Nous avons expliqué précédemment qu’une personne doit toujours être heureuse parce que tout ce qui lui arrive, y compris les difficultés et les événements indésirables, est contrôlé par la Providence Divine. Par conséquent, une personne doit toujours être bessim’ha, convaincue qu’il y a une intention divine positive dans chaque aspect de sa vie.
On peut accepter cette explication s’agissant de difficultés d’ordre matériel. Quand quelque chose de désagréable arrive à une personne, on peut comprendre que c’est un bien déguisé. Mais qu’en est-il d’événements indésirables d’ordre spirituel, de choses négatives qui affectent l’âme d’une personne tout autant que son corps ? Qu’en est-il de quelque chose qui empêche une personne d’accomplir une mitsva ou qui freine son évolution spirituelle ? Comment peut-on dire que c’est quelque chose de fondamentalement bon si cela s’oppose à la Torah et à ses mitsvot ? Comment peut-on dire qu’une chose est l’effet de la Providence Divine alors qu’elle va à l’encontre de la volonté de D.ieu ? De prime abord, ça ne peut pas être bon, car cela entre en conflit avec la Torah et empêche une personne d’avancer spirituellement.
La résolution de cette difficulté implique de nombreuses questions profondes dans la pensée juive. La prémisse de la réponse réside dans le principe énoncé précédemment selon lequel tout ce qui se produit ne se produit que parce que D.ieu le fait se produire. Rien n’arrive de façon indépendante ; la nature n’a absolument aucun pouvoir autonome.
Chaque entité existe de par l’énergie divine investie en elle. Tout événement qui se produit, même s’il semble négatif, a une source dans la sainteté, autrement, il ne pourrait pas exister. C’est pourquoi même les expériences qui semblent indésirables d’un point de vue spirituel doivent être considérées comme étant du bien dissimulé.
Explication : quelque chose qui semble interférer avec la progression spirituelle d’une personne et qui l’empêche de faire le bien est appelé un nissayone, une épreuve. D.ieu met la personne à l’épreuve pour voir à quel point elle est engagée dans la Torah et les mitsvot, comme il est écrit1 : « Et l’Éternel votre D.ieu vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimez l’Éternel votre D.ieu de tout votre cœur et de toute votre âme. »
Même lorsqu’une personne ressent que sa pratique est entravée par des difficultés, elle doit prendre conscience que c’est là l’œuvre de D.ieu. C’est Lui qui en est responsable, et à travers ces difficultés, Il veut la mettre à l’épreuve.
Quel est le but de cette épreuve ? En apparence, il semble que D.ieu souhaite constater à quel point la personne lui est loyale et fidèle. Mais, à elle seule, cette explication n’est pas suffisante. S’agissant de relations humaines, une personne ne sait pas ce qui se passe dans le cœur ou dans la tête d’une autre. C’est pourquoi, si elle veut savoir à quel point l’autre est engagée envers elle, elle n’a pas d’autre choix que de la mettre à l’épreuve.
Par exemple, si une personne veut savoir si une autre éprouve pour elle un véritable amour, elle doit mettre en place certaines circonstances et voir comment l’autre personne réagit dans celles-ci. Il n’y a pas d’autre moyen de vérifier ce qui se passe dans le cœur et l’esprit de l’autre. Mais on ne peut pas dire pareille chose s’agissant de D.ieu. L’un des principes fondamentaux de la foi est que D.ieu sait ce qui se passe dans l’esprit et dans le cœur de chacun.
Il peut sonder notre cœur et notre esprit et savoir l’état de notre engagement envers Lui sans avoir nul besoin de nous mettre à l’épreuve. Quand bien même le ferait-Il, Il saurait avant même que celle-ci débute si nous serons en mesure de la surmonter ou non. Dans quel but nous met-Il alors à l’épreuve ?
