mais vayakri « il fit invoquer. Avraham notre père amenait tous ses invités de passage à invoquer le nom du Saint béni soit-Il. Comment procédait-il ? Quand ils s’apprêtaient à le bénir après avoir mangé et bu à sa table, il leur disait : auriez-vous mangé de ce qui m’appartient ? Vous avez mangé de ce qui appartient au Dieu du monde ! Ils remerciaient et louaient l’Éternel qui créa le monde par Sa parole. אֶלָּא וַיַּקְרִיא מְלַמֵּד שֶׁהִקְרִיא אַבְרָהָם אָבִינוּ לִשְׁמוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא בְּפֶה כׇּל עוֹבֵר וָשָׁב כֵּיצַד לְאַחַר שֶׁאָכְלוּ וְשָׁתוּ עָמְדוּ לְבָרְכוֹ אָמַר לָהֶם וְכִי מִשֶּׁלִּי אֲכַלְתֶּם מִשֶּׁל אֱלֹהֵי עוֹלָם אֲכַלְתֶּם הוֹדוּ וְשַׁבְּחוּ וּבָרְכוּ לְמִי שֶׁאָמַר וְהָיָה הָעוֹלָם
À propos de Tamar, il est écrit (Gen. 38, 15) : « Yehouda la vit et la prit pour une prostituée, car elle s’était couvert la face. » Parce qu’elle s’était couvert la face, il la prit pour une prostituée ? Au contraire, celles-ci déploient leurs charmes ! וַיִּרְאֶהָ יְהוּדָה וַיַּחְשְׁבֶהָ לְזוֹנָה כִּי כִסְּתָה פָּנֶיהָ מִשּׁוּם דְּכִסְּתָה פָּנֶיהָ חַשְּׁבַהּ לְזוֹנָה
Rabbi El‘azar explique : Yehouda n’a pas reconnu sa bru, car celle-ci restait voilée dans sa maison. Sa décence est confirmée aussi par Rabbi Chemouel bar Na‘hmani, déclarant au nom de Rabbi Yonathan : toute bru qui est pudique dans la maison de son beau-père a le mérite de donner naissance à une lignée de rois et de prophètes. D’où le déduisons-nous ? De Tamar, qui compte des prophètes parmi ses descendants. En effet, il est écrit (Is. 1, 1) : « Vision d’Isaïe fils d’Amots. » Or, Tamar est aussi l’ancêtre des rois de la dynastie de David, dont Amatsia, qui a régné sur les tribus de Juda et Benjamin, et Rabbi Lévi a déclaré : selon une tradition reçue de nos pères, Amots, et le roi Amatsia étaient frères ; ainsi, Amots et son fils Isaïe étaient issus également de Tamar. אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר שֶׁכִּסְּתָה פָּנֶיהָ בְּבֵית חָמִיהָ דְּאָמַר רַבִּי שְׁמוּאֵל בַּר נַחְמָנִי אָמַר רַבִּי יוֹנָתָן כׇּל כַּלָּה שֶׁהִיא צְנוּעָה בְּבֵית חָמִיהָ זוֹכָה וְיוֹצְאִין מִמֶּנָּה מְלָכִים וּנְבִיאִים מְנָלַן מִתָּמָר נְבִיאִים דִּכְתִיב חֲזוֹן יְשַׁעְיָהוּ בֶן אָמוֹץ מְלָכִים מִדָּוִד וְאָמַר רַבִּי לֵוִי דָּבָר זֶה מָסוֹרֶת בְּיָדֵינוּ מֵאֲבוֹתֵינוּ אָמוֹץ וַאֲמַצְיָה אַחִים הֲווֹ
Pour indiquer que Tamar fut menée au bûcher, l’Écriture (Gen. 38, 25) utilise l’expression hi moutset – qui signifie littéralement « [Comme] on la trouvait » au lieu de la formule hi mitoutset, « [Comme] on la faisait sortir », plus appropriée. Aussi Rabbi El‘azar y voit une allusion à une bataille livrée autour des pièces à conviction – le sceau, les cordons et le bâton, mentionnés dans le même verset – trouvées par Tamar pour prouver son innocence. Samaël, le génie d’Édom, voulut les éloigner pour entraîner la mort de l’accusée et empêcher la naissance de son descendant – David – appelé à vaincre Edom ; mais l’ange Gabriel vint et les rapprocha. הִיא מוּצֵאת הִיא מִיתּוֹצֵאת מִיבְּעֵי לֵיהּ אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר לְאַחַר שֶׁנִּמְצְאוּ סִימָנֶיהָ בָּא סַמָּאֵל וְרִיחֲקָן בָּא גַּבְרִיאֵל וְקֵירְבָן
