Les concepts de la Torah – faut-il le rappeler – sont inépuisables dans leurs prolongements. Nous tenterons ici d'expliquer un concept de la Torah, tel qu'il est interprété aux différents niveaux de Pchatt, Rémez, Drouch et Sod, pour ensuite le considérer à la lumière de la vitalité et de la profondeur dont la 'Hassidouth imprègne chacune de ces différentes approches. En outre, l'analyse de ce seul concept, nous permettra de constater que les conclusions inférées s'étendent à tous les concepts de la Torah.

Le concept que nous choisirons comme exemple est « Modé Ani Lefane'ha... »1 [la prière du matin : « Je Te rends hommage,2 Roi vivant et Éternel, car Tu as restitué en moi mon âme avec miséricorde ; grande est Ta fidélité »]. Les raisons de ce choix sont les suivantes :

1) Le fait qu'il soit du devoir de chacun de s'accoutumer à réciter le Modé Ani immédiatement au réveil, « et se rappeler D.ieu qui se tient au-dessus de lui, et ainsi se lever promptement »,3fait de cette phrase le fondement et le ferment de tout ce que chacun se doit d'accomplir durant toute la journée, dans le domaine de la Torah.

2) L'idée que traduit cette phrase est que l'on doit « dès le réveil considérer en présence de qui on repose : devant le suprême Roi des rois, le Saint béni soit-il, ainsi qu'il est écrit:4 "Est-ce que Je n'emplis pas les cieux et la terre ?"».5 « Il convient d'en avoir conscience durant toute occupation ou loisir.6 ». « C'est là un grand principe de la Torah, de même qu'une éminente vertu des justes qui marchent devant D.ieu, ainsi qu'il est dit : "J'ai conscience de la présence de l'Éternel en face de moi, constamment."».7 C'est ainsi que la journée entière doit être pénétrée de cette pensée.

3) Tout ce qui précède – le culte que l'homme voue à son Créateur –, procède en premier lieu8 du « réveil d'un sommeil dans lequel les vanités du monde l'ont plongé », pour reprendre l'expression bien connue de Maïmonide.9

Tout ceci permet de comprendre le mot prononcé par Rabbi Chalom Dov-Ber de Loubavitch, lorsqu'il était jeune : « Il convient, dit-il, de "parsemer" la journée entière du "point" qui suit le mot "miséricorde ("Be'Hèmla") dans le Modé Ani. »

Il exprimait ainsi l'idée que le dévouement suggéré par le Modé Ani, est requis à chaque moment de la journée.