Pétrir, le av melakha de lach, est interdit le Chabbat. La melakha englobe toutes les activités qui, comme le pétrissage, réunissent de petites particules en une seule masse à l’aide d’un liquide, et elle s’applique à la fois aux aliments et aux substance non comestibles. Cela comprend également le traitement ultérieur de la pâte, comme le fait de la badigeonner ou de la tresser.1
Pétrir comporte invariablement deux étapes : a) Verser le liquide dans la farine ; b) Mélanger la farine et l’eau ensemble pour faire une pâte. Il y a une discussion talmudique quant à ce qui définit exactement l’action de lach.2 Rabbi3 dit que le simple fait de verser le liquide sur la farine constitue déjà lach, puisque la farine et l’eau fusionnent lorsqu’elles entrent en contact. Les pétrir ensemble est également interdit bibliquement, mais constitue une transgression indépendante et supplémentaire. Rabbi Yossi Bar Yehouda, cependant, tient que l’on ne transgresse lach qu’en mélangeant les ingrédients et non en versant simplement le liquide sur la farine. Si certaines autorités halakhiques, notamment Sefer Haterouma, suivent l’interprétation de Rabbi, la grande majorité suit l’opinion de Rabbi Yossi.4
Il existe une grande variété de substances qui peuvent être mélangées à du liquide pour donner une pâte. Certaines, comme la farine fine, se mélangent si complètement avec l’eau au point que la farine devient une entité différente : la pâte. Ces substances sont appelées dans la Halakha « bar giboul ». Il existe d’autres substances qui ne sont pas mélangeables, comme l’avoine ou les légumes coupés en petits dés. Lorsqu’elles sont mélangées à de l’eau, elles s’agglutinent mais ne se transforment pas en une nouvelle entité. On les appelle « lav bar giboul ». Il est évident que la règle de Rabbi Yossi s’applique aux substances bar giboul. Les autorités débattent, cependant, de ce qu’il dirait à propos du pétrissage des substances lav bar giboul.5 Maïmonide affirme que puisque l’on ne peut pas vraiment pétrir les ingrédients lav bar giboul, Rabbi Yossi déciderait que l’on ne transgresse pas bibliquement la melakha de lach avec ceux-ci, puisque la deuxième étape du pétrissage n’est pas accomplie.6 Par conséquent, l’interdit de les mélanger ne serait que d’ordre rabbinique. À l’inverse, Tossafot soutient que puisqu’ils ne sont pas mélangeables, la deuxième étape n’est pas applicable, et l’on transgresse bibliquement lach simplement en versant des liquides dessus.7
Lach n’est interdit bibliquement que si l’action donne une « belila ava » : un mélange épais comme une pâte, c’est-à-dire qu’il n’est pas fluide au point de pouvoir être versé. Une « Belila raka », un mélange versable, tel qu’une sauce, n’est interdit que d’ordre rabbinique.
Le fait qu’une transgression soit d’ordre biblique ou rabbinique est extrêmement important. Une façon d’éviter une interdiction de Chabbat est de faire l’acte d’une manière inhabituelle. (Remarque : on ne peut pas décider seul de faire un acte interdit de manière inhabituelle pour éviter le problème. Nous suivons les exemples donnés par les Sages.) Si un acte est seulement un interdit d’ordre rabbinique, il est plus facile d’appliquer cette permission. En outre, une interdiction rabbinique sera parfois levée dans des situations où les Sages ont estimé qu’elle ne devrait pas s’appliquer. Par exemple, selon ceux qui soutiennent que le simple fait de verser le liquide dans la farine constitue lach, il n’y a pas de moyen autorisé de faire une belila ava le Chabbat, car il n’y a pas de manière de verser suffisamment inhabituelle pour permettre une transgression biblique.
Bien que la plupart des autorités suivent Rav Yossi, le Rama8 écrit qu’il faut être strict et prendre en compte ceux qui suivent Rabbi. En pratique, cela signifie que dans la mesure du possible, il faut préparer une belila ava avant le Chabbat, qu’il s’agisse d’une substance bar giboul ou non. Si les aliments ne durent pas lorsqu’ils sont préparés la veille, il est possible dans certains cas de permettre de les préparer le Chabbat, à condition que cela soit fait de manière inhabituelle. Par exemple, le guacamole peut être préparé le Chabbat, mais il faut d’abord mettre le jus de citron dans le bol avant d’ajouter l’avocat, car cela diffère de la façon dont il est fait habituellement. De toute évidence, si une personne le prépare normalement de cette façon pendant la semaine, elle devrait faire le contraire le Chabbat. Il faut aussi changer la méthode de mélange, en utilisant les mains ou une fourchette en faisant des mouvements croisés. Remarque : il y a de nombreux facteurs à considérer et ce qui est permis avec un aliment peut ne pas l’être pour un autre, de sorte que chaque cas doit être traité individuellement.
Si le mélange est une belila raka, on peut toujours le réaliser en utilisant les méthodes inhabituelles décrites ci-dessus. Un conseil utile suggéré par les autorités halakhiques pour celui qui souhaite faire une belila ava est d’ajouter du liquide pour en faire une belila raka qui ouvre la voie à plus de permissivité.
Si le mélange a déjà été réalisé avant Chabbat, on peut ajouter du liquide le Chabbat et remuer doucement. En effet, le liquide supplémentaire rend le mélange moins lié. Certaines autorités affirment que si les aliments sont cuits, ils ne sont pas sujets à lach.9
Toladot
Mélanger du sable ou de la terre avec un liquide.10
Lach dans le Mishkane
La farine était pétrie avec de l’eau pour produire le Pain de Proposition, le le’hem hapanim.11 De plus, les teintures utilisés dans le Mishkane étaient produites en mélangeant des herbes moulues avec de l’eau et en en faisant une pâte.12
Activités courantes à éviter
- Préparer des céréales pour bébé ou du porridge instantané de la manière habituelle13
- Préparer une vinaigrette épaisse de la manière habituelle
- Mélanger de l’eau et du sable, et faire des châteaux de sable
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