– Ma mère enfantera un fils qui sauvera [le peuple d’]Israël ! Quand Moïse vint au monde, la maison tout entière fut remplie de lumière. Son père (‘Amram) se leva, la baisa au front en disant : ma fille, ta prophétie se réalise. Quand Moïse fut déposé dans le Nil, ‘Amram se leva, donna à sa fille une tape sur la tête en lui disant : ma fille, qu’en est-il de ta prophétie ? Et c’est pourquoi « sa sœur se tint au loin pour voir ce qu’il lui serait fait » (Ex. 2, 4), c’est-à-dire pour savoir ce qu’il adviendrait en fin de compte de sa prophétie. וְאוֹמֶרֶת עֲתִידָה אִמִּי שֶׁתֵּלֵד בֵּן שֶׁמּוֹשִׁיעַ אֶת יִשְׂרָאֵל וְכֵיוָן שֶׁנּוֹלַד מֹשֶׁה נִתְמַלֵּא כָּל הַבַּיִת כּוּלּוֹ אוֹר עָמַד אָבִיהָ וּנְשָׁקָהּ עַל רֹאשָׁהּ אָמַר לָהּ בִּתִּי נִתְקַיְּימָה נְבוּאָתִיךְ וְכֵיוָן שֶׁהִטִּילוּהוּ לַיְאוֹר עָמַד אָבִיהָ וּטְפָחָהּ עַל רֹאשָׁהּ אָמַר לָהּ בִּתִּי הֵיכָן נְבוּאָתִיךְ וְהַיְינוּ דִּכְתִיב וַתֵּתַצַּב אֲחוֹתוֹ מֵרָחוֹק לְדֵעָה מַה יֵּעָשֶׂה לוֹ לֵידַע מָה יְהֵא בְּסוֹף נְבוּאָתָהּ
§ Suite de notre michna : « Joseph eut le mérite de s’occuper personnellement des funérailles de son père. » À ce propos, la guemara explique certains passages du chapitre 50 de la Genèse. Pourquoi est-il écrit d’abord (v. 7) – « Joseph monta pour enterrer son père et avec lui montèrent tous les serviteurs de Pharaon », et ensuite (v. 8) : « Toute la maison de Joseph, ses frères et la maison de son père » – les frères de Joseph étant cités après les Égyptiens – alors que dans le verset 14, il est dit : « Après avoir enseveli son père, Joseph retourna en Égypte, lui et ses frères », puis « ainsi que tous ceux qui étaient montés avec lui », les accompagnateurs égyptiens étant relégués à la dernière place ? יוֹסֵף זָכָה וְכוּ׳ מַאי שְׁנָא מֵעִיקָּרָא דִּכְתִיב וַיַּעַל יוֹסֵף לִקְבּוֹר אֶת אָבִיו וַיַּעֲלוּ אִתּוֹ כׇּל עַבְדֵי פַּרְעֹה וְגוֹ׳ וַהֲדַר וְכֹל בֵּית יוֹסֵף וְאֶחָיו וּבֵית אָבִיו וּמַאי שְׁנָא לְבַסּוֹף דִּכְתִיב וַיָּשׇׁב יוֹסֵף מִצְרַיְמָה הוּא וְאֶחָיו וַהֲדַר וְכׇל הָעוֹלִים אִתּוֹ לִקְבּוֹר אֶת אָבִיו
Rabbi Yo‘hanan explique : au début, avant d’avoir vu la grandeur des Enfants d’Israël, les Égyptiens ne les traitaient pas avec respect et les précédaient. Après avoir vu lors des funérailles combien ils étaient honorés par tous – comme indiqué plus loin – ils les traitèrent avec respect et s’effacèrent devant eux. אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן בַּתְּחִילָּה עַד שֶׁלֹּא רָאוּ בִּכְבוֹדָן שֶׁל יִשְׂרָאֵל לֹא נָהֲגוּ בָּהֶן כָּבוֹד וּלְבַסּוֹף שֶׁרָאוּ בִּכְבוֹדָן נָהֲגוּ בָּהֶן כָּבוֹד
