Ce qui a été précédemment affirmé à propos de la 'Hassidouth vaut plus généralement pour tous les aspects de la Torah, car la Torah embrasse toutes les formes de perfection qui puissent se trouver. De façon générale, ces qualités se divisent – comme chez l'être humain qui lui-même constitue un microcosme1 –, en attributs intellectuels et émotionnels ou sentiments. Ces derniers, trouvent leur perfection, en matière d'élévation morale et de bonne conduite, dans l'application des lois et de l'éthique de la Torah [tels qu'ils sont par exemple exposés dans les Pirké Avoth (Maximes des Pères)],2 qui incarnent le bien et le vrai en ce domaine. En revanche, tous les autres systèmes d'éthique élaborés par l'homme tiennent à la fois du bien et du mal, du vrai et du faux.3 En outre, ce que chacun de ces systèmes possède de bien, trouve son origine dans la Torah. (On peut citer, pour illustrer ce propos, une anecdote bien connue. Mon saint beau-père et Maître, Rabbi Yossef Its'hak Schneerson4 rencontra, lors d'un voyage, un groupe de per­sonnes qui débattaient de l'apparentement de la Torah aux diverses idéologies politiques. Chacune des personnes citait une source Toranique pour démontrer que la Torah cautionnait telle ou telle idée politique. Lorsque l'on demanda au Rabbi son avis sur la question il répondit : « La Torah, du fait qu'elle constitue l'absolue perfection du bien et du vrai, recèle ce que chacune des idéologies propose de meilleur. ») [Cette prééminence et cette supériorité de la Torah, ne valent pas seulement en matière de morale et de politique]. La Torah est encore la plus haute forme de sagesse entre toutes les sciences et connaissances, ainsi qu'il est écrit :5 « Car elle est votre sagesse et votre compréhension aux yeux des nations. »

Il y a plus. [Non seulement la Torah embrasse toutes les formes de perfection existantes, mais] il n'est pas jusqu'au souffle de vie qui anime la Création (y compris les Mondes Supérieurs),6 qui ne soit tributaire d'un infime détail de la Torah.7

Pourtant, ces attributs et ces vertus, pour profonds qu'ils soient ne constituent encore pas l'essence de la Torah. L'essence de la Torah procède de ce que la Torah « est parfaitement unie à la Lumière Infinie du Ein-Sof qui Va investie et se confond avec elle en une parfaite unité. »8 Ainsi, du fait que tous les mondes sont néant en regard du Ein-Sof, ils le sont également en regard de la Torah, et donc de sa lumière. Aussi, « n est-ce pas louer la Torah que de lui attribuer le pouvoir de donner vie aux mondes, puisque ceux-ci sont le néant même. »9 En fait, de par sa qualité de quintessence, constituée par son union avec la Lumière Infinie du Ein-Sof, la Torah comprend toute forme supérieure de vertu et de perfection de ce monde.

Or, bien que le point quintessentiel de tous les aspects de la Torah soit leur union avec la Lumière du Ein-Sof, l'expression première de cette quintessence est dans la 'Hassidouth. (Ainsi qu'on l'a dit de la 'Hassidouth dans le Maamar : elle (seule) est une effusion du Ein-Sof tel qu'il apparaît dans RaDLA).

Ceci est principalement vrai de la 'Hassidouth car le degré du Ein-Sof que l'on trouve dans les autres parties de la Torah se revêt d'une certaine forme qui circonscrit et « exprime » la nature de cette partie de la Torah. La forme revêtue par cet aspect de la Torah (Pchatt : sens littéral ; Rémez : sens allusif ; Drouch : sens homilétique ; Sod : sens ésotérique) dissimule l' « abstraction dépourvue de forme » (Pchitouth)10 du Ein-Sof qui l'investit. Il s'agit d'un « vêtement » qui, pour ainsi dire, ne peut être changé. La 'Hassidouth en revanche, n'est circonscrite ou définie par aucune forme. Et du fait que les « formes » à travers lesquelles se révèlent les concepts de la 'Hassidouth, selon les mots du Psalmiste,11 « seront changées comme un vête­ment que Tu changes », – d'où le fait que la 'Hassidouth intègre les quatre degrés du PaRDeS [sigle de Pchatt, Rémez, Drouch, Sod], et leur donne vie, comme il sera expliqué plus loin –, ces formes de révélation de la 'Hassidouth, elles, ne dissimulent pas réellement l'absolu Ein-Sof12 qu'elles véhiculent.