c’était une jonchaie, car il est dit à propos du Nil (Is. 19, 6) : « Le roseau et le jonc se dépérissent. »
אֲגַם כְּדִכְתִיב קָנֶה וָסוּף קָמֵלוּ
« La fille de Pharaon descendit pour se laver dans le Nil et ses suivantes allaient sur la rive du Nil. Elle vit le berceau dans les joncs, envoya amata et elle le prit » (Ex. 2, 5–6) – Rabbi Yo‘hanan déclare au nom de Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï : on en déduit qu’elle y est descendue pour se convertir en s’immergeant et passer du paganisme de son père au monothéisme. Et on trouve de même que l’abandon d’une mauvaise voie est appelé lavage dans ce verset (Is. 4, 4) : « Une fois que l’Éternel aura lavé la souillure des filles de Sion… »
וַתֵּרֶד בַּת פַּרְעֹה לִרְחוֹץ עַל הַיְאֹר אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשּׁוּם רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי מְלַמֵּד שֶׁיָּרְדָה לִרְחוֹץ מִגִּלּוּלֵי [בֵּית] אָבִיהָ וְכֵן הוּא אוֹמֵר אִם רָחַץ ה׳ אֵת צוֹאַת בְּנוֹת צִיּוֹן וְגוֹ׳
« Et ses suivantes allaient [holkhot] » – Selon Rabbi Yo‘hanan, le verbe « aller » laisse entendre qu’elles étaient appelées à mourir incessamment, parce qu’elles voulaient empêcher la fille de Pharaon de sauver Moïse, comme indiqué ci-après. Ainsi, Ésaü a déclaré (Gen. 25, 32) : « voici je vais [holekh] mourir. »
וְנַעֲרֹתֶיהָ הוֹלְכוֹת וְגוֹ׳ אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן אֵין הֲלִיכָה זוֹ אֶלָּא לְשׁוֹן מִיתָה וְכֵן הוּא אוֹמֵר הִנֵּה אָנֹכִי הוֹלֵךְ לָמוּת
« Elle vit le berceau dans les joncs. » Quand ses suivantes virent que la fille de Pharaon voulait sauver Moïse, elles lui dirent : « Maîtresse ! D’habitude, les fils et les gens de la maison d’un roi respectent son décret même si les autres ne le font pas, et toi tu désobéis à ton père ? » Gabriel vint et les frappa à mort contre le sol.
וַתֵּרֶא אֶת הַתֵּיבָה בְּתוֹךְ הַסּוּף כֵּיוָן דַּחֲזוֹ דְּקָא בָעוּ לְאַצּוֹלֵי לְמֹשֶׁה אָמְרוּ לָהּ גְּבִירְתֵּנוּ מִנְהָגוֹ שֶׁל עוֹלָם מֶלֶךְ בָּשָׂר וָדָם גּוֹזֵר גְּזֵירָה אִם כׇּל הָעוֹלָם כּוּלּוֹ אֵין מְקַיְּימִין אוֹתָהּ בָּנָיו וּבְנֵי בֵיתוֹ מְקַיְּימִין אוֹתָהּ וְאַתְּ עוֹבֶרֶת עַל גְּזֵירַת אָבִיךְ בָּא גַּבְרִיאֵל וַחֲבָטָן בַּקַּרְקַע
« Elle envoya amata et elle le prit. » Rabbi Yehouda et Rabbi Ne‘hémya sont divisés sur le sens du mot amata – L’un le traduit par « sa main, et l’autre, par « sa servante ». La première traduction se justifie puisque ama désigne l’avant-bras ; la seconde est valable également, parce qu’il n’est pas écrit yadah, « sa main ».
וַתִּשְׁלַח אֶת אֲמָתָהּ וַתִּקָּחֶהָ רַבִּי יְהוּדָה וְרַבִּי נְחֶמְיָה חַד אָמַר יָדָהּ וְחַד אָמַר שִׁפְחָתָהּ מַאן דְּאָמַר יָדָהּ דִּכְתִיב אַמָּתָהּ וּמַאן דְּאָמַר שִׁפְחָתָהּ מִדְּלָא כְּתִיב יָדָהּ
Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)
Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.