En effet, il est écrit (v. 10) : « Ils vinrent jusqu’à la grange du lyciet (un buisson d’épines). » Engrange-t-on un buisson d’épines comme le lyciet ? Selon Rabbi Abahou, cette expression sous-entend qu’ils entourèrent de couronnes le cercueil de Jacob, comme une grange entourée d’une haie de lyciets, car les fils d’Ésaü, les fils d’Ismaël et les fils de Ketoura vinrent rendre les derniers honneurs à Jacob. דִּכְתִיב וַיָּבֹאוּ עַד גּוֹרֶן הָאָטָד וְכִי גוֹרֶן יֵשׁ לוֹ לָאָטָד אָמַר רַבִּי אֲבָהוּ מְלַמֵּד שֶׁהִקִּיפוּהוּ כְּתָרִים לַאֲרוֹנוֹ שֶׁל יַעֲקֹב כְּגוֹרֶן זֶה שֶׁמַּקִּיפִים לוֹ אָטָד שֶׁבָּאוּ בְּנֵי עֵשָׂו וּבְנֵי יִשְׁמָעֵאל וּבְנֵי קְטוּרָה
On en trouve une confirmation dans cette baraïta : « Au début, tous vinrent faire la guerre à la famille de Jacob. Mais quand ils virent la couronne de Joseph suspendue au cercueil de Jacob, tous prirent leurs couronnes et les suspendirent eux aussi au cercueil de Jacob. » Un autre Tana a enseigné : « Trente-six couronnes furent suspendues au cercueil de Jacob. » תָּנָא כּוּלָּם לַמִּלְחָמָה בָּאוּ כֵּיוָן שֶׁרָאוּ כִּתְרוֹ שֶׁל יוֹסֵף תָּלוּי בַּאֲרוֹנוֹ שֶׁל יַעֲקֹב נָטְלוּ כּוּלָּן כִּתְרֵיהֶן וּתְלָאוּם בַּאֲרוֹנוֹ שֶׁל יַעֲקֹב תָּנָא שְׁלֹשִׁים וְשִׁשָּׁה כְּתָרִים נִתְלוּ בַּאֲרוֹנוֹ שֶׁל יַעֲקֹב

Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)

Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.

« Ils y célébrèrent de grandes et solennelles funérailles » (ibid.). Un Tana a enseigné : « Même des chevaux et même des ânes (ceux des Hébreux comme ceux des autres) éprouvèrent les effets du deuil. » וַיִּסְפְּדוּ שָׁם מִסְפֵּד גָּדוֹל וְכָבֵד מְאֹד תָּנָא אֲפִילּוּ סוּסִים וַאֲפִילּוּ חֲמוֹרִים
Quand les Hébreux arrivèrent à la caverne de Makhpèla pour y enterrer Jacob, Ésaü voulut s’y opposer. Il leur dit : cet endroit est appelé « Mamrè, Kiryat-Arba, qui est Hébron » (Gen. 35, 27). Le nom Kiryat-Arba prouve que ce caveau peut abriter seulement quatre [arba] couples de tombes. Et, ajoute la guemara, Ésaü avait raison sur ce point ; Rabbi Yits‘hak a déclaré – Le nom Kiryat-Arba fait allusion aux quatre couples qui y sont enterrés : Adam et Eve, Avraham et Sara, Isaac et Rébecca, Jacob et Léa. Après cette parenthèse, la guemara reprend l’argumentation d’Ésaü : Jacob, dit-il, a enterré Léa dans le caveau qui lui appartenait (voir ibid. 49, 31) et celui qui reste me revient. (מֵאֵילּוּ מֵאֵילּוּ) כֵּיוָן שֶׁהִגִּיעוּ לִמְעָרַת הַמַּכְפֵּלָה אֲתָא עֵשָׂו קָא מְעַכֵּב אָמַר לָהֶן מַמְרֵא קִרְיַת הָאַרְבַּע הִיא חֶבְרוֹן וְאָמַר רַבִּי יִצְחָק קִרְיַת אַרְבַּע אַרְבַּע זוּגוֹת הָיוּ אָדָם וְחַוָּה אַבְרָהָם וְשָׂרָה יִצְחָק וְרִבְקָה יַעֲקֹב וְלֵאָה אִיהוּ קַבְרַהּ לְלֵאֶה בְּדִידֵיהּ וְהַאי דְּפָיֵישׁ דִּידִי הוּא
