Lois des téfiline : Chapitre Quatre

1. Où pose-t-on les téfiline de la tête ? [La partie inférieure doit être posée] sur le crâne, au niveau de la naissance des cheveux, l’endroit où le crâne d’un enfant bat. Il faut les positionner au centre, de sorte qu’elles soient entre les yeux. Le nœud [en forme de dalet] doit être en haut de la nuque, qui est le bas du crâne.

2. [Les téfiline] du bras, on les attache sur [le bras] gauche, au niveau du biceps, c'est-à-dire là où la chair fait saillie sur le bras entre l’épaule et le coude. Ainsi, lorsque l’on appuie son bras sur ses côtes, la téfila [du bras] fait face au cœur, pour accomplir [le verset :] « ces paroles seront sur ton cœur ».

3. Celui qui met la téfila du bras sur sa paume ou [la téfila] de la tête sur son front [pour accomplir littéralement les expressions « sur ta main » et « entre tes yeux »] suit la pratique des saducéens [et n’est pas quitte de son obligation]. Celui qui confectionne sa téfila ronde comme une noix, (cela est dangereux et [de plus], il) ne réalise aucunement la mitsva. Un gaucher pose la téfila [du bras] sur son [bras] droit, qui correspond à son [bras] gauche [c'est-à-dire son bras « faible »]. Un ambidextre pose [la téfila du bras] sur son [bras] gauche, qui est l » [bras] gauche [c'est-à-dire le bras faible] de [la majorité] des gens. C’est par tradition orale qu’ils [les sages] ont appris l’emplacement où attacher les téfiline [du bras] et où poser [les téfiline de la tête].

4. [L’absence de] la téfila de la tête n’empêche pas [d’attacher] celle du bras, et [l’absence de la téfila] du bras n’empêche pas [de poser] celle de la tête, car ce sont deux commandements [distincts]. Quelle bénédiction récite-t-on ? Sur [la téfila] de la tête, on récite la bénédiction : « […] Qui nous as sanctifiés par Ses commandements et nous as enjoints au sujet du commandement des téfiline », et sur [la téfila] du bras, on récite la bénédiction : « […] Qui nous as sanctifié par Ses commandements et nous as ordonné de mettre les téfiline.

5. Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Si l’on met l’une d’elles. Mais si l’on met les deux, on récite une seule bénédiction, qui est : « […] de mettre les téfiline » ; on attache [alors] la [téfila] du bras, puis on pose celle de la tête. Lorsque l’on retire [les téfiline], on retire [tout d’abord] celle de la tête, puis celle du bras.

6. Après avoir récité la bénédiction « […] de mettre les téfiline », il est défendu de parler, même de répondre aux salutations de son maître, avant d’avoir mis [la téfila] de la tête. Si l’on a parlé, cela est une faute, et il faut réciter la seconde bénédiction : « […] au sujet du commandement des téfiline] » avant de mettre [la téfila] de la tête.

7. À chaque fois que l’on met les téfiline, on récite la bénédiction, même si on les enlève et les remet plusieurs fois dans la journée. Pour tous les commandements, on récite la bénédiction avant leur accomplissement. C’est pourquoi, il faut réciter la bénédiction sur la téfila du bras après l’avoir posée sur le muscle, avant de l’attacher, car le fait de l’attacher est l’accomplissement [du commandement].

8. Lorsque l’on enlève ses téfiline pour les ranger dans leur contenant [sac], il ne faut pas mettre [la téfila] du bras sous [la téfila] de la tête. [En effet, si elles sont disposées de cette manière, on est obligé] pour les mettre d’ignorer la téfila de la tête que l’on trouve en premier, pour prendre celle du bras, car [la téfila] de la tête ne doit pas être mise avant celle du bras. Or, il est défendu d’ignorer une mitsva pour une autre mitsva ; [au contraire] il faut s’occuper de la première mitsva qui se présente à soi. Il faut donc placer la [téfila] du bras au-dessus, afin de trouver celle-ci en premier [en ouvrant le sac] et mettre [les téfiline] dans l’ordre.

9. Un contenant désigné pour y mettre les téfiline, dans lequel elles ont [effectivement] été rangées, devient saint, et il est défendu d’en faire un usage profane. S’il a été désigné [pour y mettre les téfiline] mais qu’elles n’y ont pas [encore] été rangées, ou si elles [les téfiline] ont été rangées [dans ce contenant] de manière temporaire et qu’il n’a pas été désigné à cet effet, il ne devient pas saint, et reste profane, comme auparavant. Il est défendu de suspendre les téfiline par la lanière ou par la téfila elle-même. En revanche, on peut suspendre le sac dans lequel sont rangées les téfiline.

10. Le temps de la pose des téfiline est le jour, non la nuit, comme il est dit : « [Tu observeras ce décret en son temps,] de jours en jours » ; ce décret est le commandement des téfiline. De même, Chabbat et jours de fête ne sont pas le temps [du commandement] des téfiline, comme il est dit : « elles seront en signe » ; or, le Chabbat et les jours de fête sont eux-mêmes des signes. À partir de quand peut-on mettre [les téfiline] ? Dès que l’on peut apercevoir un ami [quelque peu familier] à une distance de quatre coudées et le reconnaître, jusqu’au coucher du soleil.