Mais comment peut-on prétendre qu’il s’agit de sa servante, pourtant on vient de dire que l’ange Gabriel était venu et avait frappé à mort ses suivantes contre le sol ! Il avait laissé une servante en vie, parce qu’il ne sied pas à une princesse de rester seule.
וּלְמַאן דְּאָמַר שִׁפְחָתָהּ הָא אָמְרַתְּ בָּא גַּבְרִיאֵל וַחֲבָטָן בַּקַּרְקַע דְּשַׁיַּיר לַהּ חֲדָא דְּלָאו אוֹרְחַהּ דְּבַת מַלְכָּא לְמֵיקַם לְחוֹדַהּ
Et d’après celui qui traduit amata par « sa main », pourquoi l’Écriture n’a-t-elle pas employé le mot habituel : yadah ? L’emploi du mot ama suggère que la main de la fille de Pharaon s’est allongée miraculeusement de plusieurs coudées [amot] pour atteindre le berceau de Moïse. En effet, dans le traité Meguila (15b), Rabbi Yo‘hanan affirme qu’au moment où la reine Esther est allée trouver le roi Assuérus sans avoir été invitée, le sceptre du monarque s’est allongé miraculeusement. Et là-bas, la guemara ajoute – Le même phénomène s’est reproduit pour la main de la fille de Pharaon et les dents des méchants, puisqu’il est écrit (Ps. 3, 8) : « Tu as brisé [chibarta] les dents des méchants. » Au lieu de chibarta, Rèch Lakich suggère de lire cheribavta et de traduire : les dents des méchants (‘Og) que tu as allongées pour les coincer dans la montagne que le géant voulait abattre sur le peuple hébreu (voir Berakhot 54b).
וּלְמַאן דְּאָמַר יָדָהּ לִיכְתּוֹב יָדָהּ הָא קָא מַשְׁמַע לַן דְּאִישְׁתַּרְבַּב אִישְׁתַּרְבּוֹבֵי דְּאָמַר מָר וְכֵן אַתָּה מוֹצֵא בְּאַמָּתָהּ שֶׁל בַּת פַּרְעֹה וְכֵן אַתָּה מוֹצֵא בְּשִׁינֵּי רְשָׁעִים דִּכְתִיב שִׁנֵּי רְשָׁעִים שִׁבַּרְתָּ וְאָמַר רֵישׁ לָקִישׁ אַל תִּיקְרֵי שִׁבַּרְתָּ אֶלָּא שֶׁרִיבַּבְתָּה
« Elle ouvrit et le vit [va-tiréhou], l’enfant [èt ha-yéled], et voici un jeune garçon qui pleurait. Elle eut pitié de lui et dit : celui-ci est l’un des enfants des Hébreux » (Ex. 2, 6). La Tora aurait dû dire : « Elle vit [va-tèré] l’enfant » ! Rabbi Yossè fils de Rabbi ‘Hanina explique le verset ainsi : elle a vu l’Éternel – la Présence divine – avec [èt] l’enfant, la particule èt signifiant parfois « avec » (voir par exemple Gen. 42, 4).