Certains commentaires2 expliquent que le but de l’épreuve n’est pas que D.ieu vérifie l’engagement d’une personne, mais plutôt que celle-ci se connaisse elle-même. Il arrive en effet que l’on ne soit pas conscient de l’état de sa propre fidélité envers D.ieu. D.ieu teste ainsi la personne et lorsque celle-ci parvient à surmonter l’épreuve, elle atteint une conscience plus réaliste de son potentiel ; elle sait que son engagement est fort.3 Dans cette perspective, les épreuves que nous affrontons ont pour but de nous édifier à notre propre sujet, et non d’informer D.ieu.
La ‘Hassidout fournit une explication plus profonde du sens des épreuves qui nous permet d’apprécier le Divin présent au sein de ces expériences difficiles et nous incite à prendre conscience qu’elles sont fondamentalement un bien caché. Elle explique que le mot lenassot, qui signifie « mettre à l’épreuve », signifie également « élever », « hisser ». Les épreuves et les défis auxquels nous sommes confrontés visent à nous permettre d’atteindre un niveau spirituel plus élevé. C’est le choix de D.ieu que de permettre à telle personne d’atteindre un niveau spirituel supérieur à travers telle épreuve.
Pourquoi en est-il ainsi ? Un être humain possède deux dimensions : une dimension révélée constituée des aspects de sa personnalité habituellement exprimés, et une dimension cachée, celle des capacités profondes qui ne se manifestent généralement pas. Ces capacités profondes sont dotées de ressources cachées qui sont d’une grande puissance.
Nous voyons ce concept exprimé en termes physiques. Chacun a la capacité de soulever un certain poids dans des circonstances ordinaires. Certains peuvent facilement soulever 30 kilos, d’autres, 50 kilos, et d’autres encore peuvent soulever 100 kilos.
Il est des moments, cependant, où ces limites ordinaires ne s’appliquent pas. Nous voyons qu’en cas d’urgence, lors d’un incendie, d’une inondation ou d’une autre sorte de désastre, une personne sautera une grande distance, pliera des barres, soulèvera de lourdes charges et fera d’autres choses qu’il lui aurait été impossible de faire dans des circonstances ordinaires.
On raconte l’histoire d’un homme qui réparait sa voiture. Il avait soulevé celle-ci à l’aide d’un cric et sa fille en bas âge était assise à côté de lui avec un pied sous la voiture. Le cric s’est brisé et la voiture est tombée sur le pied de l’enfant. D’une main, cet homme a soulevé la voiture, et de l’autre main, il a doucement sorti la jambe de sa fille de dessous la voiture. Il l’a ensuite rapidement emmenée à l’hôpital. Tout ce dont elle eut besoin fut un plâtre.
Plus tard, une fois calmé de son émotion, il fut assez perplexe. Comment avait-il pu soulever la voiture ? Il essaya de le faire à deux mains, mais même comme cela il était incapable de la soulever aussi haut qu’il l’avait fait auparavant d’une seule main. Il y a une explication biologique à ce phénomène : lorsque nous sommes confrontés à un danger pressant, il y a une libération d’adrénaline dans la circulation sanguine qui permet de déployer une force beaucoup plus grande que d’habitude.
Cette force extraordinaire est-elle créée au moment de l’urgence ou existe-t-elle en permanence ? La réponse est qu’elle est toujours là, mais qu’elle demeure dissimulée tant qu’il n’y a pas d’urgence. Dans des circonstances ordinaires, elle n’apparaît pas. Quand se manifeste-t-elle ? Quand on ressent un danger ou une épreuve.
Un parallèle existe également au niveau de l’émotion. Une mère, par exemple, éprouve un immense amour pour son enfant. Que se passerait-il si, à D.ieu ne plaise, cet enfant était kidnappé ? Outre le fait que la mère ferait tout ce qui est en son pouvoir pour retrouver l’enfant et le récupérer, elle ressentirait à ce moment envers son enfant des sentiments d’amour et de manque beaucoup plus intenses que dans des circonstances ordinaires.
