VIII. Les quatre degrés d’interprétation de la Torah (PaRDeS)

Zohar II, 161a. Voir également début de Beréchith Rabbah. 52a. [Voir supra, note 7a. N.d.T.]

52a

Voir Torath Chalom au début de la p. 172 qui dit : « Le monde pense que la 'Hassidouth est une explication de la Kabbale. C'est une erreur. En réalité c'est le contraire ».
L'affirmation selon laquelle la Kabbale est une explication de la 'Hassidouth, peut-être ainsi expliquée : la 'Hassidouth a pour objet la compréhension du divin, (yehidah est en effet l'attribut féminin de l'Unicité Divine, lequel est « fécondé » par Ya'hid. [D.ieu, l'Unique]. On peut également noter ce qui est écrit dans Ets 'Haïm, Chaar 42, au début du chap. 1 : « L'étincelle [Divine] (...) investit l'étincelle [humaine] (...) laquelle est appelée Ye'hidah.) La 'Hassidouth parvient à cette compréhension du divin au moyen d'analogies, d'identifications et d'explications. La Kabbale elle, « situe » (les différents concepts) dans la « morphologie divine », les Sphères Célestes (Sefiroth) etc.
Il convient également de remarquer que la « révélation » de Kétère (identifiée à l'obscurité), est réalisée à travers le degré de Ho'hmah. [Ainsi qu'il a été expliqué au chap. II, la 'Hassidouth est l'émanation d'une lumière nouvelle à provenant du plus profond degré de Kétère, la « Couronne », la plus haute des Sefiroth. La Kabbale correspond au degré de 'Ho'hmah ou « Conception », la Sefirah immédiatement inférieure.] La pointe de la lettre Youd [du Tétragramme], – laquelle correspond au degré de Kétère –, se révèle dans le Youd. La Ye'hidah se révèle dans le degré de 'Hayah; Ratsone, [le vouloir] se révèle dans celui de 'Ho'hmah. Mais la teneur, et l'essence de Kétère, ne sont exprimées que par l'acte concret.
[Deux idées essentielles sont évoquées dans cette note : 1) la façon dont la Kabbale est une explication de la 'Hassidouth, et non l'inverse; 2) le fait que la Kabbale ne soit qu'une explication, une réflexion restreinte de la 'Hassidouth, dont elle ne véhicule pas l'essence.
Dans un premier temps, le Rabbi effectue une distinction entre les méthodes respectives de compréhension de D.ieu, de la 'Hassidouth et de la Kabbale. La Kabbale est pour ainsi dire une « anatomie » descriptive du « Corps du Roi », (« Goufah DeMalkah »), c'est à dire des différentes manifestations du divin. Son propos est de « situer » ces révélations divines en les qualifiant et en graduant ces différents processus. Ainsi la Kabbale s'intéresse à l'identité des phénomènes, à l'implication des différentes Sefiroth, des Mondes spirituels, dans la chaîne des processus créateurs (appelée Hichtalchelouth), etc. La 'Hassidouth elle, s'attache à la perception directe du divin qui sous-tend les concepts, les termes, et les « endroits » situés. Elle recourra à cet effet à diverses explications, et divers exemples, et analogies – y compris même à la Kabbale –, pour révéler l'Essence du divin tel qu'elle s'exprime à tous les niveaux de la Création. Ainsi la Kabbale est une forme d'explication « technique » des révélations du divin et des termes qui les désignent. La 'Hassidouth elle, n'y a recours, que dans la mesure où elle permet l'appréhension du divin. Aussi, comme on l'a vu au chap. III, la 'Hassidouth ne se limite à aucune « forme ».
On pourra peut-être comprendre ce qui précède au moyen de l'analogie suivante. Un médecin ne se sert des différents travaux de la biologie, de la chimie, ou de l'anatomie que dans la mesure où ils l'aident à mieux comprendre ce qui fait la vie. du corps, et à soigner. Ces disciplines ne l'intéressent pas en tant que telles. Elles lui permettent seulement une meilleure perception de ce qui fait la vie. De façon similaire, la Kabbale est, pour ainsi dire, une anatomie du divin, tandis que la 'Hassidouth s'applique à comprendre la nature même de l'existence divine.
Dans la seconde partie de cette note le Rabbi analyse encore la nature de la Kabbale comme « aspect révélé » de la 'Hassidouth. Là encore, on pourra peut-être comprendre l'idée du Rabbi à travers l'exemple du médecin : le livre d'anatomie aide le médecin à comprendre le corps, mais il n'est qu'un reflet schématisé du corps, et ne saurait véhiculer la nature de la vie. De plus, la puissance de compréhension du médecin ne se révèle pas à travers sa connaissance de l'anatomie, mais dans les effets pratiques de ses soins. De même, la Kabbale, bien qu'étant une révélation et une explication de la 'Hassidouth, ne demeure qu'une explication, et n'est pas l'essence même de la 'Hassidouth. L'essence de la 'Hassidouth elle, n'est réellement perçue qu'à travers l'acte concret.
La 'Hassidouth est comparée, ci-dessus, à l'état de Ye'hidah, à Kétère, à la pointe du Youd, à la volonté, lesquels correspondent tous à des degrés dissimulés et transcendants du divin. Ye'hidah est la forme quintessentielle de l'âme, au-delà de toutes ses manifestations. Kétère transcende les dix Sefiroth, et constitue leur forme « obscure », leur non-révélation. La pointe du Youd est un point conceptuel encore dépourvu de forme. La volonté est comme on l'a vu (supra, note 12) une faculté « globale » de l'âme. Tous ces degrés – bien que transcendant toute compréhension – se révèlent, de façon atténuée, à travers les manifestations spirituelles inférieures. Ainsi, dans les Sefiroth, Kétère est révélé par 'Ho'hmah ; la pointe du Youd est révélée dans le Youd etc. Pourtant, ces manifestations ultérieures ne sauraient véhiculer l'essence des degrés supérieurs dont elles émanent. Comme il a été expliqué au chap. VII, et dans les notes 49, et 51a, l'essence est cet état fondamental et non-dérivé qui transcende toute révélation et qui pourtant imprègne tout ce qui émane de lui. Ainsi, dans la terminologie 'Hassidique, le concept de révélation revêt un double sens. C'est une « manifestation », mais simplement une manifestation, une réflexion atténuée de l'essence. Aussi, la Kabbale est-elle une explication de la 'Hassidouth, dont elle ne demeure pourtant qu'un reflet. La véritable teneur de l'essence de la 'Hassidouth s'exprime à travers l'acte. Pour plus d'explications voir infra, les chap. XVII et XVIII. N.d.T.]