Ils lui répondirent : tu l’as vendu en même temps que ton droit d’aînesse. Il leur répliqua : admettons que j’aie vendu la seconde part d’héritage accordée normalement à l’aîné, mais aurais-je cédé pour autant mon simple droit de fils héritier ? Ils lui rétorquèrent : oui, tu l’as vendu également, car avant sa mort, notre père a déclaré à Joseph (ibid. 50, 5) – « dans mon tombeau que je me suis creusé [kariti]… c’est là que tu m’enterreras. » Or, précise la guemara, Rabbi Yo‘hanan a indiqué au nom de Rabbi Chim‘on ben Yehotsadak que le verbe kariti est lié à kira, qui désigne l’acquisition d’un bien mis en vente, car dans les ports de commerce des villes côtières, la vente [mekhira] est appelée kira. אֲמַרוּ לֵיהּ זַבֵּינְתֵּהּ אֲמַר לְהוּ נְהִי דְּזַבֵּינִי בְּכֵירוּתָא פְּשִׁיטוּתָא מִי זַבֵּינִי אֲמַרוּ לֵיהּ אִין דִּכְתִיב בְּקִבְרִי אֲשֶׁר כָּרִיתִי לִי וְאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשּׁוּם רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יְהוֹצָדָק אֵין כִּירָה אֶלָּא לְשׁוֹן מְכִירָה שֶׁכֵּן בִּכְרַכֵּי הַיָּם קוֹרִין לִמְכִירָה כִּירָה
Ésaü dit alors aux fils de Jacob : montrez-moi l’acte de vente du caveau. Ils lui répondirent : nous avons laissé ce document en Égypte. Et ils se demandèrent : qui va aller le chercher ? Naphtali est tout désigné ; il est léger comme une gazelle ! En effet, dans la vision prophétique révélée avant sa mort, Jacob avait déclaré notamment (ibid. 49, 21) : « Naphtali, une gazelle qui s’élance, qui remet des messages heureux [imrei chafer]. » Les lettres chin et samekh étant interchangeables et le texte biblique non vocalisé, au lieu de imrei chafer, Rabbi Abahou suggère de lire imrei séfer, allusion aux propos contenus dans cet acte [séfer] de vente que Naphtali devait aller chercher au plus vite. אֲמַר לְהוּ הַבוּ לִי אִיגַּרְתָּא אֲמַרוּ לֵיהּ אִיגַּרְתָּא בְּאַרְעָא דְמִצְרַיִם הִיא וּמַאן נֵיזִיל נֵיזִיל נַפְתָּלִי דְּקַלִּיל כִּי אַיָּילְתָּא דִּכְתִיב נַפְתָּלִי אַיָּלָה שְׁלוּחָה הַנּוֹתֵן אִמְרֵי שָׁפֶר אָמַר רַבִּי אֲבָהוּ אַל תִּקְרֵי אִמְרֵי שָׁפֶר אֶלָּא אִמְרֵי סֵפֶר