וַתִּפְתַּח וַתִּרְאֵהוּ אֶת הַיֶּלֶד וַתֵּרֶא מִיבְּעֵי לֵיהּ אָמַר רַבִּי יוֹסֵי בְּרַבִּי חֲנִינָא שֶׁרָאֲתָה שְׁכִינָה עִמּוֹ
Suite : « Et voici un jeune garçon qui pleurait. » Le verset le décrit au début comme un « enfant » et ensuite, comme « un jeune garçon [na‘ar] ». Pourquoi ? Deux réponses apparaissent dans cette baraïta – « D’après Rabbi Yehouda, c’était un tout petit enfant, mais il avait la voix d’un adolescent. Rabbi Ne‘hémya lui objecta : tu attribues à Moïse notre maître une anomalie physique, qui le rendait inapte au Service imposé à la tribu des Lévites, dont il était issu ! Mais en réalité, le terme na‘ar employé ici par l’Écriture suggère que sa mère avait mis dans le berceau un dais nuptial – un modèle réduit de celui utilisé pour les jeunes mariés [ne‘ourim] – en se disant : peut-être n’aurais-je pas le privilège d’être à ses côtés sous le dais nuptial. »
וְהִנֵּה נַעַר בֹּכֶה קָרֵי לֵיהּ יֶלֶד וְקָרֵי לֵיהּ נַעַר תָּנָא הוּא יֶלֶד וְקוֹלוֹ כְּנַעַר דִּבְרֵי רַבִּי יְהוּדָה אָמַר לוֹ רַבִּי נְחֶמְיָה אִם כֵּן עֲשִׂיתוֹ לְמֹשֶׁה רַבֵּינוּ בַּעַל מוּם אֶלָּא מְלַמֵּד שֶׁעָשְׂתָה לוֹ אִמּוֹ חוּפַּת נְעוּרִים בַּתֵּיבָה אָמְרָה שֶׁמָּא לֹא אֶזְכֶּה לְחוּפָּתוֹ
Fin du verset – « Elle eut pitié de lui et dit : celui-ci est l’un des enfants des Hébreux. » D’où le savait-elle ? Rabbi Yossè fils de Rabbi ‘Hanina explique : elle vit qu’il était circoncis.
וַתַּחְמֹל עָלָיו וַתֹּאמֶר מִיַּלְדֵי הָעִבְרִים זֶה מְנָא יָדְעָה אָמַר רַבִּי יוֹסֵי בְּרַבִּי חֲנִינָא שֶׁרָאֲתָה אוֹתוֹ מָהוּל
« Celui-ci » – Rabbi Yo‘hanan déduit de ce terme que la fille de Pharaon a fait, sans le savoir, une vraie prophétie : celui-ci a été jeté sur les rives du Nil, mais aucun autre enfant hébreu ne subira le même sort – Le décret d’extermination des enfants hébreux ayant été annulé le jour même.
זֶה אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מְלַמֵּד שֶׁנִּתְנַבְּאָה שֶׁלֹּא מִדַּעְתָּהּ זֶה נוֹפֵל וְאֵין אַחֵר נוֹפֵל
En effet, Rabbi El‘azar a expliqué : quel est le sens du verset (Is. 8, 19) – « Si (les païens) vous disent : allez consulter nécromanciens et devins, ceux qui glapissent [metsaftsefim] et marmottent » ? Ces sorciers font des prévisions [tsofim] et des prédictions nébuleuses dont le sens véritable leur échappe.
וְהַיְינוּ דְּאָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר מַאי דִּכְתִיב וְכִי יֹאמְרוּ אֲלֵיכֶם דִּרְשׁוּ אֶל הָאֹבוֹת וְאֶל הַיִּדְּעֹנִים הַמְצַפְצְפִים וְהַמַּהְגִּים צוֹפִין וְאֵינָם יוֹדְעִין מָה צוֹפִין מְהַגִּים וְאֵינָן יוֹדְעִים מָה מְהַגִּים
Et la guemara d’expliquer – Ayant entrevu que le châtiment du sauveur d’Israël était lié à l’eau, ils décrétèrent (Ex. 1, 22) : « Tout garçon nouveau-né, jetez-le dans le Nil. » Quand Moïse fut déposé par sa mère au bord du Nil, ils dirent : nous ne voyons plus le mauvais présage se rapportant au châtiment du sauveur d’Israël par l’intermédiaire de l’eau. En conséquence, pensant que la prophétie à son sujet s’était réalisée, ils annulèrent le décret d’extermination des nouveau-nés, mais ils ne savaient pas que Moïse serait puni à cause des « eaux de la querelle ».