[Voir infra, note 49a. N.d.T.]

Yomah, fin de 32b. Voir les références, à cet endroit. Voir également Tsafnath Panéa'h (de Rabbi Yossef Rozine, le Gaone de Rogatchov), [commentaire de la Torah] au début de la section « Kora'h ».

On peut en dire de même des prières de Yom Kippour (les prières ayant été instituées à la place des Sacrifices, [Berahoth 26b]). La raison à l'adjonction de la prière de Neïlah (laquelle permet la révélation du cinquième niveau de Pâme, la Yehidah) influe également sur les quatre autres prières du jour de Yom Kippour (bien qu'elles soient également dites les autres jours de l'année), lesquelles correspondent aux quatre niveaux de l'âme, Nefèche, Roua'h, Nechamah, Hayah. Cet effet est aussi caractérisé par l'expression : « Le jour qui requiert cinq prières. » (Likouté Torah, fin de la section « Pin'has »), voir également Likouté Sïhoth IV, p. 1154.
[Dans cette note, le Rabbi explique que de même qu'à l'époque du Sanctuaire le lien entre le peuple juif et l'Essence Divine se forgeait par l'entrée du Grand-Prêtre dans le Saint des Saints, le jour de Yom Kippour. Ce lien se caractérise, de nos jours, par les cinq prières récitées ce jour là, puisque les prières remplacent tous les rituels accomplis jadis dans le Temple. Yom Kippour est le seul jour de l'année qui requiert la récitation de cinq prières, lesquelles correspondent aux cinq degrés de l'âme (Nefèche, Rouah, Nechamah, Hayah, Yehidah). La cinquième prière, appelée Neïlah (ou prière de clôture), n'est récitée qu'à Yom Kippour. C'est à travers elle que se révèle le degré de Yehidah, qui caractérise l'union parfaite avec D.ieu. C'est, du reste, le sens de « Neïlah » ou « clôture », qui indique que l'on clôt toutes les portes, ne laissant ainsi de place que pour l'union d'Israël, et de l'Essence Divine.
Le degré de Ye'hidah imprègne entièrement le jour de Yom Kippour, comme l'indique l'expression : « Le jour qui requiert cinq prières ». Ainsi, tout au long de cette journée, au moment de chaque prière, ce « cinquième » degré de Yehidah prévaut et illumine. N.d.T.]

Voir Likouté Torah, fin de « Drouché Yom Kippour », où il est expliqué que « le Chabbat des Chabbat », [ainsi que Yom Kippour est appelé] est la lumière du Ein-Sof telle qu'elle investit RaDLA. Et ceci caractérise la 'Hassidouth comme il a été expliqué au chap. II.