Cependant, il y avait là un fils de Dan, ‘Houchim, qui était dur d’oreille. Témoin de ces discussions dont la teneur lui échappait, il demanda ce qui se passait et pourquoi les funérailles de Jacob étaient retardées. On lui répondit qu’Ésaü exigeait d’attendre que Naphtali revienne du pays d’Égypte avec l’acte de vente. ‘Houchim leur répliqua : et pendant tout ce temps-là, mon grand- père paternel restera dans cet état honteux, sans sépulture ? Il prit un gourdin et frappa Ésaü à la tête. Sous le choc, ses yeux jaillirent de leurs orbites et tombèrent sur les jambes de Jacob. Ce dernier ouvrit les yeux et sourit. Et on peut y trouver une allusion dans ce verset (Ps. 58, 11) : « Le Juste se réjouira quand il verra les représailles ; il baignera ses pieds dans le sang du méchant. » חוּשִׁים בְּרֵיהּ דְּדָן תַּמָּן הֲוָה וְיַקִּירָן לֵיהּ אוּדְנֵיהּ אֲמַר לְהוּ מַאי הַאי וְאָמְרוּ לֵיהּ קָא מְעַכֵּב הַאי עַד דְּאָתֵי נַפְתָּלִי מֵאַרְעָא דְּמִצְרַיִם אֲמַר לְהוּ וְעַד דְּאָתֵי נַפְתָּלִי מֵאַרְעָא דְּמִצְרַיִם יְהֵא אֲבִי אַבָּא מוּטָל בְּבִזָּיוֹן שְׁקַל קוּלְפָא מַחְיֵיהּ אַרֵישֵׁיהּ נָתְרָן עֵינֵיהּ וּנְפַלוּ אַכַּרְעָא דְיַעֲקֹב פַּתְחִינְהוּ יַעֲקֹב לְעֵינֵיהּ וְאַחֵיךְ וְהַיְינוּ דִּכְתִיב יִשְׂמַח צַדִּיק כִּי חָזָה נָקָם פְּעָמָיו יִרְחַץ בְּדַם הָרָשָׁע
À ce moment-là se réalisa cette prophétie de Rébecca : « pourquoi serais-je privée de vous deux en un seul jour ? » (Gen. 27, 45). Bien qu’ils ne soient pas morts le même jour, ils furent enterrés le même jour. בְּאוֹתָהּ שָׁעָה נִתְקַיְּימָה נְבוּאָתָהּ שֶׁל רִבְקָה דִּכְתִיב לָמָּה אֶשְׁכַּל גַּם שְׁנֵיכֶם יוֹם אֶחָד וְאַף עַל גַּב דְּמִיתָתָן לֹא בְּיוֹם אֶחָד הֲוַאי קְבוּרָתָן מִיהָא בְּיוֹם אֶחָד הֲוַאי
Et, interroge la guemara, comment les frères de Joseph ont-ils pu lui laisser l’honneur d’organiser les funérailles de leur père ? Auraient-ils été assez ingrats pour ne pas s’en occuper eux-mêmes si Joseph ne l’avait pas fait ? Pourtant ils témoignèrent de leur respect filial, puisqu’il est écrit (ibid. 50, 13) : « Ses fils le transportèrent au pays de Canaan » ! Réponse – Les frères s’effacèrent devant Joseph, en se disant : laissons-le agir, car c’est un plus grand honneur pour notre père d’être enterré par un vice-roi que par de simples sujets comme nous. וְאִי לָא [אִי]עֲסַק בֵּיהּ יוֹסֵף אֶחָיו לָא הֲווֹ מִעַסְּקִי בֵּיהּ וְהָכְתִיב וַיִּשְׂאוּ אוֹתוֹ בָנָיו אַרְצָה כְּנַעַן אָמְרוּ הַנִּיחוּ לוֹ כְּבוֹדוֹ בִּמְלָכִים יוֹתֵר מִבְּהֶדְיוֹטוֹת
