« Plus que quinze jours ! » affichait une note sur le réfrigérateur d’une enseignante dévouée qui comptait les jours jusqu’à la fin de l’année scolaire. Mes enfants aussi font le même compte.
Combien de fois aurions-nous voulu faire disparaître le temps ? Pris dans un embouteillage, nous nous plaignons du temps que cela nous prend pour arriver à destination. Dans la salle d’attente d’un médecin, nous tapotons impatiemment en attendant notre tour. Bien que nos tapotements et nos grognements ne fassent pas passer le temps plus vite, ils expriment notre désir de passer « à des choses plus importantes ».
Nous attendons avec enthousiasme les prochaines étapes de la vie – le bébé qui fait enfin ses nuits, qui prononce ses premiers mots, qui fait ses premiers pas, qui commence son premier jour d’école – pour nous réveiller un jour dans une maison vide, nous demandant où est passé le temps.
Nous sommes impatients d’obtenir notre diplôme et notre premier emploi. Ensuite, nous sommes impatients de trouver un autre emploi, plus intéressant, jusqu’à ce que nous nous demandions quand nous pourrons enfin économiser suffisamment pour prendre notre retraite.
Lorsqu’elle relate la vie des justes, comme Abraham et Sarah, la Torah utilise l’expression : « zekénim, baïm bayamim – ils étaient vieux, ils étaient entrés dans de nombreux jours ». S’ils étaient vieux, n’est-il pas évident qu’ils avaient vécu de nombreux jours ? Cette formulation implique cependant que vivre de nombreux jours ne signifie pas nécessairement « entrer » dans nos jours. Nous pouvons perdre notre temps à guetter l’étape suivante, ou bien nous pouvons vivre dans le moment présent, en entrant dans chacun de nos jours pour les vivre pleinement.
Le peuple juif avait une pratique inhabituelle lorsqu’il voyageait dans le désert.
« Que ce soit pendant deux jours, un mois ou une année, lorsque la nuée s’attardait au-dessus du Sanctuaire, les enfants d’Israël campaient et ne voyageaient pas, et lorsqu’elle se retirait, ils voyageaient. Sur l’ordre de l’Éternel, ils campaient, et sur l’ordre de l’Éternel, ils se mettaient en route. » (Nombres 9,22-23)
Parfois, ils campaient pendant des semaines à un endroit donné ; d’autres fois, ils ne restaient qu’une journée. À chaque endroit, les Lévites assemblaient le Sanctuaire, y compris les pans de mur, les piliers, les tapisseries, le mobilier et chacun des centaines de socles. La participation de plusieurs milliers de Lévites était nécessaire pour accomplir cette formidable tâche.
Fallait-il vraiment monter et démonter toute la structure pour ne rester qu’un seul jour à un endroit donné ?
Oui, car chacune de nos « étapes » dans la vie est importante. Parfois, nous pouvons avoir l’impression de n’être qu’à un point d’attente, à une étape intermédiaire avant la phase suivante qui semble avoir plus de sens. Mais dans chaque jour, dans chaque moment – y compris ceux que l’on passe dans une queue interminable au supermarché –, il est possible d’entrer de manière à le transformer en tremplin pour s’élever.
À chaque étape, nous devons assembler notre propre Sanctuaire en trouvant un moyen, à ce moment précis, d’unifier le ciel et la terre.
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