Êtes-vous vraiment heureux, ou simplement résigné à votre sort ?
Le bonheur est un état émotionnel que nous éprouvons lorsque nous vivons une situation idéale. Plus notre réalité se rapproche de notre idéal, plus nous avons rêvé de cette situation, plus notre bonheur est intense. À l’inverse, nous sommes attristés lorsque nos rêves ne se concrétisent pas, lorsque notre situation laisse à désirer.
Prenez un instant pour imaginer votre vie parfaite. J’imagine qu’elle contiendrait des éléments comme : plus d’argent, une maison plus belle, une plus grande discipline personnelle, des voyages fréquents vers des destinations exotiques, plus de temps pour votre famille, une meilleure santé, des soins médicaux de qualité, plus d’argent, un conjoint plus compréhensif et sensible, une vie qui ait plus de sens, des emplois satisfaisants pour vos enfants, une relation plus harmonieuse avec vos parents, plus d’argent...
« Ma vie idéale ? Mais je la vis ! Je ne voudrais rien y changer pour tout l’or du monde ! »J’aimerais rencontrer la personne qui affirmerait honnêtement : « Ma vie idéale ? Mais je la vis ! Je ne voudrais rien y changer pour tout l’or du monde ! »
Compte tenu de tout cela, le bonheur véritable est-il possible ? Qui peut dire qu’il mène une vie idéale ? Peut-on être heureux dans un contexte de médiocrité ? Oui, nous avons tous des moments de bonheur éphémère lorsque quelque chose de merveilleux nous arrive, éclipsant temporairement les aspects moins parfaits de notre vie. Mais être heureux de sa vie entière semble réservé à ceux qui ne rêvent pas ou qui ne peuvent pas imaginer autre chose.
En tant que société, nous avons tendance à confondre le bonheur avec l’acceptation. Quelqu’un qui accepte sa vie imparfaite avec le sourire et refuse de sombrer dans la dépression ou l’inaction est souvent considéré comme « heureux ». En réalité, une telle personne a appris à vivre avec sa situation, réalisant que les rêves ne sont que des rêves. Peut-on appeler cela du bonheur ?
Certains des plus grands esprits en philosophie, science ou politique étaient connus pour leur mélancolie. Leur perception aiguisée les empêchait-elle d’accepter les imperfections ?
Vous pourriez vous demander pourquoi je lie le bonheur à des biens matériels et à des réussites. Qu’en est-il de la quête spirituelle ? Une vie spirituelle significative ne pourrait-elle pas être source de bonheur ? Il semble hélas que le tableau spirituel ne soit pas plus rose. La nature humaine et la spiritualité semblent opposées. Pour la plupart des gens, tenter de devenir une personne spirituelle ou pieuse relève de l’impossible, comparable à un léopard essayant de changer ses taches (ou à toute autre métaphore du même genre).
La spiritualité et la piété impliquent l’abnégation, un engagement total envers une cause supérieure, et le rejet de tout acte qui pourrait nuire à celle-ci.
Nous pouvons agir spirituellement et accomplir des actes saints, mais tout cela n’est-il pas une grande mascarade ?La nature humaine, quant à elle, est marquée par l’égoïsme, le désir de satisfaction personnelle (n’être prêt à renoncer à un acte gratifiant que pour quelque chose d’encore plus gratifiant), et l’indifférence envers tout ce qui n’est pas centré sur soi.
(Si vous pensez que cette définition de la nature humaine est simpliste ou incorrecte, montrez-la à n’importe quel étudiant en psychologie.)
Nous pouvons agir spirituellement et accomplir des actes saints, mais tout cela n’est-il pas une grande mascarade ? Qui essayons-nous de tromper ? Quoi que nous fassions, cela ne changera jamais qui nous sommes.
L’ironie presque absurde, c’est que l’être humain, supposé la « perle de la création », est la seule créature dotée d’une nature anti-spirituelle. Toutes les autres créations – des anges célestes aux vers de terre – font exactement ce que leur Créateur attend d’eux sans s’écarter d’un millimètre de leur mission divine.
Alors, pouvons-nous être heureux de notre nature spirituelle ? On peut dire qu’un tel contentement ne ferait que légitimer dangereusement nos tendances égoïstes.
Alors, d’où provient le vrai bonheur ? Voici ce que dit le Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi à ce sujet (Tanya ch. 31) :
Pour consoler son cœur de manière redoublée... qu’il dise à son cœur :
« Je suis sans aucun doute loin, très loin de D.ieu, et je suis méprisable, abject, et ainsi de suite. Mais tout cela est vrai seulement de moi – c’est-à-dire de mon corps et de l’âme animale qu’il renferme. Pourtant, en moi, il y a une véritable partie de D.ieu... autrement dit, l’âme divine et l’étincelle de divinité elle-même qui l’habite et qui l’anime. C’est seulement que l’âme divine est en exil [parce qu’elle réside dans un corps aussi bas]. [...]
Que votre âme divine soit plus précieuse pour vous que votre corps méprisable...« C’est pourquoi mon objectif principal sera de la libérer de cet exil et de la “ramener à la maison de son père comme dans sa jeunesse”, c’est-à-dire comme elle était avant d’être incarnée dans mon corps, lorsqu’elle était complètement absorbée dans la lumière de D.ieu et unie à Lui. Maintenant aussi, elle sera de nouveau absorbée et unie à Lui, lorsque je concentrerai tous mes efforts sur la Torah et les mitsvot. »
[...] Ainsi, ceci devrait être son service de D.ieu tout au long de sa vie avec une grande joie—la joie de l’âme en quittant le corps méprisable et en revenant, lors de l’étude de la Torah et du service de D.ieu, à « la maison de son père comme dans sa jeunesse ».
Il n’y a assurément pas de plus grande joie que d’être libéré de l’exil et de la captivité. [...]
Certes, le corps reste abominable et méprisable [...] Cependant, que son âme divine soit plus précieuse pour lui que son corps méprisable, de sorte qu’il se réjouisse de la joie de l’âme, sans laisser la tristesse due à son corps interférer avec ou perturber la joie de l’âme.
En fin de compte, le bonheur dépend de la façon dont nous nous définissons et de l’aspect de notre personnalité auquel nous nous identifions. Si nous nous définissons par notre corps et sa nature, alors l’avenir semble sombre. Mais si nous nous identifions à notre âme, cette étincelle divine en chacun de nous, chaque mitsva accomplie devient une source de grande joie. Pas malgré le corps, mais grâce à lui. Car il n’y a pas de bonheur aussi grand que d’être élevé des plus grandes profondeurs vers les plus hauts sommets.
Des mots à vivre :
Que votre âme divine soit plus précieuse pour vous que votre corps méprisable... Ne laissez pas la tristesse associée à votre corps troubler la joie de votre âme.
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