Cela signifie-t-il que l’enlèvement de l’enfant a généré de nouveaux sentiments d’amour ? Bien sûr que non. L’amour que ressent la mère a toujours existé, mais dans des circonstances ordinaires, ce degré si profond et si intense d’amour n’est pas manifeste. C’est au moment où sa relation avec son enfant est menacée et remise en question qu’il apparaît.
C’est d’ailleurs la seule façon qu’un amour de cette nature puisse être exprimé. Dans des circonstances ordinaires, quand bien même elle s’y appliquerait de toutes ses forces, une mère ne pourrait pas ressentir un amour aussi puissant.
Nous trouvons également un parallèle au niveau de l’intellect. Par exemple, lorsqu’une personne étudie, elle comprend le sujet étudié en fonction de ses capacités intellectuelles. Mais il y a des moments où l’esprit d’une personne est mis à l’épreuve et se trouve confronté à des questions et des difficultés qui suscitent en elle une compréhension plus profonde.
Cela permet de comprendre une célèbre affirmation du Talmud4 : « J’ai beaucoup reçu de mes maîtres, encore plus de mes camarades, et, de mes élèves, j’ai reçu plus que de n’importe qui d’autre. » Les élèves posaient à leur maître des questions difficiles qui l’obligeaient à envisager le sujet d’une manière différente (car l’esprit des élèves fonctionnait différemment du sien). À travers ses efforts pour concevoir un cadre de référence permettant de leur expliquer le concept, il accédait lui-même à une compréhension plus profonde et plus complète de celui-ci.
Un schéma similaire se dessine dans ces trois exemples. Dans des circonstances ordinaires, ce qui est exprimé est la dimension extérieure et superficielle de la personnalité. Et la seule chose qui fait apparaître la dimension profonde est l’épreuve.5
C’est là l’objet même d’une épreuve. Lorsqu’une personne sert D.ieu dans des circonstances ordinaires, elle développe un amour pour Lui, mais qui est limité dans la mesure où il n’exprime que les dimensions extérieures de sa personnalité. Chacun de nous recèle d’un potentiel d’amour beaucoup plus profond, mais celui-ci ne se révèle pas dans des circonstances ordinaires. C’est seulement la mise en question de l’engagement d’une personne envers D.ieu qui peut susciter la manifestation de ce degré d’amour.
Lorsqu’une personne se voit entravée dans son observance des mitsvot, ou que quelque chose semble l’empêcher d’étudier la Torah, deux choses se produisent simultanément. Superficiellement, sa relation avec D.ieu se trouve alors restreinte. Mais la raison de cette épreuve est que la personne en vienne à vivre un amour pour D.ieu bien plus profond, de sorte qu’elle se trouve elle-même élevée à un niveau supérieur. Comme nous l’avons mentionné, le mot hébraïque lenassot qui veut dire « mettre à l’épreuve » signifie également « hisser ».
Ceci nous permet également de comprendre une affirmation de nos Sages qui appelle à la réflexion6 : « À l’endroit où se tient un baal techouva (une personne qui se repent et revient à D.ieu), un tsadik parfait (un juste) est incapable de se tenir. »
Comment un baal techouva peut-il se situer à un niveau plus élevé qu’un tsadik ? Un tsadik est quelqu’un qui n’a jamais péché. Sa vie n’a été que pureté. Tout au long de celle-ci, il s’est efforcé de progresser, passant constamment du « bien » au « mieux ».
Le baal techouva, en revanche, a certes surmonté son mauvais penchant et est à présent un exemple de bien, mais qu’en est-il de son passé ? Sa vie avait été souillée par le péché. Après qu’il se soit tourné vers D.ieu dans la techouva, D.ieu a effacé tous ses péchés ; c’est comme s’ils n’avaient jamais existé. Mais comment peut-on dire que cette personne est plus élevée que le tsadik, quelqu’un qui a consacré toute sa vie à s’améliorer ?