Sous cet éclairage, on peut comprendre également le sens de ce verset des Psaumes (56, 1) : « Au chef des chantres. À propos de la colombe muette dans les lointains, de David, Mikhtam. » Rabbi Yo‘hanan explique : dès le moment où ses pièces à conviction furent éloignées par Samaël, Tamar devint comme une colombe muette, réduite au silence. « De David, Mikhtam » Celle appelée à devenir l’ancêtre de David qui était humble [makh] et parfait [tam] dans son comportement avec tous ses semblables. Autre explication du Mikhtam au sujet de David : l’endroit où on aurait dû lui faire la blessure [maka] de la circoncision était entier [tama], sans cicatrice, car il était né circoncis. Troisième explication de Mikhtam : de même qu’avant de monter sur le trône, alors qu’il n’était qu’un petit berger, il se rabaissait pour apprendre la Tora auprès de ceux qui étaient plus importants que lui, il continua à agir ainsi à son époque de gloire. הַיְינוּ דִּכְתִיב לִמְנַצֵּחַ עַל יוֹנַת אֵלֶם רְחוֹקִים לְדָוִד מִכְתָּם אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשָּׁעָה שֶׁנִּתְרַחֲקוּ סִימָנֶיהָ נַעֲשֵׂית כְּיוֹנָה אִילֶּמֶת לְדָוִד מִכְתָּם שֶׁיָּצָא מִמֶּנָּה דָּוִד שֶׁהָיָה מָךְ וְתָם לַכֹּל דָּבָר אַחֵר מִכְתָּם שֶׁהָיְתָה מַכָּתוֹ תַּמָּה שֶׁנּוֹלַד כְּשֶׁהוּא מָהוּל דָּבָר אַחֵר מִכְתָּם כְּשֵׁם שֶׁבְּקַטְנוּתוֹ הִקְטִין עַצְמוֹ אֵצֶל מִי שֶׁגָּדוֹל מִמֶּנּוּ לִלְמוֹד תּוֹרָה כָּךְ בִּגְדוּלָּתוֹ

Le Talmud Steinsaltz (Steinsaltz Center)

Traduit paragraphe par paragraphe; commenté par le Rabbin Adin Even-Israël Steinsaltz.

« Et elle envoya dire à son beau-père : de l’homme à qui appartiennent ceux-ci, je suis enceinte. Puis elle dit : reconnais de grâce à qui appartiennent ce sceau, ces cordons, ce bâton ! » (Gen. 38, 25). Au lieu de parler de manière impersonnelle, elle aurait dû incriminer Yehouda explicitement ! Rav Zoutra bar Touvya a déclaré au nom de Rav – ou, selon une autre version, Rav ‘Hana bar Bizna au nom de Rabbi Chim‘on le Pieux, ou encore, Rabbi Yo‘hanan au nom de Rabbi Chim‘on ben Yo‘haï – il vaut mieux se jeter dans une fournaise que d’humilier quelqu’un en public. D’où le savons-nous ? Du refus de Tamar d’accuser Yehouda ouvertement, au risque d’être brûlée vive. וְהִיא שָׁלְחָה אֶל חָמִיהָ לֵאמֹר לְאִישׁ אֲשֶׁר אֵלֶּה לּוֹ אָנֹכִי הָרָה וְתֵימָא לֵיהּ מֵימָר אָמַר רַב זוּטְרָא בַּר טוֹבִיָּה אָמַר רַב וְאָמְרִי לַהּ אָמַר רַב חָנָא בַּר בִּיזְנָא אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן חֲסִידָא וְאָמְרִי לָהּ אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן מִשּׁוּם רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחַי נוֹחַ לוֹ לָאָדָם שֶׁיַּפִּיל עַצְמוֹ לְתוֹךְ כִּבְשַׁן הָאֵשׁ וְאַל יַלְבִּין פְּנֵי חֲבֵירוֹ בָּרַבִּים מְנָלַן מִתָּמָר