11. Celui qui met les téfiline avant le coucher du soleil, et la nuit tombe, a le droit de porter [les téfiline] même toute la nuit. [Néanmoins,] on ne donne pas une telle directive en public ; plutôt, on enseigne à tous à ne pas porter les téfiline la nuit, et à les enlever avant le coucher du soleil. Qui pose a priori les téfiline après le coucher du soleil transgresse un commandement négatif, comme il est dit : « Tu observeras ce décret… de jours en jours ».

12. Si, alors que l’on revient d’un voyage, les téfiline sur la tête, le soleil se couche et le jour [du Chabbat] est sanctifié [c'est-à-dire commence], on pose la main sur [les téfiline pour que personne ne les voit] jusqu’à ce que l’on arrive chez soi, puis, on les retire . Si l’on se trouve à la maison d’étude [dans les champs en dehors de la ville, qui n’est pas un lieu sûr], les téfiline sur la tête, et que le jour [du Chabbat] commence, on pose la main dessus jusqu’à ce que l’on arrive chez soi et on les retire. Et s’il y a une maison proche du mur [de la ville] où elles peuvent être gardées, on les y dépose. Si l’on n’a pas enlevé les téfiline avant le coucher du soleil, parce que l’on avait pas d’endroit où les garder, et qu’on les laisse sur soi pour les garder, cela est permis [et on peut donner une telle directive en public].

13. Qui est exempt de la lecture du Chema est exempt [du commandement] des téfiline. Un enfant qui sait garder ses téfiline [sans entrer aux toilettes avec celles-ci], son père lui achète des téfiline pour lui inculquer les commandements. Une personne qui a des problèmes intestinaux, et quiconque éprouve des difficultés à se retenir est exempt des téfiline [car il peut émettre un gaz en les portant]. Toutes les personnes impures ont l’obligation [de porter] les téfiline comme les personnes pures. Celui qui souffre, et celui qui n’a pas l’esprit posé sont exempts des téfiline, car celui qui met les téfiline n’a pas le droit d’en distraire son attention. Les cohanim au moment du service et les lévites lorsqu’ils récitent le chant sur l’estrade, et les israélites ordinaires, lorsqu’ils [assistent au service] dans le Temple [comme émissaires du peuple juif pour le sacrifice quotidien] sont exempts de la prière et des téfiline.

14. Il est une obligation de palper ses téfiline [de temps en temps] tout le temps qu’on les porte, afin de ne pas en distraire son esprit, ne serait-ce qu’un instant. [En effet,] leur sainteté est supérieure à celle de la plaque frontale [du grand prêtre], puisque la plaque frontale ne comporte qu’une seule mention du nom [de D.ieu], alors que [les téfiline] de la tête comme du bras comportent vingt et une fois le nom [de D.ieu de quatre lettres] Youd-Ke.

15. Les téfiline nécessitent un corps propre. Il faut prêter attention à ne pas émettre de gaz quand on les porte. C’est pourquoi, il est défendu de dormir en les portant, ni un long sommeil, ni [même] un petit somme. [Toutefois,] si l’on place un mouchoir dessus et que son épouse n’est pas présente, on peut faire un petit somme [en portant les téfiline]. Comment procède-t-on [pour ne pas être pris par le sommeil] ? On met sa tête entre ses genoux et l’on dort assis.

16. Si l’on a les téfiline enroulées sur la main [de manière à ce qu’elles ne puissent pas tomber], il est permis de dormir ainsi, même un long sommeil [puisqu’on ne les porte pas sur soi]. On ne peut prendre qu’une légère collation [en portant les téfiline]. Pour prendre un repas, on les enlève et on les pose sur la table jusqu’à ce qu’on se lave les mains [à la fin du repas]. Puis, on les remet, et on récite les actions de grâce [après le repas] en les portant.

17. Si l’on porte les téfiline et que l’on a besoin [d’aller aux] toilettes , on ne doit pas poser les téfiline dans les trous [du mur du champ] du côté du domaine public, de crainte qu’elles soient prises par des passants. Comment procède-t-on ? Même si l’on doit [simplement] uriner, on enlève les téfiline à une distance de quatre coudées [des latrines], et on les enroule dans son vêtement comme un rouleau de la Torah, et on les tient de la [main] droite en face de son cœur. Il faut prendre garde à ce que la lanière ne sorte pas d’un téfa’h. On entre [alors] pour faire ses besoins, et lorsque l’on sort, on s’éloigne de quatre coudées des latrines pour remettre [les téfiline].