§ Suite de notre michna – « Qui, à nos yeux, a été traité, après sa mort, plus dignement que Joseph, dont Moïse seul eut le souci de rapatrier le corps. » À ce propos, nos maîtres ont enseigné dans une baraïta : « Regarde combien les commandements étaient chers aux yeux de Moïse notre maître, car, à la veille de la sortie d’Égypte, tous les autres Hébreux étaient occupés à amasser du butin, alors que lui mit son temps à profit pour accomplir un commandement, comme il est dit (Prov. 10, 8) : “Un cœur sage prendra des commandements.” » מִי לָנוּ גָּדוֹל מִיּוֹסֵף כּוּ׳ תָּנוּ רַבָּנַן בֹּא וּרְאֵה כַּמָּה חֲבִיבוֹת מִצְוֹת עַל מֹשֶׁה רַבֵּינוּ שֶׁכׇּל יִשְׂרָאֵל כּוּלָּן נִתְעַסְּקוּ בַּבִּיזָּה וְהוּא נִתְעַסֵּק בְּמִצְוֹת שֶׁנֶּאֱמַר חֲכַם לֵב יִקַּח מִצְוֹת וְגוֹ׳
Et d’où Moïse savait-il où Joseph était enterré ? Selon une tradition, Séra‘h, la fille d’Acher, était l’une des survivantes de la génération de Joseph. Moïse se rendit chez elle et lui demanda : sais-tu où Joseph est enterré ? Elle lui répondit : les Égyptiens lui ont fait un cercueil de métal et l’ont immergé dans le Nil pour que ses eaux soient bénies. Moïse alla, se tint au bord du Nil, et lança cet appel : Joseph, Joseph, est arrivé le moment où le Saint béni soit-Il veut accomplir Son serment de vous délivrer par mon entremise et, par conséquent, le moment d’accomplir le serment que tu as fait prononcer aux Enfants d’Israël (Gen. 50, 25) – « quand Dieu vous aura visités, vous ferez remonter d’ici mes ossements. » Si tu te montres, c’est bien ; sinon, voici nous sommes déliés de ton serment. Aussitôt, le cercueil de Joseph parut à la surface de l’eau. וּמִנַּיִן הָיָה יוֹדֵעַ מֹשֶׁה רַבֵּינוּ הֵיכָן יוֹסֵף קָבוּר אָמְרוּ סֶרַח בַּת אָשֵׁר נִשְׁתַּיְּירָה מֵאוֹתוֹ הַדּוֹר הָלַךְ מֹשֶׁה אֶצְלָהּ אָמַר לָהּ כְּלוּם אַתְּ יוֹדַעַת הֵיכָן יוֹסֵף קָבוּר אָמְרָה לוֹ אָרוֹן שֶׁל מַתֶּכֶת עָשׂוּ לוֹ מִצְרִים וּקְבָעוּהוּ בְּנִילוּס הַנָּהָר כְּדֵי שֶׁיִּתְבָּרְכוּ מֵימָיו הָלַךְ מֹשֶׁה וְעָמַד עַל שְׂפַת נִילוּס אָמַר לוֹ יוֹסֵף יוֹסֵף הִגִּיעַ הָעֵת שֶׁנִּשְׁבַּע הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא שֶׁאֲנִי גּוֹאֵל אֶתְכֶם וְהִגִּיעָה הַשְּׁבוּעָה שֶׁהִשְׁבַּעְתָּ אֶת יִשְׂרָאֵל אִם אַתָּה מַרְאֶה עַצְמְךָ מוּטָב אִם לָאו הֲרֵי אָנוּ מְנוּקִּין מִשְּׁבוּעָתֶךָ מִיָּד צָף אֲרוֹנוֹ שֶׁל יוֹסֵף
Et ne t’étonne pas que le cercueil en fer ait pu surnager, car il est écrit à propos du prophète Élisée (II Rois 6, 5–6) : « L’un fit tomber la poutre et le fer tomba dans l’eau. Ah ! Ah ! mon seigneur ! s’écria-t-il, il était emprunté ! L’homme de Dieu dit : où est-il tombé ? Il lui montra l’endroit. Il coupa un morceau de bois, l’y jeta ; alors le fer surnagea. » Et, partant, on peut faire ce raisonnement a fortiori : si pour Élisée, disciple