« Reconnais de grâce » – Rabbi ‘Hama fils de Rabbi ‘Hanina établit un parallèle : Yehouda avait annoncé à son père une mauvaise nouvelle en employant le mot « reconnais », et, par mesure de rétorsion, le Ciel a fait en sorte que la preuve de sa conduite licencieuse lui soit révélée par le même terme. Il avait annoncé à son père la disparition de Joseph en lui disant (ibid. 37, 32) – « Reconnais, de grâce, que c’est la tunique de ton fils » et, plus tard, Tamar employa les mêmes termes – « Reconnais de grâce » (ibid. 38, 25) pour le mettre face à ses responsabilités. הַכֶּר נָא אָמַר רַבִּי חָמָא בְּרַבִּי חֲנִינָא בְּהַכֶּר בִּישֵּׂר לְאָבִיו בְּהַכֶּר בִּישְּׂרוּהוּ בְּהַכֶּר בִּישֵּׂר הַכֶּר נָא הַכְּתֹנֶת בִּנְךָ הִיא בְּהַכֶּר בִּישְּׂרוּהוּ הַכֶּר נָא לְמִי
L’expression « de grâce » fait allusion à une requête formulée par Tamar et qui n’a pas été rapportée explicitement par le texte biblique. Elle lui a dit : je t’en prie, reconnais ton Créateur et ne détourne pas tes yeux de moi. Autrement dit, ne mens pas devant Dieu en cachant la vérité sur ta relation avec moi. נָא אֵין נָא אֶלָּא לְשׁוֹן בַּקָּשָׁה אָמְרָה לֵיהּ בְּבַקָּשָׁה מִמְּךָ הַכֵּר פְּנֵי בּוֹרַאֲךָ וְאַל תַּעֲלִים עֵינֶיךָ מִמֶּנִּי
« Yehouda reconnut et dit : elle a raison. C’est de moi » (Gen. 38, 26). À ce propos, Rav ‘Hanin bar Bizna a rapporté cet enseignement de Rabbi Chim‘on le Pieux : Joseph, qui a sanctifié le nom du Ciel en cachette – en ne cédant pas aux avances de la femme de Potiphar (ibid. 39, 8) – a mérité qu’on lui ajoute une lettre du nom du Saint béni soit-Il (un du Tétragramme), car il est écrit (Ps. 81, 6) « C’est un témoignage qu’Il a établi en Joseph. » וַיַּכֵּר יְהוּדָה וַיֹּאמֶר צָדְקָה מִמֶּנִּי הַיְינוּ דְּאָמַר רַב חָנִין בַּר בִּיזְנָא אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן חֲסִידָא יוֹסֵף שֶׁקִּדֵּשׁ שֵׁם שָׁמַיִם בַּסֵּתֶר זָכָה וְהוֹסִיפוּ לוֹ אוֹת אַחַת מִשְּׁמוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא דִּכְתִיב עֵדוּת בִּיהוֹסֵף שָׂמוֹ
Yehouda qui a sanctifié le nom du Ciel en public – en avouant sa faute devant tout le monde – a eu le mérite que son nom contienne toutes les lettres du Tétragramme (avec un dalet en plus). Et quand il reconnut ses torts en disant – « Elle a raison. C’est de moi », une Voix céleste proclama : puisque tu as sauvé du feu Tamar et les deux fils qu’elle portait en son sein, Je te jure que, par ce mérite, Je sauverai trois de tes descendants du feu. De qui s’agit-il ? De ‘Hananya, Michaël et ‘Azarya qui sortirent sains et saufs de la fournaise où ils avaient été jetés sur l’ordre de Nabuchodonosor (voir Dan. chap. 3). יְהוּדָה שֶׁקִּדֵּשׁ שֵׁם שָׁמַיִם בְּפַרְהֶסְיָא זָכָה וְנִקְרָא כּוּלּוֹ עַל שְׁמוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא כֵּיוָן שֶׁהוֹדָה וְאָמַר צָדְקָה מִמֶּנִּי יָצְתָה בַּת קוֹל וְאָמְרָה אַתָּה הִצַּלְתָּ תָּמָר וּשְׁנֵי בָּנֶיהָ מִן הָאוּר חַיֶּיךָ שֶׁאֲנִי מַצִּיל בִּזְכוּתְךָ שְׁלֹשָׁה מִבָּנֶיךָ מִן הָאוּר מַאן נִינְהוּ חֲנַנְיָה מִישָׁאֵל וַעֲזַרְיָה