La réponse est qu’un tsadik n’a jamais eu à affronter les épreuves que connaît un baal techouva. Un tsadik sert toujours D.ieu et ne s’est jamais senti éloigné de Lui. Son amour pour D.ieu est devenu partie intégrante de sa nature et une composante de sa personnalité.
Bien que ce soit là un accomplissement considérable, cela reflète toutefois une certaine limitation, car les pouvoirs de tous les êtres humains ont une limite.
En revanche lorsqu’une personne qui se sent déconnectée de D.ieu et très éloignée de Lui s’efforce d’établir un lien avec Lui, elle éprouvera pour D.ieu un sentiment d’amour bien plus intense que celui qu’un tsadik pourrait avoir.
Pourquoi ? Parce que le baal techouva fait face à une épreuve intérieure. Il sent qu’il est séparé de D.ieu et qu’il doit s’efforcer de rétablir son lien avec Lui. C’est à travers ces efforts qu’il active la dimension profonde de l’amour que chaque Juif possède dans son cœur.7
Nous voyons un parallèle dans de nombreuses situations. Quand une personne subit une expérience négative, cela lui fait apprécier davantage le positif. Et il est impossible d’avoir ce même sentiment d’appréciation sans avoir d’abord subi l’expérience négative. Par exemple, si, à D.ieu ne plaise, une personne perdait la vue pendant deux ou trois ans et la retrouvait ensuite, elle accorderait beaucoup plus de valeur à la vue que n’importe qui d’autre. Quiconque réfléchit sérieusement à la capacité de voir se rend compte à quel point ce don de D.ieu est précieux. Pourtant, personne ne peut apprécier cela autant qu’une personne qui a perdu momentanément la vue pour la retrouver ensuite.
Prenons un autre exemple : considérons un couple marié depuis de nombreuses années, mais qui, à D.ieu ne plaise, n’a pas pu avoir d’enfants. Tous les parents aiment leurs enfants, mais l’amour ressenti par les parents qui ont eu des enfants peu après le mariage ne peut être comparé à celui qu’éprouvent des parents qui n’ont eu un enfant qu’après de nombreuses années d’attente. Ici aussi, c’est l’expérience négative qui les a rendus plus sensibles.
Il en est de même du baal techouva. Son amour pour D.ieu et son engagement envers la Torah et ses mitsvot sont beaucoup plus profonds que ceux d’une personne qui n’a pas vécu une expérience négative telle que lui l’a vécue.
Ce qui précède permet également de comprendre un autre concept qui apparaît dans le Talmud. Nos Sages enseignent8 qu’une personne qui dit « Je pécherai et ensuite je me repentirai » ne se voit pas accorder l’occasion de se repentir.
À un niveau simple, cela signifie que la personne dit en fait : « Je veux le meilleur des deux mondes. Je veux avoir le beurre et l’argent du beurre. D’abord je vais pécher et profiter des plaisirs de ce monde matériel. Mais je n’aurai pas à m’inquiéter de D.ieu, ou de ma récompense ou de ma punition dans le Monde Futur : je me repentirai, et j’aurai alors une ardoise vierge. Mieux encore, mes péchés seront considérés comme des mérites. »
À une telle personne, nos Sages adressent un avertissement : « Tu risques de ne jamais avoir la possibilité de te repentir. » Puisque la personne compte sur la techouva et que c’est seulement parce qu’elle sait qu’elle a cette option qu’elle pèche, D.ieu lui supprime les occasions de se repentir.
(Il faut souligner que si une telle personne déploie de grands efforts pour parvenir au repentir, D.ieu acceptera également sa techouva.9 Ce que nos Sages disent, c’est que contrairement aux autres qui sont aidés dans leur chemin vers la techouva, une telle personne ne recevra pas une telle assistance. Au contraire, elle pourra même être entravée. Néanmoins, si elle cherche à surmonter ces obstacles et se repent de tout son cœur, sa techouva sera acceptée.)
