L’une des plus grandes qualités de Moïse était son humilité, comme le confirme la Torah dans la paracha Behaalotekha : « Moïse était extrêmement humble, davantage que quiconque sur la face de la terre. »1

Parmi tout le peuple juif, c’est Moïse que D.ieu a désigné pour mener les Juifs hors d’Égypte. Il l’a également choisi – et lui seul – pour recevoir la Torah, étudiant avec lui pendant quarante jours et quarante nuits.2

De plus, la Torah révèle dans la paracha Behaalotekha que Moïse avait la faculté de converser avec D.ieu à sa guise3  ; qu’il partageait son esprit avec les 70 anciens sans en être diminué4  ; et que sa relation avec le peuple juif était celle d’une nourrice portant un nourrisson.5

Comment un individu d’une telle grandeur pouvait-il demeurer si humble ? Moïse était-il inconscient de sa propre stature, sachant que la reconnaissance de sa position est essentielle pour un service divin approprié ? Une personne doit servir D.ieu en fonction de son rang, et pour ce faire, elle doit être consciente de ses vertus comme de ses défauts.

Moïse était effectivement conscient de sa position unique et savait qu’il surpassait largement les autres hommes. Néanmoins, cela ne l’empêchait pas d’être l’homme le plus humble. Car Moïse pensait que si quelqu’un d’autre avait reçu ses qualités, cette personne les aurait développées encore plus que lui. C’était la cause de l’humilité de Moïse.6

Cependant, il reste à comprendre : ce qui distinguait Moïse de tous les autres hommes était sa capacité prophétique, en ce que D.ieu se révélait à lui « face à face, dans une vision sans allégorie, de sorte qu’il voyait une véritable image de D.ieu. »7 Sa capacité prophétique était si grande que la Torah atteste : « Il n’y a plus jamais eu en Israël de prophète comme Moïse. »8

La prophétie n’est pas un mérite acquis par l’effort personnel, mais un don révélé octroyé d’en haut. Ainsi, il est impossible de dire que concernant la qualité de la prophétie, Moïse pensait qu’un autre individu aurait développé ce trait à un degré supérieur, car la prophétie ne dépend pas de l’individu.

Comment donc Moïse pouvait-il être l’homme le plus humble, alors que son principal attribut – son degré de vision prophétique – ne pouvait être répliqué par personne d’autre ?

Nous trouvons dans la Guemara9 une discussion sur la question de savoir si l’humilité est une qualité supérieure ou inférieure à la crainte de D.ieu. Nos Sages distinguent10 deux niveaux d’humilité, un supérieur et un inférieur à la crainte de D.ieu :

Le niveau inférieur d’humilité est basé sur la raison, par exemple, l’humilité basée sur l’idée que si une autre personne avait été bénie des mêmes talents, elle les aurait développés à un degré encore plus grand. Le niveau supérieur d’humilité est l’humilité qui fait partie intégrante de l’essence de la personne. La preuve que ce degré supérieur d’humilité – une humilité qui transcende la logique – existe vraiment peut être déduite du fait que cette qualité est attribuée à D.ieu Lui-même, comme le disent nos Sages : « Là où vous trouvez la grandeur de D.ieu, vous trouvez aussi Son humilité. »11

Certainement, en ce qui concerne D.ieu, l’humilité basée sur l’hypothèse que quelqu’un d’autre aurait mieux fait, etc., ne peut tout simplement pas exister. Nous devons donc dire qu’il existe un degré d’humilité qui dépasse la logique.

Moïse possédait les deux degrés d’humilité : En ce qui concerne les qualités qu’il avait atteintes par son propre service spirituel, il pensait que si une autre personne avait été dotée de ses talents, elle les aurait développés à un degré encore plus grand.

S’agissant de l’humilité qu’il éprouvait bien que lui seul ait été doté d’un degré de prophétie aussi remarquable, cette qualité provenait du caractère inné de Moïse en tant qu’« homme le plus humble sur la face de la terre ».

Basé sur Likoutei Si’hot Vol. XIII, p. 30-37.