d’Élie, qui était lui-même un disciple de Moïse, puisqu’il a appris la Tora révélée à ce dernier, le fer surnagea, à plus forte raison pour Moïse notre maître ! וְאַל תִּתְמַהּ הֵיאַךְ בַּרְזֶל צָף שֶׁהֲרֵי כְּתִיב וַיְהִי הָאֶחָד מַפִּיל הַקּוֹרָה וְאֶת הַבַּרְזֶל נָפַל אֶל הַמָּיִם וְגוֹ׳ אֲהָהּ אֲדוֹנִי וְהוּא שָׁאוּל וַיֹּאמֶר אִישׁ הָאֱלֹהִים אָנָה נָפָל וַיַּרְאֵהוּ אֶת הַמָּקוֹם וַיִּקְצׇב עֵץ וַיַּשְׁלֶךְ שָׁמָּה וַיָּצֶף הַבַּרְזֶל וַהֲלֹא דְּבָרִים קַל וָחוֹמֶר וּמָה אֱלִישָׁע תַּלְמִידוֹ שֶׁל אֵלִיָּהוּ וְאֵלִיָּהוּ תַּלְמִידוֹ שֶׁל מֹשֶׁה צָף בַּרְזֶל מִפָּנָיו מִפְּנֵי מֹשֶׁה רַבֵּינוּ עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה
Rabbi Nathan présente une version différente des faits. D’après lui, Joseph était enterré dans un caveau royal. Moïse s’y rendit et lança cet appel : Joseph, est arrivé le moment où le Saint béni soit-Il veut accomplir Son serment de vous délivrer par mon entremise et, par conséquent, le moment d’accomplir le serment que tu as fait prononcer aux Enfants d’Israël. Si tu te montres, c’est bien ; sinon, voici nous sommes déliés de ton serment. À ce moment-là, le cercueil de Joseph bougea et Moïse put l’identifier. Il le prit et l’apporta chez lui. רַבִּי נָתָן אוֹמֵר בְּקַבַּרְנִיט שֶׁל מְלָכִים הָיָה קָבוּר הָלַךְ מֹשֶׁה וְעָמַד עַל קַבַּרְנִיט שֶׁל מְלָכִים אָמַר יוֹסֵף הִגִּיעַ עֵת שֶׁנִּשְׁבַּע הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא שֶׁאֲנִי גּוֹאֵל אֶתְכֶם וְהִגִּיעָה שְׁבוּעָה שֶׁהִשְׁבַּעְתָּ אֶת יִשְׂרָאֵל אִם אַתָּה מַרְאֶה עַצְמְךָ מוּטָב וְאִם לָאו הֲרֵי אָנוּ מְנוּקִּין מִשְּׁבוּעָתֶךָ בְּאוֹתָהּ שָׁעָה נִזְדַּעְזַע אֲרוֹנוֹ שֶׁל יוֹסֵף נְטָלוֹ מֹשֶׁה וֶהֱבִיאוֹ אֶצְלוֹ
Et tout au long du séjour des Hébreux dans le désert, ils portèrent les deux coffres – le cercueil de Joseph, et l’Arche sainte contenant les Tables de la Loi – côte à côte. Quand les passants s’interrogeaient sur la nature de ces deux coffres, on leur disait : l’un renferme un mort, et le second est l’Arche sacrée. Les passants demandaient encore : mais pourquoi les porte-t-on côte à côte ? Un mort aurait-il l’habitude de se trouver en compagnie de la Présence divine ? On leur répondait : וְכׇל אוֹתָן שָׁנִים שֶׁהָיוּ יִשְׂרָאֵל בַּמִּדְבָּר הָיוּ שְׁנֵי אֲרוֹנוֹת הַלָּלוּ אֶחָד שֶׁל מֵת וְאֶחָד שֶׁל שְׁכִינָה מְהַלְּכִין זֶה עִם זֶה וְהָיוּ עוֹבְרִין וְשָׁבִין אוֹמְרִים מָה טִיבָן שֶׁל שְׁנֵי אֲרוֹנוֹת הַלָּלוּ אָמְרוּ אֶחָד שֶׁל מֵת וְאֶחָד שֶׁל שְׁכִינָה וְכִי מָה דַּרְכּוֹ שֶׁל מֵת לְהַלֵּךְ עִם שְׁכִינָה אָמְרוּ