La pensée ‘hassidique nous donne une manière différente de comprendre ce passage. Il n’est pas nécessairement question d’une personne qui veut pécher à cause de son incapacité à contrôler ses désirs naturels. Le passage peut également faire référence à quelqu’un de très spirituel, mais qui a un problème. C’est un tsadik, un homme parfaitement juste qui n’a jamais péché, mais qui est envieux d’un baal techouva. Il veut lui aussi développer une connexion plus profonde avec D.ieu et un amour plus puissant qui émane de l’expérience de la techouva, mais il ne comprend pas comment il le peut, car il n’a jamais péché.10
Et ainsi il pense : « Peut-être vais-je commettre un péché. » Non pas parce qu’il veut pécher, à D.ieu ne plaise, mais pour que, à travers le cycle du péché et de la techouva, il ait l’occasion de développer cette connexion plus profonde avec D.ieu.
Quand une personne désire pécher pour ces raisons, son intention est bonne, mais ses pensées sont irréfléchies. C’est comme si on disait : « Je vais me mettre dans des circonstances où ma vie sera menacée, puis l’adrénaline commencera à affluer. Je serai alors capable de sauter de grandes distances et de faire des tours de force impressionnants. » À D.ieu ne plaise qu’une personne commette un péché pour de telles raisons.
Un Juif doit vouloir uniquement faire ce qui est droit et ne jamais souhaiter de situations difficiles, comme nous le demandons chaque matin dans la prière11 : « Ne me conduis pas au péché ou à l’épreuve. » Néanmoins, notre conduite n’est pas toujours appropriée et, si une personne voit qu’elle a effectivement commis un péché, elle ne doit pas être découragée. Au contraire, elle doit se rendre compte que le péché était destiné à lui donner la possibilité de se tourner vers D.ieu en faisant techouva et ainsi de développer un amour plus profond pour Lui.
Et donc, comme nous l’avons déjà dit, il n’y a rien de vraiment négatif. Tout, même les actes qui sont contre la volonté de D.ieu, peut conduire au bien et au Divin. C’est juste qu’ils sont « déguisés ».
C’est pourquoi lorsque quelque chose de négatif se produit, même si c’est spirituellement négatif, nous ne devons pas en être déprimés. Ce serait une mauvaise interprétation de la dynamique à l’œuvre, le signe que l’on n’a pas réalisé le véritable but de ces événements.
Prenons l’exemple d’une personne à qui un médecin a demandé de faire de l’exercice physique. Si la personne écoute simplement les instructions sans essayer d’en comprendre le but, elle verra l’exercice comme un fardeau et une épreuve. Pourquoi devrait-elle se fatiguer tellement ?
Mais l’on ne peut pas rester en bonne santé sans exercice physique. Et quand on en est conscient, on ne considère pas cela comme un fardeau. On comprend que chaque exercice que l’on fait nous rend plus fort et en meilleure santé. Prenons une situation de la vie quotidienne : dans un grand magasin il y a un escalier et, juste à côté, un escalator. Quand une personne comprend le bien que lui fait l’exercice physique, c’est comme s’il y avait un panneau disant : « Si vous voulez avoir un cœur sain, prenez l’escalier. » L’escalator est plus facile et plus rapide, tandis que l’escalier demande plus d’efforts. Mais monter les escaliers développe un cœur sain.
Prenons une autre analogie. Un enfant rentre de l’école et dit à sa mère : « Je ne veux pas faire mes devoirs. Fais-les pour moi. » Une mère pourrait penser qu’en tant que gentille mère elle devrait faire les devoirs de l’enfant. Et ce serait beaucoup plus facile que de convaincre celui-ci de faire ses propres devoirs.