« Elle a raison. C’est de moi. » D’où Yehouda savait-il que Tamar était enceinte de lui ? En réalité, explique la guemara, une Voix céleste proclama « de Moi sont sorties des choses secrètes afin que tu engendres ces enfants pour réaliser Mon dessein – Faire naître de toi une dynastie royale (voir Gen. 49, 9-10). צָדְקָה מִמֶּנִּי מְנָא יָדַע יָצְתָה בַּת קוֹל וְאָמְרָה מִמֶּנִּי יָצְאוּ כְּבוּשִׁים
 « Et il ne cessa plus [lo yassaf] de la connaître » (Gen. 38, 26) – Chemouel l’Ancien, le beau-père de Rav Chemouel bar Ami, explique au nom de son gendre : ayant reconnu que les intentions de Tamar étaient pures, Yehouda ne s’est plus séparé d’elle. On aurait pu comprendre, au contraire, qu’il ne poursuivit pas ses relations avec elle. Mais l’interprétation de Rav Chemouel bar Na‘hmani est fondée sur une analogie sémantique. Il est écrit ici : « Il ne cessa plus de la connaître », et ailleurs (Deut. 5, 19), la Tora évoque « une voix puissante et incessante [lo yassaf] ». וְלֹא יָסַף עוֹד לְדַעְתָּה אָמַר שְׁמוּאֵל סָבָא חֲמוּהּ דְּרַב שְׁמוּאֵל בַּר אַמֵּי מִשְּׁמֵיהּ דְּרַב שְׁמוּאֵל בַּר אַמֵּי כֵּיוָן שֶׁיְּדָעָהּ שׁוּב לֹא פָּסַק מִמֶּנָּה כְּתִיב הָכָא וְלֹא יָסַף עוֹד לְדַעְתָּה וּכְתִיב הָתָם קוֹל גָּדוֹל וְלֹא יָסָף
Suite de la michna : « Absalom s’est enorgueilli de sa chevelure C’est pourquoi il fut pendu par les cheveux. » Nos maîtres ont enseigné dans une baraïta : « Absalom s’est rebellé contre son père parce que sa chevelure l’a rempli d’orgueil. Il est dit en effet (II Sam. 14, 25–26) : “Et il n’y avait personne d’aussi beau qu’Absalom… Et quand il faisait couper sa chevelure, ce qui arrivait tous les ans, parce qu’elle l’incommodait par son poids, on la pesait, et elle atteignait deux cents sicles au poids royal” – Ce poids, précise un Tana, est utilisé par les habitants de Tibériade et les habitants de Séphoris. אַבְשָׁלוֹם נִתְגָּאָה בִּשְׂעָרוֹ וְכוּ׳ תָּנוּ רַבָּנַן אַבְשָׁלוֹם בִּשְׂעָרוֹ מָרַד שֶׁנֶּאֱמַר וּכְאַבְשָׁלוֹם לֹא הָיָה אִישׁ יָפֶה וְגוֹ׳ וּבְגַלְּחוֹ אֶת רֹאשׁוֹ וְהָיָה מִקֵּץ יָמִים לַיָּמִים אֲשֶׁר יְגַלֵּחַ כִּי כָבֵד עָלָיו וְגִלְּחוֹ וְשָׁקַל אֶת שְׂעַר רֹאשׁוֹ מָאתַיִם שְׁקָלִים בְּאֶבֶן הַמֶּלֶךְ תָּנָא אֶבֶן שֶׁאַנְשֵׁי טְבֶרְיָא וְאַנְשֵׁי צִיפּוֹרִי שׁוֹקְלִים בָּהּ
