le Tana anonyme de notre michna qui requiert un ustensile en argile, sans se soucier de son état – que le Cohen doit utiliser une phiale en argile, neuve. » Quelle est la raison de Rabbi Yichma‘el ? Réponse – Il l’a appris par une analogie sémantique fondée sur l’emploi du mot « ustensile » ici et à propos de la purification du lépreux. De même que là-bas, il faut utiliser un ustensile en argile qui est neuf , il en va ainsi pour la phiale servant à l’épreuve des eaux amères.
גְּמָ׳ תָּנָא פְּיָלִי שֶׁל חֶרֶס חֲדָשָׁה דִּבְרֵי רַבִּי יִשְׁמָעֵאל מַאי טַעְמָא דְּרַבִּי יִשְׁמָעֵאל גָּמַר כְּלִי כְּלִי מִמְּצוֹרָע מָה לְהַלָּן חֶרֶס חֲדָשָׁה אַף כָּאן חֶרֶס חֲדָשָׁה
Et là-bas, de quel verset déduisons-nous que l’ustensile doit être neuf ? Réponse – De celui-ci (Lév. 14, 5) : « Il égorgera le premier oiseau sur un ustensile en argile, au-dessus d’eaux vives. » Le verset met en regard les eaux vives et l’ustensile, pour établir cette analogie – De même que les eaux doivent être vives, c’est-à-dire provenir d’une source dont on ne s’est pas servi pour un travail, il en va ainsi pour l’ustensile qui doit être neuf.
וְהָתָם מְנָלַן דִּכְתִיב וְשָׁחַט אֶת הַצִּפּוֹר הָאֶחָת אֶל כְּלִי חֶרֶשׂ עַל מַיִם חַיִּים מָה מַיִם חַיִּים שֶׁלֹּא נֶעֶשְׂתָה בָּהֶן מְלָאכָה אַף כְּלִי שֶׁלֹּא נֶעֶשְׂתָה בּוֹ מְלָאכָה
Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)
Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.
S’il en est ainsi, poursuit la guemara, on devrait poursuivre cette analogie et exiger des eaux vives pour la sota comme pour la purification de celui qui avait été frappé d’une affection lépreuse !
אִי מָה לְהַלָּן מַיִם חַיִּים אַף כָּאן מַיִם חַיִּים
Pour Rabbi Yichma‘el, répond la guemara, c’est effectivement le cas. En effet, Rabbi Yo‘hanan a rapporté une controverse entre des Tanaïm à propos de l’eau du Bassin – utilisée, notamment, pour la préparation des eaux amères. Selon Rabbi Yichma‘el, elle doit provenir d’une source ; les autres Sages, eux, permettent d’utiliser de l’eau de n’importe quel bain rituel.
לְרַבִּי יִשְׁמָעֵאל הָכִי נָמֵי דְּאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מֵי כִיּוֹר רַבִּי יִשְׁמָעֵאל אוֹמֵר מֵי מַעְיָין הֵן וַחֲכָמִים אוֹמְרִים מִשְּׁאָר מֵימוֹת הֵן
Il y a lieu d’objecter sur l’analogie établie par Rabbi Yichma‘el – La Tora se montre déjà plus stricte pour celui qui est frappé d’une affection lépreuse, puisqu’elle demande de plonger dans l’eau du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate. Peut-être que pour la sota, n’étant pas tenue à cela, il n’est pas obligatoire d’utiliser un ustensile neuf !
אִיכָּא לְמִיפְרַךְ מָה לִמְצוֹרָע שֶׁכֵּן טָעוּן עֵץ אֶרֶז וְאֵזוֹב וּשְׁנִי תוֹלָעַת
Raba répond, puisqu’il est écrit : « Le Cohen prendra de l’eau consacrée dans l’ustensile en argile » (et non « Le Cohen prendra un ustensile en argile et y mettra de l’eau »), le verset fait référence à l’ustensile déjà mentionné, c’est-à-dire le récipient neuf servant à celui qui avait été frappé d’une affection lépreuse.
אָמַר רַבָּה אָמַר קְרָא בִּכְלִי חֶרֶס כְּלִי שֶׁאָמַרְתִּי לְךָ כְּבָר
Rava a précisé – Même l’auteur anonyme de notre michna n’accepte un ustensile usagé que si ses parois n’ont pas noirci, mais si elles ont noirci, l’ustensile est inutilisable et l’eau invalidée. Quelle est la raison ? Réponse – Parce qu’il admet sur ce point l’analogie entre l’eau utilisée pour l’épreuve de la femme soupçonnée d’adultère et l’ustensile. De même que l’eau sert à cet effet seulement si son aspect naturel n’a pas changé, il en va ainsi pour son contenant.
אָמַר רָבָא לֹא שָׁנוּ אֶלָּא שֶׁלֹּא נִתְאַכְּמוּ פָּנָיו אֲבָל נִתְאַכְּמוּ פָּנָיו פְּסוּלִין מַאי טַעְמָא דּוּמְיָא דְּמַיִם מָה מַיִם שֶׁלֹּא נִשְׁתַּנּוּ אַף כְּלִי שֶׁלֹּא נִשְׁתַּנָּה
Rava a posé la question – Un ustensile noirci redevient-il utilisable si on l’a blanchi en le remettant dans une fournaise ? Est-il définitivement hors service puisqu’il n’était pas valable à un moment donné, ou, peut-être, est-il de nouveau utilisable puisqu’il a été remis à neuf ?