Mais si la mère fait ce choix, elle handicape son enfant. Ce n’est pas comme cela qu’il développera ses processus cognitifs. C’est seulement lorsque l’enfant ressent une difficulté et qu’il est obligé de trouver les réponses par lui-même qu’il pourra développer son intelligence. S’il ne fait jamais d’efforts, il grandira avec une pensée très limitée.
La même chose est vraie des nissyonot, les épreuves auxquelles nous sommes confrontés dans notre service divin. Elles nous aident à développer un lien plus profond et plus fort avec D.ieu et ses mitsvot.
Sur la base de ce qui précède, nous pouvons également expliquer un autre concept qui a suscité beaucoup d’interrogations. Pourquoi l’âme descend-elle dans ce monde ? Notre corps est conçu par nos parents, mais pour qu’un corps vive, il a besoin d’une âme.
L’âme existait avant la naissance de la personne. La conception développe une connexion entre une âme et un corps, mais avant même que celle-ci ne soit établie, l’âme existait déjà dans le domaine spirituel. Cette existence dans le domaine spirituel est d’ailleurs plus essentielle que son existence corporelle ultérieure.
Dans le domaine spirituel, l’âme ne voit, n’entend et ne ressent que la divinité. Il n’y a pas de limitations physiques et il n’y a pas de mal. Rien de négatif n’y existe.
Dans le monde physique, en revanche, il est impossible d’avoir un contact direct avec la divinité. Et les limitations du corps restreignent le pouvoir de l’âme. De plus, nous sommes obligés de faire face à des défis et à des épreuves. Pourquoi est-ce nécessaire ? Pourquoi l’âme ne peut-elle pas simplement demeurer dans le domaine spirituel et « tirer du plaisir du rayonnement de la Présence divine »12 ? Pourquoi doit-elle descendre dans ce monde matériel ?
Pour expliquer cela, il est utile de faire appel à un concept de nos Sages formulé dans un autre contexte. Nos Sages expliquent13 qu’une descente aux fins d’une ascension n’est pas considérée comme une descente. Bien que personne ne puisse nier qu’une descente ait lieu, dans la mesure où cette descente n’a qu’un seul but qui est l’ascension qui la suit, elle n’est pas considérée comme une descente, mais comme une phase de l’ascension.
De même, la descente de l’âme vers notre monde matériel n’a qu’un seul but : que l’âme s’élève à un niveau spirituel plus élevé. Certaines forces et potentiels, ainsi qu’un niveau d’amour plus profond, n’apparaissent pas lorsque l’âme est dans le domaine spirituel.
Pourquoi n’apparaissent-ils pas ? Parce qu’il n’y a pas d’épreuve. Ce n’est qu’à travers la descente de l’âme dans ce monde matériel où son amour pour D.ieu est menacé par toutes les tentations de l’existence physique que l’âme peut atteindre ce degré supérieur.
Parce qu’elle est menacée, l’âme s’efforce de faire ressortir ses ressources intérieures et, ce faisant, elle puise dans une source d’amour plus profond et plus puissant que celui qui peut être révélé dans les mondes spirituels. C’est ainsi que la descente de l’âme la conduit à un degré supérieur.
Il en va de même pour le concept expliqué plus haut : même quelque chose de négatif spirituellement, quelque chose qui semble être en contradiction avec l’observance de la Torah et des mitsvot, peut avoir un but positif.
Quand on prend conscience que tout ce qui se produit vient du fait que D.ieu veut que cela se produise, on peut comprendre que cela a un but et que ce but est bon. Tout ce qui existe et chaque événement qui se produit est mis en œuvre par une énergie divine. Autrement, cela ne pourrait pas exister. Cela s’applique même aux expériences qui semblent négatives ; elles existent du fait d’un dessein divin positif.
Cela conduit à prendre conscience qu’un événement qui apparaît négatif n’est qu’un test. Sa dimension négative n’est qu’un déguisement. Ce qu’il est vraiment, c’est un moyen d’atteindre un degré spirituel plus élevé.
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