18. Dans quel cas cela s’applique-t-il ? Pour des latrines fixes où [l’on fait ses besoins assis et] il n’y a pas d’éclaboussures. Mais dans un endroit qui est utilisé temporairement pour faire ses besoins [comme tout endroit utilisé pour uriner, où l’on urine debout, non assis], on ne doit pas entrer avec [les téfiline] enveloppées ; il faut les enlever et les donner à quelqu’un d’autre à garder. L’urine n’est expulsée [sans aucune éclaboussure] même dans des latrines fixes, que lorsque l’on s’assoit. Si la terre [du sol] est tendre, [il n’y a pas d’éclaboussure] même [si l’on urine] debout. Si [le sol est] dur, il faut se tenir sur un plan incliné [pour uriner] afin de ne pas recevoir d’éclaboussures.

19. Si, alors que l’on porte les téfiline, on doit faire ses besoins au soir, et qu’il ne reste pas suffisamment de temps dans la journée pour remettre [les téfiline] après être sorti [des latrines], on ne doit pas y entrer avec [les téfiline] enveloppées dans son vêtement, même pour uriner dans des latrines fixes. Comment doit-on procéder ? On les enlève et on les met dans leur contenant si celui-ci fait un téfa’h [au minimum de largeur, longueur, et hauteur], ou dans un contenant qui n’est pas le leur [c'est-à-dire qui n’est pas désigné à cet effet], même s’il n’a pas un téfa’h [cube]. On entre [dans les toilettes] avec le contenant à la main. De même, si l’on doit [faire ses besoins] la nuit, on les place dans leur contenant et on entre [dans les latrines] en tenant le contenant [à la main].

20. Celui qui a oublié et est entré aux toilettes en portant les téfiline [commençant à faire ses besoins] pose la main sur celles-ci jusqu’à ce qu’il finisse le premier jet [de selles ou d’urine], sort [des latrines] et les enlève, puis retourne faire ses besoins. [La raison en est que] s’il interrompt au milieu du premier jet de selles ou d’urine, il peut devenir très dangereusement malade.

21. S’il a oublié et a eu des rapports sexuels avec les téfiline, il ne doit pas saisir la lanière, ni la téfila elle-même avant de s’être lavé les mains. [Alors,] il les retire. [Il doit tout d’abord se laver les mains] car les mains sont actives [il a donc peut-être touché les parties génitales].

22. Celui qui entre dans un établissement de bains a le droit de revêtir les téfiline dans la pièce où tout le monde est habillé. Dans une pièce où certaines personnes sont nues et d’autres habillées, il n’est pas nécessaire d’enlever les téfiline, mais il ne faut pas y revêtir les téfiline a priori. Dans [les pièces] où les gens sont nus, il faut enlever les téfiline, et inutile de mentionner qu’il ne faut pas les revêtir.

23. Un homme ne doit pas marcher au cimetière en portant les téfiline sur la tête. Même dans les quatre coudées d’un cadavre ou d’une tombe, il faut enlever les téfiline, à moins de se tenir à quatre coudées. Il ne faut pas mettre les téfiline avant d’avoir couvert sa nudité et revêtu ses vêtements. Celui qui porte une charge sur sa tête retire ses téfiline de la tête jusqu’à ce qu’il enlève la charge. Il est défendu de porter même un mouchoir sur la tête quand on porte les téfiline. Toutefois, on peut porter un turban sur les téfiline [car il s’agit d’un vêtement, non d’une « charge »].

24. Il est défendu d’avoir des rapports sexuels dans une pièce où se trouvent des téfiline ou un rouleau de la Torah, jusqu’à ce qu’ils soient sortis [de la pièce] ou placés dans un contenant lui-même placé dans un autre contenant non désigné spécifiquement à cet effet. Mais si le second contenant est spécifique [aux téfiline ou rouleau de la Torah, cela est défendu] même s’il y a dix contenants, [car] tous sont considérés comme un seul contenant. Placés dans un contenant à l’intérieur d’un autre contenant, il est permis de les poser à la tête du lit, entre un oreiller et un coussin, de manière à ce qu’ils ne soient pas en dessous de sa tête, afin de les garder [des voleurs ou des rats], même si sa femme se trouve avec lui dans le lit.

25. Grande est la sainteté des téfiline, car tant que les téfiline sont sur la tête et le bras d’un homme, il est humble et a la crainte du Ciel, ne se livre pas à la raillerie et aux conversations futiles, et ne pense pas à de mauvaises choses, mais oriente son cœur vers les propos de vérité et la justice. C’est pourquoi, il convient de s’efforcer à les porter toute la journée, car telle est la mitsva. On dit de Rave, le disciple de Rabeinou Hakadoch, qu’on ne le vit jamais marcher quatre coudées sans [réciter des paroles de] Torah, sans tsitsit et sans téfiline.

26. Bien que la mitsva soit de les porter toute la journée, cela est particulièrement important au moment de la prière. Les sages ont dit : « quiconque lit le Chema sans les téfiline est considéré comme s’il portait un faux témoignage ». Qui ne met pas les téfiline transgresse huit commandements positifs, car dans chacun des quatre passages [introduits dans les Téfiline], [D.ieu] nous enjoints [de porter] les téfiline de la tête et du bras. Celui qui a l’habitude de porter les téfiline aura une longue vie, comme il est dit : [Ceux qui portent le nom de] « D.ieu sur eux vivront ».