רָאוּ שֶׁמּוֹשִׁיעָן שֶׁל יִשְׂרָאֵל בַּמַּיִם הוּא לוֹקֶה עָמְדוּ וְגָזְרוּ כׇּל הַבֵּן הַיִּלּוֹד הַיְאֹרָה תַּשְׁלִיכֻהוּ כֵּיוָן דְּשַׁדְיוּהּ לְמֹשֶׁה אָמְרוּ תּוּ לָא חָזֵינַן כִּי הָהוּא סִימָנָא בַּטִּלוּ לִגְזֵירְתַּיְיהוּ וְהֵם אֵינָן יוֹדְעִין שֶׁעַל מֵי מְרִיבָה הוּא לוֹקֶה
On trouve une allusion à cette vision des devins égyptiens dans un autre passage de l’Écriture, suivant cette explication de Rabbi ‘Hama fils de Rabbi ‘Hanina – Quel est le sens du verset (Nbres 20, 13) : « Ce sont elles les eaux de la querelle où [les Enfants d’Israël] se querellèrent » ? « Ce sont elles », les eaux fatales à Moïse – la cause de sa condamnation à mourir dans le désert – que les devins de Pharaon avaient vues et qui les avaient portés à croire, par erreur, réaliser la prophétie en noyant le sauveur d’Israël parmi les nouveau-nés garçons. Et Moïse lui-même fait allusion aux conséquences heureuses de cette erreur en parlant de « six cent mille hommes à pied [ragli]… » (ibid. 11, 21). Moïse déclara aux Enfants d’Israël : grâce à moi (bichvili ; voir Gen. 30, 30, où le terme ragli a la même signification), vous avez tous été sauvés – Puisque le décret d’extermination des enfants hébreux fut annulé le jour où Moïse fut déposé au bord du Nil.
וְהַיְינוּ דְּאָמַר רַבִּי חָמָא בְּרַבִּי חֲנִינָא מַאי דִּכְתִיב הֵמָּה מֵי מְרִיבָה אֲשֶׁר רָבוּ הֵמָּה שֶׁרָאוּ אִיצְטַגְנִינֵי פַּרְעֹה וְטָעוּ וְהַיְינוּ דְּקָאָמַר מֹשֶׁה שֵׁשׁ מֵאוֹת אֶלֶף רַגְלִי וְגוֹ׳ אָמַר לָהֶן מֹשֶׁה לְיִשְׂרָאֵל בִּשְׁבִילִי נִצַּלְתֶּם כּוּלְּכֶם
Rabbi ‘Hanina bar Papa affirme : c’était le 21 Nissan. Les anges du Service intercédèrent pour lui auprès du Saint béni soit-Il en disant : Maître du monde ! Est-il juste de laisser souffrir celui qui est appelé à entonner le cantique de la mer en ce même mois et en ce même jour (six jours après la sortie d’Égypte le 15 Nissan) ?
רַבִּי חֲנִינָא בַּר פָּפָּא אָמַר אוֹתוֹ הַיּוֹם עֶשְׂרִים וְאֶחָד בְּנִיסָן הָיָה אָמְרוּ מַלְאֲכֵי הַשָּׁרֵת לִפְנֵי הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם מִי שֶׁעָתִיד לוֹמַר שִׁירָה עַל הַיָּם בְּיוֹם זֶה יִלְקֶה בְּיוֹם זֶה
Selon Rabbi A‘ha bar ‘Hanina, Moïse fut déposé au bord du Nil le 6 Sivan. Les anges du Service dirent au Saint béni soit-Il : Maître du monde ! Est-il juste de laisser souffrir celui qui est appelé à recevoir la Tora au Sinaï en ce même mois et en ce même jour ?
