Chabbat Hagadol
Chers amis,
Ce Chabbat – le Chabbat qui précède Pessa’h – est dénommé dans la tradition juive « Chabbat Hagadol » – « le Grand Chabbat », en raison du « grand miracle » qui eut lieu en ce jour, quatre jours avant la Sortie d’Égypte.
C’est un peu surprenant, car cela semble suggérer que certains miracles ne mériteraient pas d’être appelés « grands ». Mais la définition même d’un miracle n’implique-t-elle pas de dépasser la nature ? Et lorsque l’on sait de quel miracle il s’agit, on est encore plus surpris que seulement celui-ci soit appelé « grand » et non les Dix Plaies, l’Ouverture de la mer et d’autres événements prodigieux tels que les nuées protectrices, la colonne de feu, etc.
En fait, à bien y regarder, l’événement n’a rien de surnaturel, bien au contraire.
Voici ce qui s’est passé. Le 1er Nissan, D.ieu ordonna à Moïse de transmettre aux Enfants d’Israël le calendrier des événements : le 10 du mois, ils devraient prendre un agneau, le faire rentrer dans la maison et l’attacher au pied de leur lit. Quatre jours plus tard, le 14 Nissan, ils devraient égorger cet agneau dans l’après-midi et le consommer ce soir-là avec de la matsa et du maror, après avoir badigeonné les montants et le linteau de leur porte avec son sang. À la mi-nuit, l’ange de la mort passerait de maison en maison, tuant les premiers-nés égyptiens et « sautant » (sens du mot « Pessa’h ») au-dessus des maisons juives identifiées par ce signe.
Revenons au 10 Nissan, qui tombait cette année-là un samedi (comme cette année). Voyant les Hébreux se livrer à cette conduite singulière consistant à faire entrer un agneau chez eux, les Égyptiens leur en demandèrent la raison. Les Hébreux leur dirent exactement de quoi ils retournaient, et les Égyptiens qui avaient déjà subi neuf plaies terribles les crurent sur parole.
Vous imaginez la suite : les premiers-nés égyptiens coururent implorer Pharaon de laisser partir les Hébreux pour qu’eux-mêmes ne soient pas tués. Pharaon ne voulut rien entendre et, refusant d’accepter leur sort sans rien faire, les premiers-nés égyptiens prirent les armes et livrèrent une guerre acharnée aux troupes de Pharaon avec l’énergie du désespoir. Nos ancêtres virent alors leurs anciens bourreaux s’entretuer, faisant des milliers de morts dans leurs propres rangs, jusqu’à ce que les forces gouvernementales l’emportent et que le plan divin se déroule comme annoncé.
Un vrai miracle. Certes, « habillé dans les voies naturelles », mais incontestablement un miracle.
Mais ce qui fait de celui-ci un « grand » miracle, c’est le fait que le mal ne fut pas attaqué par les forces du bien, mais par les plus grandes forces du mal elles-mêmes : l’Égypte fut attaquée par ses propres premiers-nés, par ceux qui constituaient l’élite de la société égyptienne.
Alors que nos ancêtres s’apprêtaient à quitter l’Égypte et à accéder à la liberté pour la première fois en tant que nation, il leur fut donné de voir et de comprendre à travers cet événement que, non seulement le mal ne triomphera pas en définitive, mais que, lorsque le moment de vérité arrive, l’existence du mal se dissout en elle-même. Celle-ci n’est en fait qu’un artifice, un décor posé par le Créateur au sein de la réalité pour nous donner le mérite d’exercer notre libre arbitre en choisissant le bien.
Nous devons avoir ceci à l’esprit alors que nous nous apprêtons à célébrer le Temps de notre Liberté à Pessa’h la semaine prochaine, et, comme l’a annoncé le Rabbi de Loubavitch, à vivre très promptement notre propre rédemption qui inaugurera un monde où l’existence du mal ne sera plus qu’un lointain souvenir.
Chabbat Chalom !
Emmanuel Mergui
au nom de l’équipe éditoriale de Chabad.org
P.-S. Visitez www.Pessah.org pour le guide technique de la fête de Pessa’h, l’histoire complète de Pessa’h, des approfondissements et des récits passionnants.
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P. P.-S. Ce dimanche 11 Nissan marque le 121ème anniversaire de la naissance du Rabbi de Loubavitch.
P. P. P.-S. ‘Hag Saméa’h !