Reb Mendel Futerfas passa 14 années dans les camps de travaux forcés soviétiques. Un soir, tous ses codétenus étaient déprimés. Chacun se lamentait sur sa propre histoire tragique. Avant d’être arrêté, l’un était médecin. Sa carrière allait en florissant, quand soudain il fut arrêté pour trafic au marché noir. Un autre était un officiel du Parti communiste. Il détenait le pouvoir, puis, de but en blanc, des ordres d’en haut vinrent l’envoyer dans un camp de travaux forcés. Un autre encore avait été professeur. Il avait mené une vie universitaire discrète, mais paisible avec sa famille jusqu’à ce que l’un de ses articles soit qualifié de contre-révolutionnaire. Voyez maintenant où ils en étaient. Chacun d’eux avait une triste histoire qui opposait sa position d’avant son arrestation à sa situation actuelle.

« Et qu’étais-tu avant d’être arrêté ? », demandèrent-ils à Reb Mendel. « Avant d’être arrêté, j’étais un ‘hassid. Et maintenant, je suis un ‘hassid », répondit-il. « L’emprisonnement ne peut pas changer cela. »

« Vos vies d’avant », dit-il à ses camarades, « reposaient toutes sur des facteurs extérieurs. C’est pourquoi vous ressentez une vive douleur lorsqu’ils viennent à manquer. Ma vie a toujours été tournée vers l’intérieur, et c’est pourquoi je ne suis pas anéanti même dans ces circonstances difficiles. »

Parachat Béhaalotekha

La lecture de la Torah de cette semaine décrit les préparatifs et les premières étapes du voyage du peuple juif à travers le désert après avoir campé au mont Sinaï pendant plus d’une année.

Au mont Sinaï, les Juifs reçurent la Torah et construisirent peu après le Sanctuaire en ce lieu. Pourtant, notre peuple ne demeura pas satisfait d’avoir atteint ces hauteurs spirituelles. Au lieu de se contenter de leurs acquis et de rester dans le désert où D.ieu pourvoyait à tous leurs besoins, ils entreprirent une mission : voyager vers Erets Israël.

Le désert est aride et désolé. Pourtant, tandis que les Juifs voyageaient à travers le désert, ils le transformèrent, quoique temporairement, en une terre habitée, un lieu où croissaient cultures, arbres et même fleurs. Car les Juifs ne voyageaient pas les mains vides. Avec eux, ils emportaient la Torah qui leur avait été donnée et le Sanctuaire qu’ils avaient construit. La présence de D.ieu, qui demeurait dans le Sanctuaire et qui trouve son expression dans nos vies, suscita ces transformations positives dans l’environnement où ils vivaient.

Le Baal Chem Tov explique que les voyages du peuple juif à travers le désert se reflètent dans les voyages de chaque personne à travers la vie. Certaines phases que nous traversons peuvent paraître arides et désolées. Néanmoins, nous devons saisir que ceci n’est que le cadre extérieur dans lequel nous sommes placés. Cela ne devrait pas refléter notre état intérieur – car la présence de D.ieu nous accompagne en tout temps et la Torah est avec nous dans tous les environnements. Ceci emplit notre vie de sens et de profondeur intérieure qui nous permettent d’être tournés vers l’extérieur. Nous pouvons transformer les environnements dans lesquels nous vivons et contribuer à leur croissance et leur développement.

En regardant vers l’horizon

Dans un esprit similaire, les voyages du peuple juif à travers le désert sont également interprétés comme une allusion aux voyages de notre peuple à travers les âges vers l’accomplissement du but de la création : la révélation de la lumière de Machia’h. En conséquence, tout au long de l’histoire, les Juifs ont erré de pays en pays accomplissant une mission divine unique, révélant les étincelles divines dans différentes terres en utilisant la matière physique de chaque endroit dans l’accomplissement des mitsvot.

Pour expliquer ce motif : nos Sages affirment que D.ieu exila le peuple juif « afin que des convertis puissent se joindre à eux ». En plus du sens simple de cette affirmation, la mystique juive élargit la signification du mot « converti » pour se référer non seulement aux individus qui acceptent le judaïsme, mais aussi aux étincelles de la force de vie divine qui se cachent dans la substance matérielle du monde.

Quand un Juif utilise un objet pour une mitsva, il ou elle libère ces étincelles cachées de divinité et leur permet d’être révélées. Ainsi de terre en terre notre peuple a cheminé, accomplissant cette mission étape par étape.

Ce faisant, ils ont fait « fleurir le désert ». Ils ont doté le monde de sens et de buts spirituels, le poussant vers l’aboutissement de ce processus : la venue de Machia’h, quand la divinité qui imprègne notre existence sera manifeste.