רַבִּי אַחָא בַּר חֲנִינָא אָמַר אוֹתוֹ הַיּוֹם שִׁשָּׁה בְּסִיוָן הָיָה אָמְרוּ מַלְאֲכֵי הַשָּׁרֵת לִפְנֵי הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם מִי שֶׁעָתִיד לְקַבֵּל תּוֹרָה מֵהַר סִינַי בְּיוֹם זֶה יִלְקֶה בְּיוֹם זֶה
Certes, argumente la guemara, d’après Rabbi A‘ha bar ‘Hanina qui parle du 6 Sivan, Moïse avait bien trois mois ce jour-là (voir Ex. 2, 2), car un Tana a affirmé (Meguila 13b) que Moïse est mort le jour de son anniversaire : le 7 Adar ; du 7 Adar au 6 Sivan, il y a exactement trois mois. Mais d’après Rabbi ‘Hanina bar Papa qui mentionne la date du 21 Nissan, il y a moins de trois mois depuis la naissance de Moïse ?
בִּשְׁלָמָא לְמַאן דְּאָמַר בְּשִׁשָּׁה בְּסִיוָן מַשְׁכַּחַתְּ לַהּ תְּלָתָא יַרְחֵי דְּאָמַר מָר בְּשִׁבְעָה בַּאֲדָר מֵת וּבְשִׁבְעָה בַּאֲדָר נוֹלָד מֹשֶׁה וּמִשִּׁבְעָה בַּאֲדָר וְעַד שִׁשָּׁה בְּסִיוָן תְּלָתָא יַרְחֵי אֶלָּא לְמַאן דְּאָמַר בְּעֶשְׂרִים וְאֶחָד בְּנִיסָן הֵיכִי מַשְׁכַּחַתְּ לַהּ
Rabbi ‘Hanina bar Papa prend pour hypothèse que cette année comportait un second mois d’Adar. Ainsi, la période de trois mois évoquée par la Tora recouvre la plus grande partie du premier mois d’Adar (Moïse étant né le sept), le second Adar en entier et vingt et un jours en Nissan.
אוֹתָהּ שָׁנָה מְעוּבֶּרֶת הָיְתָה רוּבּוֹ שֶׁל רִאשׁוֹן וְרוּבּוֹ שֶׁל אַחֲרוֹן וְאֶמְצָעִי שָׁלֵם
« Sa sœur dit à la fille de Pharaon : irai-je appeler pour toi une nourrice d’entre les femmes des Hébreux afin qu’elle allaite l’enfant pour toi » (Ex. 2, 7) ? Pourquoi a-t-elle proposé de chercher une nourrice parmi les femmes des Hébreux ?
וַתֹּאמֶר אֲחוֹתוֹ אֶל בַּת פַּרְעֹה הַאֵלֵךְ וְקָרָאתִי לָךְ אִשָּׁה מֵינֶקֶת מִן הָעִבְרִיּוֹת וּמַאי שְׁנָא מֵעִבְרִיּוֹת
Il apparaît que Moïse avait refusé toutes les nourrices égyptiennes venues l’allaiter tour à tour, se disant : la bouche qui est appelée à s’entretenir avec la Présence divine pourrait-elle téter un lait qui a le goût des aliments interdits consommés par les nourrices égyptiennes ? Et on peut y voir une allusion dans ce verset (Is. 28, 9) : « À qui enseigner le savoir et à qui inculquer des leçons ? À ceux qui se sont sevrés du lait, qui ont quitté les mamelles. » Le prophète déclare : à qui l’Éternel a-t-Il enseigné le savoir (la Tora) et à qui a-t-Il inculqué des leçons ? À ceux qui (comme Moïse) sont sevrés du lait impur, qui ont quitté les mamelles de celles qui avaient consommé des aliments interdits.
