L’un des changements fondamentaux qui marqueront l’Ère Messianique sera la disparition totale du mal. Ainsi dit la prophétie de Zacharie : « L’esprit d’impureté, Je le ferai disparaître de la terre. »1 Il n’y aura plus de mal, ni de « mauvais penchant », comme le dit le Talmud : « Dans les Temps Futurs, D.ieu se saisira du mauvais penchant et l’égorgera. »2
Il est clair qu’un tel état de fait transformera de fond en comble la vie telle que nous la connaissons. Le mal et le conflit sont si imbriqués dans notre réalité actuelle, que leur disparition donnera lieu à un monde radicalement différent. Imaginez un monde sans verrous et sans policiers,3 sans armes et sans châtiments, sans humiliations et sans haine, sans jalousie et sans cupidité. Des enfants qui ne seront plus en conflits avec leurs parents et leurs maîtres, des adultes qui ne se disputeront plus. Plus personne contre qui s’énerver, plus de raison de se mettre en colère. Que du bien, et ce, de manière naturelle !
Une guerre perpétuelle
Le monde dans lequel nous vivons est caractérisé par une guerre perpétuelle entre le bien et le mal, entre la sainteté et l’« autre côté ». Ce conflit a débuté suite au péché de l’Arbre de la Connaissance qui a entraîné le mélange du bien et du mal : depuis lors, il n’y a plus de bien sans mal ni de mal sans bien, et ceux-ci se livrent une lutte permanente. Dans celle-ci, il y a eu de nombreuses fluctuations, parfois le bien est vainqueur, parfois le mal l’emporte, comme le dit le verset : « Une nation l’emportera sur l’autre »4 – « Lorsque l’une s’élève, l’autre chute ».5
Cette lutte entre le bien et le mal représente toute notre existence actuelle. Telle est la mission qui nous est impartie : nous battre contre le mal, renforcer le bien et séparer le bien du mal. La période de l’histoire qui précède les temps messianiques, et en particulier celle de l’exil, est celle de la guerre du bien et du mal qui prend toutes les formes possibles. Certes, il y a des hauts et des bas, mais, de manière générale, le monde va en s’améliorant. Le bien se décante petit à petit du mal. L’aboutissement de ce processus entraînera la délivrance messianique.
Celle-ci se divisera en deux périodes, relativement à l’éradication du mal : dans la première période, appelée Yémot haMachia’h – « l’Ère Messianique », le mal ne disparaîtra pas totalement. Seul disparaîtra le mélange qui existe aujourd’hui. Les délimitations originelles entre le bien et le mal, telles qu’elles existaient avant le péché de l’Arbre de la Connaissance, réapparaîtront. Le peuple juif ne sera plus soumis à la domination du mal. Dans le Zohar,6 il est dit que le mal se concentrera alors dans le « erev rav ».
Le mal jouera alors un rôle positif. L’une des appellations du mal est klipa – « coquille ». Une coquille en soi n’est pas quelque chose de mauvais. Elle protège le fruit. Le problème commence lorsqu’elle se trouve mélangée au fruit. C’est pourquoi aujourd’hui, la klipa est une notion négative, car le mal est mélangé au bien. Mais à l’Ère Messianique, lorsque le mal se tiendra séparé du bien, il sera possible d’exploiter ses caractéristiques (comme sa puissance, son intense ambition, etc) pour élever le bien à de nouvelles hauteurs.
Le mal conclura sa mission
La seconde étape de l’éradication du mal aura lieu dans la seconde période des temps messianiques, celle de la Résurrection des Morts, qui verra l’avènement d’un tout nouveau monde. Le mal disparaîtra alors totalement et ne demeurera pas sous quelque forme que ce soit. Le mal conclura sa mission et il ne restera que le bien. La vérité divine règnera sans partage sur toute la réalité.
C’est pourquoi le monde de la résurrection constitue la finalité de toute la Création. Le but de celle-ci est d’aboutir à faire de ce monde « une résidence dans les dimensions inférieures », de sorte que D.ieu réside précisément ici-bas. C’est à l’ère de la résurrection que ce dessein atteindra sa plénitude, lorsque le mal aura totalement disparu, ce qui permettra au monde matériel inférieur d’être une véritable « demeure » pour D.ieu.7 Avec cela s’achèvera la mission du peuple juif en temps exil et lors des temps messianiques, et commencera l’ère de la « rétribution », décrite ainsi dans le Talmud : « Les justes seront assis, leurs diadèmes posés sur leurs têtes, et ils jouiront du rayonnement de la Présence Divine. »8
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