 Absalom, poursuit la baraïta, se montrait fier de sa chevelure et c’est pourquoi il fut suspendu par les cheveux, comme il est dit (ibid. 18, 9) : “Absalom se trouva par hasard en présence des serviteurs de David. Absalom était monté sur un mulet et le mulet arriva sous le branchage d’un grand chêne. Sa chevelure se prit dans le chêne et il resta suspendu entre ciel et terre, tandis que le mulet qui était sous lui s’échappait.” » Absalom dégaina son épée pour couper les cheveux qui le retenaient à l’arbre. Mais à ce moment-là, enseigne l’École de Rabbi Yichma‘el, le Cheol s’ouvrit sous lui et, de peur d’y être précipité, il préféra rester suspendu à l’arbre. לְפִיכָךְ נִתְלָה בִּשְׂעָרוֹ שֶׁנֶּאֱמַר וַיִּקְרָא אַבְשָׁלוֹם לִפְנֵי עַבְדֵי דָוִד וְאַבְשָׁלוֹם רֹכֵב עַל הַפֶּרֶד וַיָּבֹא הַפֶּרֶד תַּחַת שׂוֹבֶךְ הָאֵלָה הַגְּדוֹלָה וַיֶּחֱזַק רֹאשׁוֹ בָאֵלָה וַיֻּתַּן בֵּין הַשָּׁמַיִם וּבֵין הָאָרֶץ וְהַפֶּרֶד אֲשֶׁר תַּחְתָּיו עָבָר שְׁקַל סַפְסִירָא בְּעָא לְמִיפְסְקֵיהּ תָּנָא דְּבֵי רַבִּי יִשְׁמָעֵאל בְּאוֹתָהּ שָׁעָה נִבְקַע שְׁאוֹל מִתַּחְתָּיו
 Quand on lui annonça la mort d’Absalom, « Le roi (David) fut bouleversé, il monta à la chambre haute de la porte et se mit à pleurer. Il disait ceci en marchant : mon fils Absalom, mon fils, mon fils Absalom, que ne suis-je pas mort, moi, à ta place, Absalom, mon fils, mon fils… » (II Sam. 19, 1). « Le roi s’était voilé la face et répétait à grands cris : mon fils Absalom, Absalom, mon fils, mon fils » (ibid. 19, 5). Pourquoi a-t-il répété « mon fils » à huit reprises ? Il l’a dit sept fois pour intercéder en sa faveur et le faire remonter du fond des sept niveaux de la géhenne où il avait été conduit à sa mort. La huitième mention suggère, selon certains, qu’il est intervenu pour rapprocher la tête d’Absalom, jetée au loin, du reste du corps, ou selon d’autres, pour que son fils ait part au monde à venir. וַיִּרְגַּז הַמֶּלֶךְ וַיַּעַל עַל עֲלִיַּית הַשַּׁעַר וַיֵּבְךְּ וְכֹה אָמַר בְּלֶכְתּוֹ בְּנִי אַבְשָׁלוֹם בְּנִי בְנִי אַבְשָׁלוֹם מִי יִתֵּן מוּתִי אֲנִי תַחְתֶּיךָ אַבְשָׁלוֹם בְּנִי בְנִי וְהַמֶּלֶךְ לָאַט אֶת פָּנָיו וַיִּזְעַק הַמֶּלֶךְ קוֹל גָּדוֹל בְּנִי אַבְשָׁלוֹם אַבְשָׁלוֹם בְּנִי בְנִי הָנֵי תְּמָנְיָא בְּנִי לְמָה שִׁבְעָה דְּאַסְּקֵיהּ מִשִּׁבְעָה מְדוֹרֵי גֵיהִנָּם וְאִידַּךְ אִיכָּא דְּאָמְרִי דְּקָרֵיב רֵישֵׁיהּ לְגַבֵּי גוּפֵיהּ וְאִיכָּא דְּאָמְרִי דְּאַיְיתֵיהּ לְעָלְמָא דְּאָתֵי
 « Et Absalom prit et s’érigea de son vivant la stèle qui est dans la vallée du roi, car il s’était dit : je n’ai pas de fils pour commémorer mon nom » (ibid. 18, 18). Qu’a-t-il pris ? Rèch Lakich répond : il voulut prendre le pouvoir et, dans cette perspective, il eut la malheureuse initiative de s’ériger une stèle dans la vallée du roi. « La stèle qui est dans la vallée [be-‘èmek] du roi » – Rabbi ‘Hanina bar Papa dit : l’édification de cette stèle, marquant le début de la rébellion d’Absalom contre son père, était la réalisation du dessein profond [‘amouka] du Roi de l’univers, qui avait signé ce décret contre David pour le punir de sa relation coupable avec Batchéva. וְאַבְשָׁלוֹם לָקַח וַיַּצֶּב לוֹ בְחַיָּיו מַאי לָקַח אָמַר רֵישׁ לָקִישׁ שֶׁלָּקַח מִקָּח רַע לְעַצְמוֹ אֶת מַצֶּבֶת אֲשֶׁר בְּעֵמֶק הַמֶּלֶךְ וְגוֹ׳ אָמַר רַבִּי חֲנִינָא בַּר פָּפָּא בְּעֵצָה עֲמוּקָּה שֶׁל מַלְכּוֹ שֶׁל עוֹלָם