בָּעֵי רָבָא נִתְאַכְּמוּ וְהֶחְזִירָן לְתוֹךְ כִּבְשַׁן הָאֵשׁ וְנִתְלַבְּנוּ מַהוּ מִי אָמְרִינַן כֵּיוָן דְּאִידְּחוֹ אִידְּחוֹ אוֹ דִילְמָא כֵּיוָן דַּהֲדוּר הֲדוּר
Viens, invite la guemara, écoute cette baraïta : « D’après Rabbi El‘azar, le bois de cèdre, l’hysope et l’écarlate ne peuvent plus servir à la purification de celui qui avait été frappé d’une affection lépreuse dès lors qu’une personne les a utilisés pour attacher son panier sur le dos. » Là-bas, poursuit la guemara, ils sont invalidés même s’ils sont redevenus droits après s’être courbés sous le poids du panier – ce qui prouve qu’une invalidation temporaire entraîne un rejet définitif !
תָּא שְׁמַע רַבִּי אֶלְעָזָר אוֹמֵר עֵץ אֶרֶז וְאֵזוֹב וּשְׁנִי תוֹלַעַת שֶׁהִפְשִׁיל בָּהֶן קוּפָּתוֹ לַאֲחוֹרָיו פְּסוּלִין וְהָא הָתָם הָדְרִי וּמִפַּשְׁטִי
Là-bas, réfute la guemara, la baraïta se réfère au cas où le bois de cèdre et l’hysope ont été éraflés à cause de la charge et ils sont invalidés, ce dommage étant irréparable.
הָתָם דְּאִיקְּלוּף אִיקְּלוֹפֵי
On revient à notre michna : « Il entrait dans le Saint et se dirigeait vers la droite. » Pour quelle raison ? Rami bar Ye‘hezkel a expliqué – À propos de la « mer » faite par le roi Salomon (I Rois 7, 25 ; II Chron. 4, 4), il est écrit : « Elle était supportée par douze bœufs, dont trois regardaient le nord, trois, l’ouest, trois, le sud, et trois, l’est. » On peut déduire de l’ordre dans lequel sont énumérées les différentes directions que tout Cohen devant bifurquer au Temple était tenu de le faire par la droite.
נִכְנַס לַהֵיכָל וּפָנָה לִימִינוֹ וְכוּ׳ מַאי טַעְמָא דְּאָמַר מָר כׇּל פִּינּוֹת שֶׁאַתָּה פּוֹנֶה לֹא יְהוּ אֶלָּא דֶּרֶךְ יָמִין
La michna poursuit : « Il y avait là un endroit d’une coudée carrée, comprenant une dalle en marbre avec un anneau fixe pour la soulever. Il prenait de la terre en dessous. » À ce propos, une baraïta explique le verset cité par la michna : « Si la Tora avait dit seulement – “et de la poussière qui sera, le Cohen prendra et mettra sur l’eau” – on aurait pu croire qu’il peut préparer de la terre à l’extérieur et l’introduire dans le Sanctuaire.
מָקוֹם הָיָה שָׁם אַמָּה כּוּ׳ תָּנוּ רַבָּנַן וּמִן הֶעָפָר אֲשֶׁר יִהְיֶה יָכוֹל יְתַקֵּן מִבַּחוּץ וְיַכְנִיס
Aussi a-t-elle précisé : “sur le sol du Tabernacle”. Et si elle n’avait employé que cette seconde expression “sur le sol du Tabernacle”, on aurait pensé que dans le cas où le Cohen ne trouve pas de terre meuble, il doit creuser le sol avec des pioches pour en prendre. Aussi a-t-elle ajouté la formule “qui sera” laissant entendre qu’il suffit que la terre soit posée un moment sur le sol du Tabernacle.
Comment concilier les deux expressions ? Réponse – La Tora a voulu dire que s’il y a de la terre meuble sur place, il faut en prendre de là ; s’il n’y en a pas, il faut en mettre sur le sol du Tabernacle puis la prendre pour la préparation des eaux amères. »
תַּלְמוּד לוֹמַר בְּקַרְקַע הַמִּשְׁכָּן אִי בְּקַרְקַע הַמִּשְׁכָּן יָכוֹל יַחְפּוֹר בְּקַרְדּוּמּוֹת תַּלְמוּד לוֹמַר אֲשֶׁר יִהְיֶה הָא כֵּיצַד יֵשׁ שָׁם הָבֵא אֵין שָׁם תֵּן שָׁם
Dans une autre baraïta, deux Tanaïm discutent si la poussière apportée de l’extérieur doit être déposée sur le sol du Temple. Puisqu’il est écrit : « Et de la poussière qui sera sur le sol du Tabernacle » – au lieu de « et de la poussière du sol du Tabernacle » – on en déduit que le Cohen peut préparer de la terre à l’extérieur et l’introduire au Temple. Dans ces conditions, comment comprendre l’expression « sur le sol du Tabernacle » ? Selon Issi ben Yehouda, elle vient inclure, en plus du Tabernacle du désert, le sol
תַּנְיָא אִידַּךְ וּמִן הֶעָפָר אֲשֶׁר יִהְיֶה וְגוֹ׳ מְלַמֵּד שֶׁהָיָה מְתַקֵּן מִבַּחוּץ וּמַכְנִיס בְּקַרְקַע הַמִּשְׁכָּן אִיסִי בֶּן יְהוּדָה אוֹמֵר לְהָבִיא קַרְקַע
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