מְלַמֵּד שֶׁהֶחְזִירוּהוּ לְמֹשֶׁה עַל כׇּל הַמִּצְרִיּוֹת כּוּלָּן וְלֹא יָנַק אָמַר פֶּה שֶׁעָתִיד לְדַבֵּר עִם הַשְּׁכִינָה יִינַק דָּבָר טָמֵא וְהַיְינוּ דִּכְתִיב אֶת מִי יוֹרֶה דֵעָה וְגוֹ׳ לְמִי יוֹרֶה דֵּעָה וּלְמִי יָבִין שְׁמוּעָה לִגְמוּלֵי מֵחָלָב וּלְעַתִּיקֵי מִשָּׁדַיִם
« La fille de Pharaon lui dit : va. La jeune fille [ha-‘alma] alla appeler la mère de l’enfant » (Ex. 2, 8). Selon Rabbi El‘azar, l’Écriture emploie l’expression ha-‘alma pour indiquer que la jeune fille a couru de toutes ses forces (‘alam, en araméen, signifie « fort »). D’après Rabbi Chemouel bar Na‘hmani, la Tora l’appelle ha‘alma, parce qu’elle a dissimulé [hé‘elima] la vérité, en taisant son lien de parenté avec l’enfant et avec la nourrice qu’elle allait chercher.
וַתֹּאמֶר לָהּ בַּת פַּרְעֹה לֵכִי וְגוֹ׳ אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר מְלַמֵּד שֶׁהָלְכָה בִּזְרִיזוּת כְּעַלְמָה רַבִּי שְׁמוּאֵל בַּר נַחְמָנִי אָמַר הָעַלְמָה שֶׁהֶעֱלִימָה אֶת דְּבָרֶיהָ
« La fille de Pharaon lui dit : emmène [heilikhi] cet enfant, allaite-le pour moi et je te donnerai ton salaire » (Ex. 2, 9). Rabbi ‘Hama fils de Rabbi ‘Hanina dit – Elle a proclamé sans le savoir la vérité : heilikhi peut se comprendre comme une forme contractée de celui-ci est à toi [ha chélikhi].
« Et je te donnerai ton salaire. » Rabbi ‘Hama fils de Rabbi ‘Hanina a déclaré à ce propos : les Justes, outre le fait de récupérer ce qu’ils avaient perdu, perçoivent aussi une prime – Puisque Moïse a été rendu à sa mère qui, de surcroît, a reçu de l’argent pour l’allaiter !
וַתֹּאמֶר לָהּ בַּת פַּרְעֹה הֵילִיכִי אֶת הַיֶּלֶד הַזֶּה אָמַר רַבִּי חָמָא בְּרַבִּי חֲנִינָא מִתְנַבְּאָה וְאֵינָהּ יוֹדַעַת מָה מִתְנַבְּאָה הֵילִיכִי הָא שֶׁלִּיכִי וַאֲנִי אֶתֵּן אֶת שְׂכָרֵךְ אָמַר רַבִּי חָמָא בְּרַבִּי חֲנִינָא לֹא דַּיָּין לַצַּדִּיקִים שֶׁמַּחְזִירִין לָהֶן אֲבֵידָתָן אֶלָּא שֶׁנּוֹתְנִין לָהֶן שְׂכָרָן
Après le cantique de la mer, chanté par les hommes, il est écrit (ibid. 15, 20) : « Myriam la prophétesse, la sœur d’Aaron, prit un tambourin dans sa main. » Était-elle seulement la sœur d’Aaron et pas celle de Moïse ? Rav ‘Amram – ou Rav Na‘hman, selon une autre version – a expliqué au nom de Rav : cette formule enseigne qu’avant la venue au monde de Moïse, alors qu’elle était seulement la sœur d’Aaron, elle avait prédit
וַתִּקַּח מִרְיָם הַנְּבִיאָה אֲחוֹת אַהֲרֹן וְגוֹ׳ אֲחוֹת אַהֲרֹן וְלֹא אֲחוֹת מֹשֶׁה אָמַר רַב עַמְרָם אָמַר רַב וְאָמְרִי לַהּ אָמַר רַב נַחְמָן אָמַר רַב מְלַמֵּד שֶׁהָיְתָה מִתְנַבְּאָה כְּשֶׁהִיא אֲחוֹת אַהֲרֹן
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